Presque six mois après les massacres commis par le Hamas dans le sud du pays le 7 octobre dernier, les critiques se concentrent de plus en plus sur le Premier Ministre Benyamin Netanyahu, en interne comme en externe. Avec cette intervention militaire brutale dans la bande de Gaza, est-il devenu un obstacle pour son propre pays ? Depuis l'odieux massacre commis par le Hamas le 7 octobre dernier, la riposte militaire d'Israël sous la conduite du Premier ministre israélien ne cesse de poser question et de créer des remous non seulement sur la scène internationale, mais aussi en interne, au sein de la société civile en ISRAËL https://www.rfi.fr/fr/tag/israël/. Le choix d'une riposte massive pour éradiquer le Hamas, avec des bombardements intensifs des localités de l'enclave palestinienne, la décision de n'autoriser l'acheminement de l'aide humanitaire qu'au compte-goutte, le casse-tête des négociations pour obtenir la libération des otages israéliens encore retenus par le Hamas, tout cela a conduit à des critiques de plus en plus acerbes sur les modalités d'une intervention qui a déjà causé la mort de plus de 30 000 civils et placé plus de la moitié des Gazaouis dans une situation alimentaire catastrophique. Sans pour autant que l'éradication du Hamas soit achevée après plus de 5 mois d'intervention ni que ses principaux chefs, à commencer par Yahya Sinouar ou Mohamed Deïf, deux des principaux organisateurs des massacres du 7 octobre, ne soient neutralisés — ce qui est aussi un des objectifs de l'opération de Tsahal. À lire aussiGuerre à Gaza: Israël sommé par la CIJ de laisser passer l'aide humanitaire https://www.rfi.fr/fr/moyen-orient/20240328-guerre-à-gaza-israël-sommé-par-la-cij-de-laisser-passer-l-aide-humanitaire BILAN PLUS QUE MITIGÉ Le bilan, plus que mitigé, est de plus en plus critiqué à l'étranger. D’abord dans les pays arabes et chez les soutiens de l’Iran. Et aussi dans de nombreux pays de ce qu’on appelle aujourd’hui le « Sud global ». Les critiques sont aussi de plus en plus prononcées dans les pays occidentaux, et notamment aux ÉTATS-UNIS https://www.rfi.fr/fr/tag/états-unis/. On sait que les relations sont exécrables entre Benyamin Netanyahu et JOE BIDEN https://www.rfi.fr/fr/tag/joe-biden/. Ce dernier n'hésite plus à critiquer ouvertement le dirigeant israélien. Et, pour la première fois depuis le 7 octobre, les Américains se sont abstenus au Conseil de sécurité de l'ONU https://www.rfi.fr/fr/tag/onu/, permettant l'adoption d'une résolution qui demande à Israël un cessez-le-feu immédiat. En fait, Joe Biden est pris en étau entre son soutien à Israël - pas question à ce stade de remettre en cause l'aide militaire indispensable pour Tsahal - et la prise en compte, en pleine campagne électorale, des réticences et indignations d'une partie de son électorat : les jeunes et une grande partie des américains musulmans et/ou d'origine arabe. D'où cette intervention inédite du patron de la majorité démocrate au Sénat, Chuck Schumer, qui pense que les Israéliens devraient se rendre aux urnes pour élire un nouveau gouvernement. Une forme de désaveu cinglant pour Netanyahu de la part de ce proche de Joe Biden. Mais il sait lire les sondages. Les critiques contre le Premier Ministre sont féroces en Israël. À la fois pour avoir négligé les renseignements de ses services avant le 07 octobre, et aussi pour le coût élevé de l’offensive de Tsahal et l’impasse sur la libération des otages. Les sondages sont donc rudes pour Netanyahu : entre 15 et 20% de cote de popularité, et surtout une majorité écrasante d'israéliens qui souhaite son départ. Et des élections anticipées — comme l'a bien noté donc Chuck Schumer. Un scrutin qui sonnerait le glas de la coalition très à droite actuellement au pouvoir, et aussi sans doute la fin de la carrière politique de Benjamin Netanyahu. À lire aussiRésolution de l’ONU sur Gaza: le message de Washington largement commenté par la presse israélienne https://www.rfi.fr/fr/moyen-orient/20240326-résolution-de-l-onu-sur-gaza-le-message-de-washington-largement-commenté-par-la-presse-israélienne
La reconduite de Vladimir Poutine à la tête de la Russie cette semaine a de quoi donner des sueurs froides à l’État major ukrainien alors que le conflit entre dans sa troisième année, mais les appétits de conquête du Président russe ne pourraient-ils pas mener le pays bien au-delà de ses frontières ? C’est un scénario catastrophe redouté, qui pourrait dépasser le seuil de la politique fiction. Au même titre que très peu d’analystes croyaient, quelques heures avant son déclenchement, à la possibilité de l’invasion de l’Ukraine à l’aube du 24 février 2022, la fuite en avant guerrière de VLADIMIR POUTINE https://www.rfi.fr/fr/europe/20240318-russie-président-vladimir-poutine-route-nouveau-mandat-elections pourrait continuer de surprendre et, effectivement, mener son pays, à court et moyen terme, vers des contrées lointaines réparties aux quatre coins de la planète, au gré de guerres multidimensionnelles et hybrides qui changeraient assurément le monde tel que nous le connaissons. Bien entendu, le premier des sujets de préoccupations reste l’Ukraine, aux avant-postes de l’Europe, qui, au-delà des revers militaires récents sur le terrain, redoute l’échéance électorale américaine en novembre prochain qui pourrait, brutalement, en cas de retour au pouvoir de Donald Trump, laisser Kiev bien seule face à la soldatesque russe, soudain privée de milliards de dollars d’aide militaire de Washington. Mais le fantasme expansionniste du maître du Kremlin lui fait clairement lorgner en direction des anciennes républiques soviétiques d’Europe Orientale, la petite Moldavie en tête, considérée comme composante de la zone d’influence naturelle de Moscou qui s’ingénie à contribuer à sa déstabilisation politique en attendant de passer, qui sait, à la vitesse supérieure. À lire aussiUkraine: attaque massive de missiles et de drones russes, Moscou en «état de guerre» https://www.rfi.fr/fr/europe/20240322-ukraine-attaque-massive-de-missiles-et-de-drones-russes DANS LE VISEUR DE VLADIMIR POUTINE, CE SONT AUSSI LES FRONTIÈRES DE L’OTAN ET MÊME LE CONTINENT AFRICAIN. Les pays Baltes, la Finlande, la Géorgie et même l’Arménie. Tout est prétexte pour Moscou à engager une tectonique de la confrontation avec l’Occident et ses valeurs quitte à se lancer, bien au-delà d’une économie de guerre, vers une véritable mondialisation de la guerre sur fond d’un narratif et d’une propagande implacablement bien huilée. D’ailleurs, bon nombre de soldats russes faits prisonniers sur le front ukrainien révélaient dans leurs interrogatoires qu’ils étaient persuadés de venir se battre contre DES MILITAIRES DE L’OTAN https://www.rfi.fr/fr/podcasts/débat-du-jour/20240314-l-otan-est-elle-dissuasive, américains et européens. Et ce commentaire lapidaire du chef de l’armée française, le général Thierry Burkhard : « ». En Afrique, difficile de ne pas reconnaître les succès de l’influence russe. Avec des années d’avance, la Russie a eu la vision et l’intuition de l’énorme potentiel de la guerre hybride. Dévastatrice et peu coûteuse. Le continent africain en a été le laboratoire. La France, la cible privilégiée, dont la sphère post-coloniale s’est écroulée de manière fulgurante, en deux ou trois ans. De l’Afrique centrale à l’effet domino des coups d’État militaires au Sahel. Syrie, Soudan, Libye... L’hydre russe continue de montrer au monde sa profonde volonté de conquête. QUELS SONT LES MOYENS DE SE DÉFENDRE ? Les récentes déclarations du président français Emmanuel Macron à l’encontre de l’expansionnisme de Moscou enjoignant l’Europe, elle aussi, à se mobiliser dans une économie de guerre, ont reçu un accueil mitigé en Occident, mais ont fait redoubler les attaques et invectives russes à l’égard de Paris. Ce qui montre, peut-être, que le chef de l’État français ne se trompe pas. « » a même lancé le francophone vice-président de la Douma et propagandiste-en-chef, Piotr Tolstoï. Soutenir l’Ukraine coûte que coûte, assurer la souveraineté et la cohésion européennes comme celle de l’Alliance atlantique, mais aussi utiliser les mêmes armes de la guerre hybride sont les options qui semblent avoir été choisies par Paris et ses alliés pour contrecarrer les plans de Vladimir Poutine. Ne reste plus qu’à espérer qu’il ne soit pas trop tard. À lire aussiVladimir Poutine veut mobiliser le FSB contre les unités russes pro-Kiev dans la région de Belgorod https://www.rfi.fr/fr/europe/20240319-vladimir-poutine-veut-mobiliser-le-fsb-contre-les-unités-russes-pro-kiev-dans-la-région-de-belgorod
C’est un revirement stratégique qui a fait couler beaucoup d’encre : les déclarations du président français Emmanuel Macron en faveur de l’Ukraine semblent dessiner les contours d’un nouvel axe anti-Poutine. Mais comment expliquer une telle rupture ? Le président EMMANUEL MACRON https://www.rfi.fr/fr/tag/emmanuel-macron/ est connu pour être très rodé à la pratique des réseaux sociaux, aussi a-t-il tenu à enfoncer le clou et exprimer le fond de sa pensée lors d’un échange avec des internautes français cette semaine : « », a-t-il martelé face à la petite caméra de son téléphone portable. Dernier pavé jeté dans la mare diplomatique de l’une des bascules stratégiques les plus spectaculaires depuis le début de l’invasion russe de l’Ukraine il y a deux ans et dont l’avenir dira un jour s’il relevait d’une intuition historique, d’un instinct de survie européen ou d’un coup de bluff sans lendemain. À lire aussiDans un entretien télévisé, Emmanuel Macron affiche un soutien total à l'Ukraine https://www.rfi.fr/fr/france/20240314-dans-un-entretien-télévisé-emmanuel-macron-affiche-un-soutien-total-à-l-ukraine TOLLÉ CHEZ LES PUISSANCES ALLIÉES Bascule, revirement ? Oui, car si Emmanuel Macron évoque l’envoi de troupes en Ukraine aujourd’hui, il n’y avait bonne presse à l’été 2022 alors que les défenseurs ukrainiens lançaient leur contre-offensive fracassante à Kharkiv et que lui, de son côté, continuait de téléphoner au président russe VLADIMIR POUTINE https://www.rfi.fr/fr/tag/vladimir-poutine/ souhaitant «» la RUSSIE https://www.rfi.fr/fr/tag/russie/. Le chemin a été long, mais le chef de l’État français a sans doute fini par comprendre qu’il tournait en rond face aux attaques de plus en plus systémiques de Moscou et de progressivement tenter de réchauffer ses relations personnelles avec son homologue ukrainien. VOLODYMYR ZELENSKY https://www.rfi.fr/fr/tag/volodymyr-zelensky/ analysant d’ailleurs avec une indulgence maîtrisée qu’Emmanuel Macron avait « » L’essentiel donc, quitte – sur le coup – à provoquer un tollé chez les puissances alliées mais de commencer, seul ou presque pour l’instant, à mener l’Europe vers une économie de guerre. À lire aussiFrance: l'Assemblée nationale vote largement en faveur de l'accord de sécurité avec l'Ukraine https://www.rfi.fr/fr/france/20240312-france-l-assemblée-nationale-vote-largement-en-faveur-de-l-accord-de-sécurité-avec-l-ukraine EMMANUEL MACRON DOS AU MUR Il faut dire que 2024 est une année d’élections importantes aux quatre coins de la planète et l’ombre des scrutins russe et américain plane sur le conflit. Si le président français a choisi de défendre cette nouvelle équation « renforcer l’Ukraine, c’est défendre l’Europe », c’est qu’il se sait dos au mur. Comme l’est l’Ukraine. En difficulté sur son front est après l’échec des offensives de 2023 et le défaut de livraisons de munitions et de missiles, bloquées depuis des semaines au Congrès à Washington. Et précisément, les projections et les perspectives électorales aux États-Unis donnent des sueurs froides à bon nombre d’experts militaires occidentaux. La rupture nette de la doctrine ou gendarme du monde, en cas de retour aux affaires de l’isolationniste populiste Donald Trump en novembre prochain, signifierait le retrait du « second front » en Ukraine incarné par le formidable soutien militaire américain sous l’impulsion du président Biden. Et cette perspective effrayante pour la sécurité mondiale a largement dépassé le stade de la politique fiction… D’autant que le maître du Kremlin, galvanisé par sa probable reconduite au pouvoir, pourrait continuer et aller même encore plus loin dans sa fuite en avant guerrière. L’Ukraine et l’Europe, donc, se retrouveraient bien seuls. LE PARI DE CETTE NOUVELLE DONNE STRATÉGIQUE FRANÇAISE EST-IL GAGNABLE ? Sur le terrain, l’enlisement du front en Ukraine ne signifie pas pour autant effondrement. Loin de là. « » russe censée durer trois jours avec la prise de la capitale et la chute du gouvernement ukrainien entre dans sa troisième année et le président Zelensky est bien vivant et en place. Les forces russes ne contrôlent que 18% du territoire, exactement comme en 2022. Le défi de Paris est de tordre le cou à l’idée que le temps long serait nécessairement favorable à Moscou, alors que son économie de guerre a provoqué une surchauffe inflationniste et une profonde dépendance à des partenaires comme la Chine. Seule certitude, l’année 2024 va être déterminante. Pour le meilleur ou pour le pire.
