Aujourd'hui l'économie, le portrait

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Chaque vendredi, le service éco de RFI vous propose de découvrir une personnalité qui fait l'actualité économique de la semaine.

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Abigail Disney: la mauvaise conscience du numéro un mondial du divertissement

Dans un rapport paru cette semaine, l’Observatoire européen de la fiscalité prône la mise en place d’une taxe de 2 % sur le patrimoine des milliardaires partout dans le monde. Un combat qu’incarne depuis longtemps Abigail Disney. Petite fille d’un des fondateurs de « l’empire Disney », elle réclame depuis longtemps que les plus riches soient plus taxés.  Abigail Disney est la petite fille de Roy O. Disney qui a fondé avec son frère Walt le numéro un mondial du divertissement que l'on connaît aujourd'hui. Elle a hérité à la naissance d’une partie de sa fortune, plus de 100 millions de dollars. À 63 ans, l’héritière devenue productrice et réalisatrice est donc ce qui se rapproche le plus de la définition littérale d’une « princesse Disney ». Si on se contentait de ces informations, on pourrait penser que par réflexe, elle frémirait en lisant les recommandations du dernier RAPPORT DE L'OBSERVATOIRE EUROPÉEN DE LA FISCALITÉ https://www.rfi.fr/fr/économie/20231023-l-évasion-fiscale-n-est-pas-une-loi-de-la-nature-on-peut-y-faire-face-avec-de-la-volonté-politique paru lundi 23 octobre et qui prône une taxe minimale de 2 % sur les milliardaires dans le monde. «», rappelait cette semaine l’économiste Gabriel Zucman qui dirige l’observatoire. Une taxe « » mais qui rapporterait tout de même 250 milliards de dollars par an aux États. « » Personne n’a eu l’occasion de lui poser la question, mais on peut affirmer qu’Abigail Disney applaudirait des deux mains. Si Abigail était l'une des héroïnes des films Disney, elle serait Rebelle ou Elsa, le personnage principal de , CELLE QUI CHANTE QU’ELLE REFUSE DE MENTIR ET D’ÊTRE «  » https://youtu.be/iANh1QOG-zI?si=QaYmiVwn-l7eSUbX. « », rappelle-t-elle régulièrement. « » Alors Abigail est devenue la mauvaise conscience de Disney. Le public a d'abord entendu parler d'elle en 2018, quand elle s'en est prise publiquement à Bob Iger, l'actuel patron de Disney qui venait de s'offrir un salaire à 65 millions de dollars, soit 1400 fois le salaire médian au sein de son entreprise. La polémique est venue alimenter les revendications des syndicats de chez Disney. Elle a aussi placé au cœur du débat politique les propositions de deux candidats aux primaires démocrates, BERNIE SANDERS https://www.rfi.fr/fr/tag/bernie-sanders/ et ELIZABETH WARREN https://www.rfi.fr/fr/amériques/20200305-elizabeth-warren-abandonne-la-course-à-la-maison-blanche. Abigail Disney est aussi productrice de films engagés défendant des idées progressistes et féministes. Elle a elle-même signé un DOCUMENTAIRE SUR DISNEY SORTI EN 2022 https://www.youtube.com/watch?v=9XnX5LNjeAg : . «  » « », dit-elle dans la bande-annonce du documentaire. Dans ce film, elle raconte comment un employé d’un parc Disneyland lui a écrit un jour et comment elle en est venue à s’intéresser aux conditions de travail chez Disney. On la voit demander à une assemblée de travailleurs du parc assis autour d’elle : «  » Toutes les mains se lèvent... « », dit-elle encore dans ce documentaire. Elle ne se contente pas de mener ce combat dans ses films, elle a aussi rejoint une association qui s'appelle Les millionnaires patriotes - - et qui mène un lobbying intense pour exiger de payer plus d'impôts. En avril dernier, ils ont donné une CONFÉRENCE DE PRESSE https://youtu.be/STeJZlj-cWI?si=Yzjitzjz45jHmpckdevant le Capitole à Washington où elle a pris la parole : « » À lire aussiÀ Davos, rencontre avec ce millionnaire qui veut payer plus de taxes https://www.rfi.fr/fr/économie/20230122-à-davos-rencontre-avec-ce-millionnaire-qui-veut-payer-plus-de-taxes

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Oct 27, 2023
Beyoncé et Taylor Swift, portraits croisés de véritables businesswomen

L'une vient de battre le record de la tournée de concerts la plus rentable de l'histoire pour une artiste féminine avec 596 millions de dollars de recette. L'autre pourrait bien la dépasser dès la fin de l'an prochain. Beyoncé et Taylor Swift, deux chanteuses américaines devenues des businesswomen. Beyoncé Knowles, 42 ans, vient de boucler sa neuvième tournée baptisée . Selon le magazine , « », comme certains la surnomment, pèse 540 millions de dollars. Autrement dit, 200 millions de moins que sa benjamine Taylor Swift. La fortune de la chanteuse de 33 ans est actuellement estimée à 740 millions de dollars. Et elle ne va faire que s'amplifier grâce à sa tournée . Elle doit s'achever en août prochain et devrait dégager près d'1,5 milliard de dollars, selon les experts. Aujourd'hui considéré comme une popstar d'envergure mondiale, Taylor Swift a commencé sa carrière dans la musique country. Rien à voir avec la pop aux fortes influences soul et RnB de Beyoncé. L'interprète de  est afro-américaine, engagée dans la lutte anti-raciste : elle a chanté à la cérémonie d'investiture du président américain Barack Obama en 2013. De son côté, Taylor Swift habite à Nashville dans le Tennessee. Elle arbore des boucles blondes dignes d'une princesse Disney. « GAGNER DE L'ARGENT, C'EST AUSSI UNE FORME DE PRISE DE POUVOIR FÉMINISTE » - MORGANE GIULIANI JOURNALISTE ET AUTRICE Malgré leurs styles différents, les deux stars s'entendent très bien. Elles ont d'ailleurs posé ensemble sur le tapis rouge de la première du film de Taylor Swift le 11 octobre dernier. Selon Morgane Giuliani, journaliste culture et autrice du livre « Féminismes et musiques », ce qui réunit les deux artistes, c'est aussi leur féminisme. « » Selon le directeur de la Réserve fédérale des États-Unis (FED), partout où Taylor Swift s'est produite, la star a provoqué un boom des réservations dans les hôtels et restaurants. La même chose est à prévoir pour ses concerts - déjà complets - à Paris et Lyon l'an prochain. Les fans viennent de toute l'Europe et sont prêts à payer jusqu'à 250 euros. En mai dernier, les places les plus chères pour voir Beyoncé au Stade de France étaient à 200 euros. DES PLACES DE CONCERTS JUSQU'À 250 EUROS EN FRANCE Mais les revenus des deux stars ne viennent pas uniquement de leurs tournées. Beyoncé et Taylor Swift tentent toutes les deux d'enrailler la chute des ventes en sortant régulièrement des éditions limitées de leurs albums. De vrais petits bijoux qui donnent aux fans l'envie de les collectionner. Ce phénomène va de pair avec le . Et puis, il y a le placement de produits et les partenariats commerciaux. Les deux idoles américaines vendent leur image. Selon Paul Muller, professeur d'économie à l'université de Lorraine spécialiste de la créativité dans l'industrie musicale, c'est ici que se situe la principale différence avec d'autres stars de la chanson. « » Pour dégager des millions, Beyoncé et Taylor Swift investissent aussi les salles de cinéma. L'interprète du titre  va sortir le film de sa tournée le 1ᵉʳ décembre prochain. Taylor Swift l'a sorti le 13 octobre dernier. Elle a réalisé le plus gros démarrage pour un film de concerts, dégageant 96 millions de dollars en un seul week-end. À titre de comparaison, le record était jusqu'ici détenu par Justin Bieber avec un total de 73 millions de dollars pour le film de sa tournée en 2011.

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Oct 20, 2023
Claudia Goldin, prix Nobel d'économie et détective

Le prix Nobel d’économie 2023 a été décerné à Claudia Goldin Cette économiste de 77 ans, professeure d’économie à Harvard est récompensée pour ses études sur les inégalités entre les hommes et les femmes sur le marché du travail. Elle devient la première femme à être - seule - lauréate du Prix. Claudia Goldin ne se considère pas que comme économiste : « répond-elle au téléphone du jury du prix Nobel qui l’appelle PEU APRÈS SA RÉCOMPENSE https://www.rfi.fr/fr/économie/20231009-le-nobel-d-économie-2023-est-décerné-à-l-américaine-claudia-goldin.   » Claudia Goldin va donc passer sa vie à éplucher les données et les statistiques dans les bibliothèques, dans les registres des banques et des entreprises et compile deux-cents ans d’histoire économique. Cette fouille minutieuse lui permet de dessiner une courbe de l’évolution de la participation des femmes au marché du travail sur deux siècles. L’économiste montre que la participation des Américaines au marché du travail n’évolue pas comme on pourrait le croire, de façon linéaire et continue dans le temps, mais plutôt selon les époques et les bouleversements économiques. Au début des années 1800, les femmes travaillaient par exemple massivement dans le secteur agricole. Ce n’est que plus tard, au moment de la révolution industrielle au XIXe siècle, qu’elles se retirent peu à peu de la vie active pour ensuite y revenir à partir des années 1960. INÉGALITÉS DE SALAIRES, DISCRIMINATION À L’EMBAUCHE Ses travaux permettent en lumière les inégalités en fonction des genres. Bien qu’une partie des écarts de rémunération entre les hommes et les femmes s’expliquent par des différences d’éducation ou de choix professionnels, Claudia Goldin démontre que l’arrivée du premier enfant est un facteur déterminant d’accroissement des disparités salariales entre les hommes et les femmes. À la fin des années 1960, Claudia Goldin décrit aussi l’avènement d’une « révolution silencieuse » avec l’arrivée de la pilule aux États-Unis. Dès lors, explique la chercheuse, les Américaines n’hésitent plus à se lancer dans de longues études comme dans le droit ou la médecine. « note Cecilia Garcia-Peñalosa, directrice de recherche au CNRS et membre de l’École d’économie Aix-Marseille (AMSE). » PIONNIÈRE Née à Brooklyn en 1946, Claudia Goldin se rêvait d’abord biologiste. Mais c’est à l’université qu’elle découvre l’économie. En 1990, elle deviendra d’ailleurs la première femme à la tête du département d’économie de l’université de Harvard. Ce lundi 9 octobre, Claudia Goldin est devenue la première femme, récompensée seule, depuis la création du Prix Nobel d’économie en 1968. Les deux précédentes lauréates, LA FRANÇAISE ESTHER DUFLO (2019) https://www.rfi.fr/fr/emission/20191223-esther-duflo-premiere-femme-francaise-obtenir-le-prix-nobel-economie et l’Américaine Elinor Olstrom (2009) l’avaient partagé avec des hommes (Abhijit Banerjee et Michael Kremer pour la première, et Oliver Williamson pour la seconde). Pionnière, Claudia Goldin l’est aussi à travers ses recherches. Personne comme elle n’avait auparavant combiné histoire et théorie économique sous l’angle de l’étude de la place des femmes sur le marché du travail, ce qui fait d’elle un pilier de « l’économie de genre ». «  analyse Hélène Périvier, économiste à l'Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE) et l’une des héritières de Claudia Goldin.  » SEULS 16% DES ÉCONOMISTES SONT DES FEMMES Lundi, à l’annonce de son prix Nobel, Claudia Goldin a salué une récompense «  » mais rappelé qu’il «  ». Exemple, au sein même de sa discipline, l’économie où les Américaines ne représentaient, d’après UNE ÉTUDE https://www.banque-france.fr/fr/publications-et-statistiques/publications/economie-ou-sont-les-femmes#:~:text=Lesfemmessontnettementsous,auJapon,ChineetInde de 2017, que 16% des effectifs. C’est ainsi pour tenter d’inverser la tendance qu’elle a créé un programme pour inciter les jeunes filles à se diriger vers un cursus économique. « explique Hélène Perivier, »

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Oct 13, 2023
Xavier Niel à la conquête de l'intelligence artificielle

Avec un investissement de 200 millions d'euros, Xavier Niel, le patron de Free entend s'insérer dans un marché jusqu'ici dominé par les grandes entreprises américaines. Portrait d'un milliardaire autodidacte aux ambitions marquées. Xavier Niel se lance à la conquête de l'intelligence artificielle. Huitième fortune française selon le magazine économique le patron de Free a investi 200 millions d'euros. Il veut devenir le champion européen de l'intelligence artificielle. Il vient effectuer le plus gros investissement jamais réalisé en Europe dans le domaine. Avec ces 200 millions d'euros, le patron d'Iliad - la maison mère de Free - ne peut pas espérer rivaliser avec les acteurs américains du secteur. Microsoft a déjà investi plusieurs milliards de dollars tout comme Meta et Google. UN HOMME D'AFFAIRES PHILANTHROPE Mais, il va se doter d'un supercalculateur, miser sur des start-up et monter un laboratoire de recherche à Paris. Passionné de nouvelles technologies, Xavier Niel met donc les moyens pour faire une belle entrée dans la course à l'intelligence artificielle, selon Mehdi Triki responsable des relations publiques et institutionnelles chez France IA. L'objectif de Xavier Niel est donc de proposer des services aux entreprises qui souhaitent développer leurs applications dans le domaine de l'intelligence artificielle. Le milliardaire veut mettre en place une alternative à des services aujourd'hui majoritairement proposés par des entreprises américaines. Plus qu'un grand patron français, son ambition c'est de devenir un patron de stature internationale. Co-auteur de la biographie  sortie en 2016 aux éditions First, Emmanuel Paquette, journaliste pour le site d'investigation économique l'Informé, l'affirme : « . » Une conviction qui l'a notamment poussé à fonder l'Ecole 42 en 2013. Il s'agit d'une école orientée sur l'apprentissage du code informatique, gratuite et sans condition de diplôme. Elle compte 49 campus à travers 28 pays, en Europe, Asie, Amérique du Sud et en Afrique. L'école 42 est présente au Maroc, en Angola et à Madagascar. Le recrutement des futurs élèves du campus d'Antananarivo sont en cours pour une ouverture de l'école prévue en début d'année prochaine. ACTIONNAIRE DU GROUPE Il a récemment racheté les parts du TCHÈQUE DANIEL KRETINSKY https://www.rfi.fr/fr/france/20230717-france-le-milliardaire-tchèque-daniel-kretinsky-future-propriétaire-du-groupe-casino pour près de 50 millions d'euros, selon le Des parts que le milliardaire s'est empressé de reverser au Fonds pour l'indépendance de la presse. Une manière d'investir intelligemment dans son image. Xavier Niel, c'est aussi l'homme qui a rendu internet accessible à tous les Français en forçant ses concurrents à baisser leurs prix pour se caler sur les offres de Free. Solveig Godeluck a cosigné la biographie de Xavier Niel avec Emmanuel Paquette, elle est à présent correspondante du journal aux États-Unis. « . » DES DÉBUTS DANS LE MINITEL ROSE ET LES SEX-SHOPS Aujourd'hui, Free est le quatrième opérateur de téléphonie mobile français et le deuxième dans l'Internet via la fibre avec un chiffre d'affaires de plus de sept milliards et demi d'euros l'an dernier. Mais Xavier Niel n'a pas commencé en 2003 avec la première Freebox. Dans les années 1980, il se lance dans le Minitel Rose et investit dans des sex-shops. Des débuts qui lui ont valu deux ans de prison avec sursis et 250 000 euros d'amende pour recel d'abus de bien sociaux. Un passé dont il n'aime pas parler, pas plus que de sa vie privée et notamment de son mariage avec Delphine Arnault, la fille du PDG de LVMH. Après la sortie de leur livre, les journalistes Solveig Godeluck et Emmanuel Paquette ont reçu des pressions de la part de Xavier Niel. «  », avoue Emmanuel Paquette. Une procédure finalement abandonnée. À lire aussiIntelligence artificielle: la concurrence entre les géants du web s'intensifie https://www.rfi.fr/fr/économie/20230925-intelligence-artificielle-la-concurrence-entre-les-géants-du-web-s-intensifie

