

Après avoir réussi à être indépendante, Jacqueline milite pour le droit de mourrir. Elle veut pouvoir décider de sa mort, pour ne pas dépendre de quelqu'un ni s'infliger une fin de vie dégradante. Elle vie au jour le jour, et c'est bien comme ça.


Tombée une 2ème fois enceinte, elle a pensé IVG mais c'était illégal. C'était risqué et sordide. Elle a eu peur et a fait demi-tour après avoir rencontré la personne qui devait lui retirer l'embryon. Plus tard, tombée une 3ème fois enceinte, elle a pu faire une IVG à l'hopital. En 68, Mme Pestre a milité aux côtés du MLF dans les rues de Paris !


Jacqueline ne voulait pas être dans la même situation que sa mère et s'est battue pour être indépendante. Elle ne voulait pas se marier, n'avoir qu'un enfant. Mariée parce qu'enceinte, elle a tenu a avoir un compte bancaire personnel, elle a passé son permis, s'est payé une voiture. Elle a divorcé alors que c'était pêché et que son mari a tenu à ce qu'elle garde son nom. Elle a élevé ses fils seule en les laissant faire leurs propres choix.


Le coiffeur venait et toute la famille avait la même coupe : le bol sur la tête et il coupait tout ce qui dépassait ! Les frères comme les soeurs : tout le monde avait la même coupe ! Aujourd'hui Jacqueline garde ses cheveux long : elle a gardé une longue natte quand elle a du les couper pour une opération. Et les colonies de vacances, c'était l'occasion de faire prendre du poids aux enfants après guerre. Jacqueline se souvient d'avoir fugué avec sa soeur lors d'une colonie.


Jacqueline allait à la messe tous les dimanche. Avec ses soeurs, elle faisait croire de laisser tomber la pièce dans la corbeille du curé, avant d'aller acheter des caramels. C'était chiche pour la nourriture. Et à l'école, dans les années 50, on les forçait à boire du lait. Elle ne peut plus supporter le lait. Elle devait aussi prendre de la quintonine pour vitamine, un verre de sang pour se fortifier quand le boucher passait.


Née en 1950 dans la maison que son père a restauré en Dordogne, Jacqueline est la 14ème de sa fratrie. Les enfants, c'était des dons de Dieu ! Sa maman toujours fatiguée comptait sur les filles pour l'aider. Jacqueline se souvient de la lessive au bassin. Les garçons avait plus de valeur que les filles. Elles ne faisaient pas d'étude.


Malgré les années le pays et le coeur de Josiane reste en Algérie. Elle regrette l'air de son pays.


Le mari de Josiane travaille dans l'armée et est affecté à la caserne Lepic à Montpellier. Tout est à reconstuire. Ils ont rapidement accès à un logement mais comment payer le loyer ? N'ayant jamais travaillé, Josiane trouve un emploi de vendeuse de vaisselle. Elle tombe rapidement enceinte de son second enfant et laisse son poste 15 jrs avant l'accouchement.


L'indépendance vient d'être déclarée et les menaces pèsent sur les femmes. Le frère de Josiane décide de faire partir le matin pour l'après-midi Josiane, sa femme et leurs enfants. A peine le temps de boucler, les valises et 60 frcs en poche, direction le port d'Alger. Les tickets sont pris sur le bateau et elles font la traversée sur un transat sur le pont. Elles s'installent à Marseille chez des proches puis à Alès. Josiane repart voir son mari en Algérie et rentre avec lui.


Les autorités poussent la famille de Josiane a quitté Medea, trop éloignée. Ils gèrent alors une autre propriété, sur un passage des fellagahs. Connaissant la réputation de la famille, notamment de sa mère qui soignent les indigènes, ils ne se sentent pas menacés et ne connaissent pas de représailles. Un feu est déclenché à la ferme et la ferme de son cousin essuie les balles.


Josiane est élève en demi pension dans un village à 7km. Elle n'a pas particulièrement de projets d'avenir et son père ne souhaite pas qu'elle s'émancipe. De temps en temps il l'a conduit à Alger où elle va danser avec sa tante. Elle rencontre son mari dans un bal donné non loin de la propriété de ses grands-parents.


La famille quitte Alger pour Medea à l'intérieur des terres. Une propriété agricole luxuriante au milieu des montagnes.