C’est une course contre-la-montre qui est engagée pour tenter de décrocher une cessation des combats et des bombardements à Gaza quelques jours avant le début du ramadan, sur fond de pressions internationales montantes devant l’étendue du drame humanitaire dans l’enclave palestinienne. Pourquoi les partis ne parviennent-ils pas à se mettre d’accord comme la fois précédente fin novembre 2023 ? Il y a déjà une question technique d’importance : si les deux belligérants sont au centre d’une énorme mobilisation des INTERMÉDIAIRES INTERNATIONAUX AU CAIRE https://www.rfi.fr/fr/moyen-orient/20240307-discussions-sur-une-trêve-à-gaza-la-délégation-du-hamas-quitte-le-caire, à Doha, Paris ou Washington, la réalité sur le terrain dans l’enclave palestinienne au cinquième mois du début de la riposte israélienne fait que les communications sont souvent difficiles, téléphone ou internet fréquemment coupés de longues heures durant. Aussi, de l’aveu même des négociateurs du Hamas, il faut parfois 24 à 48 heures au bureau politique au QATAR https://www.rfi.fr/fr/tag/qatar/ pour entrer en contact avec son aile militaire dirigée par Yayha Sinouar et Mohammed Deif, chef des brigades Ezzedine al-Qassam, ceux-là mêmes qui ont lancé l’opération « Déluge d’al-Aqsa » sur ISRAËL https://www.rfi.fr/fr/tag/israël/ le 7 octobre, toujours introuvables, et sans doute retranchés dans les tunnels de Khan Younès dans le sud de l'enclave. Ensuite, bien sûr, la pression constante de l’offensive israélienne terrestre, navale et surtout aérienne rend la situation extrêmement volatile. À lire aussiGuerre à Gaza: après 150 jours de guerre, la population suffoque https://www.rfi.fr/fr/moyen-orient/20240307-guerre-à-gaza-après-150-jours-de-guerre-la-population-suffoque UN PLAN DE TRÊVE EXISTE POURTANT Le paradoxe tragique face à l’urgence est que les deux partis sont presque d’accord. C’est le « Plan de Paris » qui a été mis sur la table mi-février sous impulsion française avec le concours du cheikh Tamim ben Hamad al-Thani du Qatar, l’intermédiaire numéro un dans tous les conflits au Proche-Orient, qui a, un temps, laissé planer un vent d’optimisme parmi les protagonistes des services de renseignement comme William Burns de la CIA ou David Barnea du Mossad, jusqu’à pousser le président américain Joe Biden à annoncer un peu vite une trêve imminente. Ce plan prévoit trois périodes successives de cessez-le-feu de 45 jours. La première permettrait la libération d’un otage par jour, femmes et personnes âgées, en échange de plusieurs prisonniers palestiniens. La seconde impliquerait la libération des réservistes et la dernière, sans doute la plus compliquée, les soldats israéliens... Et qui sous-entend bien entendu une hausse des enchères dans le ratio otage contre prisonniers. Mais le véritable point de discorde reste l’exigence du Hamas : obtenir un cessez-le-feu définitif. Impensable pour le cabinet de guerre du Premier ministre israélien BENYAMIN NETANYAHU https://www.rfi.fr/fr/tag/benyamin-netanyahu/, qui joue lui-même sa survie politique avec une guerre qu’il n’a donc pas l’intention de cesser. À écouter aussiGaza: les chiffres, les images et les mots https://www.rfi.fr/fr/podcasts/chronique-des-médias/20240301-gaza-les-chiffres-les-images-et-les-mots GAZA LIVRÉ AU CHAOS, À LA MORT ET À LA FAMINE Cinq mois ont passé. Le calvaire des otages continue, alors que GAZA https://www.rfi.fr/fr/tag/gaza/ se transforme en un champ de ruines. Les rares témoignages qui sortent de la bande de Gaza renvoient, jour après jour, une image d’horreur. L’un des territoires les plus densément peuplés de la planète, livré au chaos, à la mort et à la famine. Dans sa fuite en avant vengeresse, l’armée israélienne applique la stratégie de la terre brûlée, abolissant la distinction entre combattants et civils. Gaza n’a plus d’avenir. Et alors que les centaines de milliers de déplacés internes redoutent la grande offensive sur Rafah et le sud de l’enclave, le Hamas n’est même pas en mesure de confirmer combien d’otages du 7 octobre sont encore en vie parmi les 130 encore captifs.
Cette semaine, revient sur la situation dans le territoire sécessionniste de Moldavie, la Transnistrie. Une région qui s’est autoproclamée indépendante et qui est très proche de Moscou. Et la question posée est la suivante : ce territoire peut-il devenir un nouveau pôle de tensions entre la Russie de Vladimir Poutine et l’Occident ? La réponse est oui. Il faut d’abord rappeler ce que représente la Transnistrie. C’est un territoire de 200 kilomètres de long sur environ 20 kilomètres de large, une bande de terre qui appartient officiellement à la Moldavie. Sauf que, en 1990, juste avant l’effondrement de l’URSS, la Transnistrie, qui est majoritairement russophone, a rompu avec la MOLDAVIE https://www.rfi.fr/fr/tag/moldavie/. UNE MENACE POUR L'UKRAINE ? Il y a eu un conflit armé, qui s’est achevé en juillet 1992, avec cette situation : la Transnistrie s’est autoproclamée indépendante et n'est pas reconnue par la Moldavie et la communauté internationale. À l’époque, l’armée russe est intervenue pour soutenir les combattants de Transnistrie. Et élément important, elle y a laissé des troupes. Moscou, aujourd’hui encore, dispose d’environ 1 500 à 2 000 militaires en Transnistrie. Le territoire de 4 000 km2 environ, qui compte environ 450 000 habitants, est donc resté dans l’orbite de Moscou. Et cette situation est devenue encore plus stratégique depuis février 2022. Alors quel pourrait être l’impact d’une plus grande implication de Moscou ? Il serait important. Depuis l'invasion russe de l'UKRAINE https://www.rfi.fr/fr/tag/ukraine/, il y a régulièrement des inquiétudes sur l'ouverture d'un nouveau front à partir de la Transnistrie en direction du grand port ukrainien d'Odessa, sur la mer Noire. À lire aussiÀ la Une: la Transnistrie demande sa «protection» à la Russie https://www.rfi.fr/fr/europe/20240301-à-la-une-la-transnistrie-demande-sa-protection-à-la-russie Moscou est également accusée de chercher à déstabiliser la Moldavie, dirigée par des autorités résolument pro-européennes. L'Union européenne lui a d'ailleurs accordé en juin 2022 le statut de candidat à l'entrée dans l'Union, en même temps qu'à l'Ukraine. De leur côté, les autorités prorusses de Transnistrie accusent Kiev de vouloir attaquer le territoire qu'elles administrent, ou comme cette semaine, de pressions économiques insupportables de la part du gouvernement moldave donc des règles douanières demandant aux entreprises du territoire de verser les droits d’importation au budget moldave. LA RUSSIE SILENCIEUSE Donc, LES DÉPUTÉS DE TRANSNISTRIE APPELLENT LA RUSSIE À L’AIDE https://www.rfi.fr/fr/europe/20240228-les-séparatistes-de-transnistrie-demandent-la-protection-de-la-russie. Ils demandent à la Russie de prendre des mesures pour les protéger de ce qu’ils appellent une pression croissante de la Moldavie. Pas de réponse officielle pour l’instant à Moscou. Vladimir Poutine n’en a pas parlé dans son discours fleuve cette semaine. Mais la menace pour la Moldavie et pour l’ouest de l’Ukraine, en particulier la région d’Odessa, reste bien réelle, comme une épée de Damoclès. C’est pourquoi les États-Unis et l’Union européenne expriment ouvertement leurs craintes et préviennent qu’ils ne laisseront pas Vladimir Poutine déstabiliser la Moldavie en instrumentalisant la Transnistrie. Il faudra voir dans les prochaines semaines si ce dernier en tient compte – ou pas. À écouter aussiLes ambitions européennes de la Moldavie à l'épreuve de la Transnistrie https://www.rfi.fr/fr/podcasts/accents-d-europe/20230816-les-ambitions-européennes-de-la-moldavie-à-l-épreuve-de-la-transnistrie
Deux ans après le déclenchement de l'invasion russe en Ukraine lancé par Vladimir Poutine, quels sont les principaux changements géopolitiques engendrés par cette guerre ? Il y a plusieurs changements, tant on peut désormais dire qu'il y a un avant et un après 24 février 2022. Le plus frappant, bien sûr, c'est la rupture totale entre la RUSSIE https://www.rfi.fr/fr/tag/russie/ de Vladimir Poutine et les pays occidentaux. Assez logique en somme, puisque au fond l'argument justifiant l'intervention russe en UKRAINE https://www.rfi.fr/fr/tag/ukraine/ est précisément le rapprochement trop fort entre ce pays et l'Occident au détriment des intérêts russes. Résultat : Kiev fait aujourd’hui partie du camp occidental aujourd'hui, même s'il n'en fait pas partie intégrante au sens propre du terme. En effet, l'adhésion de Kiev à l'Otan est toujours en suspens, et pour l'Union européenne, on en est aux prémices d'une candidature, même si le pas que voulait éviter la Russie a été franchie. En ce sens d’ailleurs, on peut parler d'échec stratégique pour Moscou. D'autant que le conflit a eu un effet contraire à celui attendu par le Kremlin – du moins dans un premier temps : un resserrement du camp occidental, une aide militaire et des financements importants pour l'Ukraine. Qui se révèlent aujourd'hui insuffisants malgré tout. Alors que deux ans après le début de la guerre, les opinions et la classe politique s'interrogent plus ou moins selon les pays sur la nécessité de poursuivre ce soutien à Kiev. UNE FRACTURE QUI CONTINUE DE SE CREUSER ENTRE OCCIDENT ET RUSSIE Ce renforcement des liens occidentaux s'est accompagné, d’un autre changement notable qui était en germe, mais qui a été accéléré par le conflit, d'un relatif isolement de l’Occident sur la scène internationale. En clair, les pays du Sud et les grands émergents, Chine, Inde, Brésil, Afrique du Sud, ont oscillé selon les cas entre une prudente neutralité et un soutien plus ou moins explicite à la Russie. Attention toutefois : l’attitude de certains États et dirigeants relève aussi de la posture. Quand il s’agit concrètement de voter à l’ONU sur le conflit actuel, une large majorité de pays a choisi de condamner l’action de Moscou. Alors que le conflit entre dans sa troisième année, ces changements géopolitiques majeurs creusent donc la fracture entre la Russie et l’Occident. Avec, au milieu, une Ukraine qui compte plus que jamais sur le soutien des Américains et des Européens pour résister à la pression russe et, plus tard peut-être, repousser cette agression insensée et sans réel fondement. Ce soutien est donc décisif. Les Américains hésitent en ce moment à débloquer une aide cruciale pour Kiev pour des raisons de basse politique. Ceux qui bloquent, les républicains trumpistes qui ont tort. Quant aux Européens, ils doivent poursuivre et accentuer leur effort de soutien. Faute de quoi, les prochains mois s’annoncent très difficiles pour l’Ukraine. C’est l’aide occidentale qui a permis à Kiev de tenir deux ans et à l’armée russe d’échouer sur son objectif initial, qui était d’envahir l’Ukraine entière. Le moment est décisif. Européens et Américains ont une responsabilité historique face à l’hubris de Vladimir Poutine, dans ce combat qui est aussi un combat de valeurs démocratiques et autoritaires. Un choc de volonté. Il faut tenir bon. Pour l’Ukraine. Pour l’Europe. Pour la démocratie. Pour notre liberté. À lire aussiAprès la mort de Navalny, les États-Unis dévoilent un arsenal de nouvelles sanctions contre la Russie https://www.rfi.fr/fr/amériques/20240223-les-états-unis-dévoilent-un-arsenal-de-nouvelles-sanctions-contre-la-russie
Cette semaine, zoom sur le vote qui s’est déroulé ce jeudi 15 février à Athènes. L’Assemblée nationale a adopté à une large majorité, mais après des débats houleux, le droit au mariage et à l’adoption pour les couples homosexuels. Et la question de cette chronique est la suivante : avec ce vote, la Grèce est-elle en train d’opérer une petite révolution sociétale ? La Grèce est un pays méditerranéen, membre de l’Union européenne, mère historique de la démocratie. Mais la Grèce contemporaine est aussi un pays où le modèle de société, notamment en ce qui concerne la famille, reste assez traditionnel, avec une Église orthodoxe encore très puissante, et il n’y a pas d’ailleurs de véritable séparation entre l’église et le pouvoir politique. Certes, il y avait eu en 2015 une première avancée avec la possibilité d’une union civile entre personnes de même sexe. Mais le mariage, et à fortiori le droit à l’adoption et la reconnaissance de droits homoparentaux, c’était une autre histoire. UN PROJET DE LOI PORTÉ PAR UN PREMIER MINISTRE DE DROITE Et le paradoxe, c’est que c’est un Premier ministre conservateur, Kyriakos Mitsotakis, qui a porté ce texte. Il l’a fait en partie pour ancrer un peu plus la Grèce dans le camp des pays les plus progressistes en termes de valeurs européennes au sein de l’Union. À un moment où le Parlement européen vient de s’alarmer « », en particulier la liberté de la presse. C’est donc un Premier ministre de droite qui fait adopter un texte progressiste avec les voix de la gauche, un peu comme cela s’était produit en France avec la loi Veil sur l’avortement. C’est notamment le parti Syriza qui a permis l’adoption du texte, une formation dont l’actuel dirigeant est le premier politique grec ouvertement homosexuel. À lire aussiLe Vatican se justifie pour les bénédictions de couples homosexuels https://www.rfi.fr/fr/afrique/20240105-le-vatican-se-justifie-pour-les-bénédictions-de-couples-homosexuels Les débats ont été longs, houleux et passionnés entre les opposants et les partisans de cette « loi pour l’égalité civile », y compris au sein même du parti de Monsieur Mitsotakis, Nouvelle démocratie. Une partie des députés a même refusé de voter. PREMIER PAYS CHRÉTIEN ORTHODOXE Au final, le texte a été largement adopté par le Parlement monocaméral, la « Vouli ». L’opposition acharnée de l’Église orthodoxe, dont se réclament plus de 90 % des Grecs, n’aura rien pu empêcher. Et au-delà de ce texte, c’est aussi une forme d’émancipation laïque du pays qui se manifeste. En tout cas, une décision courageuse pour le Premier ministre grec, qui songe aussi à en tirer profit sur le plan européen, pour l’image de son pays à l’étranger, et pour la sienne sans doute, au cas où il penserait à des fonctions européennes à l’avenir. Pour toutes les personnes concernées, c’est bien sûr un moment historique. Désormais, elles ont non seulement les mêmes obligations, mais aussi les mêmes droits que les autres citoyens. Et la Grèce devient le 17ᵉ pays de l’Union européenne à autoriser le mariage pour les couples de même sexe, le 37ᵉ dans le monde, et, plus symboliquement, le 1ᵉʳ pays chrétien orthodoxe. À lire aussiGrèce: adoption au Parlement du droit au mariage pour les homosexuels https://www.rfi.fr/fr/europe/20240215-grèce-adoption-au-parlement-du-droit-au-mariage-pour-les-homosexuels
Le président américain, âgé de 81 ans, est actuellement en campagne pour sa réélection. Il a multiplié ces derniers jours les faux-pas en confondant plusieurs dirigeants étrangers, vivants ou même morts. Chez les démocrates, doit-on s'inquiéter de l'âge du capitaine Biden ? La réponse est oui. Cette inquiétude d'ailleurs est déjà perceptible chez les sympathisants démocrates. Il y a l'âge et surtout les manifestations de l'âge. Le problème, qui s'accentue dangereusement depuis quelques mois, c'est que JOE BIDEN https://www.rfi.fr/fr/tag/joe-biden/ semble avoir une mémoire qui flanche de plus en plus. Une élocution parfois difficile, et surtout ce phénomène remarqué ces derniers jours : le président américain se souvient de certains événements, mais confond les intervenants de manière troublante, comme s'il était resté figé entre les années 1980 et 2000. C'est ainsi que, évoquant le sommet du G7 https://www.rfi.fr/fr/tag/g7/ dans les Cornouailles en juin 2021, il se souvient d'une conversation avec… François Mitterrand, décédé en 1996... au lieu, bien sûr, d'EMMANUEL MACRON https://www.rfi.fr/fr/tag/emmanuel-macron/. Il remet ça quelques jours plus tard, toujours à propos de ce sommet qui l'a marqué, dit-il, car les dirigeants européens exprimaient leurs inquiétudes sur l'état de la démocratie américaine après le mandat de DONALD TRUMP https://www.rfi.fr/fr/tag/donald-trump/. Il parle cette fois d'une conversation qu'il a eue avec le chancelier allemand Helmut Kohl, mort en 2017, en lieu en place d'Angela Merkel, bien présente, elle, au sommet du G7. À lire aussiÀ la Une: la mémoire défaillante de Joe Biden https://www.rfi.fr/fr/podcasts/revue-de-presse-internationale/20240209-à-la-une-la-mémoire-défaillante-de-joe-biden JOE BIDEN, UN « HOMME ÂGÉ, SYMPATHIQUE, MAIS QUI A UNE MAUVAISE MÉMOIRE » Et les choses ne se sont pas arrangé en cette fin de semaine… Mis hors de cause dans une affaire de documents confidentiels conservés par lui, Joe Biden se trouve confronté à la publication du rapport du procureur, qui certes le met hors de cause, mais rend aussi publics ses commentaires sur cet « », et souligne que, notamment, il n’a pas pu se souvenir de la mort de son fils aîné Beau. Fureur de Joe Biden, qui convoque la presse pour dire que oui, il est âgé, mais que non, il n’a pas problèmes de mémoire. Avant de répondre à une question sur la situation à Gaza, et là, patatras : il parle du président du Mexique, Al Sissi, qui en fait dirige l’Égypte. L’effet est désastreux et fait les délices du camp trumpiste. À lire aussiDocuments confidentiels: aucune charge contre Joe Biden en raison de sa «mauvaise mémoire» https://www.rfi.fr/fr/amériques/20240208-documents-confidentiels-aucune-charge-contre-joe-biden-en-raison-de-sa-mauvaise-mémoire TROP TARD POUR REMPLACER JOE BIDEN Dans le camp démocrate, la situation devient sérieuse. Trois Américains sur quatre estiment que Joe Biden n’est pas en mesure d’effectuer un second mandat à la tête du pays, quand ils ne sont que 60 % à penser que les ennuis judiciaires de Donald Trump sont un problème pour sa candidature. L’état-major démocrate se trouve face à la quadrature du cercle : il est trop tard pour remplacer Joe Biden, et par qui d’ailleurs ? En même temps, il faut tenir la longueur avec un candidat dont le bilan est plutôt bon, mais dont la fatigue, les gaffes et les trous de mémoire deviennent un sujet de campagne. Trouver la meilleure parade possible, c’est donc désormais la priorité. Car, si rien n’est fait, Joe Biden pourrait devenir le meilleur et le pire des candidats face à Donald Trump.
