Brett Harrison, ancien de FTX, et sa nouvelle plateforme d'échange de cryptomonnaies
MAY 12, 2023
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Aujourd'hui l'Économie, le Portrait de Brett Harrison, ancien de FTX, la plateforme d'échange de cryptomonnaies en faillite. Dirigeant de la plateforme américaine, il avait quitté le navire en septembre 2022, deux mois avant le naufrage. À présent, il revient sur le devant de la scène avec une nouvelle start-up.

Front dégarni, l'air détendu, Brett Harrison est un as de cette nouvelle finance que sont devenues les cryptomonnaies. Six de ses collaborateurs ont travaillé pour FTX.

Pas juste une nouvelle bourse de crypto

Mais leur chef veut tourner la page de ces années folles. Sa start-up, Architect Financial Technologies, n'est pas juste une nouvelle bourse d'échange de crypto, assure le trader dans un podcast The Woolf of All Streets du blogueur américain Scott Melker : « Nous avons fondé Architect en janvier 2023 avec cette idée en tête d'éliminer certains problèmes existants. Vous ne pouvez pas faire n'importe quoi. Aux États-Unis, si vous voulez investir sur le marché de produits dérivés, vous devez passer par la Bourse dédiée à cet effet, le CME. Et nous avons demandé notre certification. Je dirais donc que notre entreprise s'adresse à tous sauf aux investisseurs qui veulent juste acheter et vendre rapidement leurs actifs virtuels en engrangeant des bénéfices. »

Pour Brett Harrison, être contrôlé par le CME, acronyme de Chicago Mercantile Exchange, le leader mondial de produits dérivés, c'est un gage de sécurité et de confiance pour ses futurs clients. Qui est donc cet homme qui prétend réparer les dérives de la cryptofinance ?

Un jeune mathématicien

Né à New York il y a 35 ans, le futur trader publie dès ses années de lycée des articles dans une revue de mathématiques, avant de regagner la prestigieuse université de Harvard, puis rejoint la société de trading, Jane Street Capital. L'entreprise ajoute très tôt le Bitcoin à ses actifs d'échange. L'objectif est de profiter de ce marché encore jeune et dépourvu de régulation en profitant de la spéculation. Lorsque son collègue d'alors, Sam Bankman-Fried, lui propose de prendre la tête de la filiale américaine de FTX, Brett Harrison accepte. Mais les divergences entre les deux hommes apparaissent rapidement.

Un professionnel de la nouvelle finance

Marié, père d'un enfant né avec une malformation congénitale, adopté en Chine, végane, Brett Harrison garde les pieds sur terre. Son départ de FTX et la création d'Architect prouvent qu’il a des capacités pour rebondir, estime Jean de Chambure, président du Bureau des éveilleurs, cabinet de décryptage et de conseil, spécialiste du numérique : « Il fait partie des professionnels avisés du secteur qui ont une vision plus long terme, plus rationnelle, et qui voient la cryptomonnaie comme une création de valeur financière. Factuellement, il faudra bien regarder où le siège de l’entreprise sera situé, s’il n’y a pas de liens avec des paradis fiscaux comme les Bahamas… Ce serait déjà un signal que quelque chose sera un peu mieux régulé. Sachant que les États-Unis ont l’intention, et commencent à le faire, de régler davantage le secteur des cryptomonnaies. C’est d’ailleurs la vraie question derrière les cryptomonnaies pour beaucoup : le fait qu’elles sont utilisées par des fonds aux Bahamas, par des fonds alternatifs, les hedge fonds. »

Sa part du gâteau

Il faut dire que l'engouement des investisseurs pour les monnaies virtuelles ne faiblit pas. C’est le moins que l’on puisse dire. Les plateformes d’échanges pèsent désormais des dizaines de milliards de dollars. Architect voudra sans doute sa part du gâteau aux côtés des géants comme Binance, Coinbase et autres Kraken. Pour sa première levée de fonds, l'entreprise a réuni 5 millions de dollars.

Pour Jean de Chambure : « Brett Harrison va avoir tout l’écosystème des cryptomonnaies derrière lui. Parce que son entreprise fait figure de l’étendard de respectabilité. C’est donc le signe d'une certaine maturité du secteur. Mais pour moi cela ne change rien au paradigme même des cryptomonnaies. Les monnaies virtuelles ne créent pas de valeur. Elles sont un simple actif financier. Et si vous prenez le parallèle avec de l’or, on est dans la même catégorie, ce sont plus des monnaies de couverture par rapport aux risques géopolitiques ou économiques que la planète connait aujourd’hui. Donc, c’est une sorte de valeur refuge. »

Produit spéculatif pour les uns, monnaie du futur pour les autres, la crypto révolutionne la finance. Renforcer la réglementation et la fiscalité permettrait selon l'expert d'attirer ne serait-ce qu'une partie de cet argent dans l'économie réelle.
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