Aujourd’hui carton, lumière et sculptures avec Marie-Anne Thieffry. Entre ses mains, le carton n’est plus un déchet, mais une matière qui prend la lumière. Marie-Anne Thieffry froisse le carton en volume, ce qui lui donne la transparence de la dentelle. Elle aime travailler la face cachée du carton, soit en le découpant, froissant et en collant sur un moule de plâtre des bandes de carton, soit par empilement de plaques de carton les unes sur les autres pour sculpter ses œuvres uniques.
Luminaires ou sculptures sont imprégnés d’émotion, de légèreté, d’éclat et synonymes de liberté pour Marie-Anne Thieffry. Nous l’avons rencontrée lors du salon Révélations, Biennale Internationale des Métiers d’Art et Création, le rendez-vous qui célèbre la création française et internationale.
Je n’ai pas choisi la matière. Elle s'est imposée, mais elle s'est imposée, parce que je pense que c'est une matière paradoxale qui me ressemble. Je n'ai pas besoin d'avoir un outillage qui fait du bruit. Il n'y a rien de violent et je pense que c'est cela qui a fait que nous nous sommes rencontrées avec cette matière-là. Maintenant nous parlons ensemble et c'est très bien comme cela.
Marie Anne Thieffry, sculptrice carton : « Le dessin, c'est la base. J'ai besoin de cela pour concevoir ma pièce. La technique que j'utilise, c'est une technique que j'ai mise au point en 2009. Ce sont des petites lamelles de carton qui sont découpées, froissées, collées et moulées. Et à partir de là, il y a toute la transparence qui passe dans la cannelure puisque je ne travaille que la cannelure du carton. Il y a donc toute la transparence qui passe dedans et je l'utilise pour les luminaires, pour tout. »
Marie-Anne Thieffry est née en Normandie, près de Paris. Elle a baigné dans un milieu où l’on travaille de ses mains, avec un père menuisier. D'abord architecte d’intérieur, puis directrice artistique dans une agence de publicité, quand elle croise le carton lors d’une exposition, elle change complétement d’orientation. Elle ouvre son atelier en 2005. Avec son cutter, ses mains et de la colle, Marie-Anne Thieffry raconte une histoire poétique ou graphique et pour cela, elle a besoin de carton qu’elle collecte elle-même.
« Je ne travaille qu'avec du carton que je récupère. Cela fait vraiment partie de la démarche. L'idée, c'est vraiment de prendre le matériau tel qu'il est avec son vécu. Le carton, il a déjà son histoire, peut-être qu'il a déjà fait le tour du monde. J’inclus l’histoire du carton, que je récupère dans l'histoire que je vais lui donner. Il prend une autre vie. En plus, j'ai l'avantage de récupérer différentes sortes de cartons, donc différentes cannelures, puisque quand on regarde vraiment le carton, il y a la simple cannelure, la double cannelure, la petite, la grande. C'est cela qui est intéressant parce que cela apporte de la richesse à la matière. »
« Il faut que ce soit rigoureux et que ce soit bien fini. Et cela prend énormément de temps. Quand je travaille la dentelle de carton, je travaille mon carton sur un moulage et quand c'est du carton contrecollé, c'est des plaques de carton que j'empile. Après, toute la sculpture, elle se fait à la ponceuse. C'est aussi cela qui confère au carton l'aspect doux. Cela se travaille comme le bois parce que, effectivement, le carton vient du bois et dans la dentelle de carton, nous retrouvons ce côté végétal. »
Marie-Anne Thieffry a inventé son métier et les techniques autour de la transformation visuelle du carton. Aujourd’hui, elle aime les partager et transmettre sa passion pour cet emballage de consommation si ordinaire qui est devenu son moyen d’expression.
« J'ai créé ma technique. Mon métier, il n'existe pas. Je ne peux pas prendre d'apprentis, mais je prends des stagiaires d'écoles où je fais aussi des formations à l'atelier. Cela me permet de faire voir aux gens ce que je fais, de leur faire découvrir cette matière, parce que le carton, les gens ne connaissent pas. Moi, cela me permet de faire aussi découvrir cette matière et d'en parler. »
« Ensuite, les gens peuvent utiliser ce savoir-faire pour faire autre chose. Et, je m'aperçois que quand j'ai des stagiaires à l'atelier, ce n’est pas que dans un seul sens parce qu'ils vont me poser des questions et cela va m'interpeller sur ma matière, donc cela me fait aussi évoluer. »
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