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Oct 06, 2023
Shawn Fain, président du puissant syndicat UAW

Le portrait de l’économie nous emmène aux États-Unis. Depuis deux semaines, une partie des travailleurs syndiqués de l’industrie automobile sont en grève pour des augmentations salariales et d’autres avantages contre les trois constructeurs américains : General Motors, Ford et Stellantis. À la tête du syndicat des travailleurs unis de l’automobile, l’UAW selon l’acronyme américain, il y a Shawn Fain, une personnalité au style offensif. Décryptage avec Guillaume Naudin à Washington. C’est valable pour ses relations avec les patrons de l’industrie automobile, mais aussi au sein même de son propre syndicat. Il le dirige depuis le mois de mars dernier. Il a réussi à évincer la direction sortante, un peu à la surprise générale, même s’il est membre du syndicat depuis 30 ans et que deux de ses grands-parents étaient déjà dans le métier. Et ce que vous allez entendre, ce sont ses premiers mots à la tribune après son élection : «» Les amateurs de boxe auront peut-être reconnu la formule consacrée de l’animateur de combats Michael Buffer, très connu ici. Il a même joué son propre rôle dans un film de Rocky. Voilà donc la première image que Shawn Fain, natif de Kokomo, dans l’Indiana, a voulu donner de lui. C’est dire son état d’esprit dans cette grève qui pour la première fois touche les trois constructeurs en même temps. EN EFFET, C’EST DONC UN STYLE SANS CONCESSION ET C’EST NOUVEAU. Oui, les précédents dirigeants du syndicat des travailleurs de l’automobile étaient davantage dans la négociation. Mais ça, c’était avant. C’est une question de personnalité et c’est aussi une question d’opportunité et d’environnement, selon le chercheur principal des études économiques de la Brookings Institution, Harry Holzer. « » ET, EN EFFET, SHAWN FAIN N’HÉSITE PAS À TENIR UN DISCOURS ASSEZ INHABITUEL AUX ÉTATS-UNIS. En début de semaine, Joe Biden s’est rendu sur un piquet de grève à Detroit, pour apporter son soutien aux grévistes. C’était la première fois qu’un président faisait ça de mémoire d’historien. Il a parlé au total moins d’une minute trente. Shawn Fain, lui, a parlé plus longtemps. Pour dire que son syndicat était en guerre contre la cupidité des entreprises ; la classe des milliardaires, les élites et les PDG, sous le regard un peu circonspect du président, qui s’est bien gardé d’apporter son soutien à cette partie du discours. C’est un fait, Shawn Fain n’aime pas les milliardaires. Il refuse d’ailleurs de voir l’ancien président Donald Trump, lui-même venu courtiser le vote ouvrier à Detroit. « »  ET SHAWN FAIN EST TRÈS DIRECT AVEC SES INTERLOCUTEURS. Oui, difficile de dire si c’est une technique de négociation qui consiste à demander beaucoup pour obtenir un bon résultat, mais il demande près de 40% d’augmentation sur quatre ans, ainsi que la semaine de 4 jours payés 5 jours. Il l’exige, même. C’est parce qu’il pense qu’il en a les moyens. Son syndicat a une caisse de grève estimée à plus de 800 millions de dollars. Et toute historique qu’elle soit, cette grève ne concerne pour l’instant que 18 000 syndiqués sur 150 000. Bref, Shawn Fain en a encore sous la pédale et ne se prive pas de poser des ultimatums aux constructeurs en les menaçant d’aller plus loin. 

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Sep 29, 2023
Estelle Brachlianoff : la patronne de Veolia impose son minimum social

Le géant français de l'eau et de la gestion des déchets lance un socle commun de protection sociale pour ses 213 000 employés dans le monde. Une mesure à l'image de la nouvelle patronne du groupe, Estelle Brachlianoff est la directrice générale de Véolia. Portrait de la semaine d'Aujourd'hui l'éco. Avec Catherine MacGregor chez Engie et Christel Heydemann chez Orange, Estelle Brachlianoff fait partie des trois seules femmes à diriger une entreprise du CAC 40. Avant d’être nommée directrice générale de Veolia en juillet 2022, à la veille de ses 50 ans, elle a gravi tous les échelons, coché toutes les cases. Élevée par une mère ingénieure, petite fille d’un immigré bulgare dont elle a gardé le nom de famille, elle rêvait enfant d’être astronaute. À défaut de marcher sur la lune, elle intègre l’élite française des écoles d’ingénieurs : diplômée de Polytechnique et de l’École des ponts, elle rejoint Veolia en 2005. Après des débuts dans la branche Déchets en Île-de-France, puis au Royaume-Uni, elle dirige l’ensemble des activités britannique et irlandaise de Veolia entre 2012 et 2018, pile au moment où le Royaume-Uni choisit le Brexit. Le PDG de Veolia Antoine Frérot la nomme ensuite directrice générale des Opérations et en fait sa dauphine. Pendant quatre ans il va la préparer à prendre sa succession. « », expliquait-il simplement au journal  Antoine Frérot a passé la main après douze années à la tête du groupe mais il ne s’est pas complètement effacé puisqu’il conserve le titre de président au moins jusqu’en 2026. À la journaliste de qui lui demande si ce fonctionnement bicéphale l’inquiète, la nouvelle directrice générale répond dans un sourire en paraphrasant Montaigne : «  » De fait, Antoine Frérot ne manque pas une occasion de rappeler qu’ils forment un duo depuis longtemps déjà et que le redressement de Veolia est aussi à mettre au crédit de son ancienne numéro 2. Après l’OPA sur Suez en 2020, quand Veolia a soudainement avalé 60 % des activités de son ancien rival et absorbé 40 000 nouveaux salariés, c’est elle qu’il a chargé de piloter le rapprochement. Un défi relevé sans casse. Pour des raisons de respect de la concurrence, «», rappelle à RFI Vincent Huvelin, élu CGT chez Veolia. «», note le représentant syndical. « » Autre signal positif envoyé par la nouvelle patronne aux partenaires sociaux : la mise en place de , un socle commun de protection sociale étendu à l’ensemble des 213 000 employés du groupe à travers le monde. «  insistait Estelle Brachlianoff sur BFM Business. Parmi les mesures les plus fortes : dix semaines de congé maternité, une semaine de congé de coparentalité, qui s’applique à tous les couples, quelle que soit leur orientation sexuelle, et une couverture santé, précise Veolia sans toutefois révéler quel budget lui sera alloué. prévoit aussi un accompagnement pour les salariés qui doivent prendre en charge un proche malade. Des droits « », soulignait Estelle Brachlianoff au moment de l’annoncer en mars dernier. Plus anecdotique, les salariés auront droit à une journée de congé par an à consacrer à une œuvre caritative ou à la protection de l’environnement. Contacté, Veolia assure que ces nouveaux droits s’appliquent depuis le 1ᵉʳ septembre 2023. D’après nos informations le déploiement serait plus lent par endroit et le détail encore en train d’être présenté aux salariés dans certains pays. Reste que la mesure est saluée par les syndicats : «  », tranche Florencio Martin élu CFDT à Veolia qui y voit «  » de la part de la direction de Veolia que les salariés soient réellement parties prenantes de l’entreprise. « », renchérit Hervé Deroubaix, ancien représentant syndical Veolia Eau et désormais secrétaire général de la CFDT syndicat national des personnels de l'eau et de l'assainissement (SNPEA). «». UNE PERSONNALITÉ « À L’ÉCOUTE » MAIS PARFOIS RIGIDE Chez Veolia, moins de 20 % des « ressourceurs » (les salariés dans le langage de l’entreprise) sont cadres. Les 80 % restant inspectent les canalisations, trient les déchets, assurent la maintenance... Ils appartiennent à la masse des PREMIERS DE CORVÉE https://www.rfi.fr/fr/podcasts/20200325-à-la-une-les-nouveaux-premiers-cordée dont il fut tant question aux débuts de la pandémie. C’est d’ailleurs la période des confinements qui a brutalement mis en lumière les disparités entre les salariés du groupe à travers le monde, souligne Vincent Huvelin. Le syndicaliste y voit l’origine probable de Veolia Cares. Avec cette mesure Estelle Brachlianoff s'inscrit dans une longue tradition du capitalisme social à la française. Veolia assume d’appartenir à ces multinationales tellement grandes et puissantes qu'elles en viennent à remplir, même , le rôle des Etats et des gouvernements. Chez Estelle Brachlianoff, les représentants syndicaux de Veolia avec qui RFI a pu échanger saluent une personnalité « » et «  » «», estime Vincent Huvelin. «  » «  », précise-t-il. Et c’est vrai que l’opération d’actionnariat salarié lancée l’an dernier est un succès. 75 000 salariés y ont souscrit. Tous ensemble ils détiennent un peu plus de 6 % du capital, ce qui de manière très symbolique permet à Estelle Brachlianoff de dire qu’ils sont « ». En pleine inflation, des tensions existent néanmoins, sur la question des salaires notamment. TRAVAILLEURS SANS-PAPIERS Les partenaires sociaux soulignent également qu’aussi généreuses soient-elles, les mesures sociales du programmes Veolia Cares ont été prises de manière unilatérale et sans consultation. Estelle Brachlianoff est née à Neuilly-sur-Seine, ville cossue de l’Ouest parisien dont elle a gardé une façade bourgeoise et distinguée, parfois rigide. Elle ambitionne de faire de Veolia le numéro 1 de la transition écologique dans le monde. Elle évoque volontiers ses deux adolescents qui la rappellent régulièrement à ses devoirs générationnels. Pour y arriver il va falloir faire mieux sur la question de la réutilisation des eaux usées, sur les déperditions d’eau considérables dans les canalisations vieillissantes du monde entier.   pour sa gestion d'une décharge, ce que l’entreprise conteste. Plus récemment en France . Le groupe assure avoir pris des dispositions et cessé toute collaboration avec le prestataire mis en cause, Veolia promet d’examiner chaque cas de manière individuelle mais se refuse à toute mesure collective.

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Sep 22, 2023
Terry Gou, homme d'affaires taïwanais, candidat à la présidentielle de 2024

Le portrait éco de ce vendredi 1er septembre nous emmène à Taïwan, l'île démocratique où le richissime homme d'affaires Terry Gou, ancien PDG du géant industriel Foxconn, a annoncé en début de semaine son intention de se présenter à la présidentielle de 2024.  TERRY GOU EST LE FONDATEUR ET L'EX-PDG DU GÉANT INDUSTRIEL FOXCONN. IL A FAIT FORTUNE EN CHINE ET IL RAPPELLE AUX OBSERVATEURS UN CERTAIN PRÉSIDENT AMÉRICAIN... «  », A-T-IL ANNONCÉ. Difficile, en voyant Terry Gou au moment de faire sa déclaration de candidature, de ne pas penser à Donald Trump, et pas seulement parce qu'il arrive coiffé d'une casquette. Il a 72 ans, deux ans de plus que l'ancien président américain quand il a été élu à la Maison Blanche, et lui aussi se verrait bien bousculer le système politique de son pays. Ja-Ian Chong est professeur associé en sciences politiques à l'université nationale de Singapour : « », explique Ja-Ian Chong, professeur associé en sciences politiques à l'université nationale de Singapour. JUSTEMENT, SA FORTUNE, PARLONS-EN... Elle est évaluée à plus de 7 milliards de dollars. Il la doit largement à Foxconn, l'entreprise qu'il a fondée, spécialisée dans la fabrication industrielle de matériel électronique. Ses clients s'appellent Apple, Blackberry, Nokia, Amazon... Foxconn est l’une des 20 entreprises les plus profitables au monde. C'est une multinationale qui a la particularité d'être basée à Taïwan et d'avoir parmi ses clients de grandes multinationales américaines, mais l'essentiel de ses usines en Chine. C'EST UN ATOUT ? Terry Gou le pense. À propos de la casquette qu'il portait au moment de se déclarer candidat : dessus, il y avait le drapeau de Taïwan, accompagné des trois lettres R.O.C. pour Republic of China (République de Chine). C'est le nom officiel de Taïwan, mais c'est surtout un signal envoyé à Pékin : lui ne cherchera pas à bousculer le statu quo. Alors que la Chine menace régulièrement d'envahir Taïwan, Terry Gou est partisan d'un rapprochement avec Pékin et accuse le DPP, le parti nationaliste au pouvoir, d'avoir provoqué les tensions actuelles en se rapprochant de Washington. «  », a-t-il clamé. COMMENT EST-CE QU'IL ENTEND S'Y PRENDRE ? Terry Gou compte sur les bonnes relations qu'il entretient avec les autorités chinoises issues de son expérience à la tête de Foxconn. «  », reprend Ja-Ian Chong. Reste que si son principal argument est de gouverner Taïwan comme il a dirigé Foxconn, il y a de quoi s’inquiéter, selon Ja-Ian Chong : «  ET PUIS, TERRY GOU N’EST PAS LE SEUL CANDIDAT D’OPPOSITION... Non, il est persuadé de pouvoir convaincre ses adversaires de ranger derrière lui. Mais pour l’instant, dans les sondages des quatre candidats déclarés, il est bon dernier.

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Sep 01, 2023
Procès du siècle: Clotilde Bato, fervente défenseuse de la cause paysanne et du climat

En plus de présider l’association «Notre Affaire à Tous», à l’origine du «procès du siècle» remporté contre l’État français pour inaction climatique, Clotilde Bato dirige l’ONG SOL et le collectif Nourrir qui s’engagent à refonder le système agricole. Cette militante éco-féministe, défenseuse de la cause paysanne, multiplie les actions en France et à l’international pour tenter de faire bouger les lignes d’un système à bout de souffle.