Que pourrait-il se passer et qui est déjà en train de s’esquisser dans la perspective du « Jour d’après », dans la bande de Gaza où les combats continuent entre l’armée israélienne et le Hamas ? Et au-delà d’une éventuelle trêve, actuellement en négociation, y a-t-il des pistes sur l’après-conflit, notamment en termes de projets et de personnalités des deux côtés ? Il y a sur la table plusieurs options pour l’avenir de la bande de Gaza, en termes de gouvernance notamment. Car, une fois le conflit terminé et le Hamas « éradiqué », selon la terminologie israélienne, que va-t-il advenir du statut de l’enclave et des plus de 2 millions de personnes qui y vivent ? Une réoccupation par Israël semble exclue, même si l’armée israélienne aurait la possibilité à tout moment de réinvestir le territoire en cas de nécessité sécuritaire. L’enclave pourrait être placée sous contrôle international de l’ONU pendant une certaine période, ou sous la responsabilité de pays arabes de la région. Ces deux options sont étudiées, ainsi qu’une gestion de l’enclave par une Autorité palestinienne rénovée, selon le qualificatif de l’administration Biden. De part et d’autre, on reparle de personnalités qui pourraient permettre de relancer le dialogue entre Israéliens et Palestiniens. Côté israélien, c’est BENNY GANTZ https://www.rfi.fr/fr/moyen-orient/20211229-israël-benny-gantz-a-rencontré-mahmoud-abbas-pour-la-première-fois-en-onze-ans qui a de plus en plus la cote dans les sondages d’opinion. L’ancien chef d’état-major et ministre de la Défense a finalement accepté de rejoindre le cabinet de guerre de Benyamin Netanyahu. Et il fait de l’ombre à ce dernier, de plus en plus critiqué dans la société israélienne pour sa gestion de la crise. L’après-Netanyahu, ce pourrait donc être lui lors des prochaines élections. À lire aussiGouvernement Netanyahu: comment l'extrême droite israélienne arrive à imposer son agenda https://www.rfi.fr/fr/moyen-orient/20240202-gouvernement-netanyahu-comment-l-extrême-droite-israélienne-arrive-à-imposer-son-agenda Côté palestinien, on reparle beaucoup de MOHAMMED DAHLAN https://www.france24.com/fr/moyen-orient/20231108-mohammed-dahlan-le-joker-des-émirats-arabes-unis-pour-gaza, l’ancien homme fort du Fatah à Gaza,qui a lutté férocement contre le Hamas dans les années 2000. Très critique de Mahmoud Abbas qui le lui rend bien, il est aujourd’hui réfugié aux Émirats arabes unis. C’est un homme d'affaires richissime, proche du dirigeant émiratien « MBZ » Mohammed Ben Zayed, qui le décrit comme un frère. Après un long silence ces dernières semaines, Mohammed Dahlan a accordé une interview au site web français Politique internationale. Il y préconise un gouvernement de technocrates à la fin du conflit pour une période de deux ans. Puis des élections dans tous les territoires palestiniens pour choisir un successeur au vieux et très impopulaire Mahmoud Abbas. Est-ce que ce serait lui ? Non, dit-il, tout en précisant qu’il est prêt à œuvrer pour sa patrie. Mohammed Dahlan, pourrait donc être l’artisan de la rénovation de l’Autorité palestinienne voulue par Washington. Mais rien n’est fait pour l’instant. Et puis il y a aussi une autre figure palestinienne très populaire, actuellement emprisonnée par Israël, MARWAN BARGHOUTI https://www.rfi.fr/fr/moyen-orient/20170416-marwan-barghouti-prisonniers-palestiniens-greve-faim. En tout cas, de part et d’autre, on sent que les lignes commencent à bouger un peu. Et c’est un début de bonne nouvelle.
Près de trois ans jour pour jour après le coup d’État en Birmanie qui a renversé un gouvernement élu et mis brutalement fin à une parenthèse démocratique de dix ans, le pouvoir birman montre les premiers signes de faiblesse sur fond de vastes offensives rebelles. Peut-on déjà parler d’un tournant ? Si l’on en croit la rumeur, seul indicateur de l’opinion dans un pays sans presse libre et fermé au monde extérieur depuis trois ans, les jours au pouvoir du général putschiste Min Aung Hlaing seraient comptés. Une manifestation de centaines de soldats mécontents dans les rues de plusieurs villes du nord birman la semaine dernière a même laissé se murmurer qu’un contre-coup d’État était en cours. Chose impensable il y a encore quelques mois dans une Birmanie tenue d’une main de fer et repris par ses vieux démons dictatoriaux, le pouvoir militaire est entré dans une profonde zone de turbulences opérationnelles et structurelles depuis le déclenchement d’une série d’audacieuses offensives rebelles aux quatre coins de cet immense pays d’Asie du Sud-Est. L’opération « 1027 » de la résistance armée, lancée en novembre dernier, a déjà provoqué la chute de 35 villes, dont certaines proches de Naypidaw, la capitale, sans compter les centaines de bases abandonnées par une troupe en retraite et, du jamais vu dans l’histoire de la Tatmadaw, l’armée birmane, la reddition de milliers de soldats et de dizaines d’officiers supérieurs dont certains n’ont eu d’autres choix que de fuir en franchissant illégalement et piteusement les frontières indienne et chinoise. Si le vent semble progressivement tourner en faveur de la résistance armée, c’est d’abord grâce à une audace politique : celle du gouvernement de l’ombre constitué après le putsch et composé de parlementaires ou d’activistes entrés en clandestinité. Ainsi, pour la première fois depuis l’indépendance en 1948, les Birmans, issus d’une gigantesque mosaïque ethnique et sociale, ont décidé de parier sur l’unité et d’en faire une force contre la dictature. Depuis novembre 2023, c’est en effet une alliance inédite de rebelles ethniques et de militants de la Force de défense populaire, étudiants, ouvriers, femmes et hommes, qui a conjointement mis en branle des attaques tous azimuts. Du lointain État d’Arakan dans l’Ouest frontalier du Bangladesh, à l’Extrême Nord des États Shan et Kachin qui bordent le Yunan chinois, en passant par les bastions karens et karennis le long des quelque 2 000 kilomètres qui séparent l’est birman de la Thaïlande, les insurgés ont frappé fort, déstabilisant les forces gouvernementales, provoquant désertion en masse comme le ralliement de plusieurs milices pro-junte. Jusqu’à politiquement fragiliser le chef suprême du pouvoir militaire… Si la junte birmane a traditionnellement pu compter sur des appuis de taille, à Pékin et Moscou notamment, tant au Conseil de sécurité des Nations unies pour bloquer des votes de sanctions que pour, aussi, renforcer son arsenal – les avions de combats chinois et les hélicoptères russes sont l’un des derniers grands atouts des militaires birmans sur le terrain face aux rebelles – une page, là aussi, est en train de se tourner sur la frontière nord. Les récents bombardements qui ont débordé du côté chinois et ont touché des villes frontalières ont provoqué la colère de Pékin qui a toujours cultivé une ambiguïté diplomatique en soutenant le pouvoir birman, mais en commerçant aussi avec des rebelles exportateurs de précieuses ressources naturelles.
L’ancien président Donald Trump part largement favori, pour l’instant, dans le cadre des primaires républicaines lancée depuis le 8 janvier. Quelles seraient les conséquences internationales d'une élection de Donald Trump à la Maison Blanche en novembre prochain ? On peut parler de conséquences importantes. Car par rapport à son premier mandat qui déjà avait fait turbuler le système international, les choses pourraient être encore plus déstabilisantes en cas de deuxième mandat de DONALD TRUMP https://www.rfi.fr/fr/tag/donald-trump/. Entre 2016 et 2020, ce dernier avait déjà posé des mesures disruptives comme ses foucades contre l’Otan, sa proximité avec la Russie de VLADIMIR POUTINE https://www.rfi.fr/fr/tag/vladimir-poutine/, ses mesures protectionnistes contre la Chine et l’Union européenne ou encore sa décision de reconnaître Jérusalem comme capitale de l’État hébreu. Alors à quoi s’attendre si Donald Trump l’emporte à la prochaine présidentielle ? Les mêmes thèmes seront mis en avant, mais en pire si l’on peut dire. Autour des slogans « MAGA » (« ») et , l'Amérique d'abord, Trump va de nouveau dire tout le mal qu'il pense des organisations de coopération multilatérales telles que le G7, le G20 ou l'Otan. Au-delà de déclarations intempestives ou d'actions inattendues, on peut s'attendre à des sommets pénibles ou vains. À lire aussiÀ la Une: le match Biden-Trump a déjà commencé https://www.rfi.fr/fr/podcasts/revue-de-presse-internationale/20240108-à-la-une-le-match-biden-trump-a-déjà-commencé QUID DE L'OTAN On s'interroge surtout sur le sort de l'Otan, voué aux gémonies entre 2017 et 2021, Trump estimant que ce n'était pas le rôle des États-Unis de payer autant pour assurer la sécurité de ses alliés européens. Que pourrait-il faire cette fois-ci ? Par précaution, deux sénateurs américains ont d'ailleurs fait adopter un amendement législatif empêchant un président de procéder au retrait unilatéral des États-Unis de l'organisation. Il vaut mieux prévenir que guérir. La question est encore plus préoccupante en pleine guerre d'Ukraine. Trump, même s'il doit rester dans l'Otan, pourrait décider de stopper l'aide militaire et financière à Kiev, une catastrophe pour l'Ukraine et les Européens, et une aubaine pour Vladimir Poutine. À lire aussiPrésidentielle 2024 aux États-Unis: Trump se dit sûr de gagner... pour la «troisième fois» https://www.rfi.fr/fr/amériques/20240107-présidentielle-2024-aux-états-unis-trump-se-dit-sûr-de-gagner-pour-la-troisième-fois LES INQUIÉTUDES ÉCONOMIQUES ET POLITIQUES DES EUROPÉENS Les Européens ont d'autres motifs d'inquiétude avec un Trump de nouveau à la Maison Blanche. Des inquiétudes économiques tout d'abord. Avec une crispation quasi certaine des relations commerciales. Et inquiétude politique, avec un encouragement pour les partis ou mouvements populistes en Europe et leurs critiques acérées du fonctionnement actuel des démocraties. Critiques qui se verraient encouragées par une administration Trump. Enfin, un retour de Donald Trump aurait aussi un impact en Asie et au Proche-Orient. En effet, les Chinois redoutent à la fois un durcissement des relations économiques bilatérales et une attitude de totale protection de Taïwan. Enfin, au Proche-Orient, Benyamin Netanyahu doit rêver secrètement de la victoire de Trump, allié indéfectible d'Israël et pas du tout enclin à encourager la solution à deux États. Pour toutes ces raisons, une éventuelle victoire de Trump aux États-Unis représenterait l'un des plus grands défis géopolitiques pour le monde en 2024.
