Européen de la semaine

RFI

About

Chaque semaine, la rédaction Europe de RFI, fait le portrait d’un Européen qui est au cœur de l’actualité. Un portrait qui permet de découvrir les acteurs du monde dans lequel nous vivons et d’éclairer les évènements que nous commentons et dont nous témoignons dans les journaux de RFI.

Available on

Community

162 episodes

Péter Magyar, le membre du Fidesz qui défie le Premier ministre hongrois

En Hongrie, le système Orban remis en cause par l’un des siens. Péter Magyar, ancien cadre du Fidesz, vient de fonder un nouveau mouvement politique, « Debout Hongrois », qu’il souhaite transformer en parti centriste. À 43 ans, à peine sorti sur la scène publique, avec ses révélations sur les coulisses du pouvoir et sa dénonciation de la corruption, il a rapidement séduit une partie de l’électorat. En quelques semaines, Péter Magyar s’est hissé sur le devant de la scène politique hongroise et ne ménage pas ses critiques envers la classe dirigeante : «  », a-t-il lancé depuis une scène installée en plein cœur de Budapest, devant une foule imposante, le 15 mars dernier. Le quadragénaire à l’allure sportive, tiré à quatre épingles, a choisi le jour de la fête nationale où les Hongrois commémoraient la rébellion de 1848 contre l’empire des Habsbourg, pour lancer son mouvement. Avocat, haut fonctionnaire, diplomate, membre du parti de VIKTOR ORBAN https://www.rfi.fr/fr/tag/viktor-orban/, le jeune technocrate n’a jamais occupé de fonction politique. «» note Matyas Kohán, commentateur de la vie politique hongroise. «», explique ce chroniqueur au , un site d’informations conservateur qui assume sa proximité avec le gouvernement Orban. À lire aussiHongrie: issu du Fidesz au pouvoir, Péter Magyar défie Viktor Orban https://www.rfi.fr/fr/europe/20240315-hongrie-issu-du-fidesz-au-pouvoir-péter-magyar-défie-viktor-orban « LES VRAIS RESPONSABLES SE CACHENT DERRIÈRE LES JUPES DES FEMMES » Le public a commencé à entendre parler de Péter Magyar en février, dans la foulée d’un scandale impliquant son ex-épouse, l’ancienne ministre de la Justice Judith Varga. Cette dernière, qui devait mener la campagne des élections européennes du Fidesz, a annoncé son retrait de la vie publique, après la démission de la présidente KATALIN NOVAK https://www.rfi.fr/fr/tag/katalin-novak/, accusée d’avoir discrètement accordé une grâce à un ancien directeur adjoint d'un foyer pour enfants, condamné à plus de trois ans de prison pour avoir couvert les agissements de son supérieur. Péter Magyar s’insurge alors contre ce qu’il présente comme un lâchage brutal des deux femmes les plus influentes du pays. En signe de protestation, il démissionne de deux entreprises publiques où il occupait des postes de direction et du conseil de surveillance de la banque MBH, une des institutions financières les plus importantes du pays. Il affirme ne plus vouloir faire partie d’un système dans lequel « ». Le lendemain, il va plus loin dans la critique du système Orban, SUR LA CHAÎNE YOUTUBE PARTIZAN https://www.youtube.com/watch?v=8cJulnczg2E, un des rares médias indépendants. Face à l’intervieweur, d’un ton posé, Péter Magyar détaille pendant plus d’une heure et demie la corruption dans les milieux politiques et économiques hongrois. Il raconte les pots-de-vin lors des appels d’offres ou les pressions qu’il a subies lors de son divorce. Il s’en prend particulièrement au très influent membre du cabinet de Viktor Orban Antal Rogán, baptisé par ses détracteurs « », qui contrôle aussi la totalité des services de renseignement du pays. «» souligne Botond Feledy, collaborateur de ce média et chercheur au Centre for Euro-Atlantic Integration and Democracy à Budapest. Il lève alors le voile sur le système en donnant une « ». 13% D’INTENTIONS DE VOTE Péter Magyar est aujourd’hui l’une des figures les plus en vue en Hongrie. Ses révélations tiennent le pays en haleine. Selon un sondage Index, il est crédité de 13% d’intentions de vote chez les électeurs qui le connaissent. Se définissant comme conservateur de droite qui ne « », ses chances de succès auprès des électeurs du Fidezs ne sont pourtant pas garanties, selon Matyas Kohán : «», souligne le journaliste du . Péter Magyar va-t-il réussir, en tant qu’ancien membre du Fidesz, à attirer les électeurs conservateurs déçus par le gouvernement ? «» estime Botond Feledy, qui note que pour l’instant, les sondages indiquent qu’il ne parvient pas à ravir plus de 2% des voix des électeurs du parti de Viktor Orban. La plupart de ses soutiens sont des électeurs de gauche. «» note Matyas Kohán. Sa nouvelle formation politique serait donc  plus gênante pour l'opposition que pour le parti du pouvoir. «» pronostique le chercheur, qui souligne que « » Parmi les points de son programme : le rétablissement du ministère de l'Éducation, supprimé par le gouvernement actuel, le retour à l'indépendance de l'audiovisuel et l'adhésion de la Hongrie au parquet européen chargé de contrôler l'utilisation des fonds européens. Contrairement au Premier ministre Viktor Orban, il a appelé à un dialogue constructif avec Bruxelles. Avec sa notoriété grandissante et ses révélations sur le système, les attaques personnelles se multiplient. Il est aujourd’hui cité dans une affaire de violences domestiques révélée dans la presse d’opposition. S’il ne parvenait pas à le gérer, cet épisode «  », pronostique Matyas Kohán. Manipulation politique ou faits avérés ? Quoi qu’il en soit, il va devoir apprendre à gérer les attaques personnelles, ce que n’est pas encore le cas, note Botond Feledy qui constate qu’il n’a pas su garder son calme face à un journaliste d’opposition qui souhaitait le questionner sur cette affaire de violences domestiques. « », affirme le chercheur. « »

4m
Mar 23, 2024
André Ventura, nouveau champion de l’extrême-droite européenne

Il a créé la surprise au Portugal en raflant 18% des voix et une cinquantaine de sièges de députés lors des élections législatives anticipées du 10 mars. André Ventura, fondateur du parti Chega, est devenu l’un de nouveau champions de l’extrême-droite européenne aux côtés de Marine le Pen en France, de Georgia Meloni en Italie ou de Viktor Orban en Hongrie. Les sondages prédisaient certes une percée de l’extrême droite portugaise, mais le résultat est tout de même spectaculaire pour un parti qui ne comptait qu’un seul député en 2019. Une percée qui est sans doute l’œuvre d’un seul homme : André Ventura, 41 ans, un juriste de formation dont le parcours, pour le moins étonnant, pourrait d’une certaine façon rappeler celui de Donald Trump… Car, comme l’ancien président américain, c’est grâce à la télévision qu’il s’est fait connaître du grand public. « détaille Victor Pereira, historien et chercheur à l’Institut d’histoire contemporaine de l’Université nouvelle de Lisbonne«»Les débuts en politique d’André Ventura sont difficiles : en 2017, il se présente aux élections municipales dans la banlieue de Lisbonne sous l’étiquette PSD (centre droit), mais il est battu«», explique Victor Pereira, «» À lire aussiLégislatives au Portugal: avec André Ventura, l’extrême droite revient sur le devant de la scène politique https://www.rfi.fr/fr/europe/20240309-samedi-matin-a-relire-marc-législatives-au-portugal-andré-ventura-figure-anti-corruption-de-l-ultra-droite UN SUCCÈS AUPRÈS DES JEUNES Des phrases percutantes, polémiques, un bagout médiatique et un talent certain pour utiliser les réseaux sociaux : André Ventura cartonne auprès des jeunes, avec des thèmes qui le placent très vite dans le camp des populistes d’extrême droite. « “wokisme”», note Victor Pereira. «“grand remplacement”.» À lire aussiLégislatives au Portugal: la percée de l’extrême droite « est un vote de protestation contre les élites » https://www.rfi.fr/fr/europe/20240311-législatives-au-portugal-la-percée-de-l-extrême-droite-est-un-vote-de-protestation-contre-les-élites LA FIN DE « L’EXCEPTION PORTUGAISE » En 2019, il quitte le PSD et fonde Chega (« Ça suffit ! », en portugais). Il n’obtient qu’un siège aux élections législatives (qu’il occupe lui-même), mais va profiter pleinement des scandales de corruption qui vont toucher le gouvernement socialiste. Surtout, il parvient à mettre fin à ce que l’on a appelé « », à savoir la faiblesse de l’extrême droite dans un pays très marqué par la Révolution des œillets (dont on fêtera le cinquantenaire le 25 avril prochain), et où la figure de Salazar a longtemps joué un rôle de repoussoir. Mais, au début des années 2020, deux choses vont faciliter l’ascension fulgurante de Chega : d’une part, le renouvellement des générations et la mémoire déclinante de la dictature ; d’autre part, la vague populiste qui submerge les démocraties occidentales. « »décrypte Yves Léonard, enseignant à Sciences-Po Paris et spécialiste du Portugal, « » PRÊT À GOUVERNER EN COALITION AVEC LE CENTRE DROIT Le 10 mars dernier, profitant du recul socialiste (passé de 42 % en 2022 à 28 % des voix) et du score maigrelet du PSD (29 % des voix), Chega devient la troisième force politique du pays, avec 18 % des suffrages et 48 sièges. André Ventura se dit aussitôt prêt à gouverner en coalition avec le centre droit, ou à l’issue d’un nouveau scrutin.«», pointe Yves Léonard, « » Pour l’heure, le chef de file de la droite traditionnelle portugaise, Luis Montenegro, a refusé de s’allier à Ventura : «  » a répété durant toute la campagne le dirigeant du PSD. Mais son résultat mitigé à l’issue du scrutin du 10 mars ne lui laisse que très peu de marge de manœuvre, et d’autre solution que de tenter de former un gouvernement minoritaire. De nouvelles élections ne sont donc pas à exclure, ce qui donnera certainement l’occasion à André Ventura de poursuivre son irrésistible ascension. En attendant, Chega s’est déjà fixé comme objectif d’envoyer le plus d’élus possible au Parlement européen à l’occasion des élections du 9 juin. S’il obtient un score similaire à celui du 10 mars, Chega devrait pouvoir apporter 4 ou 5 sièges de plus au groupe ECR (Conservateur et Réformistes) de Giorgia Meloni. 

4m
Mar 17, 2024
Nicolas Schmit, porte-drapeau des socialistes européens

À trois mois des élections européennes, les grandes formations politiques se mettent en ordre de bataille, avec la désignation d’Ursula von der Leyen comme tête de liste du Parti populaire européen et celle du Luxembourgeois Nicolas Schmit, qui a été choisi par le Parti socialiste européen. Un négociateur chevronné, spécialiste des questions sociales... mais souffrant d'une faible notoriété en dehors des cercles européens.  Âgé de 70 ans, l’actuel Commissaire européen à l’Emploi est méconnu du grand public, mais il dispose d’une solide expérience au sein des institutions européennes et des qualités de négociateur qui lui seront utiles, après le scrutin, pour la répartition des « top jobs » européens. Un CV respectable, mais une carrière plutôt effacée et un manque de notoriété qui pourrait nuire aux socialistes, surtout en face d’Ursula von der Leyen, l'actuelle présidente de la Commission. L’Eurodéputée socialiste, Sylvie Guillaume estime cependant que NICOLAS SCHMIT https://www.rfi.fr/fr/europe/20240302-élections-européennes-les-socialistes-lancent-leur-campagne-pour-lutter-contre-l-extrême-droite a toutes les qualités requises pour mener cette bataille. «  Pour Nicolas Schmit, les questions sociales devront être au cœur de la campagne – notamment celle du logement des plus précaires. Mais le chef de file du camp socialiste place également l’environnement au centre de son discours – ce qu’il a fait le 2 mars dernier à Rome au moment de sa désignation en présence d’Olaf Scholz, de Pedro Sanchez et de Mette Frederiksen, les dirigeants allemands, espagnols et danois. «  », a-t-il ainsi déclaré, accusant le PPE d’Ursula von der Leyen de vouloir renoncer au Pacte vert sous la double pression de l’opinion et de l’extrême droite. PAS DE COMPROMIS AVEC L’EXTRÊME-DROITE Car le camp socialiste a également décidé de brandir la menace de l’extrême droite pour rallier ses électeurs, en reprochant aux partis de droite traditionnelle de vouloir pactiser avec les groupes nationalistes et eurosceptiques du Parlement. « »s’est ainsi emporté Nicolas Schmit sous les applaudissements du Congrès de Rome. Pour autant, la faisabilité d’un retournement d’alliance au sein du prochain Parlement européen et d’un rapprochement entre le PPE et le groupe ECR de Georgia Meloni, dénoncée à l’avance par les socialistes, semble faible aux yeux de Pascale Joanin, directrice de la Fondation Robert Schumann. «  RÉPARTITION DES POSTES EUROPÉENS D’après les sondages, les Socialistes européens devraient conserver à peu près le nombre d’eurodéputés qu’ils ont actuellement (141 élus) soit environ 20% des voix. Une deuxième place derrière les conservateurs du PPE – ce qui devrait a priori écarter Nicolas Schmit de la présidence de la Commission européenne, puisque celle-ci échoit à la formation arrivée en tête à l’issue du scrutin « », nuance cependant Christine Verger, vice-présidente de l’Institut Jacques Delors. «  À Bruxelles et à Strasbourg, on table plutôt cependant sur une reconduction d’Ursula von der Leyen. Et, dans ce cas de figure, l’objectif de Nicolas Schmit sera d’assurer aux siens un autre poste important au sein de l’UE, à l’issue des Européennes. «  », pointe Pascale Joanin «  Et, dans la répartition de ces « top jobs » Nicolas Schmit, le porte-drapeau des socialistes européens, pourra non seulement faire valoir le nombre d’eurodéputés de son groupe, mais aussi mettre à profit ses qualités de négociateur, lui qui a participé pour le Luxembourg à la négociation des Traités européens de Nice et de Maastricht. À écouter aussiÉlections européennes: les socialistes lancent leur campagne pour lutter contre l’extrême droite https://www.rfi.fr/fr/europe/20240302-élections-européennes-les-socialistes-lancent-leur-campagne-pour-lutter-contre-l-extrême-droite

4m
Mar 09, 2024
Czeslaw Siekierski, le ministre polonais de l’Agriculture face à la colère paysanne