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Jul 28, 2023
Les Aponte, la discrète famille à la tête de l'empire MSC

Le conseil de l'Organisation maritime mondiale (OMI) est réuni en ce moment pour sa 129e session, au cours de laquelle elle a révisé les objectifs de décarbonation du secteur. L'occasion pour RFI de vous proposer, non pas un portrait, mais une photo de famille : celle des Aponte, propriétaires de MSC, devenue, l'an dernier, numéro un mondial du transport maritime.   Toujours à la barre du paquebot familial : Gianluigi Aponte, qui a le pied marin depuis le début. Un diplôme de l'Académie maritime italienne en poche, cet Italien originaire de Sorrente, au sud de Naples, commence «  », raconte Sylvain Besson, journaliste dans la cellule investigation de Tamedia et AUTEUR D'UNE ENQUÊTE https://interactif.24heures.ch/2022/enquete-famille-aponte sur la famille Aponte. «» La légende veut que ce soit sur l'une des navettes pour Capri qu'il rencontre sa femme, Rafaela Diamant, fille d'un banquier basé en Suisse. Banquier, il le deviendra aussi pour quelques années avant que l'appel de la mer ne se fasse entendre à nouveau. Gianluigi Aponte et sa femme achètent alors un premier navire. L'aventure commence. Le succès est au rendez-vous. «souligne Yann Allix, délégué général de la fondation Séfacil. » Il opère ensuite la mue vers les porte-conteneurs et MSC croît peu à peu jusqu'à revendiquer une flotte de 760 bateaux, sans oublier les paquebots. Une ascension que Gianluigi Aponte «, résume Yann Allix. » À lire aussiAccord international en demi-teinte pour réduire la pollution du secteur maritime https://www.rfi.fr/fr/environnement/20230707-accord-international-en-demi-teinte-pour-réduire-la-pollution-du-secteur-maritime ORGANIGRAMME FAMILIAL Une entreprise familiale donc. Rafaela, la femme de Gianluigi Aponte, est chargée de la décoration des paquebots ; Diego, leur fils, a été nommé PDG de MSC Mediterranean Shipping Company SA ; Alexa, leur fille, est directrice financière. Gendre et belle-fille sont également de la partie.    «, explique encore le délégué général de la fondation Séfacil. » Et si Diego Aponte est devenu PDG de MSC Mediterranean Shipping Company SA en 2014, « », assure Sylvain Besson, avant de poursuivre : « Il n'a pas lâché la bride à ses enfants, c'est toujours lui qui est à la manœuvre.»   LE GOÛT DE LA DISCRÉTION Et comme MSC n'est pas cotée en bourse, les affaires de famille restent en famille. L'entreprise ne publie pas ses résultats.   Selon une estimation diffusée dans le média suisse dimanche, la compagnie basée à Genève pèserait dans les 100 milliards de dollars. Forbes classe Gianluigi Aponte au 47e rang des personnes les plus riches du monde avec une fortune estimée à 31 milliards de dollars. Sa femme, Rafaela Aponte, qui détient la moitié de l'entreprise, est même dans le top 10 des femmes les plus riches du monde. Des estimations donc. «  commente Sylvain Besson.  » À lire aussiPourquoi la transition énergétique du fret maritime patine https://www.rfi.fr/fr/podcasts/aujourd-hui-l-économie/20230704-pourquoi-la-transition-énergétique-du-fret-maritime-patine Les Aponte goûtent la discrétion et pas seulement sur les questions de finances. Leurs interventions médiatiques restent rares. Discrets, mais présents un peu partout. Dans pas moins de 155 pays. Entre autres en Afrique. La première ligne créée par le couple Aponte dans les années 1970, c'était d’ailleurs Anvers-Mogadiscio. Le début de l'histoire africaine de leur empire. Et puis, « analyse Yann Allix.». RACHAT D'ACTIFS DE BOLLORÉ EN AFRIQUE Le point d'orgue, c'est le rachat, finalisé en décembre dernier, de BOLLORÉ AFRICA LOGISTICS https://www.rfi.fr/fr/économie/20221221-le-groupe-bolloré-cède-officiellement-ses-activités-africaines-à-l-armateur-msc. Bien que la croissance de MSC ait longtemps été organique, «  estime Sylvain Besson. ». Les emplettes de la famille Aponte ces dernières années, ne se limitent pas à Bolloré Africa Logistics. Au bénéfice de la hausse des prix du fret liée à la pandémie de Covid-19, MSC a agrandi sa flotte.   La famille Aponte a aussi des liens en France et ils font des remous. Alexis Kohler, le secrétaire général de l'Élysée, est un cousin éloigné de Rafaela Aponte. Il est soupçonné d'avoir participé en tant que haut fonctionnaire entre 2009 et 2016 à plusieurs décisions relatives à MSC. Le bras droit d'Emmanuel Macron a été mis en examen pour prise illégale d'intérêt.

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Jul 14, 2023
Félix Lengyel, alias xQc, la star du livestream au cœur de la guerre entre Twitch et Kick

Il vient de signer le contrat le plus juteux de l’histoire du divertissement en ligne. Portrait du streamer canadien Félix Lengyel, alias xQc. Véritable star de la plateforme de streaming Twitch, le vidéaste anglophone vient de s’engager avec le concurrent Kick. Un nouveau service de streaming qui veut, coûte que coûte, faire de l’ombre à Twitch, le leader du marché. Cent millions de dollars. C’est ce qu’a déboursé Kick pour s’offrir durant deux ans les services de Félix Lengyel, alias xQc, x pour Félix et QC pour Québec d’où il est originaire. C’est aujourd'hui l’un des streamers les plus populaires au monde, ce qui justifie amplement ce contrat hors-norme, selon son agent Ryan Morrison. «  » xQc, qui cumule aujourd’hui plus de 12 millions d’abonnés sur Twitch et plus de 20 000 heures de stream, diffuse donc désormais des sur son compte Kick, où il compte plus de 426 000 abonnés. UNE COMMUNAUTÉ FIDÈLE L’histoire de xQc commence en 2015. Félix Lengyel n’a alors que 19 ans quand il décide d’arrêter ses études pour lancer sa chaîne Twitch. Il se filme alors en train de jouer à des jeux vidéo, notamment à Overwatch, un jeu de tir à la première personne. C’est avec ce titre qu’il intègre le monde professionnel et qu’il devient l’un des meilleurs joueurs du monde, notamment lors de la Coupe du monde 2017. S'ensuit une explosion de son audience et des scandales, après des propos homophobes et racistes, qui le poussent à se retirer de la scène professionnelle. Il se consacre alors entièrement au streaming et devient vite la superstar de Twitch. Avec du jeu vidéo, des réactions poussées à l'extrême et des formats innovants, xQc a trouvé la recette du succès avec un ingrédient magique : une personnalité exubérante. «  », confie son agent et ami Ryan Morrison. LE SYMBOLE D’UNE NOUVELLE RIVALITÉ DANS L’INDUSTRIE Avec ce contrat de 100 millions de dollars, Félix Lengyel est devenu le symbole de la rivalité entre le géant Twitch, propriété d’Amazon, et le petit nouveau Kick, lancé par un milliardaire australien qui a fait fortune dans les CASINOS EN LIGNE https://www.latribune.fr/entreprises-finance/services/tourisme-loisirs/casinos-en-ligne-cbet-et-stake-bloques-en-france-par-le-gendarme-des-jeux-889710.html. Pour concurrencer Twitch, Kick n’hésite pas à se payer au prix d’or des vedettes comme xQc, l’objectif étant de ramener des spectateurs sur sa plateforme. Une stratégie non sans risques. «  », explique Nathan Ferret, doctorant en sociologie à l’École des hautes études en sciences sociales (EHESS), SPÉCIALISTE DES PLATEFORMES DE STREAMING https://journals.openedition.org/socio-anthropologie/11375?lang=en. Au-delà de faire venir des stars, Kick mise aussi sur une meilleure rémunération des streamers et sur une modération presque inexistante. Une stratégie audacieuse avec un modèle économique qui paraît difficilement tenable à long terme. Plusieurs acteurs avaient déjà tenté la même chose, comme Microsoft avec Mixer. La plateforme avait tenu quatre ans, avant de mettre la clef sous la porte. Mais Ryan Morrison, l’agent de xQc, reste confiant : «  », assure-t-il.

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Jul 07, 2023
Quandela: lancement de la première usine d'ordinateurs quantiques de l'Union européenne

C'est l'histoire d'une start-up, Quandela, qui a ouvert la semaine dernière la première usine d'ordinateurs quantiques de l'Union européenne. Les ordinateurs quantiques, ce sont ces outils capables de réaliser des calculs très rapidement. Derrière ce projet, une histoire inédite. Il y a une professeure et ses deux élèves. Un portrait éco réalisé par Arthur Poncelet. Oui, ils sont trois : Valérian Gièse, Niccolo Somasski et Pascale Senellart. Dix ans que ces ingénieurs travaillent ensemble. C'est à l'univsersité Paris-Saclay qu'ils se sont rencontrés. Pascale Senellart, directrice de recherche au centre de nanotechnologies du CNRS était aussi la directrice de thèse des deux hommes. Ensemble, ils manipulent des photons, des particules de lumière qui permettent de réaliser des calculs très rapidement. Pascale Senellart travaillait déjà sur le sujet, mais l'arrivée de ces deux nouveaux étudiants a tout changé. NOUS SOMMES ALORS EN 2017. ENSEMBLE, ILS FONDENT LA START-UP QUANDELA Objectif : développer un ordinateur quantique, comprenez : un outil capable de faire des opérations extrêmement rapidement. Une révolution dans le monde de l'informatique, puisque l'ordinateur de Quandela fait la taille d'un réfrigérateur. Niccolo Somasski, surnommé « magic finger » pour son habileté technologique, devient directeur technique de la start-up. Pascale Senellart, elle, est en charge de la stratégie. Et puis, il y a Valérian Gièse, 34 ans, le PDG de cette petite entreprise. Ingénieur de formation, il prend la tête de Quandela pour ses capacités relationnelles. Rejoindre cette aventure, c'était une évidence pour Valérian Gièse. DEPUIS 2017, CETTE START-UP N'A CESSÉ DE SE DÉVELOPPER. AU POINT D'ATTIRER L'ATTENTION DE GRANDS GROUPES INDUSTRIELS... Thalès, l'ONERA, OVH... Au total, Quandela compte près de 300 clients. Parmi eux, il y a par exemple EDF : grâce à Quandela, ils ont développé des algorithmes pour mieux étudier le comportement des barrages hydroélectriques. Objectif : anticiper les opérations de maintenance. MAIS TOUT CE DÉVELOPPEMENT A UN COÛT. SI BIEN QUE QUANDELA ET SES ÉQUIPES ONT RÉUSSI À LEVER 15 MILLIONS D'EUROS DEPUIS SA CRÉATION... Des financements publics, notamment de la Banque publique d'investissements française. Mais aussi des fonds privés. Comme Omnes capital, qui a investi plusieurs millions d'euros dans la start-up. Fabien Collangettes a été immédiatement séduit par le trio. Mais ces investissements ne sont rien comparés aux centaines de millions de dollars dépensés par les concurrents de Quandela. Pourtant, la petite start-up parvient à être très compétitive. Preuve que sa technologie est efficace et que fonder une start-up avec sa professeure n'est pas une si mauvaise idée que ça.

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Jun 30, 2023
Hyacinthe Niyitegeka, une «force tranquille» pour le climat

Hyacinthe Niyitegeka, négociatrice climat rwandaise de 30 ans, est investie dans la coalition des « pertes et dommages ». Un sujet au menu du sommet pour un nouveau pacte financier entre Nord et Sud qui se tient ces 22 et 23 juin à Paris. Portrait d'une jeune femme déterminée, à la fois scientifique et activiste pour le climat. Elle n'est pas au sommet mais depuis Kigali, elle scrute la moindre prise de paroles tant les enjeux sont importants. Hyacinthe Niyitegeka est engagée pour l'Afrique, pour le Rwanda où elle nait il y a trente ans dans une zone rurale, dans l'est du pays. C'est au lycée, qu'elle prend conscience des enjeux environnementaux et qu'elle forge ses convictions : «  "Que va-t-il se passer quand nous n'aurons plus d'eau ? Allons-nous partir ailleurs ? Notre pays est si petit". » ENGAGÉE POUR UN FONDS « PERTES ET DOMMAGES » Hyacinthe Niyitegeka étudie la gestion de l'eau à l'université d'Addis-Abeba, puis la sécurité alimentaire aux Pays-Bas. Elle est souvent en déplacement, mais connectée en permanence à son continent puisqu’elle est aujourd'hui en première ligne dans les discussions sur les Pertes et Dommages. Objectif : la création d'un fonds pour soutenir les populations qui subissent les pires impacts du changement climatique. Pour le nourrir, une somme minimale de 400 milliards de dollars par an a été préconisée. Les pays développés y contribueraient et il y aurait aussi d'autres financements émanant de taxes qui restent à créer. À lire aussiEn Afrique, de plus en plus de déplacés internes en raison des conflits et du climat https://www.rfi.fr/fr/afrique/20230620-en-afrique-de-plus-en-plus-de-déplacés-internes-en-raison-des-conflits-et-du-climat Les propositions concrètes ne font pas l'unanimité, les décisions tardent. Alors Hyacinthe Niyitegeka négocie : « . » UNE CONCILIATRICE HORS PAIR Des négociations rudes, semées d'embuches, comme ce fût le cas la semaine dernière à Bonn en Allemagne lors des discussions pré-COP28. Elle doit batailler, et faire s'entendre des gouvernements, des ONG, des chercheurs. « , témoigne Fanny Petitbon, responsable plaidoyer pour l'ONG Care-France, proche de Hyacinthe Niyitegeka.  » NOUVELLE RÉUNION À BANGKOK Au sein de la coordination des Pertes et Dommages, Mamadou Sylla est plus qu'un collègue. C'est un ami, ébahi devant la capacité de travail de la négociatrice rwandaise : «  » Organiser la société civile et la stratégie de la lutte pour les pertes et dommages, c’est un travail long, fastidieux. Elle le poursuivra en juillet à Bangkok lors de la nouvelle réunion sur le financement du fonds ​​​​​« pertes et dommages » pour élaborer des recommandations qui seront examinées et adoptées par la COP28. À lire aussiONU: Kagame et Issoufou défendent l'écologie et la lutte contre les inégalités https://www.rfi.fr/fr/afrique/20190925-onu-rwanda-niger-climat-inegalites--multilateralisme-sahel-issoufou-kagame

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Jun 23, 2023
Marylise Léon, une coureuse de fond à la tête de la CFDT

