Transition politique en Haïti, sous pressions internationales
MAR 12, 2024
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Ariel Henry est sorti de son silence, la nuit dernière, pour confirmer ce que l’organisation régionale Caricom avait déjà annoncé : la démission du Premier ministre et la mise en place d’un Conseil présidentiel de transition, composé de sept membres représentant les différents partis politiques, ainsi que de deux observateurs de la société civile et du secteur religieux. La décision a été prise lors d’une réunion de la Caricom, à laquelle assistait également le secrétaire d’État américain.

« Nous soutenons le projet de création d’un collège présidentiel large, inclusif et indépendant qui prendrait d’abord des mesures concrètes pour répondre aux besoins immédiats du peuple haïtien, a déclaré Antony Blinken, deuxièmement qui permettrait le déploiement rapide de la mission multinationale de sécurité et troisièmement, grâce à ce déploiement et au renforcement de la police haïtienne, qui pourrait créer les conditions de sécurité nécessaires pour organiser des élections libres et équitables, permettre à l’aide humanitaire d’atteindre les personnes qui en ont besoin et remettre Haïti sur la voie du progrès économique et de la croissance. »

La démission était attendue, « réclamée par une bonne partie de la population, explique Gotson Pierre, directeur de l’agence Alterpresse, les gangs aussi réclamaient la démission d’Ariel Henry, sans compter les pressions internationales… on savait que ça ne pouvait pas durer. » Les gangs maintiennent la pression sur plusieurs sites stratégiques de Port-au-Prince, « capitale qui offre l’image d’un champ de bataille dans plusieurs quartiers. »

 

Les différents partis politiques vont maintenant devoir s’accorder sur les noms de leurs représentants et surtout pour désigner un dirigeant, chargé de mener le pays vers des élections sous la houlette des États-Unis « qui mènent la danse », rappelle Frédéric Thomas, chargé d’études au CETRI en Belgique. La souveraineté d’Haïti « avait déjà été largement confisquée, analyse le chercheur, notamment par Ariel Henry qui rendait plus compte à la Maison Blanche qu’à la population haïtienne, parce qu’il savait que c’est de là qu’il détenait le pouvoir. » Frédéric Thomas rappelle que la « fragmentation » des partis politiques et le fait qu’ils soient souvent « des coquilles vides autour d’une personne, sans véritable programme politique » ne facilite pas la construction d’un consensus national. Il souligne que la recherche nécessaire de ce consensus ne doit pas servir de prétexte pour assurer l’impunité des gangs. 

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