Les agriculteurs polonais ont de nouveau manifesté massivement cette semaine dans les rues de Varsovie et maintiennent la pression à la fois sur leur gouvernement et sur la Commission européenne. Face à la crise, le ministre de l’Agriculture polonais Czeslaw Siekerski est en première ligne : il menace Kiev d’étendre l’embargo à tous les produits agricoles ukrainiens… et il implore Bruxelles d’aider les agriculteurs de son pays. C’est sans doute la plus grave crise traversée par Donald Tusk depuis sa nomination en décembre dernier. Et, pour l’affronter, le nouveau Premier ministre polonais compte sur l’homme qu’il a nommé au ministère de l’Agriculture. Czeslaw Siekerski, 71 ans, est un homme d’expérience – aussi à l’aise dans les couloirs des administrations européennes qu’auprès des agriculteurs. « »note Vitaliy Krupin, économiste à l’Institut du développement rural de l’Académie polonaise des sciences, » Un cursus utile pour négocier avec Bruxelles, mais aussi pour dialoguer sur les barrages routiers formés par les agriculteurs en colère. Car, depuis le mois de janvier, la crise agricole n’a cessé d’empirer, les exploitants polonais multipliant les points de blocage sur les routes et surtout à la frontière ukrainienne. « analyse Vitaliy Krupin, « . DES SOLUTIONS TECHNIQUES Dans la ligne de mire du ministre polonais, il y a le Pacte Vert européen, que les agriculteurs polonais vouent aux gémonies – à l’image de leurs homologues d’autres pays européens. Mais il y a surtout l’afflux des produits agricoles ukrainiens, qui transitent par la Pologne depuis le début de la guerre contre la Russie, faute de pouvoir passer par la mer Noire comme auparavant. Des produits qui arrivent sans droits de douane - décision prise par l'Union européenne pour soutenir l'économie ukrainienne, et qui sont accusés de DÉSTABILISER LE MARCHÉ AGRICOLE POLONAIS https://www.rfi.fr/fr/europe/20231013-pologne-le-secteur-agricole-fortement-impacté-par-la-guerre-en-ukraine. Pour y remédier, le nouveau gouvernement formé par Donald Tusk demande deux choses : une aide financière de Bruxelles pour compenser les pertes des agriculteurs polonais, et des solutions techniques pour s’assurer que les produits ukrainiens ne fassent que transiter par la Pologne. « , pointe Krzysztof Soloch, professeur à la Sorbonne et spécialiste de l’Europe de l’Est. « La Pologne espère aboutir rapidement à un accord avec l’Ukraine sur ces questions. Ce sera tout l’enjeu de la rencontre qui doit avoir lieu à la fin du mois entre Donald Tusk et Volodymyr Zelensky. Le temps presse car, si le gouvernement polonais assure que le soutien diplomatique et militaire à l’Ukraine n’est pas impacté par cette crise agricole, au sein de la population polonaise en revanche une certaine lassitude est en train de naître. «» Et puis le nouveau gouvernement polonais va bientôt affronter des élections locales très importantes... et bien sûr les européennes en juin. La Coalition civique de Donald Tusk espère un bon résultat, sur la lancée de sa victoire aux législatives, mais la crise agricole pourrait lui coûter des voix. Au bénéfice notamment de la Confédération, le parti polonais d’extrême droite qui espère profiter dans les urnes de cette colère paysanne. À lire aussiEn Pologne, la fronde agricole contre les produits venus d'Ukraine se poursuit https://www.rfi.fr/fr/europe/20240219-en-pologne-la-fronde-agricole-contre-les-produits-venus-d-ukraine-se-poursuit

4m
Mar 02, 2024
Ioulia Navalnaya: l'héritière naturelle d'Alexeï Navalny

Elle veut reprendre le combat mené par son mari. Ioulia Navalnaya, la veuve d'Alexeï Navalny, est passée au premier plan après la mort du célèbre opposant à Vladimir Poutine. Longtemps restée discrète derrière son époux, elle a repris le flambeau sans hésiter. Deux jours à peine après l’annonce de la mort d’Alexeï Navalny, elle apparaît dans une vidéo sur YouTube. Ses traits sont tirés mais la voix ferme. Le message est clair, la volonté aussi : « » Une déclaration forte. Jusqu’à présent, elle refusait de s’engager politiquement dans les pas de son mari. Mais son envie de reprendre le combat n’a pas étonné Andreï Kozovoï, professeur d’histoire russe et soviétique à l’université de Lille. «»note l'auteur du livre , aux éditions Perrin. « » Une succession logique aussi pour Olga Prokopieva. «  »constate, admirative, laprésidente de l'association Russie Libertés qui a organisé une manifestation de soutien à Paris. Elle est admirative de la détermination de la veuve d’Alexeï Navalvny. « » UNE OPPOSANTE PLUS « RASSEMBLEUSE » QUE SON MARI ?  La force de Ioulia Navalnaya est peut-être de s’adresser à plus de monde que son mari. «  »espère Olga Prokopieva. «» UNE VIE EN EXIL POUR LA NOUVELLE CIBLE NUMÉRO 1 DU KREMLIN On sait peu de choses sur sa vie privée. Cette économiste de formation âgée de 47 ans s’occupait jusqu’à présent de ses deux enfants. Ioulia Navalnaya vit en exil quelque part en Europe dans un endroit tenu secret. Pour une bonne raison. L’ennemi public numéro 1 du Kremlin désormais, c’est elle. « »confirme le professeur Andreï Kozovoï. «  » QUEL SOUTIEN EN RUSSIE ? Sera-t-elle entendue en Russie alors qu’elle vit en exil ? Les vidéos publiées par l’équipe Navalny sont suivies dans le pays et ça devrait continuer. Le handicap principal de Ioulia Navalnanya serait peut-être d’être une femme. « »remarque l’opposante Olga Prokopieva. « » Ioulia Navalnanya a, en tout cas, reçu le soutien immédiat des Occidentaux, particulièrement des Européens. La nouvelle figure de l’opposition russe en exil s’exprimera d’ailleurs mercredi prochain devant le Parlement européen de Strasbourg.

3m
Feb 24, 2024
Szymon Holownia, le très populaire «Maréchal de la Diète» polonaise

Il détonne par son parcours et par son sens de l’humour et il suscite un engouement sans précédent en Pologne. Et pourtant, Szymon Holownia n’occupe pas le poste le plus attractif que l’on puisse imaginer puisqu’il a été nommé président de la Diète, la Chambre basse du Parlement polonais. Mais c’est bien dans ce rôle que cet ancien animateur de télévision est en train de devenir l’un des hommes politiques les plus en vue de Pologne, probable candidat à la prochaine présidentielle.   C’est un peu la grande surprise de cette alternance démocratique en Pologne, car peu de monde aurait parié sur un tel engouement, ni sur un tel phénomène. Âgé de 47 ans, Szymon Holownia était certes connu dans son pays avant de devenir le président de la Diète, mais il a su faire de ce poste un tremplin extraordinaire, avec déjà ce résultat qu’envieraient bien des parlementaires d’autres pays : la diffusion des sessions parlementaires est suivie désormais par tout le pays. «  »décrypte George Mink, directeur de recherche émérite au CNRS et professeur au Collège de l’Europe à Varsovie. «   UN PARCOURS ATYPIQUE Une personnalité charismatique et aussi une volonté de dépoussiérer l’institution parlementaire : la première action de Szimon Holownia, lorsqu’il a été nommé en novembre dernier, a été de faire enlever les barrières de sécurité qui entouraient le bâtiment de la Diète à Varsovie. Avec ses yeux pétillants et sa coupe de cheveux en brosse, le nouveau « Maréchal de la Diète » a parfois des airs de boy-scout. Mais son parcours n’a rien de classique, bien au contraire : il voulait dans sa jeunesse devenir prêtre, a finalement été journaliste, puis animateur de télévision, notamment pour télécrochet archiconnu, l’équivalent polonais de « la France a du talent ». Les téléspectateurs polonais sont loin d’imaginer à l’époque que l’animateur de ce show télévisé finira par devenir l’un des dirigeants politiques les plus en vue du pays. Le déclic se fait à la fin des années 2010, lorsque Szymon Holownia décide de se lancer en politique.   », explique George Mink   À lire aussiPologne : le PiS fait de la résistance https://www.rfi.fr/fr/podcasts/reportage-international/20240122-pologne-le-pis-fait-de-la-résistance LE « ZELENSKY POLONAIS » ? Son parti de centre-droit est marqué par son ancrage catholique, mais il est ouvert sur l’Europe et sur certaines questions de société. Une synthèse qui lui a permis de prendre des électeurs au PiS, et qui a aidé la coalition emmenée par Donald Tusk, l’ancien Premier ministre libéral, à revenir au pouvoir à la faveur des élections législatives d’octobre 2023. Mais pourquoi avoir choisi le poste de « Maréchal de la Diète » ? En raison sans doute de l’importance de la fonction, bien plus cruciale que dans d’autres régimes parlementaires. Le président de la Chambre basse polonaise est maître de l’ordre du jour, dispose de moyens importants pour autoriser ou bloquer des nominations, et pour instaurer l’ordre au sein de l’Assemblée. Il dispose même d’une force de sécurité, la Garde du Maréchal… Un rôle pivot pour une coalition dont l’objectif est d’engager ni plus ni moins qu’une contre-révolution démocratique après les huit années de gouvernance « illibérale » du PiS.   UNE EFFICACITÉ REDOUTABLE «  » note l’écrivain Jean-Yves Potel, historien et spécialiste de la Pologne (auteur notamment Ed. Circé).     Un homme efficace et un homme très populaire, à tel point qu’il se voit déjà briguer la présidence polonaise. Fort de cette expérience à la tête de la Diète, Szymon Holownia peut s’imaginer en « Zelensky polonais » – passant du show business au plus haut niveau de l’État. Mais il lui faudra supplanter le très charismatique maire de Varsovie Rafal Trzaskowski, probable candidat de la Plateforme civique, le parti du Premier ministre Donald Tusk. Et il faudra battre dans les urnes, une fois de plus, le parti Droit et Justice. À lire aussiPologne: après leur défaite dans les urnes, les conservateurs du PiS jouent la carte du blocage https://www.rfi.fr/fr/europe/20240209-pologne-après-leur-défaite-dans-les-urnes-les-conservateurs-du-pis-jouent-la-carte-du-blocage

4m
Feb 17, 2024
Terry Reintke et Bas Eickout, têtes de liste des Verts aux élections européennes

Les écologistes européens ont choisi leurs têtes de liste pour les élections de juin. Réunis en congrès à Lyon du 2 au 4 février, les membres des Verts ont désigné un homme et une femme, par souci de parité : l'eurodéputée allemande Terry Reintke et l’élu néerlandais Bas Eickhout. Leur dynamisme et leur enthousiasme ne seront sans doute pas de trop pour mener une campagne qui s’annonce délicate. « », a lancé Bas Eickhout en conférence de presse à l’issue du congrès des Verts. De fait, les sondages prédisent un recul substantiel des Verts par rapport au précédent scrutin : de quatrième force au Parlement, ils pourraient être rétrogradés à la sixième, derrière les formations d’extrême droite ID et ECR. Issu de la gauche écologiste, Bas Eickhout a été chercheur à l’Agence néerlandaise pour l’amélioration de l’Environnement avant d’être élu député européen en 2009. Deux ans plus tôt, il avait partagé le prix Nobel de la paix avec les autres co-auteurs du rapport du Giec sur le changement climatique. Aujourd’hui vice-président de la Commission Environnement, Santé publique et Sécurité alimentaire, à 47 ans, le Néerlandais est tête de liste pour la deuxième fois d’affilée ; en 2019, il avait mené la campagne européenne des Verts avec l’Allemande Ska Keller. Élu expérimenté, il connaît bien les arcanes du Parlement. « » estime Camille Defard, chef du centre Énergie-environnement de l’Institut Jacques Delors. « ». EXTRÊME DROITE EN HAUSSE De onze ans sa cadette, Terry Reintke est en lice pour un troisième mandat. Lors de sa première élection en 2014, cette native de Gelsenkirchen dans la Ruhr, née un 9 mai, journée de l’Europe, était alors la plus jeune eurodéputée de l’hémicycle. Elle est aujourd’hui la vice-présidente du groupe des Verts/Alliance libre européenne. Lors du congrès de Lyon, dans un anglais tout aussi bon que son collègue néerlandais, l’élue allemande a insisté sur la menace que constitue, selon elle, la montée de l’extrême droite dans les sondages. «» a-t-elle lancé, avant d’appeler les militants et les élus à ne pas rester les bras croisés en s’inspirant d’exemple comme la Pologne, où après huit années de gouvernement populiste PiS, le gouvernement est désormais dirigé par le pro-européen DONALD TUSK https://www.rfi.fr/fr/podcasts/européen-de-la-semaine/20230930-donald-tusk-l-homme-par-qui-le-changement-en-pologne-peut-arriver. Avec la lutte contre d’extrême droite, Terry Reintke, qui appartient à l'aile gauche de son parti, mène aussi d’autres combats, tels que lutte contre les violences faites aux femmes au moment du mouvement #MeToo de 2017 et les droits de LGBT+. Au congrès de Lyon, la maîtresse de cérémonie n’est autre que sa compagne, la sénatrice française Mélanie Vogel, qu’elle a rencontrée lorsque cette dernière faisait un stage au Parlement européen. Plus connue à Bruxelles qu’à Berlin, cette représentante des Grünen, les Verts allemands, eux-mêmes engagés dans une coalition sociale-démocrate affaiblie, a fort à faire. Sa désignation est « », estime Camile Defard, qui souligne le «». À lire aussiFestival de Clermont 2024: Fatima Kaci, «être la voix des autres, c’est aussi une souffrance» https://www.rfi.fr/fr/culture/20240210-festival-de-clermont-2024-fatima-kaci-être-la-voix-des-autres-c-est-aussi-une-souffrance L’ÉCOLOGIE « EN DÉFENSE PLUTÔT QU’EN ATTAQUE » Les mouvements des agriculteurs placent aujourd’hui les Verts en premières lignes des critiques. Terry Reintke a dû récemment SE DÉFENDRE https://www.faz.net/aktuell/politik/terry-reintke-spitzenkandidatin-der-europaeischen-gruenen-19494933.html des accusations selon lesquelles les élus écologistes, avec leur politique environnementale, seraient responsables d’une réglementation excessive. Les écologistes se disent prêts à continuer à défendre le GREEN DEAL https://www.rfi.fr/fr/podcasts/aujourd-hui-l-économie/20230522-le-green-deal-européen-serait-il-trop-ambitieux, de plus en plus contesté par certains groupes, tels que LES AGRICULTEURS https://www.rfi.fr/fr/europe/20240125-crise-du-monde-agricole-les-politiques-européennes-dans-le-collimateur. La tâche s’annonce délicate. « », note Daniel Boy, directeur de recherche numérique à Sciences Po. Dans ce contexte, souligne-t-il, les Verts ne seront pas en position d’en demander plus. « », abonde Camille Defard. « » Défini au congrès de Lyon, le programme électoral européen des écologistes européens reste ambitieux. Il souhaite que l'UE atteigne la neutralité climatique d'ici 2040, soit dix ans plus tôt que prévu. À lire aussiClimat: la Commission européenne veut réduire les émissions de CO2 de 90% d’ici à 2040 https://www.rfi.fr/fr/environnement/20240207-climat-la-commission-européenne-veut-réduire-les-émissions-de-co2-de-90-d-ici-à-2040