À 46 ans, elle s’apprête, le 21 juin, à prendre la tête du premier syndicat de France. En tant que secrétaire générale de la CFDT, Marylise Léon succèdera à Laurent Berger qui passe la main après plus de dix ans en première ligne. Le choix de la continuité. Son arrivée à la tête de la CFDT n’est pas une surprise : elle était la numéro deux de Laurent Berger depuis le congrès de Rennes en 2018. À l’époque, elle est élue par les adhérents avec 97,97% des suffrages. C'est à peine moins que les 99% qu’elle avait obtenu quatre ans plus tôt lorsque, à 37 ans, elle était devenue secrétaire nationale en charge des questions industrielles. Elle est alors la mieux élue des dix membres de l’instance dirigeante de la CFDT. Marylise Léon connaît bien l’industrie. Elle est titulaire d’un DESS «  », l’équivalent d’un master. Après ses études, elle rejoint un cabinet de conseil où elle travaille sur les questions de sécurité environnementale en entreprise. Une période au tout début des années 2000, marquée par l’explosion accidentelle de l’usine AZF de Toulouse, le 21 septembre 2001. L’événement met au cœur des débats la question de la sécurité, notamment environnementale, des sites industriels. Deux ans plus tard, consciente de ses lacunes, la fédération chimie-énergie de la CFDT lui demande de former les militants sur ces questions. SENSIBILISÉE TRÈS TÔT AUX QUESTIONS D’ENVIRONNEMENT Un parcours qui la sensibilise aux questions d’environnement et de transition climatique quand celles-ci n’étaient pas encore à la mode. «  "fromage ou dessert", expliquait-elle en 2020. . » La solution, veut-elle croire, c’est «  » pour «  ». Sa philosophie. En 2015, en amont de la COP21, la conférence de l’ONU sur le climat qui se déroule à Paris, elle publie même un article académique détaillant une «  ». Marylise Léon prendra la tête du premier syndicat de France le jour du solstice d’été. Comme le symbole d’une page qui se tourne après un hiver et un printemps social bouillants. Une période que Laurent Berger a résumée d’une formule quasi oxymorique : «  » D’un côté, les syndicats sortent vaincus : la réforme des retraites est passée, sans vote à l’Assemblée nationale, dans la douleur, mais elle a été adoptée et à partir de septembre, elle va s’appliquer. De l’autre, cela fait longtemps que les syndicats n’avaient pas été aussi populaires, ils engrangent à nouveau des adhésions et surtout, ils ont réussi à bâtir une intersyndicale solide. Et c’est en partie grâce au travail de Marylise Léon. CONSTRUIRE L’INTERSYNDICALE SANS COUP FOURRÉ «  », explique Catherine Perret, secrétaire confédérale de la CGT. Toutes les deux se connaissent donc très bien. «  » Même son de cloche chez Benoît Teste, secrétaire général de la Fédération syndicale unitaire (FSU) : «  » L’échec de la mobilisation à faire reculer le gouvernement va-t-il créer des brèches dans l’intersyndicale ? On a pu entendre, notamment dans les manifestations ou au sein des fédérations, certains et certaines regretter que l’intersyndicale n’ait pas fait le choix de durcir le mouvement. Début mars, quand les responsables syndicaux appellent à «  », Marylise Léon temporisait aussitôt : «  » Les mauvaises langues en ont déduit que c’est la CFDT qui freinait des quatre fers. Critique balayée par Catherine Perret : « , assure-t-elle aujourd’hui.  » Dans ces conditions, impossible selon elle de «  ». L’arrivée de Marylise Léon à la tête de la CFDT, tous ceux à qui nous avons parlé en sont convaincus, est au contraire le gage de la continuité, y compris dans le dialogue intersyndical. UNE SUCCESSION PRÉPARÉE DE LONGUE DATE LAURENT BERGER LA PRÉPARE À SA SUCCESSION https://www.rfi.fr/fr/en-bref/20230419-france-laurent-berger-va-quitter-la-tête-du-syndicat-cfdt-au-21-juin-annonce-t-il-au-monde depuis longtemps. C’est en tout cas l’impression qu’a eu François Rebsamen. En 2014, il était le ministre du Travail de François Hollande. À ce titre, l’ex-socialiste a souvent rencontré les syndicats, notamment pour les négociations sur la rénovation du dialogue social entre le Medef et les représentants des salariés. Il se souvient que Marylise Léon accompagnait presque toujours Laurent Berger, et il a eu l’impression d’assister à un début de transmission. «  », se souvient l’actuel maire de Dijon. «  » Laurent Berger, lui-même est «  » au moment de passer la main. Il l’a dit à RFI LORS DE LA DERNIÈRE GRANDE MANIFESTATION CONTRE LA RÉFORME DES RETRAITES, LE 6 JUIN 2023 https://www.rfi.fr/fr/france/20230606-france-faible-mobilisation-pour-la-14e-journée-contre-la-réforme-des-retraites. «  , assure-t-il.  » PLUS DE 20 ANS APRÈS NICOLE NOTAT, UNE FEMME À LA TÊTE DE LA CFDT Pour la CFDT, ça n’est pas une première : de 1992 à 2002, Nicole Notat avait dirigé le syndicat, accompagnant aussi son virage «  ». « , rappelle Evelyne Rescanières, secrétaire générale de la Fédération CFDT Santé Sociaux.  » Elle n’est pas non plus inquiète de voir Laurent Berger passer la main. «  » Son arrivée, après celle - plus agitée - de SOPHIE BINET À LA TÊTE DE LA CGT https://www.rfi.fr/fr/france/20230331-france-sophie-binet-élue-à-la-tête-de-la-cgt, va aussi contribuer à dépoussiérer un peu une intersyndicale encore trop masculine. « , reconnaît au micro de RFI Benoît Teste de la FSU.  » «», s’amusait elle-même Marylise Léon. Et si «  », pour reprendre une formule de Laurent Berger, il n’y a pas de quoi l’effrayer : la course à pied, elle connaît. Sur internet, on trouve encore la trace de ses performances passées. En 2018, par exemple, elle a couru le semi-marathon de Paris en 2 heures, 5 minutes et 24 secondes. Dans quelques jours, commence pour elle une course de plus longue haleine encore.

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Jun 16, 2023
Jensen Huang, le patron de Nvidia, joue la carte (graphique) de l'Intelligence artificielle

Nvidia a le vent en poupe. Le géant américain des processeurs graphiques est entré brièvement, fin mai, dans le club très select des entreprises pesant 1000 milliards de dollars à Wall Street et ce grâce au boom de l'intelligence artificielle. Portrait de son PDG, Jensen Huang. Dans son histoire, qu’il ne juge pas particulièrement extraordinaire, on retrouve les codes de l' et du mythe du . Né à Taïwan Jen-Hsun Huang, de son nom de naissance, est envoyé par ses parents aux États-Unis alors qu'il n'a pas 10 ans. Point de chute : une pension dans le Kentucky, où raconte-t-il, il était de corvée de nettoyage des sanitaires. Adolescent, c'est d'abord dans les compétitions de ping-pong qu'il brille, avant de décrocher un diplôme en génie électrique en 1984, à l'heure où naissait le Macintosh. Il ne va pas travailler chez Apple mais rejoint la Silicon Valley. Après quelques années passées notamment chez un futur concurrent et avoir décroché un nouveau diplôme, à Stanford cette fois, il co-fonde Nvidia en 1993Exit le mythe de la start-up créée dans un garage, la légende veut que Jensen Huang et deux amis aient posé les bases de leur entreprise au Denny's, un restaurant, de San José. Elle deviendra Nvidia - l'envie en latin. À en croire Jensen Huang, Nvidia, c'est presque de la magie. « », vante-t-il sur CNBC. « VISIONNAIRE » Concrètement, Nvidia conçoit des composants informatiques très spécifiques. « », explique Rémi Bourgeot, économiste et statisticien, chercheur associé à l'Iris. Premier grand succès en 1999 avec le premier processeur graphique (GPU) au monde. Jensen Huang, qualifié de « » par Mohamed Makhlouf, enseignant en intelligence artificielle à l'Essca, a ensuite flairé de nouveaux marchés pour ces cartes à haute capacité de calcul, le minage de cryptomonnaie et surtout l'IA.   ». Des puces que Nvidia conçoit, mais ne fabrique pas. « rappelle Mohamed Makhlouf. L’ACTION NVIDIA PRISE D’ASSAUT Avec l'essor de l'intelligence artificielle, son produit vedette le H100valant plusieurs milliers de dollars pièce, fait fureur. « a même ironisé Elon Musk lors d'un événement organisé par leNvidia fait course largement en tête. Selon le cabinet Jon Peddie Research, Nvidia pesait 82% des GPU autonomes livrés dans le monde fin 2022, ses deux poursuivants s'octroyant 9% chacun. Résultat, la valeur de l’entreprise californienne a bondi en bourse et avec elle la richesse de Jensen Huang, classé, par Forbes, 37ᵉ homme le plus riche du monde avec une fortune de quelque 34 milliards de dollars. Riche, Jensen Huang est aussi multirécompensé. Il figure notamment sur la liste du des 100 personnalités les plus influentes de 2021. Et les derniers mois ont permis à l'homme à la veste de cuir d'asseoir sa notoriété.  Il avait un statut assez légendaire dans les milieux liés aux jeux vidéo parce que ses processeurs sont devenus indispensables aux jeux vidéo qui nécessitent le plus de puissance de calcul pour les applications graphiques, » souligne Rémi Bourgeot.  «.  ENCORE QUELQUES « DÉCENNIES » Malgré cette renommée, Rémi Bourgeot lui prête une « ». ». À 60 ans, Jensen Huang en a déjà passé trente à la tête de Nvidia. Et il a confié à CNBC ne pas être prêt à lâcher les rênes, quitte à se transformer en robot. » Fidèle au nom de l'entreprise, le PDG a donc l'envie dans les veines et Nvidia dans la peau. Littéralement. Jensen Huang s'est fait tatouer sur le bras un dessin inspiré du logo de la marque.

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Jun 09, 2023
Ajay Banga, élu à la tête de la Banque mondiale

Ajay Banga débute ce vendredi 2 juin, son mandat de cinq ans à la tête de la Banque mondiale. C'est dans un contexte de grande réforme pour l'institution qu'il prend les rênes... Américain d'origine indienne, Ajay Banga était le seul candidat en lice pour prendre la succession du démissionnaire David Malpass.  

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Jun 02, 2023
Riad Salamé, l’homme le plus détesté du Liban

Depuis le mardi 16 mai, le puissant gouverneur de la Banque centrale du Liban fait l’objet d’un mandat d’arrêt international émis par la justice française. Riad Salamé est soupçonné d’avoir détourné plusieurs centaines de millions d’euros de fonds publics libanais pour acquérir de nombreuses propriétés dans plusieurs pays européens. Au Liban, après avoir été longtemps encensé, il est aussi sur le banc des accusés pour son rôle dans la crise financière qui a mis l’économie à genoux.  Depuis que la crise a éclaté en 2019, les Libanais n'ont plus accès à leurs économies. La livre n’en finit plus de dévisser face au dollar, entraînant une explosion des prix des matières premières et des produits de première nécessité, avec des conséquences dramatiques pour la population, impuissante. Chaque semaine, on assiste à des manifestations devant la Banque centrale du Liban. Un même nom revient sans cesse, scandé le poing levé : « Salamé, voleur ! Salamé, truand ! » Riad Salamé cristallise la colère des Libanais qui voient en lui l’incarnation de la « mafia » au pouvoir. « Riad Salamé était le courtier personnel de Rafic Hariri qui l’a nommé à la Banque centrale au début des années 1990 quand il est devenu Premier ministre », rappelle Sibylle Rizk, journaliste et directrice des politiques publiques au sein de Kulluna Irada, ONG qui milite pour une réforme du système politique au Liban. Il a commencé sa carrière en tant que banquier d’affaires chez Merill Linch. « Pistonné », persifle le politologue Karim Bittar, professeur de relations internationales à l’université Saint Joseph de Beyrouth. « Il était présenté comme un magicien de la finance » Malgré tout, le nouveau gouverneur fait rapidement consensus. « Au début de sa carrière, il était présenté comme un magicien de la finance, capable de maintenir la stabilité monétaire du Liban », se souvient Karim Bittar. C’est lui qui prend la décision, peu de temps après son entrée en fonction en 1993, d’ancrer la livre libanaise sur le dollar. « Les Libanais étaient traumatisés par la dévaluation des années 1980, rappelle Sibylle Rizk. Le symbole de l’essor économique de la reconstruction s’est incarné dans la force retrouvée de la livre libanaise dont Riad Salamé était le principal artisan. » Les premières années de son mandat, cette politique ambitieuse porte ses fruits, et il est encensé bien au-delà des seules frontières du pays du cèdre. En 1997, il est fait Chevalier de la Légion d’honneur par le président français, Jacques Chirac. L’ambassadeur de France au Liban qui lui accroche l’insigne sur la poitrine salue ainsi son action qui « a contribué de manière décisive à ramener la confiance internationale dans le Liban ». Et l’illusion durera longtemps : une décennie plus tard, « alors que la panique financière s’empare de la planète, les investisseurs placent leur argent dans un lieu inattendu : le Liban ». Première phrase d’un article que le prestigieux New York Times consacre en 2008 au « havre de stabilité et de croissance qu’est le secteur bancaire libanais ». Une situation que le journal met en grande partie au crédit de la Banque centrale nationale et de son gouverneur : Riad Salamé. La Banque mondiale ira jusqu’à parler de « système de Ponzi » Sauf que cette apparente stabilité repose sur un château de sable. « Il y a eu une entrée massive de capitaux dans le pays, explique l’économiste libanais Albert Dagher. Les banques ne savaient pas quoi faire de cet argent. Riad Salamé leur a dit "donnez-le moi" en leur promettant des taux d’intérêts élevés. C’était une erreur. » Les réserves de la Banque centrale grossissent, et permettent de maintenir artificiellement la parité entre le dollar et la livre libanaise, mais sans la moindre connexion avec l’économie réelle. « C’est un schéma classique qui consistait à payer les taux d’intérêts exorbitants promis en attirant de nouveaux déposants et des capitaux étrangers, c’était une fuite en avant », dénonce Karim Bittar. Dans un rapport publié l’an dernier, la Banque mondiale ira jusqu’à parler de « système de Ponzi ». « La parité entre la livre et le dollar était un pari qui a rapidement échoué, estime aujourd’hui Sibylle Rizk. Au lieu de corriger le tir, Riad Salamé s’est entêté pour des raisons politiques et cela s’est soldé deux décennies plus tard par l’un des effondrements financiers les plus graves de l’ère moderne ». « Riad Salamé n’était pas économiste de formation, donc le contexte international, les flux financiers internationaux, la libéralisation des mouvements de capitaux : ce n’était pas des débats qu’il pouvait mener », estime Albert Dagher. Et pourtant, Riad Salamé, 72 ans, a été reconduit à la tête de Banque centrale du Liban à quatre reprises, il dirige l’institution depuis bientôt 30 ans. Comment comprendre qu’il n’y ait pas eu plus tôt de signes annonciateurs ? « Il y a eu un rapport du FMI quelques années avant la crise qui mettait en garde sur la politique monétaire, mais il a été caviardé à la demande du gouvernement libanais et de la Banque centrale, assure Sibylle Rizk. Cela dit, la façon dont il a maquillé les comptes, c’est du jamais vu. » Le grand argentier de la mafia politico-financière libanaise  Riad Salamé a aussi su encourager cette cécité consentie en se mettant au service de l’élite libanaise, tous partis confondus. « Il a été en quelque sorte le grand argentier de la mafia politico-financière libanaise », assène le politologue Karim Bittar. Les grandes fortunes du pays ont ainsi bénéficié de taux d’intérêts alléchants, sans commune mesure avec ceux proposés à la population. Depuis la crise, Riad Salamé se défend et pointe du doigt l’absence de réformes menées par le gouvernement, l’utilisation des réserves en dollars de la Banque centrale pour financer les importations et le système clientéliste complexe qui caractérise la société libanaise. « Je suis un bouc émissaire », répète-t-il à l’envi, se disant la victime des jeux de pouvoir à Beyrouth. « Dire qu’il a agi seul, ce serait exonérer la responsabilité de la classe politique et intellectuelle de l’administration publique. Il n’y a eu personne pour avertir du désastre à venir, concède l’économiste Albert Dagher, auteur de Comment une élite prédatrice a détruit le Liban (Le Bord de l’Eau, 2022). Certes, il n’était qu’un exécutant, mais un exécutant zélé, nuance Karim Bittar. Il a rendu service à toutes les parties libanaises, y compris au Hezbollah. » Et cela s’est poursuivi après la crise : quand les Libanais faisaient la queue pendant des heures devant les banques sans pouvoir accéder à leurs économies pour payer leur loyer ou faire leurs courses, l’élite, elle, sortait massivement ses capitaux du pays pour les placer dans des institutions à l’étranger. 2021 : les douaniers français découvrent 90 000 euros non déclarés dans sa valise Et Riad Salamé est très fortement soupçonné d’avoir lui-même participé à cette fuite des capitaux. En 2021, le journal libanais Al Akhbar, proche du régime syrien, rapporte, document à l’appui, que Riad Salamé a été interpellé par les douaniers de l’aéroport du Bourget à Paris alors qu’il avait dans une valise 90 000 euros non déclarés et dont il était incapable de justifier la provenance. 90 000 euros, une paille en comparaison des « centaines de millions de dollars qu’il est soupçonné d’avoir détourné selon plusieurs enquêtes internationales », souligne Karim Bittar. À la même époque, le nom de Riad Salamé revient dans les Pandora Papers, vaste enquête du Consortium international des journalistes d’investigation qui révèle l’utilisation par les élites mondiales de sociétés écran situées dans les paradis fiscaux. Celui qui occupe des fonctions publiques depuis trois décennies se défend et assure qu’il a simplement fait fructifier la fortune acquise lorsqu’il était banquier d’affaires. Au Liban et à l’étranger, les enquêtes se concentrent sur l’entourage de Riad Salamé : son frère Raja, soupçonné d’avoir servi de prête nom au gouverneur de la Banque centrale, tout comme son ex-maîtresse, Anna Kosavoka, de nationalité ukrainienne. En juin 2022, elle est mise en examen à Paris pour « association de malfaiteurs » et « blanchiment d’argent », comme l’avait révélé en décembre le journal en ligne Médiapart. « Le lien entre ces affaires et la crise financière que traverse le Liban, c’est l’impunité et la toute-puissance du gouverneur, s’indigne Sibylle Rizk. Il a agi sans aucun contrôle démocratique, personne n’a demandé de compte. » L’étau judiciaire se resserre autour de Riad Salamé, tant au Liban qu’à l’étranger, mais il n’entend pas démissionner. Jeudi 18 mai il a fait savoir qu'il ne démissionnerait que si une décision judicaire était prise à son encontre. Il est toujours en poste.

