Jean-Baptiste Reddé, alias Voltuan, activiste-poète et manifestant professionnel
FEB 17, 2023
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Ce vendredi 17 février totalise un mois de mobilisation contre la réforme des retraites en France. Une nouvelle journée de grève nationale est prévue le 7 mars alors que la réforme est toujours examinée à l’Assemblée nationale. Des manifestants déterminés. Surnommé l’homme à la pancarte. Jean-Baptiste Reddé alias Voltuan (son nom d’activiste) est de toutes les luttes, de toutes les manifestations. Portrait.

Il était en 2017 à Toulouse en soutien aux faucheurs de chaises contre la fraude fiscale et le blanchiment. Et aussi à la manifestation des boulangers à Paris fin janvier...

Jean-Baptiste Reddé activiste-poète, est un manifestant professionnel.

Gilets jaunes, loi travail, obsèques du comédien Guy Bedos, ce grand homme aux traits émaciés épouse de nombreuses causes. On le retrouve dans un cortège, une manifestation parisienne contre les retraites.

« Quand on lutte, c’est comme quand on aime, on ne compte pas. Dès que j’entends qu’il y a une manifestation pour des vraies causes, j’y vais. Pour l’Iran, l’Ukraine, en soutien aux Ouïghours, des marches pour le climat ou pour la justice sociale. Tout cela est lié. C’est la convergence des luttes ».

Voltuan organise parfois lui-même des marches. Pour les réfugiés syriens, contre les pesticides. Avec un signe reconnaissable au milieu de la foule. Toujours une pancarte trônant sur ces deux bras levés. Des heures durant.

« Celle-là, je l’ai faite la veille de la manif’ à Paris dans un café qui m’autorise à faire les pancartes ». Des slogans percutants inscrits en lettres multicolores. « J’aime bien regarder ce que font les autres aussi dans les manifestations ; se révolter, c’est très créatif ». Cette créativité et sa présence l’ont petit à petit rendu célèbre dans les défilés. « C’est vrai que les gens me reconnaissent parfois. Ils me font un petit signe amical en me remerciant d’être toujours là. Je renvoie la balle parce que c’est ensemble qu’on y arrivera. Eux aussi sont toujours là ».   
Voltuan, l’homme à la pancarte
Ancien instituteur âgé de 65 ans, Voltuan est devenu l’homme à la pancarte il y a une quinzaine d’années, même s’il lutte depuis bien plus longtemps. 

« Je suis révolté depuis mon adolescence, depuis mon enfance même. À la maison, mes parents ne s’entendaient pas du tout. J’étais très sauvage, j’avais en moi beaucoup de frustrations. Mon héroïne, c’était Baguera la panthère noire dans 'Le Livre de la Jungle' parce qu’elle était sauvage et en même temps, elle protégeait Mowgli. Ma famille, c’était la nature et les animaux. Et la famille qui m’a sauvé, ce fut celle de l’action solidaire. J’étais instituteur et je me suis arrêté il y a une dizaine d’années, parce que je ne pouvais plus aller travailler et voir le monde aller si mal ».

Voltuan a parfois été accusé de prendre trop de place, d’être dans un activisme systématique frôlant l’affichage. Lui s’en défend.

« Pas du tout ! C’est du concret. C’est important d’être dans le concret pour crier ma révolte d’un monde où beaucoup trop de choses vont mal. Nos dirigeants ne font pas les choses comme il faudrait qu’elles soient faites. C’est très triste parce que les gens ne votent plus désormais. C’est dommage, il faudrait remettre toutes les cartes sur table ».

Il a également publié plusieurs recueils de poèmes. La colère du peuple Voltuan préfère l’écrire sur ses panneaux géants.
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