4m
Feb 10, 2024
Présidentielle en Finlande: deux candidats et une même ligne face à la Russie

Nous sommes à sept jours du second tour de la présidentielle en Finlande qui opposera un conservateur à un écologiste : Alexander Stubb face à Pekka Haavisto.  Alexander Stubb est arrivé en tête au premier tour. Le candidat de l’actuel coalition de droite au pouvoir a 55 ans et une longue expérience politique derrière lui : député européen, ministre des Affaires étrangères, ministre des Finances et Premier ministre de 2014 à 2015. Depuis 2017, Alexander Stubb travaille à la direction de la Banque européenne d'investissement. Père de deux enfants, il parle pas moins de cinq langues. Interrogé par des étudiantes de l’université des sciences appliquées de Häme, il explique comment, selon lui, on peut rendre le monde meilleur : «   » DEUX CANDIDATS EXPÉRIMENTÉS Pekka Haavisto a été ministre de l’Environnement, puis des Affaires étrangères du précédent gouvernement socialiste. Homosexuel, âgé de 65 ans, c’est la troisième fois qu’il tente sa chance à la présidentielle. Les étudiantes de Häme lui ont aussi demandé comment rendre le monde meilleur : « » La campagne a été très suivie par les Finlandais. La guerre en Ukraine et les menaces du voisin russe ont évidemment pesé, car le futur président finlandais aura un rôle important à jouer dans cette crise.  Même si rien ne différencie vraiment les candidats, leur ligne est la même : la fermeté face à la Russie, comme l’explique Hanna Ojanen, directrice de recherche en politique à l'université de Tampere, dans l’ouest de la FINLANDE https://www.rfi.fr/fr/tag/finlande/ : «  » Les « menaces hybrides », c’est par exemple le passage de migrants illégaux orchestré par le Kremlin, selon Helsinki. La frontière entre les deux pays est toujours fermée. QUELLES DIFFÉRENCES ?  Alexander Stubb est plus atlantiste que son adversaire... Quand Pekka Haavisto, lui, se montre plus intéressé par les pays en développement. C’est surtout sur le plan personnel que les deux hommes s’éloignent.   observe Louis Clerc, professeur d’histoire contemporaine à l’Université de Turku en Finlande  Les électeurs d’extrême droite seraient plus enclins à voter pour le candidat conservateur. Alexander Stubb leur a fait quelques clins d’œil, comme l’a noté le chercheur Louis Clerc. «  » Les derniers sondages donnent une avance confortable à Alexander Stubb sur Pekka Haavisto, mais il reste encore un débat télévisé et des meetings cette semaine pour mobiliser les électeurs. À lire aussiFinlande: Alexander Stubb et Pekka Haavisto s'affronteront au 2e tour de la présidentielle https://www.rfi.fr/fr/europe/20240128-finlande-alexander-stubb-et-pekka-haavisto-s-affronteront-au-2e-tour-de-la-présidentielle

3m
Feb 03, 2024
Autriche: Martin Sellner, un représentant de la droite identitaire très propre sur lui

Les Allemands se mobilisent contre l’extrême droite, après la révélation de la tenue d’une réunion d’extrémistes à Potsdam, à laquelle ont participé des membres de l’Alternative pour l’Allemagne (AfD). Parmi les hôtes : l’Autrichien Martin Sellner venu présenter son « concept de remigration », un projet d'expulsion massive de personnes étrangères. Cofondateur du Mouvement identitaire autrichien, il est devenu une figure influente des droites radicales germanophones.   Martin Sellner a les airs de hipster : coupe de cheveux stylisée, mèche tombant à droite, souvent souriant et toujours impeccable, qu’il soit rasé de près ou arborant une barbe de trois jours. Fils d’un médecin homéopathe et d’une professeur d’anglais, qui a grandi dans la banlieue de Vienne, le jeune homme de 35 ans est titulaire d’une licence de philosophie et n’a pas achevé ses études de droit, selon le . « », note Gilles Ivaldi, chargé de recherche CNRS au CEVIPOF, spécialistes des partis de droite radicale. Martin Sellner donne l'image d’un jeune Européen, polyglotte, très classique. Il est marié à Brittanny Pettibone, une blogueuse californienne, égérie de la droite alternative américaine, qui compte 175 000 abonnés sur sa chaîne YouTube. Avec sa jeune épouse, toujours bien maquillée et parfaitement coiffée, il est le visage plutôt avenant du mouvement identitaire. Dans sa façon d’être, « », estime Gilles Ivaldi.   GÉNÉRATION IDENTITAIRE En 2016, DANS UN ENTRETIEN À CNN https://edition.cnn.com/2016/12/02/europe/austria-alt-right-identity-movement-martin-sellner/index.html), en très bon anglais, Martin Sellner se présentait en 2016 comme « ». « », annonce-t-il sur son site internet. Il a pourtant frayé avec ce mouvement dès son plus jeune âge, rappelle Jérôme Segal essayiste et historien franco-autrichien : « », énumère le maître de conférences à Sorbonne Université et spécialiste de l’extrême droite à Vienne. S’inspirant de la branche française de Génération identitaire, dissoute en 2021, accusée par le gouvernement de provocations à la haine et à la discrimination, il cofonde la branche autrichienne du mouvement. Invité à l’université d’été des jeunes identitaires français, il confiait dans un entretien filmé y avoir trouvé « ».   LIENS AVEC LE TUEUR DE CHRISTCHURCH Luttant contre l'immigration, l'islamisation et la mondialisation, Martin Sellner s’inquiète du « grand remplacement » causé par les musulmans en Europe. Ce concept, développé en France par l’écrivain et philosophe Renaud Camus, avait été repris par le tueur de Christchurch, en Nouvelle-Zélande, en 2019. Avant d’assassiner 51 personnes dans deux mosquées, Brenton Tarrant avait entretenu une correspondance avec Martin Sellner et lui avait fait un don de 1 500 euros, ce qui lui avait valu d’être inquiété par la justice autrichienne pour « ». L’enquête avait été classée sans suite en 2021. Aujourd’hui, le militant extrémiste autrichien est frappé d’interdiction de séjourner au Royaume-Uni et aux États-Unis pour des raisons de sécurité publique. L’Allemagne réfléchit à en faire de même depuis la réunion de Potsdam.  Le mouvement identitaire autrichien ne compte aujourd’hui qu’une poignée de membres, «», précise Jérôme Segal. Mais Martin Sellner jouit d’une audience sur les réseaux sociaux, même s’il a été banni des principales plateformes telles que YouTube, Facebook, X ou Spotify. Sur Telegram, il compte actuellement 58 000 abonnés sur sa chaîne en allemand et 2 000 sur la chaîne en anglais. Il cultive surtout des liens avec le parti d’extrême droite autrichienne FPÖ et avec l’AfD allemande. « », souligne Gilles Ivaldi.   Selon une ÉTUDE DU THINK TANK ECFR https://ecfr.eu/publication/a-sharp-right-turn-a-forecast-for-the-2024-european-parliament-elections/ (Conseil européen pour les relations extérieures), « » lors des élections européennes de juin, dont la France, l'Autriche, la Belgique, l'Italie et les Pays-Bas. Pour les législatives de septembre 2024, le FPÖ autrichien est crédité de 30 % des intentions de vote.  

4m
Jan 27, 2024
Joachim Rukwied, porte-voix d’une agriculture allemande délaissée

Depuis deux semaines, des mobilisations sans précédent des agriculteurs allemands sont organisées dans tout le pays. Des agriculteurs en colère suite à l’annonce de la suppression de certaines subventions. Des décisions qui pourraient provoquer de nombreuses faillites d’exploitations agricoles, selon Joachim Rukwied, le président de la Fédération allemande des agriculteurs, à la tête d'un mouvement qui fait trembler le gouvernement d’Olaf Scholz, selon de nombreux médias. C’est un mouvement de protestation qui a pris de court les autorités allemandes. Pourtant, le président de la Fédération allemande des agriculteurs adressait depuis des semaines des avertissements au gouvernement d’Olaf Scholz. Et c’est bien lui, Joachim Rukwied, ancien agriculteur, éternel représentant de sa branche, âgé aujourd’hui de soixante-deux ans qui a su mobiliser un secteur délaissé depuis de trop nombreuses années, comme l’explique Nils Schmid, député allemand et membre du SPD, le Parti social-démocrate allemand, l’une des trois formations qui forment la coalition au pouvoir. » À lire aussi«On ne se laisse plus faire»: les agriculteurs allemands vent debout face aux mesures d'économies du gouvernement https://www.rfi.fr/fr/podcasts/reportage-international/20240119-agriculteurs-allemands-mesures-economies-gouvernement UN SECTEUR ABANDONNÉ PAR LA CLASSE POLITIQUE Si ce mouvement a pris de l’ampleur ces dernières semaines, Nils Schmid ne craint pas pour autant qu’il ne soit instrumentalisé par les extrémistes, contrairement à ce que pensent différents médias. Pour ce député du Bundestag, cette colère exprimée par les agriculteurs fait suite à des décennies d’abandons de ce secteur par la classe politique. » À lire aussiRécession et colère sociale en Allemagne https://www.rfi.fr/fr/podcasts/décryptage/20240118-récession-et-colère-sociale-en-allemagne JOACHIM RUKWIED, UNE VOIX QUI COMPTE, MAIS PAS LA SEULE Joachim Rukwied est-il l’homme de la situation pour remettre l’agriculture allemande sur les rails ? Si c’est bien lui qui est sur le devant de la scène ces derniers jours, il n’est pas pour autant le seul représentant de ce secteur, bien que sa voix compte, comme l’explique Nils Schmid. «» À lire aussiNils Schmid: «Les Allemands estiment que l’action gouvernementale est éloignée des problèmes du quotidien» https://www.rfi.fr/fr/podcasts/le-grand-invité-international/20240111-nils-schmid-les-allemands-estiment-que-l-action-gouvernementale-est-éloignée-des-problèmes-du-quotidien PAS DE CRAINTE DE RÉCUPÉRATION PAR L’EXTRÊME-DROITE Il va donc falloir patienter pour savoir si Joachim Rukwied est en mesure de convaincre ses pairs et le gouvernement en place. Et même si la mobilisation se poursuit, pour Nils Schmid, il n’y a aucune crainte à avoir sur une éventuelle récupération de ce mouvement par l’extrême-droite. «» Reste que les agriculteurs allemands sont toujours en colère, à l’image de Joachim Rukwied et qu’ils attendent des décisions alors qu’ils sont négligés par les autorités depuis des années

4m
Jan 20, 2024
Le prêtre russe Alexis Ouminsky, défroqué pour avoir refusé de réciter la prière «pour la Sainte Russie»

Comme le fait le pouvoir russe avec les opposants à la guerre, l’Église orthodoxe russe s’en prend aux dernières voix dissidentes. À la veille de Noël, le père Alexis Ouminsky, qui ne cachait pas son hostilité à l’opération militaire que mène l’armée russe en Ukraine, a été démis de ses fonctions de recteur de l'église de la « Sainte Trinité vivifiante » en plein centre de Moscou. Un tribunal ecclésiastique a pris la décision, ce samedi 13 janvier, de le défroquer.  Figure connue et respectée du monde orthodoxe, le père Alexis Ouminsky paye pour sa liberté de ton. «  », disait-il en novembre 2023, au micro d’Alexeï Venediktov, l’ex-directeur de la rédaction de la radio indépendante Écho de Moscou, fermée par les autorités. Cet entretien, de l’avis de certains observateurs, aurait pu être la «  »  Depuis le début de l'offensive du 24 février 2022, rares ont été les prêtres de l’Église orthodoxe russe à se prononcer ouvertement contre la guerre.   Formellement, ce que reproche le patriarcat au père Alexis Ouminsky, c’est de n’avoir pas récité, au cours de la liturgie célébrée dans son église, la prière « pour la Sainte Russie », un texte aux accents bellicistes, qui demande à Dieu d’accorder la victoire à la Russie. La lecture de cette prière est devenue «  » vis-à-vis des autorités ecclésiales, note Ksenia Luchenko, journaliste, experte des questions religieuses, qui connait bien le prêtre déchu. «  », souligne la chercheuse invitée dans le cadre du programme « Wider Europe » au sein du Conseil européen des relations internationales (ECFR) à Berlin. Or, pour le père Alexis Ouminsky, «  », note-t-elle.    PRIÈRE À LA SAINTE RUSSIE  Ça n’est pas la première fois que le patriarcat de Moscou s’en prend aux prêtres qui n’adhèrent pas à cette prière. En mai 2023 dernier, le tribunal ecclésiastique de Moscou a limogé et retiré son rang de prêtre au père Ioann Koval, 45 ans, pour avoir remplacé le mot « victoire » par « paix ». Il a aujourd’hui trouvé refuge en Turquie, où le patriarcat de Constantinople a restauré son statut de prêtre, estimant que ses actions avaient été motivées par une profonde conviction en faveur de la paix.  Cheveux blancs coupés au carré, barbe bien taillée, Alexis Ouminsky, 63 ans, est issu d’une famille de l’intelligentsia soviétique non-croyante. Il a été hippie dans le Moscou des années 1980, s’est fait baptiser lorsqu’il était étudiant en langues romanes et a enseigné le français. Ordonné prêtre au début des années 1990, il est resté très connecté à la vie sociale et artistique du pays. L'église de la « Sainte Trinité vivifiante », en plein cœur de Moscou, dont il était recteur depuis trois décennies, accueillait de nombreuses personnalités du monde de la culture, des journalistes, des avocats et des hommes politiques qui sont devenus ses amis. En septembre 2022, il a célébré les funérailles de Mikhaïl Gorbatchev.   PAS DE POLITIQUE  Parallèlement à son activité pastorale, le père Alexis Ouminsky est une figure médiatique. Il a pendant de nombreuses années présenté des émissions de télévision, publié de nombreux ouvrages et est très investi dans les œuvres caritatives, s’occupant d’enfants incurables, de SDF, rendant visite à des détenus, des anonymes ou des personnalités, comme l’ancien patron du groupe pétrolier Ioukos, Mikhail Khodorkovksy, lorsqu’il était emprisonné, ou l’opposant Vladimir Kara-Mourza, qui purge une peine de 25 ans de réclusion. Il est intervenu comme témoin dans le procès qui a abouti à la dissolution de Mémorial, la plus connue des associations de défense des droits de l’homme russes. Pour autant, estime Ksenia Luchenko, «  »«  », renchérit Zoya Svetova, journaliste connue pour son engagement en faveur des droits de l’homme, qui l’a interviewé à plusieurs reprises. «  », explique-t-elle   En 2021, dans une vidéo, Alexis Ouminsky avait aussi appelé les autorités à « » à examiner l’opposant et prisonnier le plus connu de Russie, Alexeï Navalny. Cette déclaration lui avait valu le surnom de « criminel en soutane » sur la chaîne de télévision de l’Église orthodoxe russe SPAS, qui fait l’objet de sanctions de la part de l’Union européenne.   «  » souligne Zoya Svetova. «  »   Le père Alexis Ouminsky a été remplacé dans son église par un prêtre plus en phase avec la ligne du patriarcat de Moscou. André Tkatchev, originaire de Lviv, dans l’ouest de l’Ukraine, transfuge de l’Église ukrainienne qui a fui en Russie en 2014 après la révolution pro-européenne de Maidan, qui affirme que « ». Sous le choc, un groupe de fidèles a adressé une lettre ouverte au patriarche Cyrille, lui demandant de revenir sur sa décision«  » peut-on lire dans la déclaration, qui avait recueilli samedi près de 12 000 signatures. À écouter aussiGuerre en Ukraine: l’Église orthodoxe divisée https://www.rfi.fr/fr/podcasts/religions-du-monde/20220708-guerre-en-ukraine-l-église-orthodoxe-divisée