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May 19, 2023
Brett Harrison, ancien de FTX, et sa nouvelle plateforme d'échange de cryptomonnaies

Aujourd'hui l'Économie, le Portrait de Brett Harrison, ancien de FTX, la plateforme d'échange de cryptomonnaies en faillite. Dirigeant de la plateforme américaine, il avait quitté le navire en septembre 2022, deux mois avant le naufrage. À présent, il revient sur le devant de la scène avec une nouvelle start-up. Front dégarni, l'air détendu, Brett Harrison est un as de cette nouvelle finance que sont devenues les cryptomonnaies. Six de ses collaborateurs ont travaillé pour FTX. Pas juste une nouvelle bourse de crypto Mais leur chef veut tourner la page de ces années folles. Sa start-up, Architect Financial Technologies, n'est pas juste une nouvelle bourse d'échange de crypto, assure le trader dans un podcast The Woolf of All Streets du blogueur américain Scott Melker : « Nous avons fondé Architect en janvier 2023 avec cette idée en tête d'éliminer certains problèmes existants. Vous ne pouvez pas faire n'importe quoi. Aux États-Unis, si vous voulez investir sur le marché de produits dérivés, vous devez passer par la Bourse dédiée à cet effet, le CME. Et nous avons demandé notre certification. Je dirais donc que notre entreprise s'adresse à tous sauf aux investisseurs qui veulent juste acheter et vendre rapidement leurs actifs virtuels en engrangeant des bénéfices. » Pour Brett Harrison, être contrôlé par le CME, acronyme de Chicago Mercantile Exchange, le leader mondial de produits dérivés, c'est un gage de sécurité et de confiance pour ses futurs clients. Qui est donc cet homme qui prétend réparer les dérives de la cryptofinance ? Un jeune mathématicien Né à New York il y a 35 ans, le futur trader publie dès ses années de lycée des articles dans une revue de mathématiques, avant de regagner la prestigieuse université de Harvard, puis rejoint la société de trading, Jane Street Capital. L'entreprise ajoute très tôt le Bitcoin à ses actifs d'échange. L'objectif est de profiter de ce marché encore jeune et dépourvu de régulation en profitant de la spéculation. Lorsque son collègue d'alors, Sam Bankman-Fried, lui propose de prendre la tête de la filiale américaine de FTX, Brett Harrison accepte. Mais les divergences entre les deux hommes apparaissent rapidement. Un professionnel de la nouvelle finance Marié, père d'un enfant né avec une malformation congénitale, adopté en Chine, végane, Brett Harrison garde les pieds sur terre. Son départ de FTX et la création d'Architect prouvent qu’il a des capacités pour rebondir, estime Jean de Chambure, président du Bureau des éveilleurs, cabinet de décryptage et de conseil, spécialiste du numérique : « Il fait partie des professionnels avisés du secteur qui ont une vision plus long terme, plus rationnelle, et qui voient la cryptomonnaie comme une création de valeur financière. Factuellement, il faudra bien regarder où le siège de l’entreprise sera situé, s’il n’y a pas de liens avec des paradis fiscaux comme les Bahamas… Ce serait déjà un signal que quelque chose sera un peu mieux régulé. Sachant que les États-Unis ont l’intention, et commencent à le faire, de régler davantage le secteur des cryptomonnaies. C’est d’ailleurs la vraie question derrière les cryptomonnaies pour beaucoup : le fait qu’elles sont utilisées par des fonds aux Bahamas, par des fonds alternatifs, les hedge fonds. » Sa part du gâteau Il faut dire que l'engouement des investisseurs pour les monnaies virtuelles ne faiblit pas. C’est le moins que l’on puisse dire. Les plateformes d’échanges pèsent désormais des dizaines de milliards de dollars. Architect voudra sans doute sa part du gâteau aux côtés des géants comme Binance, Coinbase et autres Kraken. Pour sa première levée de fonds, l'entreprise a réuni 5 millions de dollars. Pour Jean de Chambure : « Brett Harrison va avoir tout l’écosystème des cryptomonnaies derrière lui. Parce que son entreprise fait figure de l’étendard de respectabilité. C’est donc le signe d'une certaine maturité du secteur. Mais pour moi cela ne change rien au paradigme même des cryptomonnaies. Les monnaies virtuelles ne créent pas de valeur. Elles sont un simple actif financier. Et si vous prenez le parallèle avec de l’or, on est dans la même catégorie, ce sont plus des monnaies de couverture par rapport aux risques géopolitiques ou économiques que la planète connait aujourd’hui. Donc, c’est une sorte de valeur refuge. » Produit spéculatif pour les uns, monnaie du futur pour les autres, la crypto révolutionne la finance. Renforcer la réglementation et la fiscalité permettrait selon l'expert d'attirer ne serait-ce qu'une partie de cet argent dans l'économie réelle.

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May 12, 2023
Gabriel Zucman, l’économiste français de la justice fiscale, récompensé par la médaille Clark

En début de semaine, l'Association américaine d'économie (AEA) a annoncé avoir remis à l'économiste français Gabriel Zucman la médaille John Bates Clark pour ses travaux consacrés à l'évasion fiscale et la montée des inégalités. Ce prix est considéré comme l'une des plus prestigieuses récompenses accordées aux chercheurs en Sciences économiques. Gabriel Zucman s'est intéressé à la distribution des richesses dès sa thèse de doctorat, Trois essais sur la répartition mondiale des fortunes, dirigée par le pionnier de la pensée sur les inégalités économiques et sociales, Thomas Piketty. Il fait donc partie de cette nouvelle génération d'économistes français qui a contribué à attirer l’attention sur ces questions avec Emmanuel Saez et Lucas Chancel.  « Il a été l’un des premiers à quantifier cette question de l’évasion fiscale et des paradis fiscaux, ce qui est très difficile à quantifier », explique l'économiste Philippe Martin, du Cercle des économistes, l’un de ses jurés de thèse, « c’était la question de savoir à quel point, pour un certain nombre de pays occidentaux, les actifs financiers qui étaient déclarés étaient très sous-évalués et que les pays riches étaient plus riches qu’on ne le pensait, car ils étaient dans des paradis fiscaux » En 2017, le livre de Gabriel Zucman, La richesse cachée des nations, enquête sur les paradis fiscaux, paru chez les éditions du Seuil est un best-seller. Il y explique que 8 % de la richesse mondiale est détenue offshore. Grâce à sa connaissance du sujet, il parvient à imposer sa pensée et fait partie en 2018 du comité exécutif du Rapport sur les inégalités mondiales (Le Seuil) qui a un retentissement important. La même année, le Cercle des économistes et le journal Le Monde lui attribuent le prix du Meilleur jeune économiste de France. « C'était un signal positif de se dire qu’enfin, on allait réaborder les questions fiscales de manière dépassionnée, sérieuse et rationnelle pour pouvoir en parler après de manière politique » selon Aurore Lalucq, députée européenne et membre du mouvement citoyen Place publique. Economiste de formation, elle est à l'initiative d'une pétition pour la taxation des ultrariches en collaboration avec Gabriel Zucman. « Pendant des années, on a fait croire que l’impôt et la taxe, c'est le mal. Et c’est ce qui est intéressant dans les travaux de Gabriel, c’est qu’il va vous parler des questions fiscales de manière factuelle et au-delà des éléments de langage habituels qu’on entend depuis la révolution néo libérale qui sont : trop d’impôts tue l’impôt ou les riches vont partir si on les taxe, etc. » Gabriel Zucman est aujourd’hui maître de conférence à l’Université de Berkeley, en Californie. L’économiste de 36 ans a l'oreille de la gauche américaine puisqu'il a conseillé les équipes de Bernie Sanders, le candidat aux primaires démocrates en 2015. C'est même dans l'un de ses articles, co-signé avec Emmanuel Saez, intitulé « le triomphe de l'injustice », que Bernie Sanders trouve sa formule devenue emblématique outre-Atlantique selon laquelle 99% de tous les revenus générés aux États-Unis vont aux 1% les plus riches.

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May 05, 2023
Martin Sion, le patron d'ArianeGroup en mission pour faire décoller Ariane 6

Depuis le début du mois d'avril, le fauteuil de patron d'ArianeGroup - le maitre d'œuvre du programme de lanceurs Ariane - a un nouvel occupant : Martin Sion. Sa mission : faire décoller la fusée Ariane 6, petite sœur d'Ariane 5. Mais le chantier a déjà trois ans de retard. De nombreux défis attendent cet homme de 54 ans, ingénieur de formation. Sur son compte Twitter, il se décrit en quelques mots comme un passionné d'aérospatial, de technologie et d'innovation. Martin Sion est un homme assez discret, qui a fait l’essentiel de sa carrière chez Safran, géant français coté en Bourse de l’aéronautique, de la défense et de la sécurité, né de la fusion en 2005 des entreprises Snecma et Sagem, spécialisées dans les moteurs d’avion et la mécanique. Sa prise de fonction intervient alors que l’Europe est plongée dans une crise des lanceurs – ces fusées puissantes permettant de mettre en orbite des satellites ou d’autres charges utiles – dont elle peine à sortir. Le lanceur italien Vega est cloué au sol jusqu'à nouvel ordre, et le lanceur russe Soyouz a été retiré du marché par le régime de Vladimir Poutine en représailles aux sanctions économiques. Ariane 6 est donc le seul espoir de l'Europe pour garantir sa souveraineté dans l'espace, sans dépendre des États-Unis.  Sa construction a été décidée pour remplacer progressivement Ariane 5, dont un modèle s’est d’ailleurs envolé direction Jupiter le 14 avril. Elle coûte moins cher à produire, et devait décoller pour la première fois en 2020. Trois ans plus tard, la fusée européenne n’est pourtant pas encore prête. La pandémie de Covid a provoqué plusieurs longs retards auxquels se sont ajoutés guerre en Ukraine et des travaux sur la base de lancement de Kourou, en Guyane. Stefan Barensky, rédacteur en chef du magazine Aerospatium : « Il y a une pression épouvantable. Quand on ne lance pas, les sous ne rentrent pas. Heureusement, ArianeGroup produit aussi des missiles de dissuasion [nucléaire], ça permet de faire un peu de revenu. Mais il faut travailler dans des conditions qui ne sont pas favorables et remotiver les équipes. Il y a du boulot… » Tenir les carnets de commandes Deuxième défi à relever pour Martin Sion : tenir les carnets de commandes déjà bien remplis. Mais les chantiers avancent lentement et le moral des troupes d’ArianeGroup commence aussi à faiblir. « Elles font leur maximum pour faire un produit de qualité dans des conditions qui leur sont défavorables. Et on leur rabâche à longueur de temps que du côté des Américains, c’est vachement mieux. Sauf que c’est complètement absurde. On ne compare pas des carpes et des lapins », résume Stefan Barensky. ► À lire aussi : Espace: les instruments scientifiques de la sonde Juice, «une merveille de technologie» Face aux difficultés dans lesquelles sont englués les Européens, les Américains, eux, en profitent pour prendre de l’avance. Mais les deux continents ne jouent pas avec les mêmes règles. ArianeGroup est soumise à des règles strictes imposées par l'Agence spatiale européenne (ESA). La plus handicapante est celle du « retour géographique ». Concrètement, lorsqu'un pays européen investit dans ce programme spatial, il bénéficie en échange de contrats industriels sur son territoire. La mesure avait été adoptée pour éviter de mettre à l’écart les plus petits États. Mais aujourd’hui, le modèle est très critiqué. La production du lanceur est éparpillée sur 13 pays, et près de 600 sociétés sont mobilisées. Martin Sion va donc devoir jongler entre les directives de l’ESA et les contraintes des entreprises partenaires. « On est plutôt dans la diplomatie que dans l’industriel », analyse Stefan Barensky. D’après son entourage professionnel, l’ancien de Safran a toutes les qualités requises pour relever le défi. « Il faut pouvoir avoir des capacités techniques, écouter les experts, les comprendre, les challenger, et prendre la décision qui s’impose pour résoudre toutes les difficultés techniques qu’on pourrait rencontrer, raconte Joel Barre, ancien délégué général de l’armement et ancien supérieur de Martin Sion. Et ça je pense que Martin Sion sait le faire, il l’a démontré dans sa carrière. » Il ajoute : « Et puis il a des qualités de grand manager aussi, des capacités d’écoute, de relations humaines, de savoir-être, de leadership, qui sont évidemment indispensables au poste qu’il aura à la tête de cette société. » ► À écouter aussi : Depuis Kourou, l’Europe s’envole vers Jupiter

