Savoir lui dire, le podcast

Emilie Soulez

About

SAVOIR LUI DIRE, le podcast des hommes et des femmes qui communiquent.
Emilie Soulez explore avec ses invités l'importance de DIRE, le sens, les méthodes.
- Saison 3 : "SOIFS !". Les aspirations des communicant.e.s qui ont été assoiffé.e.s durant la crise de la COVID19 et qui vont de l'avant.
- Saison 2 : "Intimement confinés". Une série de textes inédits, lus par leurs auteurs - hommes et femmes de tous horizons - durant le confinement au printemps 2020.
- Saison 1 : "Leaders communicants". Des interviews de leaders qui décryptent leurs prises de parole et leurs façons de communiquer.

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50 episodes

[SOIFS #13] Conversation - Alexis Minchella, créateur du podcast "Tribu Indé"

A quoi bon converser avec sa communauté ? Mais d'ailleurs, expert en content marketing, ça veut dire quoi ? Quel est le deal entre un podcasteur et sa communauté pour qu'elle soit fidèle et bienveillante ? Comment devient-on podcasteur et auteur pour sa communauté ? Alexis Minchella, créateur du podcast Tribu Indé et expert en content marketing, répond à ces questions au micro d'Emilie Soulez. Avec déjà plus de 200 000 écoutes pour 59 épisodes, son podcast Tribu Indé dévoile les clés de succès des indépendants dans leur vie entrepreneuriale. Alexis partage avec méthode et talent ses connaissances en matière de content marketing et de freelancing, pour en faire bénéficier le plus grand nombre.  #conversation #dire #savoirluidire #communauté #podcast #podcasteur #contentmarketing #freelancing #entreprenariat [Musique Originale : Laurent Barselo Waltzer pour Savoir lui dire] --- Send in a voice message: https://anchor.fm/emilie-soulez/message

37m
Mar 03, 2021
[SOIFS #12] Surdouance - Fabrice Micheau, fondateur de HPI talents

Comment les adultes surdoués vivent-ils la crise sanitaire que vous traversons ? Leurs compétences hors-normes sont-elles plus que jamais mises à contribution ? D'ailleurs, est-il toujours utile de savoir qu'on est surdoué ? Faut-il DIRE qu'on est surdoué, et à qui, comment ? "Surdoué", est-ce un "truc" à la mode ? Demain, les surdoués seront-ils davantage recherchés par les DRH, dans un environnement complexe, incertain et volatile ? Fabrice Micheau, fondateur de HPI talents et coach spécialisé dans l'accompagnement des adultes surdoué, répond aux questions d'Emilie Soulez autour des personnalités atypiques. Il donne un éclairage sincère sur les parcours d'adultes surdoués, leurs angoisses, leurs talents, leurs ressources, et livre ses SOIFS, en cette période de pandémie mondiale.  #surdoué #HPI #talents #DRH #dire #savoirluidire #VUCA #coach #surdouance [Musique Originale : Laurent Barselo Waltzer pour Savoir lui dire] --- Send in a voice message: https://anchor.fm/emilie-soulez/message

45m
Feb 17, 2021
[SOIFS #11] Handicap - Sophiatou Ndiaye, Fondatrice et gérante de YumainCap

Que devient la question du handicap en période de crise sanitaire ? Comment agissent concrètement les DRH pour davantage d'inclusion dans les entreprises ? Qui en parle ? Sophiatou Ndiaye œuvre concrètement pour le maintien des personnes en situation de handicap dans les entreprises. Elle est l'invitée d'Emilie SOULEZ pour ce nouvel de la saison SOIFS, et elle a des choses à nous DIRE sur la question du handicap. [Musique Originale : Laurent Barselo Waltzer pour Savoir lui dire] #handicap #sensibiliser #tolerance #respect  #inclusion #dire #savoirluidire  --- Send in a voice message: https://anchor.fm/emilie-soulez/message

25m
Feb 05, 2021
[SOIFS #10] Surprise - Emilie Soulez, fondatrice de Savoir lui dire, interviewée par ses enfants

Pour clore l'année 2020, Emilie Soulez a proposé à ses enfants de l'interviewer, sans lui dévoiler leurs questions au préalable. Âgés de 16 à 5 ans, Vannina, Timothée, Edgar et Bianca se sont prêtés au jeu : ils ont questionné leur mère en toute franchise, chacun avec son style. Emilie évoque avec eux ses SOIFS pour l'année à venir, tout en répondant à leurs questions parfois surprenantes, et en faisant le point sur son année 2020 d'entrepreneure en confinement. Bonne écoute et à l'année prochaine ! [Musique Originale : Laurent Barselo Waltzer pour Savoir lui dire] --- Send in a voice message: https://anchor.fm/emilie-soulez/message

15m
Dec 31, 2020
[SOIFS #9] Improvisation - Florian Bartsch, créateur de NEW, la comédie musicale improvisée