4m
Jan 13, 2024
Marinika Tepic, fer de lance de l'opposition en Serbie

Elle est en soins intensifs après une grève de la faim. En Serbie, Marinika Tepic est devenue l’égérie de la contestation des élections législatives du 17 décembre. La cheffe de l’opposition au président Vucic est l’Européenne de la semaine sur RFI. Marinika Tepic a choisi un moyen radical pour se faire entendre. Marinika Tepic a cessé de s’alimenter pendant près de deux semaines. On l’a vue très affaiblie, monter sur l’estrade du grand meeting organisé samedi dernier dans le centre de Belgrade. Ovationnée par les milliers de personnes descendues dans la rue pour demander la tenue de nouvelles élections. Notre envoyée spéciale Jelena Tomic a pu la rencontrer à la veille de cette manifestation dans son bureau. Elle lui a demandé ce qui l’a poussée à mettre sa santé en danger : «  » Les élections du 17 décembre ont été entachées de fraudes, constatées aussi par les observateurs internationaux. Des bourrages d’urnes, des listes électorales trafiquées ou encore des achats de voix. Certains habitants racontent ne pas avoir pu voter à distance, car quelqu’un l’avait déjà fait à leur place. Mais le président Vucic, au pouvoir depuis 2014, reste inflexible. UN VISAGE BIEN CONNU DES SERBES Avant de devenir la tête de liste de l’opposition, Marinika Tepic a eu une autre vie. Elle a été journaliste. Après un rapide passage comme enseignante, elle a travaillé douze ans pour la radio et pour plusieurs journaux. La communication, elle connaît. À 49 ans, cette mère de deux enfants est un visage et une voix connue des Serbes. Pour Nikola Burazer, directeur du think tank Centre for Contemporary Politics basé à Belgrade, elle a réussi à devenir le symbole du ras-le-bol d’une partie des Serbes : «  » Surtout, Marinika Tepic a su profiter de la vague d’émotion et de colère qui a suivi les deux tueries de masse dans des écoles serbes : 17 morts au total. Un tournant pour le pays selon Nikola Burazer : «  » QUEL DÉBOUCHÉ POLITIQUE ? Cela fait dix ans qu’Aleksandar Vucic dirige le pays. Et il ne veut rien lâcher. Et l’opposition a encore beaucoup de chemin à faire avant d'espérer changer la donne. Un conseiller politique de la région ne voit aucun débouché politique à cette contestation, l'opposition est encore trop faible. Mais pour le chercheur Nikola Burazer, le véritable test pour l'opposition pourrait être les prochaines élections locales : «  » D'ici là, l'opposition va continuer à tenter d'alerter les Européens, bien silencieux depuis le début de la contestation. Et puis aussi continuer à occuper la rue. L'opposition appelle à une manifestation le 13 janvier. Marinika Tepic pourrait y faire son retour après son hospitalisation.

3m
Jan 06, 2024
Russie: Alexeï Navalny, le «masque de fer» de Vladimir Poutine

Ses avocats et ses proches étaient sans nouvelle depuis près de trois semaines : le prisonnier politique le plus connu de Russie est réapparu le 25 décembre, à 3 000 km au nord-est de Moscou. Alexeï Navalny, qui purge une peine de 19 ans de prison pour extrémisme, se trouve dans une colonie pénitentiaire de l'Arctique russe, dans une région particulièrement reculée aux conditions de vie difficiles. À en croire ses premières déclarations, l’opposant numéro un au Kremlin reste combatif.  «  » : c’est par ces mots que débute le message d’Alexeï Navalny, posté en début de semaine sur ses réseaux sociaux. L’opposant y raconte, avec son style empreint d’humour et de sarcasme, son transfert dans sa nouvelle colonie pénitentiaire au-delà du cercle polaire, où lorsqu’il regarde par la fenêtre, il dit ne voir que «  ». Il n’a, semble-t-il, rien perdu de son mordant et de la détermination qu’il affichait le 17 janvier 2021 à son arrivée à l’aéroport de Moscou : «  ». À peine le contrôle des passeports franchi, de retour de sa convalescence en Allemagne, cinq mois après son emprisonnement, Alexeï Navalny était arrêté par des policiers et immédiatement placé en détention. Le défenseur des droits de l’homme russe, Lev Ponomarev, de l’institut Sakharov à Paris : «  ». LE PRISONNIER PERSONNEL DE VLADIMIR POUTINE Si les violences carcérales ne sont pas un fait rare en Russie, Alexeï Navalny, celui dont Vladimir Poutine refuse de prononcer le nom, semble avoir droit à un traitement particulier, selon le politologue Fedor Krasheninnikov : «  ». Dans sa prison à «  » dans la région de Vladimir, à 250 km de la capitale, Alexeï Navalny était régulièrement envoyé en cellule disciplinaire ou d’isolement pour des infractions mineures au règlement, comme avoir fait sa toilette matinale 36 minutes avant l’heure réglementaire. Amaigri, visiblement éprouvé par ces journées passées au mitard, Alexeï Navalny continuait de se battre pour faire reconnaître ses droits les plus élémentaires, en intentant des procès à l’administration pénitentiaire. Il profite de ces audiences pour lancer des messages politiques, comme ici contre la guerre en Ukraine : «  ». L’opposant le plus sérieux à Vladimir Poutine continue à exister politiquement, même du fin fond de sa prison, estime un autre détracteur du président russe, qui a préféré fuir la Russie pour éviter le sort d’Alexeï Navalny, l’ancien député Dmitri Goudkov : «  ». L'OPTIMISME COMME MOYEN DE CONTINUER LE COMBAT Ne pas se faire oublier, continuer à exister désormais au-delà du cercle polaire : une gageure pour Alexeï Navalny, qui parvenait jusque-là à donner régulièrement des nouvelles de sa vie derrière les barreaux, dans des messages transmis par ses avocats. Pour ses militants les plus actifs, qui ont dû choisir entre la prison et l’exil, le comportement de l’opposant reste une source d’inspiration. C’est le cas pour Fedor Krasheninkov : «  ». Alexeï Navalny s’apprête à passer son troisième 31 décembre derrière les barreaux. «  », avait-il écrit l’an dernier après une nuit passée à l’isolement. À lire aussiL'opposant russe Navalny se trouve dans une colonie pénitentiaire en Arctique https://www.rfi.fr/fr/europe/20231225-l-opposant-russe-navalny-se-trouve-dans-une-colonie-pénitentiaire-en-arctique

3m
Dec 30, 2023
Pedro Sánchez, l’équilibriste de la politique espagnole

L’année 2023 en Europe a été marqué notamment par la capacité de Pedro Sánchez, le chef du gouvernement espagnol, à résister à tous les vents contraires. Lui qui avait convoqué des élections anticipées, alors que les sondages plaçaient les conservateurs du Parti populaire en tête, a réussi à retourner la situation en sa faveur. Certes, son parti, le PSOE, n’est arrivé qu’en deuxième position lors de ces élections, mais c’est bien lui qui a été en mesure de rassembler suffisamment de soutiens pour rester au pouvoir avec un gouvernement de coalition. Un gouvernement fortement critiqué puisque parmi les faveurs accordées pour bénéficier du soutien des indépendantistes catalans, Pedro Sánchez, s’est notamment engagé à mettre en place une loi d’amnistie. Il n’a que cinquante et un ans, un âge encore jeune en politique, et il vient d’être investi pour la troisième fois comme président du gouvernement espagnol. Le socialiste Pedro Sánchez pourrait donc bien laisser sa trace dans les livres d’histoire comme étant soit le président qui a sauvegardé, voire amplifié les politiques sociales, ou soit un homme politique prêt à tout pour conserver le pouvoir. Un trait de caractère qu’il assume, détaille Maria Elisa Alonso, politologue, enseignante et chercheuse à l’Université de Lorraine. « UN FIN CONNAISSEUR DES ROUAGES POLITIQUES Il faut rappeler que Pedro Sánchez était donné perdant avant les élections du 23 juillet et après une débâcle électorale historique pour le Parti socialiste lors des élections régionales et municipales. D’ailleurs, les conservateurs du Parti populaire pensaient la victoire acquise. Mais Pedro Sánchez, comme le rappelle Maria Elisa Alonso, est un animal politique :« » À lire aussiEspagne: le Premier ministre rencontre le chef de l’opposition dans un climat de rare tension https://www.rfi.fr/fr/europe/20231221-espagne-pedro-sanchez-rencontre-nunez-feijóo-dans-un-climat-de-tension-rarement-atteint Si Pedro Sánchez maîtrise si bien les arcanes de la politique espagnole, c’est tout simplement parce qu’il n’a pas eu d’autre choix, détaille Benoît Pellistrandi, historien et grand spécialiste de l’Espagne, auteur notamment du livre . « UN MANDAT QUI S’ANNONCE COMPLIQUÉ Pedro Sánchez a finalement réussi à conserver le pouvoir grâce au jeu des alliances, mais est-ce que ce gouvernement très hétéroclite est à même de tenir ? C’est toute la question, car les indépendantistes catalans vont chercher à profiter de leur position de faiseur de roi pour tenter d’obtenir plus de concessions, tout comme les Basques. C’est une mandature très compliquée qui s’annonce, mais qui, selon Benoît Pellistrandi, devrait aller à son terme. «» À lire aussiPedro Sanchez reconduit à la tête d'une Espagne divisée https://www.rfi.fr/fr/europe/20231116-pedro-sánchez-reconduit-à-la-tête-d-une-espagne-divisée   Adulé ou détesté, Pedro Sánchez ne laisse en tout cas personne indifférent en Espagne. Un président du gouvernement qui sait parfaitement comment mener sa barque et qui pourrait bien rester dans les mémoires plutôt comme étant « », comme le titrait il y a quelques mois le grand .

4m
Dec 23, 2023
Radoslaw Sikorski de retour aux Affaires étrangères polonaises

La Pologne a tourné cette semaine la page de huit années de pouvoir des nationalistes du parti Droit et Justice. Le pro-européen Donald Tusk a prêté serment comme nouveau Premier ministre. L’ancien président du Conseil européen aura à cœur d’améliorer les relations avec Bruxelles et Kiev. Une tâche qu’il partagera avec son ministre des Affaires étrangères, Radoslaw Sikorski, atlantiste et européen convaincu. «  », a plaisanté Donald Tusk lors de son discours de politique générale devant le Parlement, provoquant les sourires de la salle et quelques applaudissements. Les deux hommes se connaissent bien. Radosław Sikorski, 60 ans, avait déjà servi au même ministère sous le gouvernement de Donald Tusk entre 2007 et 2014. «  », rappelle Valentin Behr, chargé de recherche au CNRS, rattaché au Centre européen de sociologie et de science politique, qui souligne que Radoslaw Sikroski a épousé en 1992 la journaliste et écrivaine américaine Anne Appelbaum. «  », note Lukas Macek, chef du centre Grande Europe consacré à l’élargissement à l’Institut Jacques Delors, «  ». Formé à l'université d'Oxford au Royaume-Uni dans les années 1980, où il avait obtenu le statut de réfugié politique alors que la Pologne vivait sous la loi martiale et plusieurs de ses amis avaient été emprisonnés, il rentre au pays en 1989, après la victoire de Solidarność aux élections et la chute du communisme. Il était, à cette époque, correspondant de guerre pour des médias britanniques en Afghanistan et en Angola. PROCHE DES NÉO-CONSERVATEURS Atlantiste, Radoslaw Sikorski est très proche des néoconservateurs américains. «  », rappelle Valentin Behr. Parallèlement à ses activités politiques, il a aussi été maître de conférences au Centre d’études européennes de l’université de Harvard et expert au Centre d’études stratégiques et internationales de Washington. «  », note Valentin Behr. Un homme de avec ses failles. En juin 2014, un hebdomadaire avait rendu publiques plusieurs conversations dans des salons privés de restaurants de Varsovie. On y entendait notamment le ministre des Affaires étrangères de l’époque, Radoslaw Sikorski, critiquer les États-Unis dans un langage très direct voire vulgaire. «   », affirme-t-il, ajoutant : «   ». À l’époque, cette affaire douche tous les espoirs de Radoslaw Sikorski de prendre la relève d'Anders Fogh Rasmussen à l'Otan ou de Catherine Ashton à la diplomatie européenne. Les membres du parti Droit et Justice, désormais dans l’opposition, pourraient aussi être tentés de raviver cette affaire vieille de près d’une décennie. «  », affirme Lukas Macek. Ministre de la Défense du gouvernement de Jaroslaw Kaczynski, Radosław Sikorski en avait claqué la porte en 2007. Depuis, les relations entre les deux hommes sont exécrables. FRONT DE L’EST Avec le chef de la diplomatie suédoise Carl Bildt, Radoslaw Sikorski avait été l'un des principaux initiateurs du Partenariat oriental, lancé par l’Union européenne vis-à-vis des anciennes Républiques socialistes soviétiques telles que l’Ukraine, la Géorgie ou la Moldavie. Soutien des autorités arrivées au pouvoir à Kiev après le renversement du président Viktor Ianoukovitch en 2014, il avait participé en tant que ministre des Affaires étrangères, aux côtés de ses homologues français et allemand, aux négociations entre le pouvoir et l’opposition lors de la révolution du Maidan. Engagé dans l’aide à l’Ukraine en guerre, il s’est déplacé près du front de l’Est pour emmener des véhicules aux unités de l'armée ukrainienne. «  », affirme l’ancien diplomate Pavel Latouchka, figure de l’opposition biélorusse en exil à Varsovie, qui l’a rencontré pour la première fois en 2007 lorsqu’il était ambassadeur de Biélorussie en Pologne. «  », poursuit le chef du groupe d’opposition biélorusse National Anti-Crisis Management. Excellent anglophone, doté d’une ambition européenne, Radoslaw Sikorski pourrait, après son mandat de ministre être tenté par d’autres horizons. « estime Valentin Behr, » À lire aussiPologne: Donald Tusk présente son discours de politique générale devant le Parlement https://www.rfi.fr/fr/europe/20231212-pologne-donald-tusk-présente-son-discours-de-politique-générale-devant-le-parlement

