Robert Walser à Therese Breitbach, l’une des 266 lettres, réunies dans le recueil Lettres de 1897 à 1949. L’écrivain s’y révèle dans toute sa puissance poétique, usant continuellement de cette ironie qui caractérise son écriture, sans jamais se départir d’une sensibilité romantique qui fait de lui, au début du vingtième siècle, un poète intrus, mal à l’aise dans son époque.
https://radio-chateaubriant.com/wp-content/uploads/2021/03/Robert-Walser-a-Therese-Breitbach_3.mp3
Robert Walser est un écrivain et poète suisse de langue allemande. Il nait le 15 avril 1878 à Bienne, dans le canton de Berne. À dix-sept ans, il quitte le domicile familial pour faire un apprentissage de commis à la Banque cantonale bernoise. Il séjourne et travaille alors à Bâle, puis à Stuttgart. Passionné par le métier d’acteur, il s’essaie sans succès au théâtre.
De 1896 à 1905, il mène une vie nomade. Il vit principalement à Zurich, prenant des emplois alimentaires qu’il quitte dès qu’il a suffisamment d’argent pour se consacrer à la création poétique. Walser exercera de nombreux métiers (secrétaire, employé de banque, homme à tout faire), qui lui inspireront certains de ses plus grands textes.
Robert Walser
Ses années berlinoises
Ses premiers poèmes paraissent dans le supplément dominical du journal Der Bund en 1898. Son premier recueil, Poètes, édité en 1905, bien qu’accueilli favorablement par la critique, est un échec commercial.
Il s’installe alors à Berlin chez son frère Karl, artiste peintre et décorateur de théâtre. Jusqu’en 1913, il publie ses poèmes dans de nombreuses revues et se fait un nom dans le milieu littéraire. Kafka est subjugué par l’œuvre de Walser. Ses romans et recueils de poésie sont édités, mais dès 1910 ses publications se font rares.
“Je ne souhaiterais à personne d’être moi, Moi seul suis capable de me supporter. Savoir tant de choses, avoir vu tant de choses, et Ne rien dire sur rien.”
Un besoin de calme et de sérénité pour écrire
Walser fuit Berlin pour revenir vivre en Suisse en 1913. Il l’explique par son besoin de calme et de sérénité pour écrire. En réalité, il semble avoir traversé une période de dépression.
Au moment où il écrit Vie de poète, Walser a renoncé à la carrière de romancier dans laquelle il s’était d’abord engagé, pour se consacrer à l’écriture de textes plus courts, à travers lesquels les objets les plus infimes et des êtres sans grande destinée paraissent transfigurés par la lumière la plus quotidienne.
À la fin de la première guerre mondiale, après trois romans et d’autres écrits divers, il semble qu’il s’achemine déjà vers une forme d’effacement. En 1929, suite à une grave crise psychique, il est interné dans un asile où il passera le reste de sa vie et cessera d’écrire. Il vivra de 1933 à sa mort, en 1956.
Robert Walser
Parmi ses œuvres, il faut retenir Les enfants Tanner, L’enfant du bonheur et autres proses pour Berlin, Petite prose, Poèmes, Le commis, L’Institut Benjamenta, Vie de poète. Et La Rose, un recueil de nouvelles, paru en 1925, qui est le dernier livre de Robert Walser, trente ans avant sa mort. Après cette édition, l’écriture de Walser sera tout autre.
La dernière période d’écriture de Robert Walser
Entre 1924 et 1933, Robert Walser connait ses « années bernoises », sa dernière période d’écriture, la plus féconde. Sur des supports variés – cartes de visite, enveloppes, lettres, la calligraphie minuscule, impeccablement alignée, forme des blocs de textes réguliers qui imitent les colonnes des journaux. D’ailleurs, c’est surtout dans la presse que Walser publie à cette époque.
Poèmes, courtes proses ou scènes dialoguées, il puise dans ses microgrammes ceux qu’il juge...