En cette fin d'année 2020, tandis que le monde du spectacle compte les jours de rideau baissé et se bat pour survivre, Florian Bartsch se livre au micro d'Emilie Soulez.  Cet artiste et inventeur effréné n'a cessé de créer pendant les confinements successifs. Improvisateur depuis plus de 20 ans, créateur de NEW - la comédie musicale improvisée -, professeur d'impro et formateur en entreprise, Florian a SOIF de scène, de contacts humains et de voyages. Mais il revient aussi avec lucidité sur les transformations à venir pour les artistes et producteurs en 2021. Que pourrait bien apporter l'art de l'improvisation au monde entier, en plein crise sanitaire ? C'est l'une des questions que lui a posé Emilie Soulez. Bonne écoute ! [Musique Originale : Laurent Barselo Waltzer pour Savoir lui dire] --- Send in a voice message: https://anchor.fm/emilie-soulez/message

41m
Dec 23, 2020
[SOIFS #8] Vidéo-learning - Aysseline de Lardemelle, Fondatrice d'Evolitude

Et si la crise, avec tout ce qu'elle engendre d'inconfortable, était une opportunité pour gagner en conscience ? Dans cet inconfort, est-il possible de gagner en compétences ? Emilie Soulez reçoit Aysseline de Lardemelle, fondatrice d'Evolitude, également formatrice, coach, conférencière. Aysseline évoque les stratégies de formation des grands groupes en ces temps difficiles, notamment pour ce qui est du micro-learning / vidéo-learning. Elle appelle à + de conscience, mais aussi à la responsabilisation de chacun, dans des entreprises. Qu'elles soient libérées ou non, toutes doivent se montrer flexibles et prendre soin des salariés, en évitant la victimisation. Aysseline de Lardemelle a conçu 250 vidéos de management et soft-skills (gestion du stress, confiance en soi, changement, communication,…), en français et en anglais, ouvertes aux entreprises et aux particuliers sur www.evolitude.com http://www.evolitude.com/. [Musique Originale : Laurent Barselo Waltzer pour Savoir lui dire] --- Send in a voice message: https://anchor.fm/emilie-soulez/message

28m
Nov 09, 2020
[SOIFS #7] Questionnement - Guy Amoureux, philosophe, coach et consultant au sein du réseau Pluridis

Proposer du coaching ou recourir au coaching en temps de crise, est-ce bien raisonnable ? A quelles conditions le questionnement peut-il nous aider à nous en sortir ? Que doivent appréhender les coachs en période de crise, dans leur façon d'accompagner les individus ? Guy Amoureux, philosophe, coach et consultant au sein du réseau Pluridis, se livre au micro d'Emilie Soulez. Il évoque avec conviction sa soif de penser. Il invite les coachs à l'économie de questions, au croisement des cadres de référence, à la modestie. Un entretien qui invite à la réflexion et à la suspension du jugement. [Musique Originale : Laurent Barselo Waltzer pour Savoir lui dire] --- Send in a voice message: https://anchor.fm/emilie-soulez/message

29m
Oct 21, 2020
[SOIFS #6] Recrutement - Jacques-Christophe Midey, Dirigeant-fondateur de RH Adequacy

"Kant disait qu'on mesure l'intelligence à la capacité à supporter l'incertitude" Quels sont les profils qui vont faire la différence parmi les managers de demain ? De quelles qualités ont-ils besoin ? Quelles politiques de recrutement pour les entreprises qui trinquent ? Quel regard porter sur le marché de l'emploi aujourd'hui ? Dans un contexte économique difficile, fortement impacté par la crise sanitaire de la COVID-19, Emilie Soulez reçoit Jacques-Christophe Midey, Dirigeant-fondateur du cabinet de recrutement RH Adequacy. Il salut la force des TPE et PME, garde un certain optimisme, et énonce les qualités du manager "réducteur d'incertitude"... Un échange authentique et porteur d'espoir. [Musique Originale : Laurent Barselo Waltzer pour Savoir lui dire] --- Send in a voice message: https://anchor.fm/emilie-soulez/message

26m
Oct 14, 2020
[SOIFS #5] Illustration - Jérémie Claeys, illustrateur, auteur et créateur du Podcast SENS CREATIF

"Une image vaut mille mots"... et pourtant Jérémie Claeys, illustrateur, auteur et podcasteur, ne se contente pas des images. Il emploie aussi les mots. Témoignages, histoires, métaphores et illustrations, tout cela est bon pour connecter les personnes entre elles. Jérémie est en quelque sorte le philosophe des artistes de l'image, le penseur de la créativité. Vulnérable, généreux, authentique, bavard… C'est ainsi que nous l'aimons. Jérémie Claeys livre avec simplicité ses SOIFS au micro d'Emilie Soulez, pour ce 5ème épisode de la saison 3. Retrouvez son podcast SENS CREATIF sur https://anchor.fm/senscreatif  [Musique Originale : Laurent Barselo Waltzer pour Savoir lui dire] --- Send in a voice message: https://anchor.fm/emilie-soulez/message