4m
Dec 17, 2023
Serbie: Aleksandar Vucic, maître du tempo politique

Dans une semaine exactement les électeurs serbes sont appelés à voter. Normalement, cette année il n’était question que d’élections municipales, mais après la dissolution du Parlement le 1er novembre 2023, et une année marquée par un important mouvement de protestation, les Serbes sont également appelés à voter dans le cadre d'élections législatives. Une décision prise par le président Aleksandar Vucic, moins de deux ans après les dernières élections. En agissant ainsi, le président serbe, en place depuis 2017, démontre encore une fois qu’il est le maître du tempo politique. Son parti devrait en toute logique s’imposer. Il faut dire qu’Aleksandar Vucic, qui est notre , a mis en place un système qui ne laisse aucune chance aux autres formations politiques. Il n’a que 53 ans, et pourtant Aleksandar Vucic est certainement la figure politique la plus ancrée et la plus importante en Serbie. Membre du parti radical serbe qu’il rejoint en 1993, nationaliste et conservateur, il entre au gouvernement dès 1998, en tant que ministre de l’Information. Il prend ensuite la tête de sa formation politique, devient député jusqu’en 2008. Exclu de son parti, il rejoint le SNS, le parti progressiste serbe, en 2008.  En 2012, il est nommé ministre de la Défense et vice-président du gouvernement, avant d’en prendre la présidence en 2014 jusqu’à son élection en tant que président de la République serbe en 2017.    ALLIANCES POLITIQUES ET CLIENTÉLISME Un parcours qui a permis à ce juriste de formation de mettre en place un système qui aujourd’hui fait encore ses preuves. « explique Florent Marciacq, docteur en sciences politiques, chercheur associé à l'Institut français des relations internationales et codirecteur de l'Observatoire des Balkans » Aleksandar Vucic a mis en place un système redoutable, avec près de 700 000 adhérents à son parti. Selon Florian Bieber, politologue et historien, spécialiste des conflits ethniques et du nationalisme dans les Balkans, il est sûr de se maintenir au pouvoir :« » Aleksandar Vucic utilise aussi les moyens de l’État pour mieux contrôler les électeurs. Il faut dire que c’est la quatrième fois depuis qu’il est président, donc depuis 2017, qu’il dissout l’Assemblée, ce qui fait que les Serbes vivent pour ainsi dire une campagne électorale permanente. Une campagne où il est omniprésent. « », indique Florian Bieber. UN SYSTÈME BIEN RÔDÉ Aleksandar Vucic, après le mouvement de protestation du mois de mai dernier qui dénonçait entre autres la violence dans la société serbe, des manifestations qui ont remis quelque peu en question sa gestion des affaires, veut retrouver toute son autorité, d’où ces élections. « », explique Florent Marciacq. Le système Vucic est donc bien rodé. Un système qui remet en cause les principes démocratiques en Serbie. Mais peu importe puisque cette année, comme lors des élections législatives précédentes, le Parti progressiste serbe devrait s’imposer avec un Aleksandar Vucic qui ressemble de plus en plus à un autocrate.

4m
Dec 10, 2023
Sadiq Khan, le maire de Londres fragilisé par sa politique anti-pollution

Il co-préside le C40, la coalition des villes qui veut profiter de la COP28 à Dubaï pour faire avancer la cause environnementale : le maire travailliste de Londres Sadiq Khan s’est imposé comme l’un des plus fervents avocats de la lutte contre la pollution automobile. Mais sa politique environnementale a un prix très lourd : des militants pro-voitures le menacent, à tel point que sa sécurité personnelle a dû être renforcée. Sa réélection l’année prochaine pourrait en être remise en cause. C’est en 2019 que la Zone de basse émission entre en vigueur dans le centre de Londres, objectif affiché par le maire de la capitale britannique : réduire le nombre de véhicules polluants en circulation et lutter ainsi contre la pollution de l’air. Le principe en est simple : tout véhicule considéré comme non conforme et trop polluant devra payer une taxe de 12 livres sterling par jour, environ 14 euros. Pour encourager les automobilistes à changer de voiture, une subvention de 2 000 livres (un peu plus de 2 300 euros) est prévue par la mairie. LA PREMIÈRE ULEZ https://www.rfi.fr/fr/europe/20231023-les-transports-londoniens-ciblés-par-la-belgique-pour-avoir-perçu-les-amendes-des-conducteurs-belges (Ultra Low Emission Zone) concernait le centre de la capitale britannique, mais l’été dernier, Sadiq Khan décide de l’étendre à la grande banlieue et donc à des zones où l’accès aux transports en commun n’est pas évident. La réaction est très violente : l’extension de la zone provoque une tempête politique majeure au Royaume-Uni et un déferlement de haine à l’encontre du maire de Londres.  «  », relève le journaliste Karl Mathieusen, qui a publié sur le site POLITICO https://www.politico.eu/article/london-mayor-sadiq-khan-cop28-climate-change-summit-clean-air-zone-cars-emissions/ une longue enquête consacrée au maire de Londres et à sa politique environnementale. «  » UN DOUBLE BOULEVERSEMENT Sadiq Khan est aujourd’hui reconnu comme l’un des maires les plus en pointe sur la lutte contre la pollution, et pourtant sa prise de conscience environnementale est venue tardivement. Avocat de formation, il s’intéresse d’abord, durant sa carrière, aux questions sociales et aux droits des minorités – mais assez peu à l’écologie, à tel point qu’il acquiert un véhicule tout-terrain pour se déplacer dans les rues de Londres. Tout change au mitan des années 2010, à la faveur de deux évènements qui vont bouleverser sa vie, et changer son regard sur les questions environnementales. « , raconte Karl Mathiesen » À écouter aussiL'Europe face au réchauffement climatique https://www.rfi.fr/fr/podcasts/accents-d-europe/20231129-l-europe-face-au-réchauffement-climatique Élu maire de Londres en 2016, Sadiq Khan va tout faire pour que la mort de la petite Ella soit reconnue officiellement comme ayant été provoquée par la pollution de l’air, une première au Royaume-Uni. Et il va faire de la lutte contre la pollution automobile l’une de ses grandes priorités. Une politique si contestée qu’à l’été dernier, elle provoque la défaite du candidat travailliste lors d’une élection partielle dans la banlieue de Londres – et ce alors que le parti conservateur est en pleine déconfiture. « relève l’universitaire Aurélien Antoine, directeur de l’Observatoire du Brexit.  » TOURMENTE POLITIQUE La défaite du candidat travailliste dans la circonscription d’Uxbridge, imputée au rejet de la Zone de basse émission, va avoir un impact national immense, avec un recul très net de la cause environnementale. Les travaillistes eux-mêmes reprochent à Sadiq Khan d’avoir maintenu l’extension de la zone, et les conservateurs au pouvoir s’en sont emparés comme d’un épouvantail absolu. «   note le journaliste Karl Mathiesen.  » Pris dans une tourmente politique majeure, Sadiq Khan voit sa cote de popularité plonger, mais il assume sa politique, affirmant qu’elle ne remettra pas en cause sa réélection à la mairie de Londres l’année prochaine. Le maire de Londres a beau ne jamais avoir perdu d’élection durant sa carrière politique, le scrutin sera observé avec beaucoup d’attention dans toutes les grandes villes européennes où la lutte contre la pollution automobile est devenu également un enjeu électoral. À lire aussiRoyaume-Uni: la ville de Nottingham entre dans la liste des cités en faillite https://www.rfi.fr/fr/europe/20231130-royaume-uni-la-ville-de-nottingham-entre-dans-la-liste-des-cités-en-faillite

4m
Dec 02, 2023
Geert Wilders, le tribun d’extrême droite au seuil du pouvoir aux Pays-Bas

C’est une très nette victoire de l’extrême-droite dans les urnes. Le PVV, le parti de Geert Wilders, est arrivé en tête des élections législatives mercredi 22 novembre en remportant 37 sièges sur les 150 de la chambre basse du Parlement néerlandais. Une victoire qui pourrait permettre au dirigeant populiste, aujourd’hui âgé de 60 ans, d’arriver au pouvoir, à condition bien sûr de parvenir à former une coalition. Geert Wilders et son Parti de la liberté (PVV) devenu la première force politique néerlandaise : c’est une première dans ce pays et c’est un évènement que personne n’avait anticipé. À commencer par les instituts de sondages qui avaient noté dans tous les derniers jours de campagne une dynamique en faveur de l’extrême droite, mais qui n’avaient pas vu venir cette victoire très large. Au lendemain du vote, c'est donc en effet une énorme surprise pour les observateurs de la scène politique néerlandaise. «»souffle le journaliste néerlandais Ariejan Korteweg, ancien correspondant à Paris du journal . « ». C’est surtout lors du scrutin de 2017, finalement remporté par le VVD de Mark Rutte, que l’attention s’était portée sur Geert Wilders, alors comparé à DONALD TRUMP https://www.rfi.fr/fr/tag/donald-trump/ – tant pour ses prises de positions radicales et son positionnement populiste que pour sa coiffure excentrique et peroxydée. Mais c’est bien en 2023 que le tribun d’extrême droite emporte la mise. Qu’est-ce qui aura changé dans l’intervalle ? Le fait que tous les partis du centre et de droite ont choisi de « durcir » leur discours et leur positionnement sur le grand cheval de bataille de l’extrême droite, à savoir l’immigration. Mais aussi une stratégie de dédiabolisation « à la néerlandaise » qui semble avoir pleinement fonctionné, et qui a permis à son parti de convaincre au-delà de sa base. «, explique Ariejan Korteweg À écouter aussiVictoire de l’extrême droite aux Pays-Bas : «L’immigration a poussé beaucoup d’électeurs à voter Wilders» https://www.rfi.fr/fr/podcasts/invité-international/20231123-victoire-de-l-extrême-droite-aux-pays-bas-l-immigration-a-poussé-beaucoup-d-électeurs-à-voter-wilders UN TON PLUS MODÉRÉ Geert Wilders a donc adopté un discours plus modéré – au point que certains l’ont affublé durant la campagne du sobriquet de (« Wilders léger » en anglais) ! Un changement notable pour ce polémiste qui avait habité les Néerlandais à des prises de position radicales, notamment à l’encontre de l’islam. Ses discours contre les musulmans, contre les migrants et les ressortissants d’origines étrangères lui ont valu à plusieurs reprises d’être poursuivi en justice, et de recevoir plusieurs menaces de mort, ce qui lui vaut de vivre sous escorte depuis des années. Mais, si son discours se fait plus modéré, son programme, lui, n’a pas changé. «  », pointe Christophe de Voogd, historien et président du Conseil scientifique de la Fondapol. « »  À lire aussiPays-Bas : début des délicates négociations en vue d’une coalition gouvernementale https://www.rfi.fr/fr/europe/20231123-pays-bas-victoire-du-parti-extrême-droite-de-geert-wilders-calculs-politiques-former-gouvernement TRACTATIONS DÉLICATES Ce programme anti-islam est bien connu des Néerlandais, mais cette fois, durant cette campagne électorale, Geert Wilders a plutôt insisté sur l’économie, sur le pouvoir d’achat, sur les difficultés du quotidien. «  », souligne Christophe de Voogd, «» Mais sera-t-il en mesure de mettre en œuvre ce programme radical ? Rien n’est moins sûr, car pour parvenir au pouvoir, Geert Wilders va devoir faire des concessions importantes. Avec 37 sièges, il est loin de la majorité nécessaire au Parlement, et il va devoir nouer des alliances. Ce devrait être aisé avec le Mouvement agriculteur-citoyens (7 sièges), mais plus ardu avec le Nouveau contrat social de Pieter Omtzigt (20 sièges) et le VVD, le parti de centre droit au pouvoir depuis 13 ans (24 sièges). Les tractations qui vont s’engager vont durer sans doute des semaines et elles seront suivies avec beaucoup d’attention en Europe. Car, si Geert Wilders parvient à former un gouvernement, cela aura également des répercussions au niveau européen : l’homme est en effet un farouche opposant à la construction européenne, et a même promis d’organiser un référendum sur le maintien de son pays au sein de l’UE. Même s’il reste aux portes du pouvoir, et même s’il échoue à enclencher le « Nexit », Geert Wilders avec cette victoire électorale aura en tout cas renforcé de façon éclatante le camp de l’extrême droite, à moins de sept mois des élections européennes.

