Sergio Ermotti, le sauveteur à la tête d’UBS
MAR 31, 2023
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La faillite de Silicon Valley Bank et la débâcle de Credit Suisse ont plongé le secteur bancaire dans la tourmente ces dernières semaines. Le couperet est tombé le 19 mars dernier pour la deuxième banque transalpine, au bord de la faillite : elle sera rachetée par sa rivale historique UBS. La fusion des deux poids lourds helvètes, mise en œuvre par l'État, suscite de nombreuses craintes et interrogations. Pour piloter cette fusion délicate, l’ancien patron d’UBS reprend du service : Sergio Ermotti a été rappelé à ses fonctions pour opérer ce rachat in extremis. Son portrait avec Anne Verdaguer.

Il est surnommé le « George Clooney » de la Paradeplatz à Zurich, où se situe le siège d’UBS. Mais Sergio Ermotti a bien plus pour lui que sa carrure d’acteur américain et ses cheveux poivre et sel pour relever le défi qui se profile devant lui. Né à Lugano dans le canton du Tessin, une ville cossue près de la frontière italienne, ce banquier a fait ses premières armes à la banque américaine Merrill Lynch puis auprès de l'italienne Unicredit. Inconnu du grand public, Sergio Ermotti a d’abord fait parler de lui juste après la crise des subprimes qui a secoué la planète financière. Il était alors directeur général d’UBS, le numéro un bancaire helvétique. Dušan Isakov est professeur de finance et de gouvernance d’entreprise à l’Université de Fribourg : « C'est une personne qui a déjà dû restructurer massivement UBS après son sa débâcle durant la crise financière globale de 2007-2008 donc il faut dire ce qui est, il jouit  d'une grande crédibilité sur la place financière Suisse et internationale et actuellement c'est très important pour Credit Suisse qui avait perdu quasiment toute crédibilité au cours des derniers scandales de toutes ces années. Donc je pense que sa figure est là pour donner un petit peu de crédit parce que les gens sont quand même assez inquiets en Suisse : cet UBS, il sera grand et concernant comment tout ça va se passer, pour le moment il y a toutes sortes de scénarios qui sont envisagés. C'était un choc gigantesque pour le pays bien entendu donc il est là aussi un petit peu pour rassurer ».
En quelques années, Sergio Ermotti a transformé UBS en un géant mondial de la gestion de fortune
Une gestion tournée vers les ultra-riches, notamment en Asie. Sous sa direction, la première banque helvétique a été l'une des banques les plus régulièrement rentables et les mieux évaluées en Europe. Mais la tâche qui l’attend s’avère elle aussi difficile. Avec ce retour à la tête d’UBS, c’est « le sens du devoir » et « le challenge » qui anime le banquier de 62 ans, c’est en tout cas ce qu’il a déclaré. Et avec le rachat de son désormais ex-rival Credit Suisse, il devra faire preuve de la plus grande diplomatie. L’économiste Michel Santi spécialiste des marchés financiers et auteur de BNS: rien ne va plus aux éditions Favre : « C'est l'homme de la situation parce qu'il a une maîtrise totale de cette banque qu’est UBS et parce qu’il a les relations humaines au niveau de l'état fédéral et au niveau du régulateur ainsi qu’au niveau de la Banque centrale. C'est principalement pour cela qu'il a été choisi : bien sûr parce qu'il est Suisse d'abord mais c'est surtout parce qu'il maîtrise les rouages politique dans le sens où ce nouveau géant bancaire va gérer des sommes monumentales par rapport à ce petit pays qu'est la Suisse et la taille gigantesque de ce géant risque fort d'entraîner dans sa chute l'économie du pays, en cas de bétises ou en cas d'accident… donc, à mon avis la nomination de monsieur Ermotti est surtout là bien sûr parce qu'il a les compétences requises, cela va de soi, mais surtout parce qu'il maîtrise les rouages politiques » 

Sergio Ermotti qui avait dans le temps déclaré « la suisse n’a pas besoin de deux grandes banques » : l’avenir le dira…
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