34m
Sep 23, 2020
[SOIFS #4] Intime - Patrick Papazian, Médecin sexologue hospitalier, auteur et communicant santé

Parler de l'intime, aborder la sexualité, est-ce un angle prioritaire en période de crise, tandis qu'il est question, parfois, de vie et de mort ? Comment écouter l'autre et accueillir pleinement ce qui se présente dans le dialogue ? Est-ce qu'évoquer l'intime est à la portée de tous ? Ce sont autant de questions soulevées avec Patrick Papazian, médecin sexologue hospitalier, auteur et communicant santé depuis 20 ans. Il réfléchit avec subtilité à son rôle et nuance chaque réponse lorsqu'il raconte, au micro d'Emilie Soulez, son quotidien auprès de ses patients. Point de certitudes mais de réelles convictions, incarnées, chez ce médecin sexologue indéniablement doué pour le colloque singulier avec ses patients. Patrick Papazian est l'auteur, entre autres, de "Parlez-moi d'amour" Editions l'Opportun. [Musique Originale : Laurent Barselo Waltzer pour Savoir lui dire] --- Send in a voice message: https://anchor.fm/emilie-soulez/message

25m
Sep 12, 2020
[SOIFS #3] Management - Damien Gauthier, Directeur associé du cabinet de conseil et de formation CINAPS

Pour ce troisième épisode de la série "SOIFS", Emilie Soulez reçoit Damien Gauthier, Directeur associé du cabinet de conseil et organisme de formation CINAPS. Un cabinet de conseil en management qui accompagne les PME, grands groupes, entreprises publiques depuis 30 ans. (www.cinaps.com) Damien Gauthier évoque avec philosophie la perte des certitudes durant la crise, mais aussi l'accélération de l'innovation dans le champ de la formation et de l'accompagnement, et l'agilité déployée. Il s'attache à bien différencier et  à nuancer les modalités permises par le digital et le distanciel, en complément de celles déjà connues en présentiel. Il mise enfin sur un cocktail personnalisé, innovant et multi-modal en matière de formation des collaborateurs, tout en se projetant vers un retour de la confiance dans les entreprises. [Musique Originale : Laurent Barselo Waltzer pour Savoir lui dire] --- Send in a voice message: https://anchor.fm/emilie-soulez/message

17m
Jul 25, 2020
[SOIFS #2] Communication santé - Odile Finck, fondatrice et Présidente de l'agence Action d'Eclat

Pour ce deuxième épisode de la saison SOIFS, Emilie Soulez reçoit Odile Finck, Présidente de l'agence Action d'Eclat, figure charismatique du monde de la communication santé. Toute l'équipe d'Action d'éclat a continué à communiquer et à travailler sur ses fondamentaux durant la crise du COVID19, avec force et conviction. Odile Finck, Présidente de l'agence, livre ses impressions et intuitions sur le distanciel, le phygital, les aspirations et devoirs des laboratoires pharmaceutiques en matière de communication... Pour 2021, elle parie notamment sur l'émotion, l'humain, la précision des messages, et évidemment sur l'action et l'éclat. [Musique Originale : Laurent Barselo Waltzer pour Savoir lui dire] --- Send in a voice message: https://anchor.fm/emilie-soulez/message

19m
Jul 10, 2020
[SOIFS #1] Jeu - Timothée Ansieau, comédien improvisateur

Pour ce premier épisode de la saison "SOIFS", Emilie Soulez reçoit Timothée Ansieau, comédien improvisateur et directeur artistique de la compagnie EUX. Ultra-flexible et détendu, Timothée a soif de contacts, de jeu, mais aussi d'un "après COVID19", d'une nouvelle façon d'agir et de consommer... Il nous livre avec authenticité son regard d'artiste sur ce monde du spectacle à l'arrêt et sur ses envies pour demain. Il promet un retour en fanfare pour sa troupe EUX en octobre 2020 ! [Musique Originale : Laurent Barselo Waltzer pour Savoir lui dire] --- Send in a voice message: https://anchor.fm/emilie-soulez/message

16m
Jun 17, 2020
Annonce Saison 3 : "SOIFS" - Emilie SOULEZ

Bonjour, et bienvenue dans SAVOIR LUI DIRE, le podcast des hommes et des femmes qui communiquent… Parce que la crise du COVID19 nous a assoiffés, de relations humaines, de contacts, de mouvement, de déplacements en tous genres, des autres… buvons ensemble les paroles de ceux qui ont SOIF et envie d’aller de l’avant… SOIFS, c’est la troisième saison de Savoir lui dire, le podcast. [Musique originale : Laurent Barselo Waltzer] --- Send in a voice message: https://anchor.fm/emilie-soulez/message

59s
Jun 09, 2020
[Intimement confinés #24] "Saison 2 - On n'a pas encore reçu les scripts !" Perrine Megret (avec la participation de Florian Bartsch)