4m
Nov 26, 2023
Carles Puigdemont, l’indépendantiste exilé devenu faiseur de roi en Espagne

Carles Puidgemont va pouvoir rentrer en Espagne en homme libre après six ans d’exil. Le dirigeant politique catalan va faire son retour dans son pays grâce à un accord signé avec le chef du gouvernement espagnol Pedro Sanchez. L’ancien président de la région de Catalogne va BÉNÉFICIER D’UNE AMNISTIE https://www.rfi.fr/fr/europe/20230905-espagne-carles-puigdemont-réclame-l-amnistie-en-échange-de-son-soutien-à-pedro-sanchez. Un retour fracassant qui a agité la vie politique espagnole ces derniers jours. Et c’est depuis Bruxelles, sa ville d’exil, que Carles Puidgemont a pu savourer cet instant devant la presse : enfin un billet retour pour l’Espagne. «  ». Carles Puidgemont était prêt à tout pour rentrer au pays. Maria Elisa Alonso est maître de conférence à l’université de Lorraine, spécialiste des partis politiques en Espagne. Elle n’est pas surprise par ce coup de poker. «  » BRUXELLES, BASE ARRIÈRE DE SA RÉSISTANCE Depuis six ans, Carles Puidgemont vit à Waterloo, au sud de Bruxelles. Il en fait le camp de base de sa résistance. Sa femme et ses deux filles font toujours l’aller-retour entre la Belgique et Gérone, en CATALOGNE https://www.rfi.fr/fr/tag/catalogne/, dont il a été le maire. Oriol de Balanzo est journaliste pour RAC1, la radio la plus écoutée de Catalogne. Il avait rencontré le leader indépendantiste 15 jours après sa fuite d’Espagne : «  » QUEL ACCUEIL DANS SON PAYS ? Pour l’instant, difficile d’imaginer un retour triomphal. L’indépendantisme est en perte de vitesse en Catalogne. Et signer un accord pour assurer la survie du pouvoir en place ne lui donne pas vraiment des points auprès des indépendantistes les plus radicaux, qui le traitent déjà de «  » Pour l’universitaire Maria Elisa Alonso, Carles Puidgemont prend énormément de risques avec ce compromis. «  » On ne sait pas encore ce que va faire Carles Puidgemont une fois rentré en Espagne. L’eurodéputé pourrait se représenter aux élections européennes de juin 2024. À presque 61 ans, il n’a renoncé à rien et son objectif ultime serait bien de reprendre la tête de la Catalogne. Maria Elisa Alonzo en est persuadée. «  » UN RETOUR AU PAYS QUI PRENDRA DU TEMPS L’autre question, c’est de savoir quand CARLES PUIDGEMONT POURRA REMETTRE LES PIEDS EN ESPAGNE https://www.rfi.fr/fr/podcasts/accents-d-europe/20231110-la-fin-du-blocus-politique-espagnol-devrait-signer-le-retour-de-carles-puigdemont. Il faut d’abord que la loi d’amnistie passe au parlement et que tous les recours judiciaires soient éteints. Et ça pourrait prendre beaucoup de temps, prédit le journaliste catalan Oriol de Balanzo. «  » La fin de l’exil n’est pas pour tout de suite. Un prochain référendum d’indépendance en Catalogne, non plus. Le sujet est renvoyé à de vagues discussions futures. Pour avoir une chance de revenir sur sa terre natale, Carles Puidgemont est prêt – au moins pour un temps – à mettre entre parenthèses le combat de sa vie. À lire aussiEspagne: rassemblement à Madrid contre l'amnistie en faveur des indépendantistes catalans https://www.rfi.fr/fr/europe/20231118-espagne-rassemblement-à-madrid-contre-l-amnistie-en-faveur-des-indépendantistes-catalans

4m
Nov 19, 2023
Özgür Özel, homme providentiel ou simple intérimaire à la tête de l’opposition turque?

Dimanche 5 novembre, les partisans du CHP (le parti républicain du peuple), principale formation de l’opposition en Turquie, ont décidé de changer de cap en choisissant Özgür Özel comme nouveau président de leur parti. Ce député de 49 ans, inconnu sur la scène internationale et à peine plus sur la scène politique turque, a désormais la tâche de redonner un nouvel élan à ce parti formé il y a cent ans par le père de la République turque, Mustafa Kemal Atatürk, mais aussi de retisser des liens avec les autres formations de l’opposition. L’évocation de son nom ne réveille pas de sentiment particulier. Özgür Özel, inconnu pour nombre d’experts de la politique turque, n’est pas un animal politique à proprement parler. Député et membre du CHP, le Parti républicain du peuple depuis 2011, et vice-président du groupe parlementaire du CHP à la Grande Assemblée nationale entre 2015 et juin 2023, ce pharmacien de profession, âgé de 49 ans, A POURTANT ÉTÉ ÉLU https://www.rfi.fr/fr/europe/20231105-turquie-özgür-özel-prend-les-rênes-du-chp-opposition pour diriger la principale formation de l’opposition turque. Une élection facilitée par le jeu des alliances, explique Didier Billion, directeur adjoint de l’Institut des relations internationales et stratégiques (Iris) et spécialiste de la Turquie et du Moyen-Orient : « » UN CHANGEMENT NÉCESSAIRE Plus à gauche que son prédécesseur Kemal Kılıçdaroğlu, Özgür Özel doit redonner une orientation politique à sa formation et rétablir la confiance avec les autres formations de l’opposition. Une confiance brisée lors de la campagne pour le second tour de l’élection présidentielle, détaille Jean Marcou, professeur à Sciences Po Grenoble et chercheur associé à l’Institut français d’études anatoliennes d’Istanbul, la faute au discours anti-immigration adopté par Kemal Kılıçdaroğlu : « » Après 13 années à la tête du CHP, des années marquées par les défaites électorales face à l’AKP de Recep Tayyip Erdogan, Kemal Kılıçdaroğlu n’était donc plus l’homme de la situation. Une opportunité qu’a su saisir Özgür Özel qui va désormais devoir s’attacher à convaincre les autres formations de l’opposition pour former à nouveau une coalition avant les élections municipales de 2024. Une mission qui s’annonce compliquée, estime Didier Billion : «» CHEF D’ORCHESTRE OU FUTUR CANDIDAT ? Özgür Özel est donc en quelque sorte celui qui a pour mission de fixer un nouveau cap à sa formation politique et de ressouder l’opposition autour de sa formation. Mais a-t-il la carrure d’un futur présidentiable ? Pour Jean Marcou, seules les prochaines échéances permettront de le savoir : « » D’ici là, Özgür Özel va pouvoir utiliser sa nouvelle fonction pour se faire connaître et développer un certain charisme. Et si d’aventure l’actuel maire d’Istanbul, Ekrem Imamoglu, n’est pas prolongé pour un nouveau mandat lors des élections municipales, il pourrait bien alors devenir le principal adversaire de l’indéboulonnable Recep Tayyip Erdogan.

4m
Nov 12, 2023
Alexeï Kouzmitchev, un discret mais puissant magnat russe

L’oligarque russe Alexeï Kouzmitchev a été mis en examen en France pour blanchiment de fraude fiscale. Il a été interpelé lundi 30 octobre dans le Var, ses propriétés à Paris et Saint-Tropez ont été perquisitionnées. La justice française cherche aussi à savoir s’il ne s’est pas soustrait aux sanctions européennes qui le visent. Le magnat a été placé sous contrôle judiciaire. Il a dû verser une caution de 8 millions d’euros et a pour interdiction de quitter le territoire français. L'Union européenne le considère comme « », qui entretiendrait des liens étroits avec le président russe Vladimir Poutine. Pour autant, contrairement à d’autres magnats russes, il reste une personnalité peu connue du public. Un homme très discret, qui donne peu d’interviews : le milliardaire au crâne chauve, âgé de 61 ans, protège sa vie personnelle. Tout juste sait-on que ce père de trois enfants est un amateur d’art contemporain. Co-fondateur en 1989 d’Alpha Group, l’un des plus grands conglomérats financiers et d’investissement privés de Russie, puis, en 2013, du fonds d’investissement Lettre One, dont le siège est au Luxembourg, Alexeï Kouzmitchev est beaucoup moins dans la lumière que ses partenaires commerciaux Mikhail Fridman, German Khan et Piotr Aven. «» note l’économiste Serguei Aleksashenko, ancien vice-ministre de l’Économie et gouverneur adjoint de la Banque centrale de la Fédération de Russie dans les années 1990, aujourd’hui exilé aux États-Unis, qui connaît les trois autres coactionnaires du groupe Alpha. « complète l’ancien haut fonctionnaire russe. «» raconte l’opposant en exil Vladimir Milov, qui a été vice-ministre de l’Énergie au tout début des années 2000 et dit l’avoir brièvement croisé il y a une vingtaine d’années. Quant à ses supposés liens «» avec le président russe - tel que cela figure dans le  ils ne sont, en tout cas, pas publics. « », déclare un homme d’affaires qui le connaît, sous couvert d’anonymat, AU JOURNAL RUSSE EN LIGNE MEDUZA https://meduza.io/feature/2023/11/02/dlya-takih-kak-my-tam-zhizni-net. PERSONNAGE SECRET  C’est lors de ses études à l’Institut de l’Acier et des Alliages de Moscou, dans les années 1980, qu’Alexeï Kouzmitchev fait la connaissance de Mikhail Fridman et German Khan, avec lesquels il fondera Alpha Group. Ces derniers, visés par les sanctions européennes et britanniques, ont fini par rentrer de Londres à Moscou. Alexeï Kouzmitchev a, lui, fait le choix de rester en France, ayant des attaches dans l’Hexagone. En avril 2020, en pleine épidémie de Covid, il finance le transport de 25 tonnes de matériel médical venu de Chine vers la ville de Nice, SELON UN COMMUNIQUÉ DE FLYTRANS https://flytrans.com/actualites/boeing-777-300-affrete-pour-la-ville-de-nice. Le magnat russe possède un hôtel particulier à Paris, une villa à Saint-Tropez, et deux yachts amarrés sur la Côte d’Azur, gelés et saisis, mais pour lesquels il a engagé des actions en justice et partiellement obtenu gain de cause.   «» affirme Peter Rutland, spécialiste de la Russie à l’université Wesleyenne (Connecticut). Alexeï Kouzmitchev fait partie d’une minorité, «», soutient cet auteur d’un ouvrage sur les élites économiques russes (« Business And State In Contemporary Russia »). L’oligarque, qui se trouvait en France au moment où l’Union européenne l’a placé sur la liste des personnes sanctionnées, le 15 mars 2022, est resté très prudent dans ses commentaires sur l’invasion russe en Ukraine, affirmant, dans un entretien à , que sa mère était originaire d’Ukraine, qu’il y avait des amis et que la guerre Mais dénoncer la guerre du bout des lèvres ne fait pas de lui un opposant. «  affirme Vladimir Milov.   LE MÉDIA EN LIGNE RUSSE D’INVESTIGATION https://www.proekt.media/en/guide-en/russian-war-oligarchs-en, classé «  » par Moscou, a publié les noms de 81 hommes d’affaires russes qui participent d’une manière ou d’une autre au financement du conflit en Ukraine. Alexeï Kouzmitchev y figure au même titre que les autres actionnaires d’Alpha Bank. « », détaille l’un des auteurs de l’enquête Vitaly Soldatskikh. Suite à la publication de sa liste d’oligarques sponsors de la guerre, la rédaction de a reçu un courrier d’Alfa Bank indiquant que les actionnaires cités dans l’article, y compris Alexei Kouzmitchev, étaient sortis du capital d’Alfa Bank, un mois après le début de l’invasion à grande échelle de l’Ukraine par la Russie. «»note Vitaly Soldatskikh.   SANCTIONS OCCIDENTALES  Inscrit sur la liste des personnes ciblées par les sanctions européennes, dans les premières semaines après le déclenchement de l’invasion russe de l’Ukraine, Alexeï Kouzmitchev a lancé une procédure pour faire annuler les sanctions européennes qui le visent. En septembre, trois hommes d’affaires russes, dont Alexandre Choulguine, le patron d’Ozon, « l’Amazon russe », ont obtenu de l’UE la levée de ces sanctions.   Après son interpellation en France, le Kremlin a fait savoir qu’il était prêt à aider son ressortissant à «» Vladimir Milov n’exclut pas que le pouvoir russe cherche à le faire rapatrier, rappelant que les autorités sont «» et «» Cette affaire peut aussi servir à «» établis à l’étranger, selon l’opposant. L’économiste Sergueï Aleksashenko estime, pour sa part, que le magnat russe arrêté en France pourrait être inclus, à l’avenir, dans un «». Pour autant, il y a peu de chances que le Kremlin fasse beaucoup de publicité à cette affaire. «», note Peter Rutland, estimant que «». 

4m
Nov 05, 2023
Christiane Benner, nouvelle patronne du premier syndicat d'Allemagne

Christiane Benner est le nouveau visage d’IG Metall. C'est la première fois qu'une femme prend la tête du premier syndicat d'Allemagne et le plus important du monde. Dans une industrie allemande en crise et face à la montée de l’extrême-droite, sa feuille de route est bien remplie. IG Metall, c’est plus de 2 millions d’adhérents et beaucoup de « métallos », à 80% des hommes qui manient la fraise ou le fer à souder dans les usines. Christiane Benner détonne dans cet univers très masculin. Elle a débuté comme secrétaire multilingue chez un fabricant de machines avant de monter un à un les échelons du syndicat. Elle a été ÉLUE LUNDI DERNIER À LA TÊTE D’IG METALL LORS DU CONGRÈS DU SYNDICAT https://www.rfi.fr/fr/europe/20231020-christiane-benner-première-femme-à-la-tête-du-plus-grand-syndicat-allemand à Francfort. «», a-t-elle déclaré. UNE PRÉSIDENTE POPULAIRE Christiane Benner a été élue avec un score impressionnant : 96% des voix. Populaire auprès de ses troupes, mais aussi au-delà des frontières de l’Allemagne. Caroline Blot est tombée sous le charme. Elle est secrétaire fédérale CFDT Métallurgie en charge de l’Europe et elle a assisté à l’élection de Christiane Benner à Francfort. «», se souvient Caroline Blot. «» UN LONG CHEMIN JUSQU’À LA TÊTE D’IG METALL À 55 ans, cette ancienne handballeuse a eu l’habitude d’être la seule femme dans un monde d’hommes. Une force de caractère forgée dans son enfance, comme nous le raconte Michael Dreier, avocat allemand spécialiste en conflits sociaux. «», rappelle l'avocat, qui poursuit : «» PERSONNALITÉ TRÈS POLITIQUE Si elle veut réduire les écarts de salaire, Christiane Benner a aussi un combat plus politique, contre l’extrême-droite. Christiane Benner est membre du parti social-démocrate d’Olaf Scholz. Quelle est sa proximité avec le chancelier allemand et est-ce une chance dans son rapport de force avec le gouvernement ? », souligne Michael Dreier. « La syndicaliste française Caroline Blot y voit aussi une chance pour Christiane Benner qui pourra influer de l’intérieur. «», explique-t-elle. «» Christiane Benner devra naviguer dans un secteur en pleine période de turbulences, face à la transition énergétique et numérique. Mais IG Metall reste attractif : le syndicat a gagné de nouveaux membres l’an dernier et il est déjà implanté dans la future usine Tesla du pays. Un futur combat homérique à venir entre la nouvelle figure des métallos et Elon Musk.