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Apr 28, 2023
Wang Chuanfu, concurrent chinois d'Elon Musk

C'est le nouveau visage de la voiture électrique : le Chinois Chuanfu, patron du groupe Byd, est devenu le principal concurrent de Tesla. Il détient un cinquième du marché du bus électrique dans le monde, mais c'est désormais le particulier européen qu'il tente de séduire. Trois de ses modèles viennent d'ailleurs de débarquer en France. Portrait d'un entrepreneur qui joue la carte de l'innovation technologique au service du climat.  C'est sous cette étiquette verte que Wang Chuanfu s'est présenté officiellement devant ses clients européens en fin d'année dernière. Bilan carbone et chiffres à l'appui : plus d'un million et demi de voitures vendues dans le monde en 2022, en comptant les hybrides rechargeables. C'est presque aussi bien que Tesla, qui conserve tout de même une courte avance sur les voitures 100% électriques. Parti de rien L'histoire de cet entrepreneur a tout d'une fable. Elle commence, il y a 57 ans, dans une région rurale de l'est de la Chine. Orphelin à l'adolescence, il est élevé par ses frères et sœurs qui, selon la légende familiale, se serrent la ceinture pour lui permettre de faire des études scientifiques. Un pari réussi, puisqu'en 1995, il fonde Byd, une entreprise de conception de petites batteries rechargeables – celles qu'on utilise dans les téléphones portables – et se met rapidement au niveau des pionniers en la matière. Il devient le fournisseur de géants du marché comme Nokia, Motorola ou Samsung. L'automobile n'arrivera dans son sillage que plus tard, en 2003, lorsqu'il rachète le constructeur Tsinchuan. « Il fait partie de ces légendes du capitalisme chinois qui ont des débuts très modestes, qui ont été les premiers à monter en puissance dans l'économie chinoise, avec la condition sine qua non de savoir se mettre dans les bons réseaux au niveau politique », raconte Jean-François Dufour, cofondateur du réseau d'analyse Sinopole.  Inaccessible et secret Wang Chuanfu a la réputation d'être un personnage prudent, qui ne s'expose pas beaucoup. De sa personnalité, on ne sait que peu de choses. « Cela dit, on lui connaît quelques traits d'humour, nuance Jean-François Dufour. Alors que Byd, ça signifie officiellement "Build Your Dreams" [« Construisez vos rêves », NDLR], la version officieuse de son fondateur serait "Bring Your Dollars" [« Ramenez vos dollars »]. ​» En 2008, il devient la première fortune de Chine, alors que l'homme d'affaires américain Warren Buffett entre au capital de Byd. Les autorités chinoises ne voient pas cette ascension fulgurante d'un très bon œil et lui reprochent « des d'ambitions un peu démesurées, rappelle Jean-François Dufour. Il a eu des relations un peu tendues avec le pouvoir à ce moment-là, mais une fois que le message a été reçu, Byd [s'est pleinement inséré] dans les projets nationaux ». En 2011, un long rapport de l'ONG China Labor Watch épingle l'entreprise en raison des mauvaises conditions de travail que subissent ses salariés : revenus très bas, cadences infernales... Plusieurs vagues de suicides sont régulièrement documentés dans la presse chinoise. Mais, selon Jean-François Dufour, ces événements n'ont pas été un frein à la croissance de Byd. Un héros national En Chine, le leadership de Byd est bien installé, même s'il commence à être concurrencé par de jeunes start-up qui veulent, elles aussi, se lancer dans l'électrique... Cependant, pour le professeur Huai-Yuan Han, qui enseigne la stratégie entrepreneuriale et l'économie chinoise, il a l'avantage d'être un « un modèle d'intégration verticale », c'est-à-dire qu'il maîtrise toute la chaîne de production, de la batterie à la couche de vernis appliquée sur le véhicule. C'est ce côté visionnaire qui l'a érigé au rang d'icône dans les yeux de ses compatriotes : « C'est plutôt comme un héros national. La Chine a souvent été menacée par les Occidentaux et, tout à coup, un entrepreneur chinois se lance dans quelque chose avant que le marché ne soit dominé par les Occidentaux. La Chine commence à avoir ses propres marques. Elle n'a jamais pensé qu'une entreprise chinoise pouvait réussir dans l'automobile. Pour les professionnels ou pour les étudiants à l'université, je trouve que Wang Chuanfu est remarquable. » Les yeux rivés vers le continent africain En 2017, il conclut d'une poignée de main avec le roi Mohammed VI l'installation d'une usine Byd dans le nord du Maroc. Prochain objectif pour lui : acquérir six mines de lithium, métal indispensable à la confection de ces batteries rechargeables. C'est ce que révèle le journal chinois The Paper. Leur emplacement et les conditions dans lesquelles elles seront exploitées, en revanche, ne sont pas encore connus. Dans le monde, le lithium est présent en grande quantité en Chine et en Amérique du Sud. Sur le continent africain, les gisements seraient de plus petites tailles, selon les géologues du British Geological Survey, mais se situeraient principalement au Zimbabwe, en Namibie, en République démocratique du Congo, au Mali et au Ghana. ► À écouter aussi : Véhicules électriques: le champion chinois Byd se pose en rival de Tesla

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Apr 21, 2023
Arnaud Rousseau, nouveau président de la Fédération nationale des syndicats d'exploitants agricoles (FNSEA)

Changement de présidence à la Fédération nationale des syndicats d'exploitants agricoles (FNSEA), le premier syndicat agricole de France. Sans surprise, c'est Arnaud Rousseau, seul candidat au poste, qui a été élu ce jeudi 13 avril pour un mandat de trois ans. Portrait. Grand cultivateur et grand patron, Arnaud Rousseau affirme vouloir réhabiliter l'image de l'agriculture et dénonce les « sirènes de la décroissance ». « J'ai la conviction que l'agriculture est dans un moment charnière et qu'au même titre qu'on parle aujourd'hui de réindustrialisation parce qu’on a abandonné l'industrie il y a 30 ou 40 ans, si on ne fait rien maintenant, on reparlera de ré-agriculturisation dans vingt ou trente ans. Je suis convaincu que les agriculteurs, les agricultrices sont des solutions pour notre pays dans le moment dans lequel on est. »  Peu connu du grand public, Arnaud Rousseau l'est en revanche du monde agricole, avant son élection il était vice-président de la FNSEA. Âgé de 49 ans, marié et père de trois enfants, plus souvent en costume qu'en combinaison de travail, Arnaud Rousseau est diplômé de l'European business School de Paris. Il s'est ensuite formé à l'étranger, mais aussi à l'armée où il en est sorti capitaine réserviste.  Après un passage dans le négoce, il rejoint l'exploitation familiale implantée depuis six générations dans un village de Seine-et-Marne dont il est aussi le maire. Fait marquant : il y a une dizaine d’années, il fait une chute de 9 mètres dans un de ses silos à grains, les deux jambes brisées, il en remonte in extrémis à la force des bras. Tout juste remis il fera à pied le chemin de Compostelle. Alors comme l'exigent les statuts de la FNSEA, le président doit être un agriculteur, et Arnaud Rousseau en est un, mais il a d'autres casquettes Céréalier, Arnaud Rousseau dirige une exploitation de 700 hectares... Il est aussi un homme d’affaires. Depuis 2017, il préside la Fédération française des producteurs d’oléagineux et de protéagineux, la FOP. II est aussi le patron d'Avril, 5ᵉ groupe agroalimentaire français qui règne sans partage sur les oléagineux, et qui produit les huiles Lesieur ou Puget. Son mentor s'appelait Xavier Belin, lui aussi président de la FNSEA et patron d’Avril, auquel Arnaud Rousseau a succédé après son décès brutal. Enfin, selon les révélations du journal Mediapart, Il détient également des sociétés « para-agricoles », comme une entreprise de méthanisation et une société de production d’énergie photovoltaïque. La relève de Christiane Lambert Christiane Lambert est éleveuse de porcs et symbolisait l'entreprise familiale, un profil différent d'Arnaud Rousseau. Son élection marque le retour de l'agro-industrie. Arnaud Rousseau aborde l'agriculture comme un secteur stratégique, « clé de voûte de notre souveraineté alimentaire ». Oliver Naslès, vigneron et oléiculteur en Provence, mais aussi administrateur de la Fédération des producteurs d'oléagineux siège aux côtés d'Arnaud Rousseau au Conseil d'administration. Il décrit un homme déterminé : « Je crois d'abord qu'il a un sens de l'intérêt général ce n'est jamais la somme des intérêts particuliers, c'est une machine intellectuelle, peut être manquant un peu d'affectif. Arnaud est plutôt un bourreau de travail et aussi un constructeur. C'est à ce titre qu'il est pour moi l'homme qu'il nous faut pour inventer l'agriculture de demain ».  À l'heure du green deal, Arnaud Rousseau assume son choix d'une agriculture productiviste  Il est plutôt perçu comme un agro-businessman qui donne l'avantage aux grands producteurs. Son crédo : assurer l'autonomie alimentaire du pays, c'est pourquoi. Il ne rejette pas tous les pesticides, se dit favorable à la recherche et au développement de nouveaux OGM, défend le principe des bassines, qui font débat actuellement et dénonce l’interdiction des néonicotinoïdes et les restrictions des produits phytosanitaires. Des positions en phase avec celles de l'exécutif, mais pas de la Confédération paysanne. « Ça va être compliqué, la Confédération paysanne est plutôt un groupement d'agriculteurs qui voudrait que le modèle du petit agriculteur qui nourrit les 300 personnes autour de lui perdure, reprend Olivier Naslès. Il a la conviction que cette agriculture va dans le mur. Alors oui, le modèle que défend Arnaud n'est pas compatible avec celui que défend la Confédération paysanne. C’est évident. »  Arnaud Rousseau revendique une agriculture offensive. Reste à convaincre les agriculteurs, en dix ans la FNSEA a perdu un tiers de ses 210 000 adhérents, en raison de divisions internes. Ouvert au dialogue, il assure vouloir travailler avec toutes les filières.

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Apr 14, 2023
Le Nigérian Abdul Samad Rabiu est la quatrième fortune d'Afrique selon Forbes

Le Nigérian Abdul Samad Rabiu est cette année, l’une des grandes fortunes d’Afrique. Quatrième du classement de magazine Forbes sur le continent, il pèse plus de 7, 5 milliards de dollars. Originaire de Kano, il a prospéré dans le ciment et l’agroalimentaire. Il prône la production et la transformation locale des ressources naturelles.

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Apr 07, 2023
Sergio Ermotti, le sauveteur à la tête d’UBS

La faillite de Silicon Valley Bank et la débâcle de Credit Suisse ont plongé le secteur bancaire dans la tourmente ces dernières semaines. Le couperet est tombé le 19 mars dernier pour la deuxième banque transalpine, au bord de la faillite : elle sera rachetée par sa rivale historique UBS. La fusion des deux poids lourds helvètes, mise en œuvre par l'État, suscite de nombreuses craintes et interrogations. Pour piloter cette fusion délicate, l’ancien patron d’UBS reprend du service : Sergio Ermotti a été rappelé à ses fonctions pour opérer ce rachat in extremis. Son portrait avec Anne Verdaguer. Il est surnommé le « George Clooney » de la Paradeplatz à Zurich, où se situe le siège d’UBS. Mais Sergio Ermotti a bien plus pour lui que sa carrure d’acteur américain et ses cheveux poivre et sel pour relever le défi qui se profile devant lui. Né à Lugano dans le canton du Tessin, une ville cossue près de la frontière italienne, ce banquier a fait ses premières armes à la banque américaine Merrill Lynch puis auprès de l'italienne Unicredit. Inconnu du grand public, Sergio Ermotti a d’abord fait parler de lui juste après la crise des subprimes qui a secoué la planète financière. Il était alors directeur général d’UBS, le numéro un bancaire helvétique. Dušan Isakov est professeur de finance et de gouvernance d’entreprise à l’Université de Fribourg : « C'est une personne qui a déjà dû restructurer massivement UBS après son sa débâcle durant la crise financière globale de 2007-2008 donc il faut dire ce qui est, il jouit  d'une grande crédibilité sur la place financière Suisse et internationale et actuellement c'est très important pour Credit Suisse qui avait perdu quasiment toute crédibilité au cours des derniers scandales de toutes ces années. Donc je pense que sa figure est là pour donner un petit peu de crédit parce que les gens sont quand même assez inquiets en Suisse : cet UBS, il sera grand et concernant comment tout ça va se passer, pour le moment il y a toutes sortes de scénarios qui sont envisagés. C'était un choc gigantesque pour le pays bien entendu donc il est là aussi un petit peu pour rassurer ». En quelques années, Sergio Ermotti a transformé UBS en un géant mondial de la gestion de fortune Une gestion tournée vers les ultra-riches, notamment en Asie. Sous sa direction, la première banque helvétique a été l'une des banques les plus régulièrement rentables et les mieux évaluées en Europe. Mais la tâche qui l’attend s’avère elle aussi difficile. Avec ce retour à la tête d’UBS, c’est « le sens du devoir » et « le challenge » qui anime le banquier de 62 ans, c’est en tout cas ce qu’il a déclaré. Et avec le rachat de son désormais ex-rival Credit Suisse, il devra faire preuve de la plus grande diplomatie. L’économiste Michel Santi spécialiste des marchés financiers et auteur de BNS: rien ne va plus aux éditions Favre : « C'est l'homme de la situation parce qu'il a une maîtrise totale de cette banque qu’est UBS et parce qu’il a les relations humaines au niveau de l'état fédéral et au niveau du régulateur ainsi qu’au niveau de la Banque centrale. C'est principalement pour cela qu'il a été choisi : bien sûr parce qu'il est Suisse d'abord mais c'est surtout parce qu'il maîtrise les rouages politique dans le sens où ce nouveau géant bancaire va gérer des sommes monumentales par rapport à ce petit pays qu'est la Suisse et la taille gigantesque de ce géant risque fort d'entraîner dans sa chute l'économie du pays, en cas de bétises ou en cas d'accident… donc, à mon avis la nomination de monsieur Ermotti est surtout là bien sûr parce qu'il a les compétences requises, cela va de soi, mais surtout parce qu'il maîtrise les rouages politiques »  Sergio Ermotti qui avait dans le temps déclaré « la suisse n’a pas besoin de deux grandes banques » : l’avenir le dira…

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Mar 31, 2023
Tisya Mukuna, la reine du café kinois