Saison 2, on n’a pas encore reçu les scripts Pardon, mais on n’a pas encore reçu les scripts pour la saison 2. Déjà, qu’on a été un peu pris de court sur la saison 1 : du jour au lendemain, on nous a dit: voilà, ce sera un huis clos et votre décor, c’est ça. On tourne demain. Point. Pendant 2 mois, on a été les pantins, les automates, les acteurs, les réalisateurs d’un pilote de série sans en être les vrais auteurs. Pour rentrer dans nos personnages, on a d’abord reçu un imagier, comme quand on était petit pour apprendre à parler. [ A, comme Attestation C, comme Chloroquine, D, comme Distance Sociale, ... ] Avec l’imagier, semaine après semaine, on a commencé à comprendre les répliques qu’on nous a sommés de dire dans cette boîte qu’on nous a sommés d’habiter. Une fiction où tout le monde a les mêmes répliques et vit un bouleversement au même moment : le concept est puissant. [Répliques] - Tu veux que je mette les infos? - T’as signé ton attestation? - Il a perdu le goût et l’odorat aussi. Succès planétaire de la série. Histoire virale. Suspens contagieux. Chacun connaissait son rôle sur le bout des doigts, pour le meilleur ou pour le pire. Et là, dans quelques jours, on nous demande de tourner la saison 2. Et les scripts, on les a toujours pas… “Mais du coup, au début de la scène, quand j’arrive, je peux lui faire la bise ou pas?”. C’est toi qui vois “Et le masque, faut le porter dans ce plan et dans ce plan?” C’est toi qui vois. “Et si mon personnage, il veut retrouver ses amis, et qu’il y a cette histoire de porteur sain, il y a un couple avec un nourrisson. Du coup, je fais quoi?“ C’est toi qui vois “Du coup, je comprends pas. Mon personnage, il est censé avoir peur, dans cette scène ou pas?” C’est toi qui vois. Corona. Saison 2. Pas de décor décidé, pas de texte imprimé, pas de direction de jeu, même pas une plateforme claire pour improviser... Début de tournage le 11 mai: à nous de jouer.” Perrine Megret (avec la participation de Florian Bartsch) --- Send in a voice message: https://anchor.fm/emilie-soulez/message

2m
May 10, 2020
[Intimement confinés #23] "Cent confinements, exactement comme ça ." Caspar Schjelbred

10 mai 2020. En plein confinement face au COVID19, un texte écrit et lu par Caspar Schjelbred. CENT CONFINEMENTS, EXACTEMENT COMME ÇA Je lis ce que j'ai écrit depuis le début du confinement. Ce que je me suis imaginé écrire. Ce que je me suis dit. En vrai, je ne me suis pas adressé à moi-même. J'ai plutôt essayé de répondre. Bien, j'ai répondu. Mais à qui ? À quoi ? Qui a posé les questions ? Personne, évidemment. Ou bien tout le monde. Cela revient au même. C'est moi qui ai posé les questions. Où ? Comment ? Quand ? Qui ? Quoi ? Pourquoi ? Je les ai posées, comme ça. Pas sur une quelconque surface, plutôt envoyées dans l'air. Comme des gestes de l'esprit. Non pas pour répondre. (Encore, ce serait à qui ?) Mais pour en être enveloppé. Pour me donner la possibilité d'être les réponses, une à la fois. J'ai pris de notes. J'ai perçu et j'ai reçu. J'ai observé et j'ai écrit, imaginé écrire. Il n'y a pas grand chose à dire. Où ? Comment ? Quand ? Qui ? Quoi ? Pourquoi ? Si, quand même. Je pourrais en parler toute la nuit ou toute une journée ; j'ai fait des grandes découvertes. Immenses. Vastes. Immédiates. Surtout immédiates. C'est ça. Il n'y a rien à dire dans l'immédiat, seulement après. Pendant devient juste après dès que je me mets à dire. Par contre, sentir et penser, c'est possible. Réfléchir non. Percevoir oui. Être là, concrètement, réellement, et jouir discrètement de ce fait fondamental. Qui est : mon confinement dans la réalité physique. Si j'ai appris quelque chose ces deux derniers mois, s'il y a quelque chose que je comprends mieux maintenant, c'est que savoir se confiner dans la réalité physique, c'est salutaire. C'était le jour où j'ai cessé de répondre qu'il s'est passé quelque chose : il ne s'est rien passé. Où. Comment. Quand. Qui. Quoi. Pourquoi. J'étais les réponses. L'une après l'autre. En dialogue immédiate avec mon existence, question et réponse ensemble. J'étais : au centre, comme ça, exactement comme ça et pas autrement, séance tenante, souvent en retard, moi, autre, principe rimbaldien incarné, toutes mes sensations, cause, drame humain et divine comédie. J'ai ri. Le matin où j'ai vu cent confinements courir dans les rues de Montmartre, au lieu de voir cent joggeurs énervants, ça m'a donné envie d'être parmi eux. Être avec moi-même parmi les autres. Le lendemain j'ai mis des chaussures de sport et j'ai commencé à courir, moi aussi. C'est il y a presque un mois aujourd'hui. Hier matin, en faisant mon tour, j'ai enfin compris. Se confiner à la réalité physique, entrer dedans, c'est sortir de tout autre confinement. Espace. Forme. Temps. Emotion. Mouvement. Histoire. Les six portes d'entrée sont toujours là. Ou les six sorties, si vous voulez. Cela dépend de votre point de vue. Ce texte est dédié à Mary Overlie. Caspar Schjelbred --- Send in a voice message: https://anchor.fm/emilie-soulez/message