Retour sur la tournée qu’effectue actuellement le secrétaire d’État américain Antony Blinken au Proche-Orient, la quatrième depuis les attaques meurtrières du Hamas en Israël le 7 octobre dernier. Peut-on dire que cette tournée est à la fois nécessaire et risquée ? Cette visite est nécessaire, car les États-Unis veulent continuer à jouer un rôle de premier plan dans la région. Ils sont soucieux de maintenir leur soutien à Israël, mais aussi d’entendre les frustrations – et le mot est faible – des dirigeants arabes et turcs sur ce qu’il se passe depuis trois mois dans la bande de Gaza. Le secrétaire d’État tentera de faire passer le message suivant : les États-Unis sont certes un soutien indéfectible de l’État d’Israël, surtout lorsque sa sécurité existentielle est mise en danger, et c’est pourquoi ils soutiennent le refus de Tel Aviv d’instaurer un cessez-le-feu dans l’enclave palestinienne, mais ils entendent aussi œuvrer, à la faveur de cette crise extrême, au retour sur le devant de la scène internationale de la solution à deux états. À écouter aussiIsraël-Hamas, quelle influence pour les États-Unis ? https://www.rfi.fr/fr/podcasts/le-monde-en-questions/20231201-israël-hamas-quelle-influence-pour-les-états-unis ET C’EST LÀ QUE LES CHOSES SE COMPLIQUENT, CAR POUR LE GOUVERNEMENT ISRAÉLIEN ACTUEL, CETTE PERSPECTIVE N’EST PAS DU TOUT À L’ORDRE DU JOUR. Pour Netanyahu, seule domine la volonté d’éradiquer le Hamas. Mais c’est beaucoup plus dur que prévu. Et le Premier ministre a donc prévenu : ce conflit va durer. Non seulement parce qu’il lui permet de rester au pouvoir, mais aussi peut-être parce que, s’il n’est pas terminé au moment de l’élection présidentielle aux États-Unis, et si Donald Trump l’emporte, ce sera une très bonne affaire pour Benyamin Netanyahu, beaucoup plus en phase avec Trump. Cela fait beaucoup de « si » néanmoins. Dans l’immédiat, la destruction du Hamas est là encore un objectif partagé par Washington, mais les deux alliés divergent de plus en plus sur la façon d’y parvenir. Les Américains, qui restent l’indispensable soutien financier et militaire à la poursuite de l’offensive de Tsahal, demandent des efforts, notamment un arrêt des bombardements massifs sur les populations civiles au profit d’opérations plus ciblées, et un acheminement massif et immédiat de l’aide humanitaire dans le sud de la bande de Gaza. LE PROBLÈME, C’EST QUE CES DEMANDES À ISRAËL RESTENT SANS RÉELLE RÉPONSE POUR L’INSTANT. Autant dire que pour l’administration Biden, la gestion de cette crise par le gouvernement de Tel Aviv est source de bien des complications. En interne, où les jeunes générations démocrates dénoncent ce soutien jugé excessif à Israël. Et pourraient donc rester à la maison le jour de la présidentielle, en novembre prochain. Et en externe, où les gouvernements des pays arabes accusent Washington de parti pris délibéré en faveur de Tel Aviv et croient très mollement à une action de médiation américaine. C’est bien pour cela que cette tournée de Monsieur Blinken, si elle est nécessaire, est également à haut risque.
Cette semaine, le monde en questions revient sur les déboires judiciaires divers et variés de Donald Trump, qui concernent aussi bien des accusations de manipulation électorale que fiscales. Donald Trump court-il le risque de ne pas pouvoir se présenter à l’élection présidentielle de novembre prochain aux États-Unis ? Le risque est réel, mais rien n’est joué, car Donald Trump et ses avocats ont bien l’intention de se battre sur tous les fronts. Désormais, on compte cinq dossiers judiciaires contre l’ancien président. Il y a d’abord une enquête pénale au niveau fédéral pour son rôle dans L’ASSAUT DU CAPITOLE https://www.rfi.fr/fr/amériques/20221223-assaut-du-capitole-le-rapport-final-de-la-commission-d-enquête-désigne-trump-responsable-de-conspiration en janvier 2021. Ensuite, une enquête au niveau de l'État de Géorgie, en fait une tentative pour inverser de manière frauduleuse le résultat de l’élection dans cet État. À cela s'ajoute l’enquête sur le RECEL D’ARCHIVES CLASSIFIÉES DU GOUVERNEMENT https://www.rfi.fr/fr/amériques/20221005-documents-saisis-à-mar-a-lago-trump-demande-à-la-cour-suprême-d-intervenir emmenées par Trump dans sa villa de Mar-A-Lago en Floride. Viennent ensuite deux accusations fiscales, la première sur des paiements secrets pendant la campagne de 2016, notamment pour FAIRE TAIRE L'ACTRICE STORMY DANIELS https://www.rfi.fr/fr/amériques/20230318-affaire-stormy-daniels-donald-trump-assure-qu-il-sera-arrêté-le-21-mars en échange de la somme juteuse de 130 000 dollars. La seconde accuse Trump et des membres de sa famille d'avoir gonflé frauduleusement LES ACTIFS DE LA TRUMP ORGANIZATION https://www.rfi.fr/fr/amériques/20230831-états-unis-trump-accusé-d-avoir-d-avoir-manipulé-dix-ans-l-évaluation-des-actifs-de-ses-sociétés pour obtenir des prêts avantageux. Sur ce dossier, la fraude a été établie, le procès est terminé et un juge doit se prononcer sur la peine encourue par l’ex-président dans un mois environ. NOUVEL ÉPISODE DANS LE DOSSIER DE L'ASSAUT DU CAPITOLE Après L’ÉTAT DU COLORADO https://www.rfi.fr/fr/amériques/20231220-la-cour-suprême-du-colorado-juge-trump-inéligible-pour-2024-dans-cet-état, le Maine vient de décider en la personne de Shenna Bellows, sa secrétaire démocrate, que Donald Trump n’est PLUS APTE À LA FONCTION DE PRÉSIDENT https://www.rfi.fr/fr/amériques/20231229-présidentielle-aux-états-unis-après-le-colorado-donald-trump-jugé-inéligible-dans-le-maine. Dans ces deux États, l’argument invoqué pour le disqualifier des élections primaires est que son attitude lors de l’assaut du Capitole, le 6 janvier 2021, s’apparente à des actes d’insurrection, ce qui est interdit selon le 14e amendement de la Constitution à toute personne briguant un mandat public. Dans l’immédiat, cela signifie que Trump ne pourrait pas se présenter aux primaires dans ces deux États, sauf en cas d’injonction contraire de la Cour suprême fédérale vers laquelle se sont tournés ses avocats. L'issue de ces déboires judiciaires va donc se jouer en grande partie sur le timing et les décisions de la Cour Suprême. Donald Trump compte sur le talent de ses avocats pour retarder la tenue de ses procès, actuellement prévus entre mars et mai 2024, en pleine campagne des primaires. Il y a donc un grand risque de parasitage entre les calendriers politiques et juridiques. L’idée est, bien évidemment, de décaler ces rendez-vous judiciaires après le scrutin de novembre. Côté stratégique, les décisions de la Cour suprême vont en effet décréter si Donald Trump peut ou non se présenter à l’élection présidentielle. Il convient de rappeler que la plus haute instance juridique des États-Unis est dominée par les juges conservateurs, notamment en raison des trois nominations de Donald Trump durant son mandat. Qui l’emportera de la proximité partisane ou de l’examen plus impartial du droit ? C’est une des questions importantes pour ce scrutin qui en 2024 aura un impact essentiel, pour les États-Unis, mais aussi pour le reste du monde. À lire aussiÉtats-Unis : Donald Trump bientôt inéligibles dans d'autres États ? https://www.rfi.fr/fr/amériques/20231229-états-unis-donald-trump-bientôt-inéligibles-dans-d-autres-états
Cette semaine le monde en questions revient sur le terrible conflit qui se poursuit entre Israël et le Hamas dans la bande de Gaza. Et la question posée est la suivante : quelles sont les options possibles pour une sortie de crise ? Eh bien, elles sont toutes compliquées et, pour certaines d'entre elles, difficilement envisageables dans l'immédiat, alors que les combats font rage et que la situation humanitaire de la population gazaouie atteint un point de quasi-non-retour. La première option justement, à très court terme, serait de parvenir à un cessez-le-feu humanitaire pour permettre aux habitants de Gaza de souffler, de se nourrir et de connaître un minimum d'apaisement. Option irréaliste pour l'instant en dépit du vote massif en ce sens, mais non contraignant, de l'assemblée générale de l'ONU. C'est que, pour l'instant, les États-Unis maintiennent leur soutien à Israël. Mais, et c'est la 2ᵉ option, ils mettent la pression sur Benyamin Netanyahu pour cesser les bombardements sur l'enclave et passer à des opérations ciblées contre les infrastructures et les responsables du Hamas. Option rejetée pour l'instant par le Premier ministre israélien, ce qui crée d’ailleurs des tensions avec Joe Biden. Troisième évolution, plus probable malheureusement, de cette guerre : c'est qu'elle dure, tant l'objectif d'éradication du Hamas apparaît difficile. Un enlisement qui ne ferait qu'accroître les souffrances des Gazaouis et pèserait de plus en plus sur l'économie israélienne, dont les forces vives sont massivement mobilisées sur le front. On peut aussi redouter, et c'est la 4ᵉ évolution possible du conflit, un embrasement régional, même si l'Iran semble ne pas vouloir pousser ses alliés, Hezbollah et Houthis, à aller au-delà d'une politique de harcèlement d'Israël. Embrasement qui pourrait aussi concerner la Cisjordanie. On réfléchit aussi aux scénarios envisageables, en partant de l'hypothèse, hors de portée pour l'instant, d'une cessation des combats. Avec cette question : que devient ensuite l'enclave palestinienne, détruite aux deux tiers ? Il y a d'abord le scénario d'une réoccupation par Israël, 18 ans après l'évacuation des colons. Benyamin Netanyahu reste très vague sur ce point - insistant surtout sur le contrôle sécuritaire autour de l'enclave. Car une réoccupation poserait de nombreux défis sécuritaires et, surtout, elle n'offre aucune perspective politique, ni pour les Palestiniens, ni pour les Israéliens. Autre scénario : le déploiement d'une force internationale et/ou régionale dans l’enclave, pour assurer une transition vers un règlement du conflit et permettre aussi de débuter la reconstruction de Gaza. Mais les pays arabes potentiellement concernés, ainsi que l'ONU, sont réticents à une telle solution - tant le transitoire peut durer. Enfin, on arrive sur le scénario longtemps oublié, à savoir le retour de la solution à deux États. Mais il suppose plusieurs conditions, le retour de l’Autorité palestinienne à Gaza, l’organisation d’élections dans tous les territoires palestiniens et sans doute aussi en Israël. Le meilleur et pour l’instant, le plus inatteignable.
