La question des gadoues (1900)
MAR 25, 2021
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« Il y a, en banlieue, une question des gadoues. Souvent posée, jamais résolue, elle restera comme un point d'interrogation, inquiétant pour la salubrité de toute la périphérie suburbaine, tant qu'une solution ne sera pas intervenue, susceptible de satisfaire aux exigences impérieuses de l'hygiène publique. Cette solution, on aura beau la reculer, en raison des grosses difficultés inhérentes d'exécution, il faudra bien, un jour ou l'autre, qu'on la trouve.
La région menacée, je l'ai dit, c'est toute la banlieue de Paris ; c'est un ensemble de près d'un million d'habitants sur lesquels plane la probabilité, qui plus est, l'imminence d'une épidémie formidable, dont la plus futile circonstance matérielle peut déterminer l'explosion. Ce jour-là, on recherchera avec passion les responsabilités. Chinoiserie sans intérêt : il serait plus sage de prévenir.
Paris, cet organisme colossal, laisse derrière lui, de par son fonctionnement, à l'instar de tous les organismes, beaucoup de déchets. Ce sont, entre autres, les ordures ménagères. Que deviennent-elles ? Le service spécial s'en débarrasse comme il peut. Un des moyens les plus employés, c'est de payer tant par collier à des entrepreneurs ad hoc, afin que ces ordures soient enlevées quotidiennement. Pour être déversées où ? De cela, Paris se désintéresse. Il ne demande qu'une chose : c'est qu'on le débarrasse de ses déchets. Que si ce qui le débarrasse en embarrasse d'autres, peut lui chaut. A ces « autres » de se débrouiller.
C'est précisément de cet « embarras » des autres que je veux parler.
Les entrepreneurs en question mobilisent des tombereaux par douzaines, qui, nuitamment, quittent Paris et, rayonnant sur toutes les routes, par files interminables de voitures surchargées de gadoues, semant sur tout leur parcours les odeurs nauséabondes et les papiers maculés, s'en vont se déverser dans les champs de la banlieue, agglomérant çà et là des las qui, peu à peu, deviennent énormes et constituent pour les environs de Paris de véritables foyers d'infection. »
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