3m
May 10, 2020
[Intimement confinés #22] "Le confinement allégorie d’une naissance ." Audrey Harroch

10 mai 2020. En plein confinement face au COVID19, un texte écrit et lu par Audrey Harroch "Il me vient à l’esprit la cartographie de la mémoire de nos fondations biographiques individuelles : nos mémoires périnatales tracées par Stan Grof psychiatre et un des fondateurs de la psychologie transpersonnelle. Ces matrices représentent les stades et expériences périnatales vécues par le fœtus qui ont ancré en nous des empreintes comportementales physiques et émotionnelles. Et si ce confinement était l’allégorie de ce processus ? Il aurait commencé comme une douce félicité Du temps pour soi, pour penser Du temps pour casser le rythme fou de la vie Dans lequel nous ne nous sentions plus en harmonie Un paradis perdu dans lequel nous revenions nager Dans une unité et un extase non dissimulés Puis l’angoisse a surgi Et nous a démunis A coup incessants d’informations Nous oppressant comme autant de contractions La psychose s’est installée devant le JT Un sentiment de non-sens, et d’absurdité Nous voilà pris dans un tourbillon Dont on ne voyait plus le fond Ensuite l’angoisse a atteint son paroxysme La mort a frappé tout près et nous a fait suffoquer Un sentiment d’impuissance et de devoir lutter M’ont fait l’effet d’une explosion, d’un combat de titan qui ne disait pas son nom Voilà qu’approche le 11 mai 2020 Une date qui sonne comme une fin A moins que ce ne soit qu’un début ? Ça aussi nous l’avons beaucoup lu… Et si sortir du confinement était un commencement ? Une forme de renoncement, Mais aussi un soulagement Une sortie du tunnel, Au bout la lumière nous appelle Et si c’était une naissance ? Une nouvelle vie avec plus de sens ? Tout à coup une forme d’urgence, Et d’appréhensions des conséquences Quitter la matrice comme une expulsion Comme une première séparation Libératrice et exultant A l’image du printemps impatient Une promesse de cycle nouveau De renaissance de renouveau Mais qui ou quoi nous attend au bout de ce chemin ? Il nous faudra attendre demain pour sonder le destin !" Audrey Harroch --- Send in a voice message: https://anchor.fm/emilie-soulez/message

2m
May 10, 2020
[Intimement confinés #21] "Confinement et autres rimes CON..." Alexia Dumonceau

10 MAI 2020. EN PLEIN CONFINEMENT FACE AU COVID19, UN TEXTE ÉCRIT ET LU PAR ALEXIA DUMONCEAU CONFINEMENT ET AUTRES RIMES CON…. Content ou pas content ? est ce un choix ou un état de fait ? __ __ Qu'on se trouve FACE à soi ou AVEC soi-même, quel a été le chemin parcouru en 8 semaines ? __ __ Contrainte ou opportunité ce confinement ? Contrainte ou opportunité ce déconfinement ? Comment allons nous déconfusionner ? __ __ Sans déconner ! Alexia Dumonceau --- Send in a voice message: https://anchor.fm/emilie-soulez/message

2m
May 10, 2020
[Intimement confinés #20] "Dans ma cabane, sans mes masques". Nathalie Ohana