3m
Oct 29, 2023
Salomé Zourabichvili, une présidente géorgienne en résistance face à la Russie

C’est la plus française des chefs d’État étrangers. La présidente de la Géorgie – ancien pays soviétique de près de 4 millions d’habitants – est engagée dans un bras de fer avec son gouvernement pro-russe. Salomé Zourabichvili a échappé cette semaine à sa destitution réclamée par le parti au pouvoir. La France est sa première patrie, ses grands-parents et son père y ont fui l'invasion soviétique de 1921. Salomé Zourabichvili fera une carrière diplomatique fulgurante, elle enchaîne les postes à l'étranger avant d'être nommée en 2003 ambassadrice de France en Géorgie. Quinze ans plus tard, la fille de Géorgiens exilés est élue présidente de Géorgie. Mais aujourd'hui, elle vit une cohabitation plus que difficile avec son ancien allié devenu son principal opposant : Irakli Garibachvili. Le Premier ministre défend un rapprochement avec la Russie. C’est lui qui a la majorité au Parlement, lui qui a le plus de pouvoir. Alors Salomé Zourabichvili est-elle pieds et poings liés ? « », explique Tornike Gordadze, professeur à Sciences Po Paris et ancien ministre géorgien. Une présidente presque sans pouvoirs et un gouvernement qui multiplie les gestes envers la Russie malgré la guerre en Ukraine. Pas de sanctions économiques contre Moscou, retour des vols directs entre les deux pays… Tout l’inverse du reste de l’Europe occidentale. Cette influence pro-russe, Salomé Zourabichvili l’a dénoncée dès 2019 lors d’un mouvement de protestations contre Moscou. « », déclarait-elle sur l’antenne d’Euronews au moment de ces manifestations. UN COMBAT PRO-EUROPÉEN Salomé Zourabichvili a pu lancer le processus d’adhésion à l’Union européenne. Bruxelles dira en décembre si sa candidature est retenue. Une décision hautement stratégique. Pour l’observateur Tornike Gordadze, l’UE ne prendra pas le risque de voir la Géorgie s’éloigner du camp européen. « », précise l'ancien ministre. Les prochaines élections législatives en 2024 seront cruciales. Encore faut-il que l’opposition parvienne à se rassembler et que le scrutin soit propre. «  », souligne Tornike Gordadze. À 71 ans, Salomé Zourabichvili n’est pas candidate à sa succession, mais son combat pro-européen reste soutenu par plus de 80% de la population.

3m
Oct 21, 2023
Nikol Pachinian, un Premier ministre face à la défaite du Haut-Karabakh

Après la capitulation des autorités du Haut-Karabakh, région enclavée au sein de l’Azerbaïdjan, le Premier ministre arménien Nikol Pachinian s’est retrouvé sous le feu des critiques dans son pays. La rue et l’opposition exigent sa démission pour avoir « trahi les intérêts du peuple arménien », selon ses détracteurs. Le dirigeant arménien avait pourtant été adulé en 2018 lors de la « révolution de velours ». Il est aujourd’hui détesté.  Coincé, sous pression, NIKOL PACHINIAN https://www.rfi.fr/fr/tag/nikol-pachinian/ n’entend pourtant pas céder aux appels à la démission. Le Premier ministre arménien n’a pas envoyé de troupes pour porter secours au HAUT-KARABAKH https://www.rfi.fr/fr/tag/haut-karabakh/ lors de l’offensive azerbaïdjanaise le 19 septembre. Et la rue le lui reproche. Mais malgré la contestation, il tient à son fauteuil de Premier ministre : «  », a-t-il déclaré le 4 octobre devant le Parlement arménien. À 48 ans, Nikol Pachinian incarne une nouvelle génération de dirigeants arméniens qui ont peu connu l’Union soviétique. Ancien journaliste politique, sans expérience militaire, il a surtout fait de la lutte contre la corruption son cheval de bataille. Un profil qui dénote avec ses prédécesseurs, souligne Jean de Gliniasty, ancien ambassadeur de France en Russie et directeur de recherche à l’Institut de relations internationales et stratégiques (Ifri) : «  » C’est pourtant lui qui est tenu responsable de l’impasse actuelle par une majorité des Arméniens. FRAGILISÉ PAR LA CHUTE DU HAUT-KARABAKH Depuis la chute du Haut-Karabakh, la situation politique à Erevan est incertaine, et Nikol Pachinian fragilisé : «  », relève Gaïdz Minassian, journaliste au Monde et enseignant à Sciences Po. «   » À lire aussiLa crise du Haut-Karabakh en cinq questions https://www.rfi.fr/fr/connaissances/20230929-la-crise-du-haut-karabakh-en-cinq-questions Comment sortir du fiasco pour Nikol Pachinian ? Par la paix avec Bakou ? Mais peut-il conclure un accord avec son adversaire azerbaïdjanais, le président Ilham Aliev ? Les deux dirigeants sont censés se retrouver d'ici à la fin octobre pour des négociations sous l’égide de l’Union européenne. «  », explique Gaïdz Minassian. «  ?» SUR QUELLES ALLIANCES COMPTER ? Pour enfin parvenir à la paix, Nikol Pachinian a besoin d’un soutien extérieur. Mais il ne croit plus à l’alliance historique avec la Russie, qu’il accuse de n’avoir rien fait pour empêcher la victoire de l’Azerbaïdjan au Karabakh. Alors vers qui d’autre se tourner ? Les Européens semblent trop concentrés sur le front ukrainien pour éparpiller leurs forces dans le Caucase. Surtout, ils ne sont pas pressés de renoncer au gaz azerbaïdjanais. «   », pointe Jean de Gliniasty (Ifri). «  » L’Arménie est confrontée à des menaces sécuritaires constantes. Après le Haut-Karabakh, le pays craint d’être la prochaine cible de Bakou. Alors faute d’un concurrent sérieux capable de l’évincer du pouvoir, Nikol Pachinian continue à endosser le poids de la résistance arménienne. À écouter aussiGéopolitique, le débat - Caucase: théâtre d'un grand jeu https://www.rfi.fr/fr/podcasts/géopolitique/20231008-caucase-théâtre-d-un-grand-jeu

3m
Oct 14, 2023
Jaroslaw Kaczynski, le marionnettiste des conservateurs polonais

Dans une semaine, le dimanche 15 octobre, les électeurs polonais sont appelés à voter dans le cadre des élections législatives. Un scrutin qui pourrait permettre au PiS, le parti Droit et Justice, qui dirige le pays depuis 2015, de conserver le pouvoir. Créditée de plus de 35 % d’intentions de vote, soit moins que lors des précédentes législatives, cette formation emmenée par Jaroslaw Kaczynski pourrait s’allier à l’extrême droite pour former un gouvernement s’il n’obtient pas la majorité à lui seul. Après une campagne électorale marquée par un tournant encore plus à droite du PiS qui n’a de cesse de polariser une société polonaise déjà divisée, Jaroslaw Kaczynski pourrait bien devenir le prochain Premier ministre, à moins qu’il préfère rester dans l’ombre. Il est difficile de parler de Jaroslaw Kaczynski sans évoquer son frère jumeau Lech Kaczynski, avec qui il a construit sa carrière politique et surtout sans évoquer le décès de ce dernier, le 10 avril 2010. Une disparition qui a donné une nouvelle orientation à cette figure politique qui avait un temps travaillé avec Lech Walesa estime Frédéric Zalewski, maître de conférences en science politique à l’Université Paris-Nanterre et chercheur à l’ISP (Institut des sciences sociales du politique). «» Les archives de RFILe président polonais Lech Kaczynski tué dans l'accident de son avion https://www.rfi.fr/fr/europe/20100410-le-president-polonais-lech-kaczynski-tue-accident-son-avion L’HOMME QUI TIRE LES FICELLES Après cette mort tragique, Jaroslaw Kaczynski, qui n’a jamais occupé le devant de la scène, va se révéler dans un nouveau rôle, celui de chef d’orchestre, un homme de l’ombre, comme le détaille Jean-Yves Potel, universitaire, écrivain et grand spécialiste de la Pologne. «» UN DISCOURS DE PLUS EN PLUS EN CONSERVATEUR ET EUROSCEPTIQUE Et c’est dans ce rôle de marionnettiste que Jaroslaw Kaczynski se révèle être un maître qui n’hésite pas à faire évoluer le discours de sa formation politique pour conserver la main sur le pouvoir. Un discours de plus en plus conservateur, estime Frédéric Zalewski. «» À lire aussiDonald Tusk, l’homme par qui le changement en Pologne peut arriver https://www.rfi.fr/fr/podcasts/européen-de-la-semaine/20230930-donald-tusk-l-homme-par-qui-le-changement-en-pologne-peut-arriver LA DERNIÈRE CAMPAGNE ÉLECTORALE AVANT DE SE RETIRER ? Pour cet homme de l’ombre, ces élections législatives pourraient bien être les dernières. À 74 ans, et même s’il est célibataire et sans enfants, Jaroslaw Kaczynski pourrait quitter la scène politique en cas de déconvenue. Une éventualité que n’envisage pas Jean-Yves Potel. « » Il faudra donc compter sur Jaroslaw Kaczynski, quelle que soit l’issue du scrutin du dimanche 15 octobre. Car il n’y a pas de limite d’âge pour continuer à travailler dans l’ombre et faire en sorte que son parti reste la principale force politique en Pologne.

3m
Oct 07, 2023
Donald Tusk, l’homme par qui le changement en Pologne peut arriver

Le 15 octobre prochain se tiennent des élections législatives en Pologne. Un scrutin qui sera observé par le reste des pays de l’Union européenne puisque le PiS, le Parti droit et pouvoir, une formation conservatrice et eurosceptique, accusée de bafouer l’État de droit et qui est au pouvoir de manière continue depuis 2015, pourrait l’emporter si l’on s’en tient aux derniers sondages. Mais c’est sans compter sur l’ancien président du Conseil des ministres et président du Conseil européen Donald Tusk, chef de fil du KO, la coalition civique, qu’il dirige depuis son retour à la politique nationale en 2021, et qui fait figure d’outsider pour ce scrutin. Malgré une campagne très agressive à son encontre et des chances très minimes de l’emporter, ce politicien chevronné pourrait bien tirer son épingle du jeu. Il est né à Gdansk, là où le combat politique pour le retour à la démocratie a débuté en Pologne en 1980. Et c’est là que cet historien de formation, père de deux enfants, a décidé de se lancer en politique, explique Jérôme Heurtaux : UN HOMME DE DROITE, MAIS LIBÉRAL ET PRO-EUROPÉEN Donald Tusk a très vite forgé ses convictions politiques, explique le politologue, spécialiste des changements de régime en Europe post-communiste, actuellement maître de conférences à l’Université Paris-Dauphine : «  Donald Tusk a gravi tous les échelons politiques. Il a participé en 1990 à la fondation du KLD, le Congrès libéral-démocrate, dont il prendra la présidence un an plus tard. Élu député, puis sénateur, il quitte cette formation pour rejoindre les rangs du PO, la Plate-forme civique en 2001. Après un échec lors de la présidentielle de 2005, il devient président du Conseil des ministres deux ans plus tard. Un poste qu’il va occuper jusqu’en 2014 et sa désignation comme président du Conseil européen. Une personnalité qui continue d’être plébiscitée dans son pays malgré son absence sur la scène politique polonaise, détaille Krzysztof Soloch, professeur à l'université Paris-Sorbonne, spécialiste de l'Europe centrale et de l'Europe du Nord : «» UN RETOUR SUR LA SCÈNE POLITIQUE POLONAISE RÉUSSI Ce retour sur la scène politique nationale et surtout le fait qu’il continue de séduire les électeurs est peu banal, estime Jérôme Heurtaux :«» UN RETOUR AU POUVOIR GRÂCE AU JEU DES ALLIANCES ? Et ce retour réussi a provoqué de la part des médias proche du PiS, le parti Droit et Pouvoir qui dirige la Pologne depuis 2015, une véritable campagne de dénigrement. Une campagne également véhiculée par des médias publics à la solde du gouvernement, comme le détaille la plupart des spécialistes de ce pays d’Europe de l’Est. Et malgré ça, cet européen convaincu qui prêche notamment pour un retour de l’État de droit, pourrait bien créer la surprise, même si sa coalition compte dix points de retard sur le PiS selon les derniers sondages. C’est en tout cas l’avis de Krzysztof Soloch : Donald Tusk le sait, à 66 ans, il s’agit peut-être de sa dernière opportunité pour revenir au pouvoir, même s’il s’est toujours engagé à combattre les idées véhiculées par le parti Droit et Justice. Des idées qui n’ont pas leur place dans l’Union européenne, estime-t-il.