Cette semaine, évoque l’élection présidentielle qui se déroule en Égypte du 10 au 12 décembre. Avec à la clef une très probable reconduite au pouvoir du maréchal Abdel Fattah al-Sissi, qui dirige le pays d’une main de fer depuis 2014. Et la question posée est la suivante : quel est l'enjeu d'un scrutin dont le résultat est écrit d'avance ? D'un point de vue strictement politique, l'enjeu est effectivement inexistant. Il est absolument certain que Abdel Fattah al-Sissi sera réélu pour un troisième mandat à l'issue de cette élection présidentielle. Pour rappel, lors des deux précédents scrutins, en 2014 et 2018, il avait obtenu respectivement 97 et 96 % des suffrages exprimés. On sera sans doute dans cet ordre de grandeur pour celui qui débute ce 10 décembre. Presque 13 ans après la révolution qui avait chassé du pouvoir Hosni Moubarak, l'Égypte, ce géant du monde arabe avec une population de 105 millions d'habitants, se retrouve dans une situation comparable, voire pire selon certains experts, en termes de gouvernance et de non-respect des droits de l'homme. Des milliers de personnes sont détenues pour des motifs politiques. Les candidats qui voulaient, malgré une forte répression, se présenter contre al-Sissi en ont été empêchés, à l'exception de trois candidats fantoches proches du régime. En bref, on est dans un scrutin organisé par une dictature qui fait à peine semblant de préserver une façade démocratique. Un bilan politique préoccupant, mais la situation est également critique en économie. LES SECTEURS RENTABLES TOUJOURS CONTRÔLÉS PAR L'ARMÉE La monnaie égyptienne a été plusieurs fois dévaluée cette année. Le FMI reste réticent à débloquer une nouvelle tranche de trois milliards de dollars sans la mise en œuvre de réformes libérales, qui dans premier temps vont aggraver la précarité de millions de personnes. L'équation est délicate... D'autant qu'en Égypte, c'est l'armée qui a conservé la mainmise sur les secteurs rentables de l'économie comme le commerce fluvial – après l'élargissement du canal de Suez en 2015 – ou encore le tourisme, sans parler des projets pharaoniques lancés par al-Sissi. Notamment la construction en cours d'une capitale administrative à moins de 50 km du Caire, surnommée ironiquement « Sissi City » par de nombreux Égyptiens. UNE ABSENCE D'ALTERNATIVE POLITIQUE Qu'en est-il du positionnement diplomatique de l'Égypte ? C'est l'un des points forts du maréchal al-Sissi, et il en joue abondamment. L'Égypte demeure un pays incontournable dans la région et les événements de Gaza ont encore renforcé ce statut. Du coup, les grandes puissances ménagent ce dictateur par souci de . D'abord parce que c'est lui ou le retour au pouvoir des Frères musulmans, proches du Hamas – inenvisageable pour les capitales occidentales. D'autant que l'activisme des groupes islamistes reste problématique dans le Sinaï. Ensuite, parce que les intérêts économico-militaires restent trop forts entre le Caire et l’Occident. En résumé : une élection jouée d'avance et dont le véritable enjeu sera le taux de participation plus que le résultat lui-même, qui reconduira al-Sissi au pouvoir jusqu’en 2030. Les libertés publiques et individuelles, ainsi que le niveau de vie de millions d'Égyptiens, attendront. Sauf si cette marmite sociale se met à déborder. À lire aussiCampagne présidentielle en Égypte: pas de changement politique à l'horizon https://www.rfi.fr/fr/podcasts/reportage-international/20231107-campagne-présidentielle-en-égypte-pas-de-changement-politique-à-l-horizon
Cette semaine, Le monde en question s'intéresse au rôle que jouent les États-Unis dans le conflit en cours entre Israël et le Hamas. Un rôle important, au vu des liens qui unissent Washington et Tel-Aviv depuis la création de l’état hébreu en 1948. Et la question posée est la suivante : le conflit entre Israël et le Hamas met-il la diplomatie américaine dans une position délicate ? La réponse est oui. Pour preuve, la tournée qu'effectue en ce moment le secrétaire d'État américain Anthony Blinken. Il s'est rendu ce jeudi en Israël pour la troisième fois depuis le massacre commis par le Hamas le 7 octobre 2023. C'est dire l'importance que Washington accorde à ce conflit et la difficulté à laquelle il est confronté : manifester un soutien sans faille à l'État hébreu, comme les États-Unis l'ont toujours fait depuis 1948, notamment dans les périodes difficiles, et en même temps faire pression sur l'actuel gouvernement israélien, engagé dans une guerre sans pitié contre le Hamas, au prix de bombardements massifs dans la Bande de Gaza, accompagnés de milliers de morts parmi les civils gazaouis, et d'une situation humanitaire catastrophique pour les plus de deux millions d'habitants de l'enclave, dont les deux tiers environ ont fui l'enfer du nord du territoire et se retrouvent dans le sud, un peu moins exposés – mais dans des conditions de vie dramatique. UNE ÉVOLUTION DE LA POSITION AMÉRICAINE Face aux condamnations grandissantes de la communauté internationale et des organisations humanitaires, Joe Biden a infléchi son positionnement de départ, qui revenait à un appui sans réserve de l'action du gouvernement et de l'armée israélienne. Cet argument tient toujours. Pour les États-Unis, après les horreurs du 7 octobre dernier, Israël a le droit de se défendre et de vouloir anéantir le Hamas à Gaza. À lire aussiGaza: selon le «New York Times», Israël connaissait le plan d’attaque terroriste du Hamas https://www.rfi.fr/fr/podcasts/le-monde-en-questions/20231117-israël–hamas-une-guerre-de-civilisations Mais désormais, il y a aussi une véritable pression exercée par Washington sur le gouvernement de Benyamin Netanyahu, sur plusieurs points : d’abord sur la nécessité de réduire au maximum le nombre de pertes civiles pendant les opérations de Tsahal. À voir si ce point sera respecté, avec la reprise du conflit ce vendredi 1ᵉʳ décembre 2023. Les Israéliens ont annoncé un plan pour permettre aux civils de se réfugier dans des zones sécurisées et ont même communiqué une carte interactive en ce sens. Mais la mise en œuvre de cette mesure, dans un territoire aussi exigu que le sud de la bande de Gaza, sera compliquée. ACCÉLÉRATION DU FLUX DE L’AIDE HUMANITAIRE VERS GAZA Il s’agit aussi d’aider les populations civiles à traverser cette période terrible. Ils ont augmenté leur propre aide. De ce point de vue, rien n’est joué : durant la trêve, quelques centaines de camions d’aide ont pu traverser le poste frontière de Rafah. Que va-t-il se passer maintenant que la trêve est terminée ? C’est pourquoi Washington reste déterminé à tout faire pour qu’un nouvel arrêt des combats permette de nouvelles libérations d’otages et un acheminement massif d’aide. Les négociations se poursuivent et les Américains y jouent un rôle important. Ces discussions déboucheront-elles ? Là encore, pas de réponse pour l’instant. Enfin, les Américains demandent à Israël de renoncer à sa politique colonialiste en Cisjordanie. Demande non suivie d’effet pour l’heure. On le voit : les États-Unis font pression, obtiennent quelques résultats, mais sont confrontés à un gouvernement israélien qui refuse d’envisager l’après conflit et un règlement politique comprenant la perspective d’un État palestinien. Soutenir Israël, mais faire pression aussi et obtenir des avancées politiques : l’équation reste très compliquée pour la diplomatie américaine. À écouter aussiLes États-Unis ne peuvent plus négocier seuls avec Israël et le Hamas https://www.rfi.fr/fr/podcasts/journal-d-haïti-et-des-amériques/20231122-les-états-unis-ne-peuvent-plus-négocier-seuls-avec-israël-et-le-hamas
Cette semaine, se demande si le conflit entre Israël et le Hamas peut être qualifié, au-delà de son aspect local, de manifestation d’un affrontement entre deux types de conceptions morales, identitaires et religieuses. Et la question est la suivante : avec ce conflit, sommes-nous en train d'assister, comme l'affirment certains commentaires, à un nouvel épisode d'une « guerre de civilisations » entre l'Occident et ce qu'on appelle aujourd'hui « le Sud global » ? La réponse à cette question n'est pas évidente. Pour certains, le constat est clair : avec le conflit entre Israël et le Hamas, nous sommes bel et bien dans une nouvelle manifestation de ce choc des civilisations, théorisé il y a 26 ans par l'historien américain Samuel Huntington. Pour faire court, sa thèse est la suivante : après l'effondrement de l'URSS en 1991, ce sont aussi les grandes idéologies qui se sont évanouies. Le communisme, le socialisme, le capitalisme, le libéralisme, toutes ces écoles de pensées auraient cessé d'être pertinentes pour rendre compte des rapports de force dans le monde. Après une période où l'on a pu croire à la toute-puissance des États-Unis, de nouvelles forces sont apparues, avec en particulier la montée en puissance de l'islamisme radical. Du coup, il ne s'agit plus d'une guerre idéologique, mais d'une guerre de civilisations qui repose sur l'adhésion ou le rejet d'un modèle culturel, économique, identitaire ou religieux. COMMENT CELA SE TRADUIT-IL CONCRÈTEMENT ? Cela se manifeste par l'opposition grandissante et de plus en plus violente entre, d'une part, les pays occidentaux (États-Unis, Canada, Union européenne, Israël, Japon, Corée du Sud, Taïwan…) et d'autre part, de nouvelles puissances émergentes en Asie, au Proche-Orient, en Afrique et en Amérique latine. Puissances qui proposent des modèles alternatifs au modèle occidental (démocratie politique et libéralisme économique) ou qui sont critiques de ce modèle. Quant aux organisations qui se réclament d’un islam intégriste, elles souhaitent carrément détruire ce monde occidental corrompu, arrogant et amoral. CETTE GRILLE DE LECTURE PEUT SEMBLER SÉDUISANTE ET CONTIENT INDÉNIABLEMENT UNE PART DE VÉRITÉ. Elle permet à certains acteurs de la scène internationale de lire sous ce prisme les grands événements de ces 20 dernières années : les attentats du World Trade Center, les attentats en France et en Europe dans les années 2010, le conflit syrien, et plus récemment la guerre en Ukraine et donc le conflit Israël - Hamas depuis les terribles exactions du 7 octobre 2023 et la réponse musclée d'Israël. Mais elle trouve aussi ses limites, car il s’agit d’une approche trop simpliste, trop binaire dans le monde d’aujourd’hui, très multipolaire. Certes, de nombreux pays non-occidentaux partagent une forme d’envie ou de ressentiment vis-à-vis de l’Occident, et plus précisément des États-Unis. Mais les intérêts, les différents territoriaux, les liens économiques ou militaires rendent les choses bien plus complexes. En revanche, l’Occident, obligé de lutter contre des organisations extrémistes, doit apprendre à davantage prendre en compte ces nouveaux acteurs étatiques et à coopérer plutôt qu’à imposer. À écouter aussiIsraël-Gaza: quels risques de contagion? https://www.rfi.fr/fr/podcasts/débat-du-jour/20231009-israël-gaza-quels-risques-de-contagion
Cette semaine, vous nous parlez du conflit en cours dans la bande de Gaza, avec déjà des interrogations sur la suite des événements dans cette enclave palestinienne et dans l’ensemble des territoires palestiniens occupés, la Cisjordanie et Jérusalem-Est. Et la question que l’on se pose est la suivante : « » Les options commencent à se dessiner même s’il peut paraître un peu prématuré d’y penser alors que les combats font rage dans l’enclave palestinienne. Mais à ce stade, personne ne sait combien de temps va durer la guerre entre le Hamas et l’armée israélienne. Ces options concernent d’abord le sort et le statut de LA BANDE DE GAZA https://www.rfi.fr/fr/moyen-orient/20231108-la-bande-de-gaza-un-territoire-marqué-par-des-décennies-d-occupations-étrangèresà l’avenir, et ensuite la question plus large de la question palestinienne, avec le retour de la solution à deux États, laissée sous le tapis depuis des années. Concernant la bande de Gaza, il y a ce que disent les Israéliens et ce que souhaitent les Américains car ce sont les seuls acteurs qui ont une influence sur le gouvernement de Tel-Aviv. Dans l’immédiat, les États-Unis sont sur la même ligne que le gouvernement israélien sur l’impossibilité d’établir un cessez-le-feu sans libération de tous les otages détenus par le Hamas. En revanche, ils ont fortement poussé à ce qu’Israël accepte au moins d’instaurer des pauses tactiques de quatre heures par jour, ce qui devrait se faire désormais. Pour l’avenir de Gaza, après la fin des opérations de l’armée israélienne, le Premier ministre israélien n’a pas été très clair. Il estime que seul ISRAËL https://www.rfi.fr/fr/tag/israël/, après avoir éradiqué le Hamas, devra à l’avenir assurer la sécurisation de la bande de Gaza, mais sans réoccuper ni gouverner le territoire comme c’était le cas avant 2005. Pas question notamment de réinstaller des colonies juives dans l’enclave. Les États-Unis sont d’accord pour que Gaza ne puisse plus servir de bastion pour le terrorisme, ils souhaitent, eux aussi, qu’il n’y ait pas de réoccupation de Gaza par Israël. Mais ils préviennent également BENYAMIN NETANYAHU https://www.rfi.fr/fr/tag/benyamin-netanyahu/ : il ne doit pas y avoir un nouveau blocus de Gaza. Pas question non plus d’une réduction du territoire Gazaoui. Telles sont les lignes rouges tracées par la diplomatie américaine. À lire aussiDessiner un avenir pour la bande de Gaza, une tâche bien compliquée https://www.rfi.fr/fr/moyen-orient/20231108-dessiner-un-avenir-pour-la-bande-de-gaza-une-tâche-bien-compliquée Tout cela laisse dans le flou la question de savoir qui gouvernera la bande de Gaza après le désastre. Le plus réaliste, mais pas le plus facile, serait sans doute de réinstaller l’Autorité palestinienne dans le territoire. Sans savoir comment elle sera accueillie, si elle arrive dans les valises de l’armée israélienne. Au-delà du statut du territoire, les événements du 7 octobre ont remis sur le devant de la scène la question plus politique de la solution à deux États. Et notamment l’avènement - enfin – d’un véritable État palestinien, 75 ans après le plan de partage de l’ONU https://www.rfi.fr/fr/tag/onu/. Mais là aussi, la tâche s’annonce plus que compliquée, sauf à organiser des élections dans tous les territoires palestiniens, et encore. Le résultat ne serait pas reconnu par Tel Aviv si le Hamas pouvait y participer. Côté israélien, il faudrait aussi des élections générales et une autre coalition si l'on veut sérieusement discuter d’une paix durable. On ne sait jamais : des ténèbres surgit parfois la lumière À suivre aussi le direct [En direct] Guerre Israël-Hamas: le plus grand hôpital de Gaza cible d'une frappe meurtrière https://www.rfi.fr/fr/moyen-orient/20231110-en-direct-israël-relativise-l-annonce-de-pauses-humanitaires-quotidiennes-à-gaza
C'est le 28ᵉ jour de guerre dans la bande de Gaza, les bombes israéliennes continuent de frapper le territoire et ses habitants. Depuis le territoire palestinien, la seule voie vers l'extérieur est le poste frontière de Rafah, par lequel quelques dizaines de blessés sont sortis pour se faire soigner en Égypte. Mais au Caire, les autorités sont fermes depuis le début du conflit : pas question d'accueillir un afflux massif de réfugiés. Rencontre avec l'ambassadeur de Palestine en Égypte, Diab el-Loh, représentant de l'Autorité palestinienne. RFI : LE PRÉSIDENT ÉGYPTIEN ABDEL FATTAH AL-SISSI REFUSE D'ACCUEILLIR UN AFFLUX MASSIF DE RÉFUGIÉS GAZAOUIS SUR SON SOL. QU'EN PENSEZ-VOUS ? DIAB EL-LOH : Ce sujet de l'installation et du déplacement forcé des citoyens palestiniens de la terre de Palestine est un plan israélien ancien qu'Israël a tenté de mettre en œuvre dans chaque guerre. Nous rejetons la création d'un État de Gaza sur une partie de la terre égyptienne du Sinaï. De plus, les citoyens palestiniens de Gaza, de Jérusalem ou de la Cisjordanie possèdent une conscience nationale suffisante et une culture nationale profonde qui les incite à rester sur leur terre, à ne pas les quitter ni même à migrer brièvement, quelles que soient les circonstances. LES ASSAUTS ISRAÉLIENS SE POURSUIVENT SUR GAZA. COMMENT RECEVEZ-VOUS L'ARGUMENT DE NOMBREUX PAYS QUI INVOQUENT LE DROIT D'ISRAËL À SE DÉFENDRE DEPUIS L'ATTAQUE DU HAMAS ? Je vais poser une question en guise de réponse : le peuple palestinien n'a-t-il pas le droit de se défendre ? Comment peut-il se défendre face à l'assaut de cette immense machine israélienne moderne ? Le peuple palestinien est un peuple sans défense qui ne possède pas d'armes et est exposé à tout moment à l'agression militaire israélienne. LA GUERRE DE COMMUNICATION, C'EST AUSSI UN POINT IMPORTANT, DITES-VOUS. Parce qu'Israël essaie de falsifier les faits, de les déformer et d'imposer une politique de fait accompli sur le peuple palestinien, et ils nous traitent comme si nous étions des monstres. Nous ne sommes pas des monstres, nous sommes des gens qui aimons la vie. Israël ne veut pas seulement déplacer les Gazaouis de ville en ville à l'intérieur du territoire occupé, ce qui est déjà interdit par le droit international, mais Israël veut plutôt les expulser de leurs foyers, de leur terre étroite vers l'Égypte et le monde extérieur, et cela n'arrivera pas bien sûr, comme je vous l'ai dit. Nous tenons à rester sur notre terre, et nous tenons à établir notre État sur notre terre.