10 mai 2020. En plein confinement face au COVID19, un texte écrit et lu par Nathalie Ohana. Alors nous y voilà. Je commençais à avoir pris le pli. A avoir vécu sans beaucoup des choses habituelles mais avec des nouvelles amies. Je m'étais recréé un monde. Un monde moins large. Moins vaste évidemment. Petit même on peut dire. Etriqué parfois. Mais ô combien confortable. J'étais sortie de ma zone de confort, j'avais dû apprendre tout de zéro, me forcer à innover, improviser, j’avançais sur un pied, en sautant même parfois. Et puis au fil des pages de mon cahier, au fil des joggings autour de la maison, des cafés à répétition, des cours de yoga jamais terminés, des séances de méditation avortées, finalement je m'étais recréé une autre zone de confort. Une zone dans laquelle on se laisse surprendre par le chant des oiseaux, par un doux rayon de soleil qui caresse le visage, par la vigne qui donne ses premiers grappillons, par les albums de photos qu'on reparcoure, par la visite de mon amie disparue, dans mes rêves ou au saut du lit. Oui, je m’étais construit un nouveau monde comme on se construit une cabane en bois dans le jardin. De bric et de broc. Avec un cageot à la place d'un plumard. Qui laisse passer la pluie et le froid mais qui a l’énorme avantage de ne plus nous confronter au vrai monde. Qui désamorce les peurs. Qui ne laisse entrer que des visages familiers, connus, aimants. Qui donne l'impression qu'on peut vivre toute sa vie dans un entre-soi insolent. Et puis à peine au moment où j'avais de moins en moins de courbatures, où j'avais commencé à d'apprivoiser ce cageot en guise de lit, on m'annonce que ça y est. C'est la fin de l'aventure à la Tom Sawyer. Fini le bivouac. On regagne ses pénates. On rentre dans le dur. On remet nos masques. Pas seulement les masques de protection blanc. Ceux la ne me dérangent pas. Non, je parle d'autres masques. Toutes sortes de masques. Et comme je suis une très bonne comédienne et une improvisatrice de talent, alors je vais me remettre à jouer. A jouer tous les rôles qu'on va me donner. A porter toutes sortes de masques, parfois sans même m'en rendre compte. Et quelque chose me dit qu'avec ces masques, nos peurs vont revenir. Nathalie Ohana --- Send in a voice message: https://anchor.fm/emilie-soulez/message

2m
May 10, 2020
[Intimement confinés #19] "Careful what you wish for". Phoebe Taubman

May 9th. During the containment against COVID19, a text written and read by Phoebe Taubman. CAREFUL WHAT YOU WISH FOR This virus has a nasty sense of humor. Before the pandemic, I was living a full and beautiful life with my husband and two kids in Brooklyn, NY. But like all New Yorkers, I had wistful visions of a simpler existence. I imagined myself walking among trees in the forest rather than cramming into the subway with a crush of humanity. I daydreamed of quiet and the space to be with my thoughts, interrupted only by birdsong. My husband is a native New Yorker. He has the city’s rhythm in his veins. He’s constantly moving, striving, planning. He loves the city. Yet even he would muse out loud about finding the quiet, learning patience, and spending more time with our kids. Then came the coronavirus -- like an evil genie, granting our wishes with a smirk of self-satisfaction on its face. “You wanted a slower pace? You wanted more time with family? You wanted to practice patience? Shazam! Wishes granted!” We are living in the country now. We moved in with my husband’s parents two months ago. We have endless time with family. No more busy schedules. No more rushing between appointments. No more subway commute. We are with our kids all day, every day, and yes, we have been practicing patience. Careful what you wish for, I guess. But I know I am lucky. And I am grateful. Grateful for the woods. For the ability to walk outside without wearing a mask. Grateful for two extra adults who help with the work of cooking, cleaning the house, and homeschooling my kids. Grateful for the ability to shelter in such a peaceful place. Still -- I miss my home. I grieve for my city. All that human density and perpetual movement created a lot of friction, but it also produced an extraordinarily beautiful light. I miss its glow. I know better than to make any more wishes. I am chastened. But I do hope. I hope that the inequities this virus has laid bare will not soon be forgotten after the storm has passed. I hope that this experience will spur our species to care more for each other, for our planet, and for the other creatures who share this precious home with us. I fervently hope that my fellow Americans will vote, in record numbers this November, for leaders who believe in science and the public good. And I hope that one day soon, we will be able to breathe, sing, and laugh within six feet one another, without fear. Phoebe Taubman --- Send in a voice message: https://anchor.fm/emilie-soulez/message

3m
May 09, 2020
[Intimement confinés #18] "Le roi Covid sous un ciel bleu". Dr Stéphane Bounan