À trente ans, Tisya Mukuna est devenue la reine du café à Kinshasa. En 2021, elle a lancé sa marque de café La Kinoise et développé des plantations sur les hauteurs de Kinshasa, près du mont Ngafula.  Qu’est-ce qui pousse une jeune femme de trente ans, diplômée d’une école de commerce et spécialiste en négociation des affaires à se lancer dans la culture du café à Kinshasa ? Réponse : l’orgueil. « L’agriculture pour moi, c’est plutôt une histoire de passion, explique Tisya Mukuna. Je faisais pousser tout un tas de choses, des orangers, des citronniers. Et puis, un jour, j’ai essayé de faire du café. Tout le monde me disait que cela ne pouvait pas pousser à Kinshasa, et comme je suis têtue, je me suis dit que j’allais essayer. » Voilà comment un plaisir d’enfance devient une aventure agro-industrielle. Dans la région du mont Ngafula, aux portes de Kinshasa, là où l’air est plus léger et le soleil moins violent, Tisya Mukuna déniche quelques hectares. Une dose de volonté, un soupçon de chance, le regard bienveillant d’un vieil oncle. Et le tour est joué : « Au départ, j’ai fait les expériences avec un vieil oncle à moi qui était agronome. Il m’a donné des pistes, il m’a trouvé mes premières semences. Et après, j’ai beaucoup cherché sur internet. Je me suis inspirée du Vietnam par exemple. » « Un plan d’action très clair » Mais Tisya Mukuna n’est pas du genre à se contenter de surveiller ses champs. « Grâce à ma formation scolaire et académique, j’ai pu créer une marque, trouver des partenaires, poursuit-elle. J’avais un plan d’action très clair, et là, ce sont vraiment mes études qui m’ont aidée, parce que j’ai décidé de contrôler ma chaine de valeur pour pouvoir contrôler aussi toute la qualité de mes produits. » Après trois années à récolter le café et accumuler des stocks, elle lance son produit en 2021. Tisya Mukuna transforme en or tout ce qu’elle touche, affirment ses admirateurs. Elle est née avec une cuillère en or dans la bouche, pourraient rétorquer les jaloux. Ce n’est pas si simple. Fille de l'entrepreneur Georges Mukuna ayant fait fortune dans le pétrole, elle n’a jamais demandé ni reçu l’aide de son père. Eric Mukuna, son frère, en témoigne : « Elle a fait tout toute seule. On a quand même une famille nombreuse, avec des ramifications aussi bien dans les secteurs institutionnel, politique et économique. Mais elle a tout fait toute seule. Et ça c’est une grande fierté pour nous qui la voyons grandir depuis maintenant trois ans. Dans la famille Mukuna, s’il y a bien une histoire que l’on aime raconter, c’est celle de ce père qui exige de leurs enfants qu’ils fassent leurs preuves. Pour lui, c’était important que l’on réussisse seul. Alors bien entendu, il nous a permis de faire des études, mais jamais de passe-droits, il déteste cela, et moi par exemple, il ne m’a jamais présenté personne. » Produit démocratique Self made woman, plutôt que fille à papa, Tisya Mukuna a néanmoins hérité du gène paternel. Elle ne manque pas une occasion de faire découvrir sa marque. Et la visite du pape François en janvier dernier en fut l’occasion : « On a pu servir le service papal, la presse papale, la presse internationale, la presse locale, le gouvernement, lors de la visite du pape. Il faut savoir que la RDC, il y a quelques années, était l’un des premiers exportateurs de café. Aujourd’hui, ce n’est plus le cas. Or, le café est la deuxième marchandise la plus échangée dans le monde, juste après le pétrole. Donc, c’est vraiment un manque à gagner. Nous, on a envie de faire du café une vraie force en agriculture et en économie. » Tisya Mukuna développe aussi un réseau de vendeurs ambulants qui vont sillonner les quartiers de quatre grandes villes congolaises pour y vendre des dosettes à bas prix. Le café doit rester, selon elle, un produit démocratique. ► À lire aussi : L'Afrique du Sud se met doucement au café

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Mar 24, 2023
Greg Becker, patron déchu de la banque régionale américaine Silicon Valley (SVB)

Greg Becker, 55 ans, a grandi dans le Midwest des États-Unis. Après avoir étudié la finance à l’Université de l’Indiana, il fait ses débuts dans une banque à Detroit dans le Michigan avant d’intégrer la Silicon Valley Bank, il y a trente ans. Karl Toussain Du Wast, fondateur de Net investissement : « Il a un parcours à la fois classique et idéal. Il gravit les échelons dans la banque et, en 2013, il prend la direction de la Silicon Valley Bank. En l'espace de dix ans, il réussit à faire monter la banque à la 16e place des banques américaines les plus importantes, avec 210 milliards de dollars d'actifs sous gestion, 175 milliards de dépôts. Mais c'est surtout la banque qui accompagnait toutes les boîtes de la tech de la Silicon Valley aux États-Unis. » Greg Becker est connu aux États-Unis pour avoir défendu un allègement des régulations, allégement qui lui a permis de prendre des risques financiers. Tout allait bien jusqu’à ce que des rumeurs suscitent la méfiance des clients de la banque, dans un contexte d'inflation et de hausse des taux d’intérêt par la Réserve fédérale afin de juguler la flambée des prix. Karl Toussain Du Wast poursuit : « La semaine dernière, qu'est-ce qui se passe ? En fait, certains gros clients reçoivent des informations comme quoi Greg Becker aurait raté une augmentation de capital de 2 milliards de dollars, ce n’est pas beaucoup, suite à la cession en urgence d'une grosse partie des obligations que la Banque avait en portefeuille, concomitamment à l'augmentation des taux. Je traduis : la banque a des obligations en portefeuille, les taux directeurs de la Fed montent. Ces obligations deviennent un peu moins sexy que les nouvelles, donc il veut les liquider. Il a besoin de se renflouer, de se resolidifier, donc il veut faire une petite levée de fonds de 2 milliards de dollars. Il échoue. Et c'est l'aspect psychologique de l'interprétation de gros clients qui se disent : ''Oula, le gars n'est plus capable d'aller chercher 2 milliards de recapitalisation, je veux retirer mon argent''. Et, à ce moment-là, effet boule de neige : il y a tout d'un coup 42 milliards de dollars qui ont été demandés en retrait en l'espace de 24 heures, et on a assisté à ce qu'on appelle dans le jargon un "bank run". C'est quand une banque subit un ou des retraits massifs de la part de ses clients et n'est donc plus en capacité d'en assurer la liquidité. Et c'est de là que tout est parti. » Pour éviter la contagion, les régulateurs américains ont immédiatement pris les choses en main pour sécuriser les actifs des clients de la banque et de deux autres banques régionales défaillantes. Même Joe Biden est monté au créneau pour rassurer ses citoyens.  « Les Américains peuvent avoir confiance dans le fait que notre système bancaire est sûr. Votre argent est en sécurité. Premièrement, tous les clients qui ont déposé de l’argent dans ces banques peuvent être sûrs qu’ils seront protégés et qu’ils auront accès à leur argent. Deuxièmement, les dirigeants de ces banques seront renvoyés. Nous devons obtenir le compte-rendu complet de ce qui s’est passé. Dans mon administration, personne n’est au-dessus de la loi. »  L’effondrement de la SVB a créé la panique à l'échelle mondiale. Christian de Boissieu, vice-président du Cercle des économistes, explique : « La finance est un secteur inflammable compte-tenu du fait qu’il repose sur la confiance. Et la confiance, cela se perd facilement. Donc, avant même la faillite de cette banque californienne, on avait des marchés financiers qui avaient trop monté. En Europe, aux États-Unis, ailleurs, il y avait une spéculation excessive en bourse, et donc, c'est cela que j'appelle de la finance inflammable. Et il suffisait de pas grand-chose pour déclencher les sévères corrections auxquelles on assiste actuellement, y compris d'ailleurs de manière un peu injuste sur les banques européennes, parce que les banques européennes, globalement, se portent bien. Elles ont affiché, pour 2022, des rentabilités élevées. Mais la finance est globalisée, donc quand vous avez un problème bancaire aux États-Unis, même si c'est une banque régionale, ça devient assez rapidement un problème mondial. » Il faut donc, ajoute Christian de Boissieu, que les Américains continuent à rassurer mais qu’ils reviennent aussi à plus de règlementations bancaires, comme celles qui avait été mises en place après la crise financière de 2008, avant d'être assouplies par la suite sous l’administration Trump, contribuant ainsi, en partie, à la déconfiture de Greg Becker.

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Mar 17, 2023
Loïse Tamalgo, directeur général Afrique du minier Eramet

Manganèse, nickel, sables minéralisés, Eramet a atteint des records de production en 2022, et réalise un chiffre d'affaires en progrès de 37%. Sur le continent africain, les intérêts du groupe minier sont défendus depuis un an par Loïse Tamalgo. Portrait d'un burkinabé, passionné de stratégie, signé Marie-pierre Olphand. Loïse Tamalgo est entré dans le monde des affaires grâce à sa première passion, l'informatique. « J’ai créé ma première entreprise dans ma chambre d'étudiant en 1999. On était trois et on travaillait quasiment 24h/24. Quand on était fatigué on se mettait dans un coin pour dormir ». C'était passionnant et je me suis dit « c'est ce que je sais faire et ce que je vais continuer à faire ». Sur sa page professionnelle LinkedIn le jeune étudiant qui a longtemps réparé des ordinateurs et se vante, avec le sourire, de taper 25 mots à la minute sans regarder son clavier se décrit aujourd'hui comme  « un manager chevronné, un homme qui aime relever les challenges avec ténacité ». Son parcours n'a pourtant pas été linéaire. « J'ai fait de brillantes études, je n’ai pas du tout souffert à l'école mais quand j'ai fini l'école j'ai beaucoup échoué. J'ai échoué au concours de la diplomatie cinq fois, cinq années d'affilée, j'ai échoué à plusieurs demandes d'emploi au point que je me demandais : qui suis-je est-ce que j'ai de la valeur, est-ce que, est-ce que… ? » En plein questionnement Loïse Tamalgo trouve finalement une issue grâce à une offre de travail du groupe de téléphonie Huawei.  Très vite il gagne l'estime de la direction chinoise, qui lui décerne plusieurs médailles. "Sans être ingénieur télécom il arrivait en un rien de temps à maitriser la spécificité de ses équipements et à les vendre, se souvient  Brice Levry un de ses anciens collègues. Il faisait signer des contrats, des projets clés en main, obtenait des contrats avec le gouvernement avec des clauses d'exonération et ça plaisait beaucoup au groupe." Année après année, Loïse Tamalgo  gravit les échelons jusqu'à s'occuper des relations publiques du groupe pour 22 pays africains. 14 ans chez Huawei, une longévité record à laquelle Loïse Tamalgo ne s'attendait pas : « Il y a eu une première période de battement où je me cherchais et à un moment, je me suis dit :  il faut étudier, comprendre la culture, s'adapter et faire usage de stratégie, un domaine qui me passionne pour trouver les solutions et les méthodes pour survivre. Je me suis dit, j'ai un potentiel forcément à l'intérieur de moi-même et je vais trouver en moi ce que j'ai d'original que d'autres peut-être n'ont pas. Y compris des faiblesses que je peux  transformer en forcer et forcément, ils vont me garder. » Pendant 14 ans, Loïse Tamalgo a évolué dans une culture d’entreprise chinoise et a appris aussi un peu la langue « mais pas trop » confie-t-il. «  Pour des questions de stratégie j'ai évité de trop comprendre le chinois ». « Un passionné de la réussite » Arrivé à la plus haute fonction jamais occupée par un étranger dans le groupe, Loïse Tamalgo quitte Huaweï pour s'envoler vers d'autres horizons et découvrir d’autres cultures. Il reçoit alors « une avalanche de propositions » selon un de ses proches, et choisit d'intégrer le groupe minier français Eramet. Ce n’est pas un homme du sérail et rien ne le prédestinait à entrer dans ce secteur, mais cela ne surprend pas un de ses anciens professeurs Xavier Willemart, fondateur du cabinet belge CrossMind. « C'est quelqu'un d’une grande humilité, vif d'esprit, très attentif,  très appliqué et qui a une grande capacité d’analyse. C'est un passionné de la réussite.  Il aurait pu être brillant ailleurs ». « Il me demandait tous les soirs à la fin des cours l'autorisation pour se lever, il se mettait debout derrière sa chaise, il s'accrochait au dossier,  fermait les yeux et écoutait la fin du cours les yeux fermés parce qu'il était épuisé. Je n’ai jamais vu un bosseur pareil, même quand il se repose, ce type est alerte ! » se souvient l’enseignant. Aujourd'hui délégué général d'Eramet en Afrique, Loïse Tamalgo s’est fait une réputation d’homme discret mais efficace, à Libreville, là où il est basé. On parle de lui comme l'artisan de la rétrocession d’une mine de terres rares à l’État gabonais, dans le cadre du recentrage du groupe sur ses activités principales, il préfère personnellement mettre en avant son action au profit des femmes et de l'entrepreneuriat local. « Lorsque  je suis arrivée chez Eramet, j'ai été à la base de l'impulsion pour mettre en place un accélérateur d'entreprises de femmes gabonaises en collaboration avec Women in Africa, dénommé Femmes d'avenir qui sur trois ans, et depuis l'année dernière, va contribuer à accélérer 130 entreprises de femmes gabonaises. Nous allons répliquer l'expérience au Sénégal et ailleurs. » Défenseur d'une industrie minière responsable, Loïse Tamalgo rêverait de participer au développement minier du Burkina Faso. Le sous-sol de son pays d'origine regorge de trésors de manganèse. Des gisements pour l'instant inexploités, pour des raisons d'insécurité, mais aussi de stratégie économique.