La guerre se poursuit entre Israël et le Hamas, trois semaines après l’attaque terroriste lancée par l'organisation islamiste. Et la capture de nombreux otages, israéliens et étrangers ou binationaux. En quoi le Qatar est-il devenu incontournable dans la gestion de certains aspects de la crise actuelle ? Si le Qatar joue un rôle aussi important, c'est en grande partie parce qu'il tire profit de sa stratégie diplomatique tous azimuts. Le petit émirat, grand comme l'Île-de-France, a développé, au fil des ans, son influence en s'appuyant sur les ressources considérables tirées de ses gisements en gaz et en pétrole. Mais en maintenant une ligne idéologique proche de l'organisation des Frères musulmans, et des mouvements qui s'en inspirent, comme le Hamas, dont le bureau politique est abrité à Doha depuis 2012. Mais les Frères musulmans étant considérés comme une organisation terroriste, notamment par des pays de la région comme l'Arabie saoudite ou les Émirats arabes unis – le Qatar a payé le prix lourd : ces deux États lui ont imposé un blocus économique entre 2017 et 2021. Et c'est dans cette période que l’émirat s'est rapproché des États-Unis, qui ont renforcé leur soutien durant cette période compliquée. À lire aussiGuerre Israël-Hamas: des intenses bombardements en cours à Gaza, l'ONU s'inquiète d'une «avalanche de souffrances» https://www.rfi.fr/fr/moyen-orient/20231027-guerre-israël-hamas-des-intenses-bombardements-en-cours-à-gaza-l-onu-s-inquiète-d-une-avalanche-de-souffrances LE CRÉANCIER MÉDIATEUR Ajoutons à cela le rôle de créancier de la bande de Gaza depuis cinq ans, un rôle accepté, voire encouragé par Israël et les États-Unis. 30 millions de dollars par mois sont prêtés pour éviter que l’enclave ne s’effondre économiquement. Le Qatar s’est enfin spécialisé dans le rôle de médiateur dans les prises d'otages, encore récemment entre les États-Unis et l'Iran. Ou même s’agissant de la libération d’enfants ukrainiens retenus en Russie. Si l'on résume : il parle aux États-Unis et abrite une des bases militaires américaines les plus importantes de la région, (10 000 G.I. y sont stationnés), il parle aux européens et commerce avec eux, et enfin, il parle au Hamas, et même à Israël. Et donc logiquement, ce grand écart a priori très problématique à tous points de vue explique le rôle joué par un pays qui surfe sur les crises pour tenter d’augmenter son « soft power », son pouvoir d’influence. C’est pourquoi le Qatar est l’un des principaux médiateurs aujourd’hui, notamment en ce qui concerne les plus de 200 otages détenus par le Hamas. À lire aussiBande de Gaza: nouvelle incursion terrestre israélienne, l’ONU alerte sur le drame humanitaire https://www.rfi.fr/fr/moyen-orient/20231027-bande-de-gaza-nouvelle-incursion-terrestre-israélienne-l-onu-alerte-sur-le-drame-humanitaire MISSION DIFFICILE Cette médiation est difficile, les tractations sont rudes, car le Hamas conditionne la libération des otages civils à un cessez-le-feu préalable dans l’enclave palestinienne, ce que refuse catégoriquement le gouvernement israélien. Jusqu’ici, quatre otages seulement ont été libérés. Mission difficile donc, mais que le Qatar va poursuivre. Car il sait que cette crise le place d’ores et déjà en acteur important de toute façon, d’autant qu’il se positionne déjà pour la suite, quand elle se produira, à savoir la reconstruction de la bande de Gaza. Et là, ce sont ses moyens financiers qui lui permettront de jouer un rôle essentiel.
Alors qu'une intervention militaire de l'armée israélienne semble imminente, pourquoi la perspective de négociations politiques entre Israéliens et Palestiniens est-elle actuellement hors de portée ? Cette période est marquée par les affrontements. Notablement, l'attaque terroriste du Hamas en territoire israélien le 7 octobre dernier, suivie de la réaction musclée de Tel Aviv, avec sans doute une opération terrestre à venir dans la bande de GAZA https://www.rfi.fr/fr/tag/gaza/. Mais si l'on veut espérer un jour sortir de ces impasses tragiques, dont les civils de part et d'autre paient le prix lourd, il faudra bien revenir aux fondamentaux. Le problème initial est que les deux parties n'arrivent pas à se mettre d'accord sur les modalités d'une paix qui déboucherait sur la coexistence pacifique de deux États, comme le prévoit l'ONU depuis 1948. Les Palestiniens estiment qu'Israël fait tout pour empêcher la création d'un État palestinien. Ils affirment que l’État hébreu, à part quelques coopérations sécuritaires en Cisjordanie, n'a jamais respecté les accords d'Oslo. Ils estiment aussi que les Israéliens, en poursuivant de manière déterminée – quels que soient les gouvernements depuis 20 ans –, une politique active de colonisation en Cisjordanie, rendent de plus en plus impossible, concrètement, le fonctionnement d'un véritable État, avec notamment une indispensable continuité territoriale. Certains vont même jusqu'à dire que le véritable objectif d'ISRAËL https://www.rfi.fr/fr/tag/israël/, en violation du droit international et des résolutions de l'ONU, est en fait de s'emparer de la Cisjordanie pour créer le « Grand Israël » – comme le réclament d'ailleurs à Tel Aviv les membres les plus extrémistes de l'actuel gouvernement. UN DIALOGUE IMPOSSIBLE C'est cette méfiance qui se transforme en hostilité puis, notamment pour les plus jeunes, en désespoir. « No future », pas d'avenir, et donc bien souvent un processus de radicalisation. La situation est à la fois différente et semblable dans la bande de Gaza. Différente, car depuis le retrait de 2005, il n'y a plus de colonies israéliennes dans ce territoire. Semblable, car le blocus imposé par Israël et l'Égypte rend la vie quotidienne très difficile pour les 2,3 millions de personnes qui s'entassent dans ce réduit de 400 km². Sans compter les interventions de l'armée israélienne qui réagit aux attaques lancées par le Hamas depuis ce territoire. Côté israélien, on estime que l'effondrement de l'Autorité palestinienne en Cisjordanie et l'hostilité totale du Hamas, qui dans sa charte prône la destruction de l'État hébreu, rendent impossible un dialogue sincère et responsable pour une option politique. Ce qui se passe depuis deux semaines ne fait que renforcer l’impossibilité d’un dialogue à court et sans doute à moyen terme. C'est le drame de la région : dans chaque camp, ce sont les fossoyeurs du processus d'Oslo qui sont actuellement en position de force, et qui entraînent les civils israéliens et palestiniens dans un débordement de fureur, de passion et de haine.
Les électeurs polonais se rendent aux urnes ce dimanche 15 octobre, pour élire 460 députés et 100 sénateurs. Ce scrutin est présenté comme le plus important depuis 1989, date de la chute du communisme, et la Pologne est à la croisée des chemins. Rendez-vous ce dimanche soir pour savoir si la Pologne opte pour l’alternance ou pour un troisième mandat consécutif pour le PiS, ce qui serait historique dans la vie politique polonaise depuis 1989. En résumé, soit le retour au pouvoir de l’opposition pro-européenne dirigée par L’ANCIEN PRÉSIDENT DU CONSEIL EUROPÉEN DONALD TUSK https://www.rfi.fr/fr/europe/20231013-pologne-dernier-jour-de-campagne-avant-des-élections-législatives-cruciales, soit la pérennisation de la phase illibérale engagée par Droit et Justice (PiS), le parti populiste nationaliste au pouvoir sans discontinuer depuis 2015. QUELLES SONT LES TENDANCES ? Sauf énorme surprise, le PiS devrait arriver en tête, mais sans majorité absolue. La question sera donc de savoir si le parti Droit et Justice est en mesure de former une coalition. Son partenaire le plus naturel serait Confédération. Mais ce parti d’extrême droite se dit hostile à une coalition, même si les experts n’excluent une alliance possible. Toutefois, si les deux partis partagent une idéologie commune, ils diffèrent de façon notable en matière de politique économique et sociale. Par exemple, les aides octroyées aux familles par le gouvernement PiS ne sont pas du goût des ultra-libéraux de Confédération. La coalition civique emmenée par Donald Tusk est donnée deuxième dans tous les sondages. En revanche, si ses alliés potentiels entrent au parlement, elle pourrait disposer d’une coalition gouvernementale. Ce dimanche soir, tout l’enjeu sera de savoir si les partenaires plausibles, le parti la Nouvelle gauche (Nowa Lewica en polonais) franchit le seuil de 5% et si la coalition « 3e voie » atteint au moins 8% des voix. Le sésame pour avoir des députés À écouter aussiGrand reportage: Les racines du PiS en Pologne https://www.rfi.fr/fr/podcasts/grand-reportage/20231012-les-racines-du-pis-en-pologne UN SCRUTIN QUI FAIT ÉCHO À LA SLOVAQUIE L’élection du 30 septembre dernier en Slovaquie a marqué LE RETOUR AU POUVOIR DE ROBERT FICO https://www.rfi.fr/fr/europe/20230930-slovaquie-les-premières-projections-donnent-le-progressiste-michal-šimečka-en-tête, le Orban slovaque. Le Smer-SD, son parti très critique de l’Union européenne et de l’Otan, réclame aussi la fin de l’aide militaire à l'Ukraine. Ce n’est pas sans rappeler les propos du Premier ministre polonais, qui a expliqué pendant la campagne que la Pologne ne fournirait plus d’armes à son voisin, devant se concentrer sur la modernisation de sa propre armée. Un climat aux antipodes de l’élan de solidarité qui avait prévalu en février 2022, quand la Russie avait attaqué l’Ukraine. Mais le ressentiment de certains Polonais à l’égard des réfugiés ukrainiens et l’affaire des céréales ukrainiennes ont été exploités par le PiS pour séduire des électeurs aussi convoités par l’extrême-droite. UN SCRUTIN SUIVI DE PRÈS PAR L’UNION EUROPÉENNE La tentation eurosceptique et illibérale est bien ancrée en Europe centrale. Robert Fico en Slovaquie, Viktor Orban en Hongrie et Jaroslaw Kaczynski sont des fervents partisans d’une « Europe des Nations » et farouches opposants d’une Europe plus intégrée. Finalement, au sein du groupe de Visegrad, ne reste que la République tchèque qui a fait le choix en janvier dernier d’élire Petr Pavel. Elle a ainsi tourné le dos à une forme de dérive illibérale qu’aurait représentée l’élection de son rival, Andrej Babis. L’euroscepticisme et les tendances nationalistes et illibérales de ces dirigeants pèseront sur le scrutin européen de juin 2024. L'avenir de l’Union européenne sera peut-être en jeu en fonction des résultats, d’autant que le calendrier veut que la Hongrie assure la présidence tournante du conseil de l’Union européenne à partir de juillet 2024. C’est la Pologne qui prendra la suite pour six mois, en janvier 2025.