8 mai 2020. En plein confinement face au COVID19, un texte écrit et lu par le Docteur Stéphane Bounan, Gynécologue-obstétricien, chef de service de la maternité de l'hôpital Delafontaine à Saint-Denis. "Il fait très beau ce matin, comme tous les matins depuis le nouveau monde. Il ne fait pas trop chaud, le ciel est bleu, pas un nuage. L’air paraît pur, j’ouvre la fenêtre de la voiture et arrête la climatisation qui d’ordinaire me donnait une sensation de protection. Un vent léger et grisant agite mes cheveux et refroidit mon visage, il me rappelle que je roule vite sur ce trajet familier. Je suis presque seul sur cette route en cette heure dite de pointe. Je longe la Seine, brillante et libre, repensant à mes enfants laissés dans leur école et crèche, il y a quelques instants. Le personnel volontaire des écoles était particulièrement agréable ce matin, nous avons échangé quelques mots qui se sont terminés par des encouragements et même par une réciproque reconnaissance. Au loin un barrage de police, je ralentis prêt à montrer mes papiers et mon laissez-passer mais alors que je ne fus pas encore arrêté, on m’ouvre la voie, salué d’un « bon courage ! ». Ce nouveau monde peut avoir des cotés agréables. Hier soir à vingt heures, j’expliquais à mon jeune fils que les gens qui applaudissent au balcon le font pour les gens comme papa qui soignent d’autres gens malades. Devant la joie que lui provoquait le droit de faire du bruit à la fenêtre de manière démesurée et dans le vacarme des claquements de main, corne de brume, sifflets et tintement de casseroles, je fus pris d’une certaine émotion. Il peut être émouvant le nouveau monde. J’arrive sur le parking de ce grand hôpital de banlieue. Des barrières de chantiers sont recouvertes de dessins d’enfants qui nous disent merci. A l’entrée, les fumeurs ont laissé la place à un dispositif de sécurité hors norme. J’entre dans le cœur de la machine .Une machine de guerre. Ici, comme ailleurs rien n’est comme avant. Le monde nouveau n’a qu’un seul ennemi et nous en sommes les soldats. Ici, pas de déserteur, pas de traître, les gens se sont adaptés, mais comme d’habitude ils soignent. Ce fut une vague. Elle fut haute, imprévisible et meurtrière. Le roi Covid a tout annexé, plus rien n’a d’importance, au pas de charge, il prend tout, les chambres, les services, les hommes et les femmes, les esprits. Les réanimations sont rapidement pleines complétées par des réanimations éphémères poussant comme dans champignons dans les moindres mètres carrés encore disponibles. L’enfer, c’est le seul mot sur lequel tout le monde s’accorde. A un couloir, de ces zones morbides et désespérées, se trouve la maternité. A la maternité, la vie continue, des bébés naissent dans la joie. Le sourire franc d’une mère, le visage étincelant de sueur me fait oublier que ce soir je rentrerai le long d’une route déserte, à travers une ville qui a laissé place au silence . A l’hôpital qui fut mon lieu de confinement, Moi je n’ai pas vu de soldat, mais de la fierté, de l’enthousiasme, de l’amour et du don de soi. J’ai vu des êtres humains, sous le ciel bleu d’un exceptionnel printemps." Dr Stéphane Bounan --- Send in a voice message: https://anchor.fm/emilie-soulez/message

3m
May 09, 2020
[Intimement confinés #17] "Le chant des oiseaux". Alessandra Serra

7 mai 2020. En plein confinement face au COVID19, un podcast improvisé par Alessandra Serra, comédienne. --- Send in a voice message: https://anchor.fm/emilie-soulez/message

1m
May 07, 2020
[Intimement confinés #16] "Charabia". Vannina Barselo

6 mai 2020. En plein confinement face au COVID19, un texte écrit et lu par Vannina Barselo, lycéenne, la plus jeune de nos invités dans ce podcast.  CHARABIA "J’écoute en boucles le silence d’un monde autrefois bruyant puis je bois la musique, du matin au soir. Je me nourris de mille mélodies et je dessine des mots sur des pages blanches, sans raison. Des mots qui ne veulent rien dire. Je les accorde et je fais des phrases. Je réfléchis, je recommence, tous les jours. Un désordre permanent dans ma tête, un langage incompréhensible, un charabia. Je ne comprends pas. Tu ne comprends pas, ce que je raconte, pourquoi ? Difficile de comprendre un monde arrêté. Difficile de faire face. Difficile de te dire que je t’aime parce que oui je t’aime et tu l’oublies peut-être. Je t’aime. Deux mots, qui manquent, parfois. On aime, sans savoir, alors on ne dit rien, comme si c’était suffisant. Mensonge. Toi aussi tu m’aimes, peut-être. On ne se le dit pas. Personne ne le dit. Personne n’ose dire quelque chose, dans ce monde endormi. La peur. La peur de dire. La peur des mots. Les nôtres, et ceux des autres. La peur ambulante ; celle qui nous ronge de l’intérieur jusqu’aux derniers instants d’éveil. La peur. Difficile de faire face. Difficile d’affronter le monde craintif. Un monde dominé par le vide, nommé roi en ces temps, comme pour effrayer les êtres. Je l’ai regardé, moi aussi, et j’ai vu le silence se poser sur ses lèvres inexistantes. Fascinée par une telle transparence, je n’ai rien su dire, moi non plus. Alors j’ai chanté, des paroles, pour essayer de comprendre, le monde. Est-il vraiment possible de comprendre le monde, à 16 ans ou à tout âge ? Peux-tu seulement songer à ce micro-organisme auquel la Terre entière est en ces jours réduite ? Pendant que tu essaies de déchiffrer mes paroles, j’attends que quelqu’un, vienne enfin ouvrir la porte. En attendant, je continue de réfléchir et de te raconter n’importe quoi. Je continue d’argumenter mon charabia. Mes mots n’ont sans doute pas de sens mais ils existent, et font ainsi obstacle à ce vide, ce rien du tout, dans lequel nous somme plongés. Raconte-moi, dis-moi, chante moi quelque chose. Montre moi que je ne suis pas seule dans ma cage à réfléchir. Quelques soient tes paroles, montre moi que tu existes encore, et que nous sommes tous ensemble, face à la peur qui finira vaincue, un jour, peut-être. Même dans l’incertitude, on a toujours de quoi créer, de quoi inventer, de quoi dire, écrire ou chanter. Dis moi que tu m’aimes, que tu es là ; je ne te demande qu’un signe. Quelque chose. Montre moi ton art, ou simplement ton âme. Et même si je ne peux pas te prendre la main, sache que je suis avec toi. Vannina Barselo --- Send in a voice message: https://anchor.fm/emilie-soulez/message