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Mar 10, 2023
Zohra Slim, co-fondatrice de InstaDeep

Le rachat d’InstaDeep, start-up (« jeune pousse ») tunisienne spécialisée en intelligence artificielle par l’Allemand BioNTech pour 409 millions d’euros a fait les gros titres de la presse économique. Spécialisée dans « l'aide à la décision », InstaDeep a permis d’identifier les variants les plus dangereux à une rapidité inégalée au plus fort de la pandémie de Covid-19. Une prouesse qui lui a valu d’être remarquée à l’international. Portrait de la co-fondatrice, Zohra Slim. Une jeune femme aux allures d’éternelle adolescente, à la fois discrète, drôle et très déterminée. De notre correspondante à Tunis, Zohra Slim, 39 ans, n’aime pas trop les médias et le dit sans détours : « Je ne suis pas là pour ça. Je suis là pour bosser. Ce n’est pas mon trip de faire 50 millions d’entretiens. Ce n’est pas quelque chose que j’adore faire. » Jean, baskets, chemise à carreaux. Le look est décontracté, la parole mesurée. Ce matin-là, elle accueille de nouvelles recrues autour d’un petit-déjeuner. Et quand sa chargée de communication lui demande de faire un petit discours de bienvenue, ça donne : « Bonjour et bienvenue. InstaDeep est fière… (rires) » Ne pas se prendre au sérieux, toujours un petit sourire en coin et l'œil qui pétille, Zohra Slim a gardé son âme d’enfant : « J’ai toujours été quelqu’un de très curieux. Je me rappelle qu’à un certain moment mon père a dû mettre un verrou sur le petit box à outils parce que je m’amusais à ouvrir des choses à la maison. J’ai ouvert un toaster à quatre ans et demi. Ils sont venus, ils ont tout trouvé éparpillé. Je voulais comprendre pourquoi quand on enfonçait le plunger du toaster, tout à coup, le fil devenait rouge. » Parcours atypique Touche à tout, curieuse de tout, la jeune femme a un parcours atypique dans le monde des « jeunes pousses ». Pour seul diplôme, elle obtient son bac littéraire dans un des lycées français de Tunis. Cette fille de diplomate - qui parle cinq langues - et qui a vécu sur plusieurs continents ne tient pas en place. Elle a rapidement envoyé valser ses cours d’anglais à la Sorbonne pour renouer avec ses premières amours : l’informatique qu’elle exerce à haute dose en Tunisie, mais aussi en Inde. ► À lire aussi : Tunisie: des starts-up culturelles en pleine expansion Puis, elle rencontre Karim Beguir, futur co-fondateur d’InstaDeep. Un polytechnicien un peu fou à l’entendre : « Karim est très optimiste. Et il montre ses émotions. La personne qui fonce parfois s’il n’y a pas quelqu’un pour tempérer son "let’s go" ["C'est parti", NDLR], ça peut très vite partir en cacahuète. Et dans l’autre sens aussi, c’est bien d’avoir quelqu’un qui pousse. Donc, il y a une espèce d’équilibre qui est assez cool qui fait qu’il n’y a jamais une décision qui est faite sans qu’il y ait plusieurs discussions dessus. » Sensibilité Alors que l’Allemand BioNTech a acquis sa société pour la bagatelle de 409 millions d’euros, Zohra Slim, le sourire malicieux toujours vissé aux lèvres, s’en amuse : « J’aime bien le fait de ne jamais avoir vraiment été le visage de la boîte. Parfois, des gens me demandent ce que je fais comme boulot et quand je réponds que j’ai une boîte d’intelligence artificielle, ils me disent "Ah, ça serait cool si tu étais acquise comme cette start-up-là". Je réponds "c’est moi en fait". Ça me fait marrer. » Une ironie derrière laquelle se cacherait en réalité une femme d’une grande sensibilité. C’est ce que pense Amine Kerkeni, à la tête de l’équipe des ingénieurs d’InstaDeep. Lui qui a rejoint l’aventure en 2017 alors que la société ne comptait qu’une dizaine de personnes, connaît Zohra Slim par cœur : « Elle est exceptionnelle pour gérer les émotions des gens. Parfois un peu trop parce qu’émotionnellement c’est très difficile de se soucier de tous les problèmes de tous les gens, surtout quand tu as une grosse équipe. Elle a une empathie que peu de gens ont. Et ça, c’est très fort, ça permet de maintenir la solidité de l’équipe. » De la famille de Mongi Slim, ancien ministre charismatique des Affaires étrangères tunisien, Zohra Slim a repris le flambeau en faisant rayonner à sa façon la Tunisie à l’international. ► À lire aussi : En Tunisie, la green-tech de Yassine Khelifi valorise les oliviers

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Mar 03, 2023
Jean-Baptiste Reddé, alias Voltuan, activiste-poète et manifestant professionnel

Ce vendredi 17 février totalise un mois de mobilisation contre la réforme des retraites en France. Une nouvelle journée de grève nationale est prévue le 7 mars alors que la réforme est toujours examinée à l’Assemblée nationale. Des manifestants déterminés. Surnommé l’homme à la pancarte. Jean-Baptiste Reddé alias Voltuan (son nom d’activiste) est de toutes les luttes, de toutes les manifestations. Portrait. Il était en 2017 à Toulouse en soutien aux faucheurs de chaises contre la fraude fiscale et le blanchiment. Et aussi à la manifestation des boulangers à Paris fin janvier... Jean-Baptiste Reddé activiste-poète, est un manifestant professionnel. Gilets jaunes, loi travail, obsèques du comédien Guy Bedos, ce grand homme aux traits émaciés épouse de nombreuses causes. On le retrouve dans un cortège, une manifestation parisienne contre les retraites. « Quand on lutte, c’est comme quand on aime, on ne compte pas. Dès que j’entends qu’il y a une manifestation pour des vraies causes, j’y vais. Pour l’Iran, l’Ukraine, en soutien aux Ouïghours, des marches pour le climat ou pour la justice sociale. Tout cela est lié. C’est la convergence des luttes ». Voltuan organise parfois lui-même des marches. Pour les réfugiés syriens, contre les pesticides. Avec un signe reconnaissable au milieu de la foule. Toujours une pancarte trônant sur ces deux bras levés. Des heures durant. « Celle-là, je l’ai faite la veille de la manif’ à Paris dans un café qui m’autorise à faire les pancartes ». Des slogans percutants inscrits en lettres multicolores. « J’aime bien regarder ce que font les autres aussi dans les manifestations ; se révolter, c’est très créatif ». Cette créativité et sa présence l’ont petit à petit rendu célèbre dans les défilés. « C’est vrai que les gens me reconnaissent parfois. Ils me font un petit signe amical en me remerciant d’être toujours là. Je renvoie la balle parce que c’est ensemble qu’on y arrivera. Eux aussi sont toujours là ».    Voltuan, l’homme à la pancarte Ancien instituteur âgé de 65 ans, Voltuan est devenu l’homme à la pancarte il y a une quinzaine d’années, même s’il lutte depuis bien plus longtemps.  « Je suis révolté depuis mon adolescence, depuis mon enfance même. À la maison, mes parents ne s’entendaient pas du tout. J’étais très sauvage, j’avais en moi beaucoup de frustrations. Mon héroïne, c’était Baguera la panthère noire dans 'Le Livre de la Jungle' parce qu’elle était sauvage et en même temps, elle protégeait Mowgli. Ma famille, c’était la nature et les animaux. Et la famille qui m’a sauvé, ce fut celle de l’action solidaire. J’étais instituteur et je me suis arrêté il y a une dizaine d’années, parce que je ne pouvais plus aller travailler et voir le monde aller si mal ». Voltuan a parfois été accusé de prendre trop de place, d’être dans un activisme systématique frôlant l’affichage. Lui s’en défend. « Pas du tout ! C’est du concret. C’est important d’être dans le concret pour crier ma révolte d’un monde où beaucoup trop de choses vont mal. Nos dirigeants ne font pas les choses comme il faudrait qu’elles soient faites. C’est très triste parce que les gens ne votent plus désormais. C’est dommage, il faudrait remettre toutes les cartes sur table ». Il a également publié plusieurs recueils de poèmes. La colère du peuple Voltuan préfère l’écrire sur ses panneaux géants.

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Feb 17, 2023
Nathan Anderson, activiste et spéculateur américain qui accuse le conglomérat indien Adani de manipulations

Aujourd’hui l’économie, le portrait, c’est celui de Nathan Anderson, activiste et spéculateur américain. Il accuse le magnat indien, Gautam Adani, d'avoir bâti son empire sur l’escroquerie. Le Fonds d'investissement norvégien en a pris acte, et a vendu les participations qu'il détenait dans plusieurs sociétés du groupe Adani (Adani Total Gas, Adani Ports, Adani Green Energy). « C’est la plus grande escroquerie de l’histoire des affaires », dénonce Nathan Anderson dans un communiqué sur le site de sa micro-société Hindenburg Research, défrayant la chronique dans tous les médias indiens. Cet activiste et spéculateur américain, a, avec ses révélations, fait perdre 200 milliards de dollars à Adani, empire qui s’étend de l’énergie, aux aéroports, en passant par les médias. « Si c'est la plus grande escroquerie de toute l'histoire, je ne sais pas, il y en a eu tellement, mais dans le cas indien, c’est la plus grande escroquerie, dont on peut dire qu’elle a deux aspects très nets : le premier c’est la relation extrêmement étroite de Gautam Adani avec le Premier ministre Narendra Modi puisqu’ils se connaissent depuis plus de trente ans et qu’en l’espace de 10, 15 ans, on a une ascension météorite de Gautam Adani qui devient la troisième fortune mondiale par l’accumulation d’un empire qui repose sur un endettement gigantesque, par le biais de prêts de banques publiques indiennes, dont on peut penser qu’il y a eu un coup de pouce du pouvoir, et, deuxièmement, des montages financiers totalement obscurs par le biais en particulier de l’île Maurice qui reposent sur des affaires qui ne sont pas rentables pour une très grande partie. Ce que ce consultant a mis en lumière, c'est qu’il y avait un phénomène de bulle spéculative qui avait été orchestrée autour de Gautam Adani et que son empire est un empire de dettes », analyse Jean-Joseph Boillot, chercheur à l’IRIS, l’Institut des relations internationales et stratégiques.  Né dans les années 1980, Nathan Anderson grandit dans une petite ville du Connecticut. Son père est professeur d’université, sa mère infirmière. Il fait des études de commerce, puis un court séjour en Israël où il sera ambulancier tout en suivant des cours à la Hebrew University of Jérusalem. De retour aux États-Unis, il travaille pour une société d’analyse financière, puis pour des fonds spéculatifs. En 2017, il fonde son cabinet d’études Hindenburg Research, du nom du dirigeable allemand qui a explosé en plein vol en 1937. Son mentor n’est autre que le lanceur d’alerte américain d'origine grecque, Harry Markopolos, qui a exposé les malversations financières de l'homme d'affaires Bernard Madoff.  Anderson suit les traces de son mentor et, il y a 5 ans, attaque, dans une enquête à charge, l'entreprise Aphira, spécialisée dans le cannabis thérapeutique qui détourne les fonds de ses actionnaires à son profit. Le titre d'Aphira s'effondre dans la foulée de 25%. Sa carrière est lancée.  En 2020, il révèle la tromperie du constructeur américain de véhicules Nikola « Il a fait un rapport à l’époque sur Nikola, cette société qui allait lancer des camions électriques pour rivaliser avec Tesla et effectivement, il y avait eu des dénonciations, certains manquements de la part de Nikola qui se sont avérés par la suite, remarque Alexandre Baradez, responsable des analyses de marché pour le courtier IG. Le but derrière, c'est effectivement de faire de l’argent, mais aussi de dire attention, cette entreprise présente des fragilités, voire est frauduleuse et risque la faillite. » Le constructeur américain a dû alors payer une sanction de 125 millions de dollars et son action s’est écroulée de 75%. Le gros lot pour Nathan Anderson et son équipe d'Hindenburg Research, car ce lanceur d’alerte d’un nouveau genre parie aussi sur la chute des cours de la société qu’il dénonce par un mécanisme de vente à découvert. « Hindenburg Research, c'est une entreprise, comme Citron Research également qui a fait parler d’elle pendant la crise Covid avec le phénomène des actions type Gamestop qui sont des actions qui ont beaucoup bougé, poursuitAlexandre Baradez. Ces groupes jouent sur les deux tableaux : ils publient des notes sur des groupes dont on n’a parfois jamais entendu parler, et parfois, ils s’attaquent à des mastodontes. Adani, le groupe Adani est le plus puissant de l'Inde et donc là, il s’attaque à un énorme morceau en dehors des frontières américaines. L’objectif est de dénoncer certaines pratiques que le groupe Adani essaye de contrer en termes de propos, mais aussi de prendre des positions à la baisse, de faire de la vente à découvert sur des actifs qu’ils jugent survalorisés par rapport à la réalité, l’objectif étant de profiter d’une baisse des cours et plus le titre baisse, plus, vous gagnez de l’argent. C’est exactement comme une opération d’achat, mais dans l’autre sens. »  Mais lorsque ces lanceurs d’alerte du capitalisme s’attaquent à un mastodonte comme Adani, prévient Alexandre Baradez, mieux ne pas se tromper, car les représailles peuvent être redoutables.

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Feb 10, 2023
Sam Altman, patron intelligent d'OpenAI derrière ChatGPT

Sam Altman est à la tête de l’entreprise derrière l’intelligence artificielle qui agite le monde de la tech ces dernières semaines. Portrait du patron d’OpenAI, la société qui développe les outils ChatGPT et Dall-e notamment. Un homme d’affaires qui rêve de réinventer le monde grâce à la généralisation de l’intelligence artificielle (IA). Sam Altman est de ceux qui pensent que le développement des technologies et de l’intelligence artificielle va régler l’ensemble des problèmes de l’humanité. Avec ChatGPT, son robot conversationnel, avec Dall-e, son générateur d’images, et Vall-e son synthétiseur de voix, l’investisseur américain de 37 ans, compte bien être le moteur de cette révolution technologique et sociale. Une révolution sans précédent, selon lui. Voilà ce qu’il déclarait il y a trois ans lors d’un échange avec l’investisseur Vinod Khosla : « Nous essayons de construire une intelligence plus performante que celle de l'homme. Nous cherchons à l'utiliser pour résoudre les problèmes auxquels le monde est confronté. Si nous réussissons dans cette quête, je pense que ce sera la transformation technologique la plus importante de l'histoire de l'humanité. Je pense qu'elle éclipsera la révolution agricole, industrielle, et la révolution d’Internet, toutes réunies. » Sam Altman vient de poser les premières pierres de cette quête avec la mise en service récente de ChatGPT. Un service non pas révolutionnaire, mais innovant dans son approche, selon Stéphane Nachez, directeur de la publication du magazine Actu IA : « Le grand coup de Sam Altman, a été de proposer une combinaison de technologies existantes sous la forme d'un produit clé en main, utilisable par le grand public, où enfin le grand public voit l'intérêt de l'IA et qui va permettre de se développer très rapidement au cours des années à venir. »   Figure de la Silicon Valley Ce succès de ChatGPT, a poussé le natif de Chicago sur le devant de la scène internationale. Même si Altman joue déjà dans la cour des grands depuis plusieurs années. Le jeune homme d’affaires est un pur produit de la Silicon Valley. Sa carrière commence sur les bancs de la prestigieuse université de Stanford, le berceau des élites de la tech, où il y apprend l’informatique. Mais à 19 ans - on est alors en 2005 - il arrête ses études pour cofonder Loopt. Une application mobile qui permet à ses utilisateurs de partager en direct leur localisation. Loopt devient très rapidement un succès et compte plusieurs millions d’utilisateurs. Mais Sam Altman rêve encore plus grand. En 2011, il revend son premier projet à prix d’or et rejoint Y Combinator, un incubateur de start-up très coté dans la Silicon Valley. Brillant investisseur Airbnb, Reddit, Stripe ou encore Pinterest... Sam Altman flaire les investissements juteux et gagne rapidement en notoriété. À côté de son poste de dénicheur de start-up, il décide en 2015 de se lancer dans l’intelligence artificielle. C’est là qu’il cofonde OpenAI, avec plusieurs partenaires, dont un certain Elon Musk. Si les deux amis partagent la même vision de la tech, politiquement, ils ne sont pas sur la même ligne.  À l'inverse du patron de Twitter, Sam Altman s'est toujours dit proche du parti démocrate. Il milite notamment pour un revenu universel financé par les profits générés par l'intelligence artificielle. Et même sur leur personnalité, il est important de les distinguer, assure Stéphane Nachez : « Il est moins fantasque et moins polémique qu'Elon Musk. Ce qui permet pour l'instant de le préserver de coups d'éclat et de bad buzz. » Pour autant, cela n’empêche pas sa société d’être au cœur des critiques. Une récente enquête du magazine Time a révélé qu’OpenAI a eu recours à des travailleurs kényans, rémunérés moins de deux dollars de l'heure. De quoi écorner l'image de celui qui se présente comme le chevalier blanc, d'une intelligence artificielle éthique et responsable. ► À lire aussi : Cool Tech - De Palo Alto à San Francisco, au cœur des nouvelles technologies

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Feb 03, 2023