Les 27 membres de l’Union européenne se sont réunis à Grenade, dans le sud de l’Espagne. Ce sommet informel a-t-il permis de progresser sur l’un des défis majeurs auxquels l’Union est confrontée, à savoir la question migratoire ? Eh bien oui, ça bouge sur ce sujet ô combien clivant en Europe. Il y a quelques jours, les chefs d’États et de gouvernement ont dégagé un compromis important, à l’issue d’un vote à la majorité qualifiée au Conseil de l’Europe. Un texte qui conjugue fermeté sur les conditions d’entrée dans l’Union européenne et solidarité renforcée des États membres, en cas d’arrivée massive de migrants, même si le terme « » n’est pas détaillé. Le double objectif est de diminuer le nombre d’arrivées sur le sol européen et de partager plus équitablement entre les 27 l’accueil de ceux qui rentrent, pour soulager le fardeau des pays d’arrivée – L’ITALIE https://www.rfi.fr/fr/europe/20230918-l-italie-durcit-sa-loi-pour-dissuader-les-migrants-en-situation-irrégulière, mais aussi LA GRÈCE https://www.rfi.fr/fr/europe/20230914-grèce-des-migrants-survivants-d-un-naufrage-portent-plainte-contre-des-garde-côtes et L’ESPAGNE https://www.rfi.fr/fr/europe/20231006-espagne-les-canaries-confrontées-à-des-arrivées-massives-de-migrants-sur-leur-plus-petite-île. Il y a enfin un volet de partenariat migratoire avec les pays d’origine ou de transit qui doivent, eux aussi, jouer leur rôle, en échange d’une aide financière des Européens. Ce système existe déjà avec la Tunisie, avec des résultats plus que décevants pour l’instant. À lire aussiSommet européen de Grenade: l'enjeu des migrations pour Macron https://www.rfi.fr/fr/europe/20231006-sommet-européen-de-grenade-l-enjeu-des-migrations-pour-macron OPPOSITION DE LA POLOGNE ET LA HONGRIE Ce texte pourtant continue de provoquer de fortes réticences de certains pays de l’Union européenne. En effet, certains États renâclent – et c’est un euphémisme – sur le volet solidarité, notamment la Pologne et la Hongrie. Le Premier ministre hongrois, jamais avare de déclarations choc, parle même de viol ! Budapest et Varsovie restent en fait sur des positions racialistes, pour ne pas dire racistes. En effet, ces deux pays contestent non seulement les dispositions prévues sur le nombre de personnes à accueillir, mais indiquent aussi, de façon plus ou moins explicite, que les bons migrants sont par exemple ukrainiens, blancs et chrétiens. Ce texte, au-delà des oppositions qu’il suscite, devra ensuite être validé par le Parlement européen, et là aussi ça ne s’annonce pas simple. Le Parlement, en tant que colégislateur, a son mot à dire. Et en effet, les discussions s’annoncent tendues entre ceux qui trouvent l’accord trop contraignant, et ceux qui pensent au contraire qu’il n’est pas assez généreux et humaniste. ÉLARGISSEMENT DE L'UE Cette question migratoire illustre en tout cas la complexité et l’hétérogénéité du fonctionnement européen. Faute d’être tous, peu ou prou, sur la même ligne idéologique, les 27 ont un mal fou à s’entendre sur ce problème essentiel, mais pas unique. La problématique est assez similaire sur le dossier de l’élargissement de l’Union alors que huit pays désormais, dont l’Ukraine, restent dans la salle d’attente de l’Union. Retenons néanmoins qu’à Grenade, malgré les difficultés, l’Europe a fait un premier pas pour harmoniser sa politique migratoire. Reste à transformer l’essai et ensuite à voir comment ce texte sera mis en œuvre concrètement. À lire aussiL'Europe en sommet à Grenade en Espagne https://www.rfi.fr/fr/europe/20231005-l-europe-en-sommet-à-grenade-en-espagne
Ces élections anticipées de Slovaquie qui se tiennent samedi 30 septembre sont scrutées avec attention par les 26 autres capitales de l’UE, car elles pourraient marquer le retour d’un trublion de la scène politique européenne, l’ancien Premier ministre Robert Fico. Il ambitionne de le redevenir avec un programme à même de donner des maux de tête à la plupart des partenaires européens de la Slovaquie. Robert Fico semble avoir modelé son attitude et ses nouvelles idées sur celles de Viktor Orbán en Hongrie voisine même si pour le reste Robert Fico n’hésite pas à proférer des propos hostiles aux Magyars. Ces propos anti-magyars sont cependant plus dirigés contre la minorité hongroise de Slovaquie que contre la Hongrie elle-même. De la même façon, ROBERT FICO https://www.rfi.fr/fr/podcasts/européen-de-la-semaine/20230923-fico porte haut la rhétorique anti-tsiganes et surtout la rhétorique anti-migrants. La crise migratoire s’est invitée dans cette campagne législative via les positionnements de Robert Fico et une palette de partis nationalistes, d’extrême droite, voire néo-fascistes. LES ROUTES MIGRATOIRES, DU GRAIN À MOUDRE POUR ROBERT FICO La Slovaquie s’est retrouvée en 2023 sur le parcours de migrants vers l’Europe occidentale, ce qui fournit donc un argument de campagne tout trouvé à Robert Fico. Lors de son dernier mandat de Premier ministre, il était aux manettes au moment de la crise migratoire de 2015-2016 et il a déjà marqué à ce moment-là un virage très net contre l’immigration non-européenne. Avec la Pologne et la Hongrie, la Slovaquie a fait partie des pays européens qui ont absolument refusé de se plier à la proposition de l’époque de la Commission européenne de relocaliser des demandeurs d’asile. Robert Fico peut à nouveau utiliser ce levier électoral puisque la réforme actuelle du pacte asile et migration de l’Union européenne comporte la même proposition de relocalisation. Selon les estimations, 20 000 migrants sont entrés en Slovaquie en 2023 en provenance de Serbie via la Hongrie, un repoussoir tout trouvé pour Robert Fico et ses alliés potentiels. À lire aussiSlovaquie : le soutien à l’Ukraine, enjeu des élections législatives anticipées https://www.rfi.fr/fr/podcasts/reportage-international/20230928-slovaquie-le-soutien-à-l-ukraine-enjeu-des-élections-législatives-anticipées RHÉTORIQUE PRO-RUSSE Les migrants ne sont pas les seuls « arguments » électoraux de ces partis potentiellement à même de former la future coalition gouvernementale slovaque, il y a aussi une rhétorique pro-russe très marquée. C’est d’ailleurs une caractéristique très frappante de cette campagne. Robert Fico a affirmé que si Vladimir Poutine venait en Hongrie quand il serait Premier ministre, il ne demanderait pas son arrestation. De la même façon, il reprend les messages du Kremlin pour affirmer que les nazis ukrainiens ont déclenché la guerre en assassinant des Russes dans le Donbass en 2014. Un des chefs nationalistes d’un parti avec lequel le Smer de Robert Fico a déjà été au gouvernement par le passé affirme même que ces territoires ne sont pas historiquement ukrainiens. Robert Fico ne cache pas son intention de s’allier avec Viktor Orban pour obtenir la fin des sanctions de l’UE contre la Russie. Un ensemble de déclarations à l’origine des inquiétudes dans la plupart des autres capitales européennes, à l’heure où le Smer de Robert Fico caracole en tête dans les sondages avec 26 % des intentions de vote, cinq à six points devant le parti pro-européen Slovaquie progressive de Michal Šimečka. À lire aussiSlovaquie : la désinformation comme outil politique en période électorale https://www.rfi.fr/fr/podcasts/les-dessous-de-l-infox-la-chronique/20230929-slovaquie-la-désinformation-comme-outil-politique-en-période-électorale VERS UNE COALITION COMPLIQUÉE POUR ROBERT FICO ? L’infox, la désinformation ont été les grands gagnants de cette campagne avec beaucoup de théories du complot. Un gouvernement mené par Robert Fico est-il cependant possible ? Les sondages valent ce qu’ils valent dans un pays où l’opinion publique est très poreuse aux infox des réseaux sociaux, mais il semble que Slovaquie progressive serait en train de faire une remontée. Pour le reste, le Parlement slovaque risque de compter entre 15 et 17 partis après les élections et la Constitution d’une coalition pourrait s’avérer très compliquée pour Robert Fico et ses alliés d’extrême droite dont certains souhaiteraient quitter l’Otan, ce que Robert Fico, lui, ne souhaite pas.
Retour sur la visite d’État que vient d’effectuer le roi d’Angleterre Charles III en France. Cette visite symbolique est-elle en fait plus politique ? La réponse est oui. Certes, en tant que souverain constitutionnel d'un pays démocratique régi par le système parlementaire, CHARLES III https://www.rfi.fr/fr/tag/charles-iii/, comme ses prédécesseurs, n'a aucun pouvoir exécutif. Il doit se contenter, et c'est déjà beaucoup, de refléter et d'incarner physiquement l'unité de l'État et la grandeur d'un royaume qui depuis quelques années a bien du mal à se montrer uni. À l'occasion de ces visites d'État, il joue aussi, en accord avec Downing Street, un rôle diplomatique, un , ce pouvoir d'influence destiné à assurer le rayonnement de la Grande-Bretagne sur la scène internationale. C'est encore plus vrai dans le cas de la France, le voisin le plus proche des Britanniques, avec lequel les relations datent de fort longtemps, et ont fluctué au fil des siècles, entre territoires mêlés, concurrence, hostilité, méfiance, mais aussi intérêt réciproque jamais démenti, et dans l'ère moderne, partage de valeurs démocratiques, statut longtemps partagé de grandes puissances impériales, alliées dans l'adversité au XXe siècle, et aujourd'hui reconnues à l'ONU, toutes deux membres du Conseil de sécurité de l'organisation et disposant de l'arme nucléaire. À lire aussiVisite de Charles III: au Sénat, le roi plaide pour une nouvelle «entente» entre Londres et Paris sur le climat https://www.rfi.fr/fr/europe/20230921-visite-de-charles-iii-au-sénat-le-roi-plaide-pour-une-nouvelle-entente-entre-londres-et-paris-sur-le-climat C'est cette entente cordiale – dont on fêtera en avril prochain le 120e anniversaire –, que Charles III est venu non seulement célébrer mais surtout relancer, après les années de tension suite au Brexit et la mauvaise entente entre Boris Johnson et Emmanuel Macron. DISTILLER SES CONVICTIONS Symbolisme, diplomatie.... c'était donc prévu. Mais pour autant, cette visite a été au-delà. Dans le cadre rigide qui lui est imposé, Charles III, tout en finesse, a réussi à distiller ses convictions. Sur la nécessaire coopération de ces deux nations européennes pas comme les autres qui ensemble, a-t-il dit, ont un potentiel énorme. Sur l'Europe, avec laquelle Londres cherche à se rapprocher. Et enfin sur des opinions connues de longue date, à savoir la nécessité de lutter contre le dérèglement climatique et de préserver la biodiversité. Le roi l'a fait soit en paroles, l'entente cordiale entre les deux pays doit aujourd'hui se faire sur le climat, soit en actes, ou plutôt en visites – au Muséum d'histoire naturelle à Paris, ou dans la forêt expérimentale de Floirac en Gironde, ou encore DANS LE BORDELAIS https://www.rfi.fr/fr/france/20230922-france-le-roi-charles-iii-à-bordeaux-aux-côtés-du-maire-écologiste-pierre-hurmic, sur un vignoble haut de gamme, mais franco-britannique et bio. À écouter aussiPoundbury, la ville imaginée par le roi Charles III https://www.rfi.fr/fr/podcasts/reportage-international/20230428-poundbury-la-ville-imaginée-par-le-roi-charles-iii Au final, une visite parfaitement réussie et qui a installé le style Charles III, mêlant prestige, proximité, et donc des convictions politiques subtilement affirmées, sans jamais franchir la ligne rouge de l'intrusion dans le domaine réservé du Premier ministre britannique. Comme on dit en anglais : , bien joué !
Comme l'a montré le récent sommet du G20 en Inde, l'ordre international est de plus en plus fracturé entre l'Occident et le reste du monde, malgré des apparences consensuelles. Assistons-nous à l'émergence d'un nouvel ordre mondial ? La réponse est oui, même si on se trouve plutôt dans une forme de basculement dont on ne mesure pas encore toutes les conséquences. Ce qui est sûr, c'est que la conjugaison d'évolutions démographiques, idéologiques, économiques, sans oublier l'effet d'accélération du conflit en Ukraine, débouche sur ce qui semble désormais un acquis : l'ancien ordre mondial, issu de la Seconde Guerre mondiale, est en train de vaciller sous les coups de butoir de nouvelles puissances, petites, moyennes et grandes, qui contestent cet ordre largement dominé par le camp occidental. Elles réclament dorénavant leur part du gâteau et mettent en cause le modèle occidental fondé sur un ordre économique libéral et un système politique démocratique. Forts de leur victoire sur le système communiste en URSS, les États occidentaux ont cru pourtant que leur heure était venue. Dans les années 90 et 2000, ils ont même tenté d'imposer par la force leur modèle, persuadés de sa supériorité et de sa compatibilité avec des cultures très différentes. Ce furent notamment les interventions en Irak ou en Afghanistan qui finirent en demi échec pour l'Irak et en déconfiture pour l'Afghanistan. Car justement, dans un mouvement d'hubris, ils ont cru que les populations du monde n'attendaient que l'avènement de la démocratie à l'occidentale, sans voir que, ce faisant, ils étaient de plus en plus perçus comme des intrus et des prédateurs économiques, affichant de grands discours sur les bienfaits de la démocratie, mais recourant à la force politique et militaire et à la domination économique pour leurs propres intérêts. Et peu à peu, l'hiatus s'est installé entre les Occidentaux et certaines grandes puissances émergentes – la Chine, la Russie, et d'autres pays en Afrique, en Asie ou en Amérique du Sud – qui ont ressenti une forme d'attitude postcoloniale de la part de l'Occident. Certes, d'un point de vue économique, les Occidentaux ont accepté de faire un peu de place à ces nouveaux émergents, d'où par exemple la création du G20 en 1999. LE COMPORTEMENT DES OCCIDENTAUX CRISPE CES NOUVELLES GRANDES PUISSANCES La Chine et la Russie en particulier, conscients de leur poids, veulent développer leur propre modèle politique, très souvent aussi pour rester au pouvoir, puisque leur modèle, présenté comme «», permet à ces dirigeants de durer en piétinant allègrement les principes démocratiques. Alors certes, il y a eu et il y a des révoltes des populations de ces pays comme les révolutions du monde arabe en 2011 ou en Iran à plusieurs reprises et encore aujourd'hui. Mais sans vraiment remettre en cause ces systèmes autocratiques ou théocratiques, aux antipodes des valeurs occidentales. La guerre en Ukraine a servi d'accélérateur dans cette fracturation. L'Europe et les États-Unis se battent pour défendre leurs valeurs et leurs intérêts, la Russie justifie son intervention par l'expansionnisme de l'Otan. Ce narratif trouve un écho chez beaucoup de pays du Sud global comme on dit aujourd'hui. D'où le résultat du G20 la semaine dernière en Inde : les pays occidentaux ne peuvent plus imposer leur volonté, notamment sur la guerre en Ukraine. Oui, les choses sont en train de bouger à grande vitesse sur la scène internationale. Et ceux qui tentent de bâtir des ponts ont bien du mal à se faire entendre. À lire aussiG20: le bilan en demi-teinte du sommet de New Delhi https://www.rfi.fr/fr/monde/20230910-g20-le-bilan-en-demi-teinte-du-sommet-de-new-delhi