Alger est occupé par les allemands pendant la 2nde GM. En 42 le débarquement des alliés se dessinent et les bombardements se multiplient ; le port étant la principale cible. L'oncle de Josiane est dans la résistance et les préviens du débarquement imminent. Quelle joie de voir les américains, chocolat et bonbons.


Son père est né en Algérie ; son père peintre et originaire de Nîmes est venu pour le travail. Côté maternel, la famille d'origine lorraine est installée depuis plusieurs générations et exploite une propriété agricole en bord de mer où son grand père se prend de passions pour les fruits exotiques.


Le père de Josiane est le directeur de la banque de France à Alger. A peine le poste pris que sa femme accouche au milieu des cartons dans le logement de fonction de la banque.


Pour lui, le bonheur c'est un toit et la santé et pas le matérialisme. Pour lui la vie est un cheminement et il se sent à la fin. Il déplore le fait qu'il n'a plus 100% de ses capacités et ne peut pas être autant acteur qu'il le souhaiterait.


Difficile de s'installer à Reims après avoir vécu toute son enfance en Algérie. L'huile d'olive, les odeurs et saveurs lui manquent.


Antoine Guy se marie en septembre 62 et doit rapidement prendre la fuite. arrivé à Marseille, plutôt bien accueilli par des syndicalistes (l'image des colons n'est pas à leur avantage) il est ensuite affecté à l'usine EDF de Reims. "De Gaulle m'a payé mon voyage de noces".Il constate un écart de moeurs (difficulté à trouver des olives). Rapidement il essaie de demander sa mutation à Sète où il a de la famille.


Antoine Guy a eu la sensation de ne quasi pas avoir de jeunesse avec la peur de rester vivant. Pour faire face à ce qu'il appelle une guerilla il rejoint les rangs de l'OAS pour que l'Algérie reste française.


Il vit les évènements d'Algérie en effectuant son service militaire. Il passe de service en service jusqu'à être secrétaire du commandant. Il refuse de prendre les armes en ayant peur de tirer sur ses frères algériens.


Mauvais en latin il ne peut suivre des études de médecine. Empêché par le diacre, il ne peut également s'inscrire au séminaire.


Antoine Guy témoigne de l'absence de ségrégation raciale et sociale lors de son enfance en Algérie.


Né à Constantine en Algérie d'une famille maltaise d'un côté et espagnol de l'autre. Le mélange culturel continue chez ses enfants et petits-enfants.


Ado, la famille de Paul déménage avec d'autres de la vieille ville vers les 1ers HLM de Croix d'argent. Eau courante, fenêtre, nombreuses chambres, ils sont les rois du pétrole.


Boîte aux lettres à l'écart des immeubles, augmentation du nombre de personnes et allocations en liquide disparu : le besoin de rentabilité touche le métier de facteur.


Dans sa besace, Paul embarque en liquide le montant des allocations. Les meilleures tournées sont celles des quartiers les plus populaires où les familles vous donnent un petit billet quand vous leur apporté leurs allocations. Un métier convivial et dans la confidence.


Revenu à Montpellier, Paul devient facteur et nous décrit comment se passe une tournée. Sécurité de l'emploi du statut de fonctionnaire mais faible revenu, il dégotte des petits boulots au black l'après-midi pour arrondir les fins de mois.


A une époque où le téléphone n'est pas répandu, Paul sur son propre vélo va transmettre les télégraphes aux 4 coins de Montpellier, puis Paris (passage obligé suite au concours des PTT). Il est payé au km au démarrage de sa carrière


Ne souhaitant pas poursuivre l'école, Paul passe le concours des PTT et commence à travailler à 15 ans. Ils contribuent aux frais de la famille mais aime à payer sa tournée et inviter les filles à boire un verre. Il fréquente les bals de quartier et les fêtes de village où l'ambiance est à la castagne.


Paul grandit dans un appartement du faubourg de Nîmes proche des abattoirs. Traité d'espagnol de merde, ils côtoient également les gitans sur les bancs de l'école. Ils déménagent ensuite à Candolle en attendant les 1ers HLM. Les logements sont limite insalubres et les revenus modestes. La pratique est courant de demander crédit à l'épicier