3m
Sep 30, 2023
Slovaquie: Robert Fico, l'ex-Premier ministre à la campagne pro-russe

Les Slovaques renouvelleront leur Parlement dimanche 30 septembre. Le parti Smer-SD de Robert Fico reste en tête des intentions de vote, talonné par le parti libéral Slovaquie progressiste. L’ancien Premier ministre, poussé à la démission en 2018, pourrait faire son grand retour. Il a fait campagne avec un programme pro-russe et promet de mettre fin au soutien militaire à son voisin ukrainien. Si le parti Smer-SD fait la course en tête, d’après les sondages, il ne sera pas en mesure de gouverner seul. La question des alliances qu’il pourrait former reste en suspens. « », affirme Aneta Vilagi, analyste politique à l’université Comenius de Bratislava. L’ancien Premier ministre, à la tête d’un parti officiellement social-démocrate, pourrait avoir besoin des électeurs d’extrême droite pour retrouver le pouvoir. Il n’exclut pas de s’allier avec Republika, un parti fondé en 2021 par Milan Uhrik qui défend une idéologie d’extrême droite, voire néo-fasciste. De son côté, le Parti national slovaque (SNS) d’Andrej Danko, a déjà participé à des coalitions gouvernementales avec Robert Fico. «»pronostique le directeur de l’Institut des Affaires publiques de Bratislava, Grigorij Meseznikov. «»maître de conférences en histoire de l'Europe centrale contemporaine à l’université Paris I-Sorbonne. À la tête du gouvernement slovaque à trois reprises de 2006 à 2010 puis de 2012 à 2018, il a été contraint de démissionner après les manifestations massives qui ont suivi l’assassinat du journaliste d'investigation Jan Kuciak et de sa fiancée. Ce dernier enquêtait sur les soupçons de fraude aux subventions européennes organisées par la mafia calabraise en Slovaquie avec l’aide de proches du gouvernement. À lire aussiSlovaquie : le meurtre du journaliste Jan Kuciak marque l'élection présidentielle https://www.rfi.fr/fr/europe/20190316-slovaquie-premier-tour-election-presidentielle-caputova-sefcovic-kiska-kuciak Plusieurs proches de Robert Fico ont été inquiétés par la justice. Lui-même a été mis en examen pour « formation d’un groupe criminel organisé » et même si les poursuites semblent aujourd’hui arrêtées, «» explique Grigorij Meseznikov«», avance le directeur de l’Institut des Affaires publiques de Bratislava. UN «  » Les déboires de 2018 semblent aujourd’hui bien lointains. Fin politicien auquel on prête des goûts de luxe, Robert Fico se retrouve à nouveau en tête de la course électorale. Ce juriste de formation de 59 ans, qui a commencé sa carrière politique au sein du Parti communiste tchécoslovaque juste avant la chute du Mur de Berlin, suscite depuis longtemps des sentiments contradictoires. Populiste, opportuniste, autoritaire, revanchard, mais aussi intelligent, tacticien ou fin politicien. Telles sont les images qui viennent à l’esprit des observateurs. «», ironise Alain Soubigou, qui décèle en lui, avant tout, «» Tout comme le Premier ministre hongrois dans son pays, Robert Fico se pose en défenseur des valeurs chrétiennes et s’oppose à la répartition des demandeurs d’asile. Durant la crise du Covid, il s’est affiché en champion des antivax. Il est aussi ouvertement pro-russe, allant même jusqu’à s’engager à « » et critique régulièrement l’Union européenne. Il n’en a pas toujours été ainsi, souligne Aneta Vilagi : « »   À lire aussiLégislatives en Slovaquie : retour en grâce de l'ex-Premier ministre populiste et pro-Kremlin Robert Fico https://www.rfi.fr/fr/europe/20230918-législatives-en-slovaquie-retour-en-grâce-de-l-ex-premier-ministre-populiste-et-pro-kremlin-robert-fico Robert Fico surfe sur le mécontentement des Slovaques devant un taux d’inflation le plus élevé de la zone euro, qu’il impute aux sanctions économiques contre la Russie, fournisseur traditionnel de gaz et de pétrole de la Slovaquie. Il s’appuie aussi sur le sentiment pro-russe d’une partie de la population. Selon un sondage Globsec, 40% des Slovaques estiment que la Russie est responsable de la guerre actuelle et 34% considèrent que le conflit est le résultat d’une provocation de l’Occident. Robert Fico affiche aussi un anti-américanisme virulent. Il accuse régulièrement la présidente Zuzana Caputova d’être une « », comme lors d'un rassemblement dans le centre du pays où juste avant sa prise de parole, son vice-président avait fait scander à la foule l’injure : « ». Lui-même était intervenu à la tribune en lançant, »« » souligne Grigorij Meseznikov. Face aux attaques récurrentes du politicien au langage fleuri et à la carrure de boxeur, la présidente slovaque a fini par porter plainte pour diffamation.

3m
Sep 23, 2023
Ursula von der Leyen en route pour un nouveau mandat?

Ursula von der Leyen sera-t-elle candidate pour un second mandat à la tête de la Commission européenne ? À neuf mois des élections européennes, l’ancienne ministre d’Angela Merkel n’a donné aucun indice sur ses intentions. Mais, lors du discours sur l’état de l’Union européenne prononcé mercredi 13 septembre à Strasbourg devant les eurodéputés, elle a vigoureusement défendu son bilan et donné des gages à la droite européenne. Tailleur, brushing impeccable, ton grave et diction parfaite. Ursula von der Leyen prononce ce qui sera son dernier discours sur l’état de l’Union avant les élections européennes et en profite pour dresser le bilan, forcément élogieux, de son premier mandat. «   Même ses adversaires en conviennent : le parcours d’Ursula von der Leyen depuis 2019 est impressionnant. Il faut dire qu’avec le Covid et la guerre en Ukraine, elle aura traversé deux crises majeures en quatre ans. « , note Sébastien Maillard, conseiller spécial à l’Institut Jacques Delors.. . » À lire aussiUkraine, environnement, IA: ce qu’il faut retenir du discours sur l’état de l’Union d’Ursula von der Leyen https://www.rfi.fr/fr/europe/20230913-union-européenne-pour-ursula-von-der-leyen-l-ukraine-a-réalisé-de-grandes-avancées-sur-la-voie-de-son-adhésion ISOLEMENT ET CENTRALISME Il y a le bilan, mais il y a aussi le style, avec un goût marqué pour la communication et une tendance, souvent pointée par ses critiques, à tout centraliser. «, relève Eric Maurice, de la Fondation Robert Schumann. Ursula von der Leyen sera-t-elle candidate pour un nouveau mandat ? Il lui faudra pour cela franchir plusieurs étapes. D’abord, juste après les élections européennes en juin prochain, ce sont les chefs d'État et de gouvernement au sein du Conseil européen qui vont devoir la choisir. À charge pour elle de les convaincre de son bilan et de sa capacité à poursuivre son action. Pour Sébastien Maillard, elle part sur ce chapitre avec un sacré avantage : le soutien,  , de la France et de l’Allemagne. «, » À lire aussiUE: Von der Leyen présente son «Pacte vert» face aux défis climatiques https://www.rfi.fr/fr/europe/20191211-von-der-leyen-presente-pacte-vert-defis-climatiques BARRE À DROITE ? Pour être reconduite à son poste, Ursula von der Leyen devra obtenir également le feu vert du Parlement. Ce sera une rude épreuve, car l’ancienne ministre d’Angela Merkel n’est même pas assurée du soutien de son propre parti. «  souligne Eric Maurice, de la Fondation Robert Schuman. »  C’est d’ailleurs la grande crainte des partisans du Pacte Vert et de la transition énergétique européenne : voir la Commission se détourner de ces objectifs environnementaux afin de conserver le soutien d’un Parlement européen qui risque de pencher encore plus à droite, à l’issue des prochaines élections.

3m
Sep 16, 2023
Ukraine: Roustem Oumerov, un «incorruptible» au ministère de la Défense

Il a promis de récupérer « chaque centimètre » de la terre ukrainienne. Nommé par Volodymyr Zelensky, Roustem Oumerov a remplacé cette semaine Oleksiy Reznikov à la tête du ministère de la Défense. Originaire de Crimée, fin négociateur, réputé « incorruptible », il aura pour tâche principale de redorer le blason d’un ministère miné par les scandales de corruption. Surfacturation massive de produits alimentaires destinés à l’armée, pots-de-vin, prix gonflés pour l’achat d'uniformes auprès d’une société turque appartenant au neveu d'un député ukrainien : Roustem Oumerov prend la tête d’un ministère qui nécessite un grand ménage. « », souligne le politologue ukrainien Volodymyr Fessenko. «». Sa nomination a été approuvée jusque dans les cercles de la société civile peu tendres avec le pouvoir. «», commente Daria Kaleniuk, à la tête du Centre d’action anticorruption AntAC à Kiev, qui confie que de tous les officiels ukrainiens avec lesquels elle a pu échanger au sujet de la guerre, Roustem Oumerov est celui qui l’a    Député du parti libéral d’opposition Holos entre 2019 et 2022, le nouveau ministre de la Défense a été à la tête de la commission parlementaire chargée de contrôler les livraisons d’armes occidentales. Il s’y est forgé une réputation de militant anti-corruption qu’il a consolidée en tant que directeur du Fonds des biens d’État, le principal fonds de privatisation du pays. Durant l’année écoulée, «» note Daria Kaleniuk, qui affirme avoir suivi de près son action. «». À écouter aussiCorruption en Ukraine: «Avant la guerre, il y avait un problème systémique» https://www.rfi.fr/fr/podcasts/invité-international/20230904-corruption-en-ukraine-avant-la-guerre-il-y-avait-un-problème-systémique NÉGOCIATEUR TALENTUEUX Avant de se lancer en politique, le nouveau ministre de la Défense a fait carrière, à partir de 2004, dans l’industrie des télécommunications. Il a créé la société d'investissement ASTEM Technologies. Avec sa fondation caritative, qui soutient un programme de l'université de Stanford, conçu pour former des dirigeants, des avocats ou des hommes d’affaires ukrainiens, Roustem Oumerov a tissé des liens aux États-Unis.  Le nouveau ministre de la Défense s’est fixé cinq priorités, parmi lesquelles le renforcement et l’élargissement de la coalition internationale, avec la recherche de nouveaux alliés, la lutte contre la corruption et le développement de l’industrie militaire ukrainienne.   Parlant couramment l’ukrainien, le russe, l’anglais, le turc et le tatar, il est aussi décrit comme un fin négociateur. Discussions avec la partie russe en mars 2022 en Turquie, préparation de l’accord céréalier ou encore négociations qui ont abouti à des échanges de prisonniers de guerre : le rôle de Roustem Oumerov est souligné. «», souligne Volodymyr Fessenko. Le ministre de la Défense aurait ses entrées auprès du prince héritier saoudien, Mohammed ben Salman. Il a accompagné Volodymyr Zelensky en mai en Arabie saoudite et a pris part aux négociations de paix de Jedda, les 5 et 6 août. TATARS DE CRIMÉE Agé de 41 ans, musulman, Roustem Oumerov est né en Ouzbékistan soviétique, dans une famille de Tatars de Crimée déportée de la péninsule sur ordre de Staline. Diplômé de l'internat pour enfants surdoués du ministère de l'Éducation et de la Science de Crimée, il a, plus tard, travaillé pendant de nombreuses années au côté de Mustafa Djemilev, le chef historique des Tatars de Crimée. « »disait-il en mai 2022. La nomination au ministère de la Défense d’un membre issu de cette communauté est un signal fort envoyé à tous ceux souhaiteraient pousser l’Ukraine à faire des compromis sur la question de la péninsule annexée par la Russie en 2014. Elle envoie le message que «», note Voldymyr Fessenko «», analyse Darya Kaleniuk À lire aussiLes Tatars de Crimée sous une pression accrue depuis «l’opération spéciale» en Ukraine https://www.rfi.fr/fr/europe/20230906-les-tatars-de-crimée-sous-une-pression-accrue-depuis-l-opération-spéciale-en-ukraine

3m
Sep 09, 2023
Vladimir Kara-Mourza, premier opposant condamné en Russie pour haute trahison

Lundi 17 avril 2023, Vladimir Kara-Mourza a été condamné à 25 ans de colonie pénitentiaire par la justice russe après ce que l’on peut qualifier de parodie de procès. C’est la peine que réclamait le parquet russe pour cet opposant notoire, poursuivi pour haute trahison, diffusion de fausses informations sur l’armée russe et également pour travail illégal pour une organisation qualifiée d’indésirable. Vladimir Kara-Mourza, qui a déjà été empoisonné à deux reprises en 2015 et 2017, des tentatives d’assassinats qui sont attribuées au pouvoir russe, a fait face à une justice russe qui démontre depuis des mois, et même des années, que l’État de droit n’existe plus en Russie. Depuis le début de l’offensive russe en Ukraine, peu sont ceux qui osent encore braver les interdits et crier haut et fort leur rejet d’une guerre injustifiée. Vladimir Kara-Mourza en fait partie. Ce jeune opposant de 41 ans, père de trois enfants, est resté en Russie après le déclenchement de l’offensive, malgré les risques que cela impliquait, et ce, alors que sa femme et ses enfants vivent aux États-Unis. Marie Mendras, politologue au CNRS et professeur à Sciences Po Paris, explique pourquoi cet ancien journaliste a souhaité continuer à mener son combat dans son pays malgré les menaces : «» LE PREMIER OPPOSANT CONDAMNÉ POUR HAUTE TRAHISON Vladimir Kara-Mourza, qui a joué un rôle clef dans l’adoption en2012 aux États-Unis de la loi Magnitski, est considéré comme un ennemi par le régime de Vladimir Poutine. Et après avoir critiqué les autorités russes et l’armée suite au déclenchement de l’invasion en Ukraine, le Kremlin a semble-t-il décidé de s’acharner contre lui, comme le détaille Gilles Favarel-Garrigues, directeur de recherche au CNRS (et auteur du livre ) : « » À lire aussiRussie : Alexeï Navalny, le «masque de fer» de Vladimir Poutine https://www.rfi.fr/fr/podcasts/européen-de-la-semaine/20230708-russie-alexeï-navalny-le-masque-de-fer-de-vladimir-poutine Celui que l’on surnomme parfois « l’opposant numéro 2 », après Alexeï Navalny, est depuis le 17 avril le premier opposant à être condamné pour haute trahison. Le parquet russe l'a condamné à 25ans de prison. Et malgré ce que cette peine implique, Vladimir Kara-Mourza n’en démord pas et se dit fier de son engagement, ce qui n’étonne pas Gilles Favarel-Garrigues :« » UN HOMME QUI FAIT PEUR AU KREMLIN La santé de Vladimir Kara-Mourza inquiète. Et dans un pays avec un régime que beaucoup qualifient de totalitaire, celui à qui le Conseil de l’Europe a décerné en 2022 le prix Vaclav-Havel des droits de l’homme pourrait bien subir des conditions de détention inhumaine. Car comme l’explique Marie Mendras, les autorités le craignent : « » Vladimir Kara-Mourza, après une parodie de justice, a été condamné à 25 ans de détention dans une colonie pénitentiaire. Il s'agit de la plus longue peine infligée depuis la fin de l'Union soviétique pour une activité politique, une décision qui a suscité de nombreuses critiques dans le monde après un procès qualifié de simulacre et de procès politique. À lire aussiRussie : l'opposant Vladimir Kara-Mourza condamné à 25 ans de prison https://www.rfi.fr/fr/europe/20230417-russie-l-opposant-vladimir-kara-mourza-condamné-à-25-ans-de-prison

3m
Sep 02, 2023