Le sommet annuel du G20 se tient samedi 9 septembre à New Delhi en Inde. Sera-t-il un sommet ambitieux, comme le proclame le Premier ministre Narendra Modi, ou celui des blocages ? Disons que la tâche s’annonce ardue pour Narendra Modi. Le Premier Ministre indien, en partie pour des raisons de politique intérieure - il y a des élections l’an prochain -, veut faire de ce sommet une réussite à la gloire de sa personne, de son parti, le BJP, et de son pays. Il s’agit de consacrer la place de l’Inde, qui est désormais la nation la plus peuplée au monde, sur la scène internationale. Et pour cela, le dirigeant a sorti les grands moyens. L’ambition de Narendra Modi risque toutefois de se heurter aux dures réalités d’un monde fracturé comme jamais depuis 40 ans. Pour surmonter cette difficulté, il compte sur son positionnement qu’on pourrait qualifier de « ni-ni ». L’Inde a en effet un pied dans le camp occidental, comme l’ont montré ces derniers mois les visites du Premier ministre en France ou aux États-Unis, et un pied dans le camp de ce qu’on appelle le « Sud Global », ces petits, moyens et grands pays longtemps assujettis à la domination occidentale, et qui désormais cherchent non seulement à voler de leurs propres ailes, mais même pour certains, à remettre en cause et à concurrencer cette suprématie. Ce positionnement équilibré ou d’équilibriste sera sans nul doute une mise à l’épreuve de la méthode Modi. Notamment sur les sujets qui fâchent et où le consensus s'annonce très difficile à obtenir, sur l'Ukraine bien sûr, mais aussi sur la transition énergétique indispensable pour espérer ralentir le dérèglement climatique. LA GUERRE EN UKRAINE ET LA TRANSITION ÉNERGÉTIQUE Sur la guerre en Ukraine, Narendra Modi a donc appliqué sa méthode : Vladimir Poutine ne sera pas présent, mais, à la différence de l'an dernier au G20 de Bali, il n'y aura pas non plus d'expression par visioconférence de Volodymyr Zelensky. Cette approche a priori modérée risque pourtant de compliquer une formulation satisfaisante pour tout le monde sur le dossier ukrainien dans le communiqué final. Et on peut s'attendre à la même difficulté concernant la transition énergétique. Entre l'objectif de tripler les capacités en matière d'énergies renouvelables d'ici à 2030, et le souhait de certains grands pays émergents de continuer à utiliser les énergies fossiles pour assurer leur développement, le dialogue là aussi s'annonce coriace. En réalité, ce sommet risque fort de refléter l'état des divisions actuelles dans le monde plutôt qu'une célébration de coopérations concrètes entre les 20 plus grandes économies du monde. Sauf si la méthode Modi fait des miracles. À écouter aussiAujourd'hui l'économie : Inde : à New Delhi, le G20 en ordre dispersé https://www.rfi.fr/fr/podcasts/aujourd-hui-l-économie/20230908-inde-à-new-delhi-le-g20-en-ordre-dispersé
Alors que la contre-offensive ukrainienne ne porte manifestement pas les fruits escomptés sur le terrain, un certain glissement est perceptible dans les opinions. À quel camp profite ce temps long ? Sur le front ukrainien, la perspective d’une probable entrée dans une troisième année de conflit n’est pas une bonne nouvelle. Si elle acte la formidable résistance du peuple ukrainien face à l’invasion russe et l’« opération militaire spéciale » de trois jours déclenchée le 21 février 2022 avec le bombardement et l’invasion générale du territoire ukrainien par Moscou, ni les offensives, ni les contre-offensives au fil des mois, à Kiev, Kharkiv, Kherson ou dans le Donbass, n’auront été finalement, de part et d’autre, décisives. La longévité et la brutalité du conflit laissent perplexes les analystes les plus chevronnés, et même dans les services du renseignement militaire américain au Pentagone, ceux-là mêmes, très informés, qui avaient annoncé l’attaque russe, on se prend à se demander où va cette guerre d’usure, qui se transforme en guerre de tranchées d’un autre âge, à l’immense et terrible coût humain, alors qu’un nouvel hiver se profile ? Impasse ? Non. Mais l’état d’esprit mi-fataliste, mi-désabusé dans les opinions publiques occidentales commence aussi à peser sur les gouvernements et sur la nature de leur engagement envers Kiev, et est inversement proportionnel au sentiment de frustration qui gagne la population ukrainienne. À lire aussiGuerre en Ukraine: face à la multiplication des fronts, le casse-tête des renforts https://www.rfi.fr/fr/europe/20230830-guerre-en-ukraine-face-à-la-multiplication-des-fronts-le-casse-tête-des-renforts Washington, qui est le véritable second front logistique de la guerre en Ukraine, y a déjà consacré quelque 43 milliards de dollars en aide militaire et en armement et une rallonge de 13 milliards a été demandée au Congrès il y a quelques semaines par l’administration Biden. Mais pour la première fois, un sondage a révélé un début de renversement dans l’opinion publique américaine, se déclarant à 55% défavorable au soutien militaire. MAIS DANS LE MÊME TEMPS, ON CONTINUE DE PLAIDER À KIEV POUR L’ENVOI DE SOUTIEN AÉRIEN ? Rejetant la critique de moins en moins voilée des stratèges américains face aux choix opérationnels sur le front de l’état-major ukrainien et, en creux, de l’utilisation de l’aide militaire, à l’image de l’inlassable président Zelensky, l’armée ukrainienne martèle depuis des mois que la solution se trouve dans les airs. Les fameux chasseurs F-16 que le Danemark, les Pays-Bas et la Norvège par exemple se sont engagés à livrer ne seront prêts à être utilisés qu’en début d’année prochaine. Un temps long qui, là aussi, ne joue pas en faveur de Kiev alors qu’à Washington, sans doute échaudé par les résultats contestables de la grande contre-offensive contre l’armée russe, on affirme que ce soutien aérien ne doit pas être considéré comme stratégiquement déterminant. En un mot : les F-16 n’apporteront pas nécessairement la victoire ukrainienne et la fin de la guerre. À lire aussiLivraisons de F-16 à l'Ukraine: Volodymyr Zelensky en visite aux Pays-Bas et au Danemark https://www.rfi.fr/fr/europe/20230820-livraisons-de-f-16-à-l-ukraine-volodymyr-zelensky-en-visite-aux-pays-bas-et-au-danemark ET DU CÔTÉ RUSSE, ON CONTINUE DE JOUER LA PARTITION DE L’INFLEXIBILITÉ, ENTRE DÉNI ET FUITE EN AVANT Si le feuilleton impliquant la milice Wagner, d’abord au front pendant le long hiver 2022 puis au cours de l’incroyable mutinerie du 24 juin, qui s’est arrêtée aux portes de Moscou, a surtout révélé de formidables distorsions et de failles au sein de l’état-major russe sur fond de propagande aveugle et d’engagement à marche forcée provoquant un véritable massacre sur le front, il est évident et acquis que l’armée russe a aussi appris de ses erreurs. Les redoutables lignes de défense qui ont coupé net l’offensive ukrainienne et contraignent les combattants à une pénible progression sont là pour en attester. Désormais débarrassé du trublion Prigojine, chef de Wagner tué dans le crash de son avion, le président Poutine peut resserrer les rangs et s’installer, lui aussi, dans ce fameux temps long de la guerre dont il reste persuadé qu’il lui sera favorable. La question des négociations de paix, d’un armistice, ne sont à l’ordre du jour ni d’un côté, ni de l’autre. Dans quelques jours, lors de la rentrée scolaire, les lycéens russes découvriront un nouveau chapitre dans leurs manuels d’histoire. Quelques pages consacrées à cette fameuse « opération militaire spéciale » lancée contre l’Ukraine. Une invasion inévitable qui, selon la version officielle, aura permis d’« »
Même si peu d’observateurs de la scène politique russe pariaient sur l’avenir d’Evgueni Prigojine après sa mutinerie du 24 juin dernier, sa disparition, si elle se confirme, va précipiter une partie du monde vers l’inconnu et en premier lieu, la milice Wagner. Peut-elle survivre à la disparition de son chef ? Vladimir Poutine s’est-il finalement résolu à sacrifier sa créature ? Evgueni Prigojine, à la fois symptôme et avatar des dérives mafieuses de l’oligarchie russe, trublion médiatique et ordurier, a-t-il payé pour son arrogance et, surtout, après voir ridiculisé les élites, remis en cause l’institution militaire et sa propagande en Ukraine, a-t-il franchi la ligne rouge : s’en prendre, même indirectement, au chef, le maître du Kremlin ? « », avait prophétisé l’ancien voyou et chef de Wagner avant de conclure : « » Justement, Prigojine incarnait parfaitement l’« ADN Wagner » : alliage inédit de mercenariat d’État, de dissimulation, de mystères, mais aussi et surtout d’extrême violence, d’impunité et de prédation sans oublier l’une de ses marques de fabrique : la guerre informationnelle ou comment, bien avant les autres, il a su, à peu de frais, propager un discours favorable à la Russie et hostile à ses cibles, dont la France en Afrique de l’Ouest. Bras armé de l’influence russe, Prigojine s’est sans doute cru électron libre dans un monde conçu et défini par Vladimir Poutine. Si la chute du patron de Wagner a aussi valeur d’avertissement dans les cercles poutiniens, le modèle russe de la société militaire privée est désormais patenté. Wagner ou pas Wagner, peu importe, vu de Moscou, le logiciel paramilitaire est prêt à la mise à jour et à se pérenniser. À lire aussiEvgueni Prigojine, sulfureux patron de Wagner et artisan de l'influence russe en Afrique https://www.rfi.fr/fr/europe/20230824-evgueni-prigojine-sulfureux-patron-de-wagner-et-artisan-de-l-influence-russe-en-afrique LE GROUPE WAGNER, BIEN QUE LE PLUS PUISSANT ET LE PLUS CONNU, EST LOIN D’ÊTRE LA SEULE MILICE RUSSE Si grâce à Wagner, le pouvoir russe s’est durablement ancré dans une nébuleuse internationale allant de la Syrie au Soudan, de la Libye à la Centrafrique, au Venezuela et au Sahel, le groupe d’Evgueni Prigojine et de Dimitri Outkine, l’autre dirigeant tué lui aussi dans le crash, a surtout ouvert la voie. L’audacieux coup de force du 24 juin dernier contre Moscou qui aura valu à Prigojine d’être qualifié de «» à la télévision nationale par son mentor avait, sans nul doute, déjà laissé envisager que les cartes seraient rebattues. Wagner avec un autre patron, changement de nom ou un remplacement pur et simple ? Il faut dire que le président russe avait, depuis longtemps, pris les devants en incitant ses proches à créer leurs propres groupes paramilitaires. Plusieurs dizaines de milices ont ainsi été fondées, ces dernières années, telles que « Enot », « Patriot » ou « Convoy », appartenant à des personnalités aussi variées que le patron du géant Gasprom ou de Sergueï Choïgou, ministre de la Défense et bête noire de Prigojine. CE SYSTÈME D’INFLUENCE TRÈS AUDACIEUX CONÇU PAR LE KREMLIN EST-IL IMPARABLE VOIRE INFAILLIBLE ? La fin tragique, avérée ou non, dans le ciel russe, des chefs de Wagner, aura aussi mis en lumière l’extrême fragilité d’un pouvoir à Moscou qui, même s’il reste implacable, semble poursuivre sa fuite en avant brutale et paranoïaque qui l’isole chaque jour davantage. À lire aussiRussie: le Kremlin réfute toute participation de l'État à la mort de Prigojine https://www.rfi.fr/fr/europe/20230825-russie-le-kremlin-réfute-toute-participation-de-l-état-à-la-mort-de-prigojine Le recours à outrance de ces fameuses, « SMP », sociétés militaires privées, officiellement interdites par la Constitution russe, incarne la face sombre, de plus en plus prépondérante, du règne de Vladimir Poutine. S’il s’est largement vanté de ses succès à l’étranger, dans ses missions de combat ou de formation militaire, le chef de Wagner s’est aussi parfois trompé, comme au Mozambique ou sur le front de Bakhmout. Quant à son modèle financier – sécurité contre argent – rien ne prouve aujourd’hui qu’il soit si profitable et n’ait pu survivre sans l’aide secrète du Kremlin. L’élimination d’Evguzni Prigojine est donc une solution à très court terme pour le pouvoir russe et l’avenir de la stratégie d’influence reste, quoi qu'il en soit, incertain.
Afghanistan : deux ans après la chute de Kaboul, le mirage d’un changement de gouvernance sous les Talibans de retour au pouvoir, a fait long feu. L’Afghanistan est sorti du radar et s’enfonce dans une crise multiple sous les yeux d’une communauté internationale impuissante. Existe-t-il encore un quelconque espoir et des leviers pour sortir le pays de l’impasse ? Dans un pays qui se mure, mois après mois, dans un système autarcique et obscurantiste, de décrets liberticides en annonces paranoïaques, les moyens de pressions semblent presque nuls. Sauf un miracle, du type de ceux qui ont parfois sauvé l’Afghanistan au cours de sa très longue histoire. Mais miracle, espoir ou avenir ont pour l’heure disparu du vocabulaire des 40 millions de sujets de l’Émirat Islamique, dans un pays au bord de l'effondrement, deux ans après la débâcle américaine et les images, qui ont fait le tour du monde, du chaos sur le tarmac de l’aéroport de Kaboul, pris d’assaut par des centaines de milliers d’Afghans terrorisés alors que les premières patrouilles de Talibans hirsutes entraient sans résistance dans la ville au terme d’une offensive-éclair… Les rebelles fondamentalistes ont vaincu la première armée du monde puis la nuit talibane est tombée sur l’Afghanistan. L’illusion coupable d’une partie de la communauté internationale d’un changement de doctrine, de l’arrivée au pouvoir de ces fameux « Talibans 2.0 », version moderne et plus acceptable que celle des années 90, aura surtout permis à l’aile dure du régime d’installer son implacable police religieuse pour cadenasser le territoire, mettre au pas la population et déclencher une guerre obsessionnelle contre toutes les femmes du pays. Alors que le premier cercle du régime islamique, pour célébrer ce second anniversaire, s’offrait une parade militaire dans un camp du fief historique de Kandahar, le gouvernement chinois faisait figure d’exception, comme souvent, pour saluer « » À lire aussiLe royaume perdu de Zaher Shah, dernier roi d’Afghanistan https://www.rfi.fr/fr/connaissances/20230717-le-royaume-perdu-de-zaher-shah-dernier-roi-d-afghanistan LE POUVOIR TALIBAN EST-IL HOMOGÈNE ? Le régime du mystérieux Hibatullah Akhundzada, chef suprême des Talibans, n’est officiellement reconnu que par le Pakistan voisin, l’Arabie Saoudite et les Émirats arabes unis, mais un certain nombre de liens diplomatiques, plus ou moins formels, se sont noués avec des pays comme la Chine ou la Russie alors que le Qatar, très actif, fait souvent office de courroie de transmission entre Kaboul et le monde extérieur. Si rien ne filtre véritablement au-delà du rideau de fer afghan, certaines dissensions semblent être apparues entre le noyau dur, mené par le Mollah Akhundzada depuis Kandahar et certains membres de sa garde rapprochée, comme ceux du puissant clan Haqqani, très actif sur la frontière pakistanaise et le mollah Yacoub, fils du chef historique du mouvement. Rien de quoi faire toutefois trembler l’édifice de l’Émirat Islamique au sein duquel les rares voix modérées se sont tues depuis longtemps. LES FEMMES, CIBLES D’UN « » Le 21 décembre 2022, sur ordre du chef suprême, les étudiantes ont été interdites et chassées de toutes les universités d’Afghanistan. Le piège taliban s’est refermé sur les femmes quelques mois après la chute de Kaboul. Les Afghanes sont désormais exclues de toute forme d’enseignement, bannies de toute fonction dans les administrations publiques, ont interdiction d’entrer dans les jardins ou les bains publics, les salles de sport. Elles ont perdu leur droit fondamental au mouvement et ne peuvent voyager qu’accompagnées d’un homme et dissimulées sous une burqa ou un hijab. Le zélé ministre de la Prévention du Vice et de la Promotion de la Vertu a aussi décrété la fermeture des quelque 12 000 salons de beautés que comptait l’Afghanistan, privant de revenus des dizaines de milliers de femmes dans ce secteur. Là aussi, en dépit des nombreuses condamnations émanant du monde entier, des mouvements de soutien, rien ne semble vouloir infléchir le nouveau pouvoir taliban. À lire aussiAfghanistan: «J'ai l'impression d'être en prison et mon crime, c'est d'être une femme» https://www.rfi.fr/fr/asie-pacifique/20230815-afghanistan-j-ai-l-impression-d-être-en-prison-et-mon-crime-c-est-d-être-une-femme