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May 06, 2020
[Intimement confinés #15] "Renaissance". Chloé Rouge-Pullon

2 mai 2020. En plein confinement, un texte écrit et lu par Chloé Rouge-Pullon. "Un mois que je suis ici. Une grasse matinée par jour, je sors deux œufs du frigo pour les faire au plat, prend une assiette et des couverts. Le sel, les biscottes au beurre et une boisson chaude. Il est midi ou treize heures, je prends une douche me lave les cheveux un jour sur trois ou quatre, comme j’aurais fait avant. Ce qui a changé, je passe la journée en culotte et en crocs, la majeure partie du temps dans le jardin. Sous un soleil fidèle, qui caramélise ma peau un peu plus tous les jours. La pluie semble ne plus exister. Je coupe des branches, tonds la pelouse, taille les arbres, je philosophe avec l’écorce. Je prends le soleil, et le temps. Et des photos. L’allure de ma future entreprise si précise dans mon esprit il y a quelques mois, semble changer de couleurs. Il y a aura des nuances, des ajustements c’est sûr, peut-être même bien plus. ` Avec ce nouveau monde sur le pas de notre porte, rien n’est plus sûr et c’est tant mieux. Les oiseaux chantent, les insectes passent de fleur en fleur, et les pièces d’un puzzle que je ne connaissais pas, s’assemblent discrètement. Je regarde les boutons des roses s’ouvrir, j’arrose, j’écris, je lis, je relie, je m’émeus, et parfois j’appréhende le retour chez moi à Paris. Je n’en veux pas ou plus, je capte le piège, l’enfermement dans lequel je vivais, étriquée, entre tous ces gens bruyants, ces egos, ces peurs, ces courses et ces plaques de béton et tout ça, sans m’en apercevoir. Depuis un mois, je découvre la dépendance affective non plus sous son aspect conceptuel non, sous toutes ses facettes, la vie me teste. Elle utilise mon premier amour, le voisin, mon soi-disant frère d’âme, ma sœur Ingrid, mon ex Ludovic, mon père et mon mec, les membres de mon asso. Je vois comment se tissent l’hypersensibilité, le manque d’autonomie, la peur panique des process et des modes d’emplois en tous genres. Depuis un mois, je peins et colle tout en couleur, ou tout en sombre, pour faire sortir les ombres. Depuis un mois, je découvre comment ma vision de l’amour idéal diffère de ma vision du couple commun, et encore davantage de celle que je vis aujourd’hui. Je travaille à les aligner. J’ai trouvé mon couple « Expander ». Ça veut dire qui représente THE couple de la mort qui tue pour moi. Je l’ai trouvé sur Netflix, Claire et Jamie Frazer forment le couple héro de la série Outlander. Ils représentent mon couple idéal, même si bien sûr je ferais moins la maligne si j’étais catapulté en 1748 en Ecosse. Aujourd’hui, je me couvrirai un peu plus, le ciel est nuageux. Les tourterelles le coq et autres pioupious, sont toujours au rendez-vous. Je porte la marinière de maman dont j’ai fait disparaître les tâches. Depuis un mois, j’éclaire un peu plus mon profil de neuroatypique. J’en découvre les recoins, les limites et les forces, et œuvre à les rapprocher pour les fondre. Hier, je suis sortie avec mon attestation, pour tenter de me procurer des plants pour le potager. Mais il y avait la queue jusque dehors. J’ai été contrôlée par la police sur le retour. Cet homme m’a demandé mon attestation et ma pièce d’identité. Il a été charmant, je suis repartie après quelques échanges sympathiques. D’autres n’ont pas la chance d’avoir ma couleur de peau. D’autres n’ont pas le type qui va bien, les cheveux blonds et les yeux clairs. D’autres sont jetés au sol et insultés pour aucune raison dans le 93. Moi je vis mon confinement dans cette jolie maison, dans un village de riches. Je crois que nous choisissons nos combats, avant de choisir précisément notre piste d’atterrissage, et le corps à travers lequel nous allons les livrer." --- Send in a voice message: https://anchor.fm/emilie-soulez/message

4m
May 02, 2020
[Intimement confinés #14] "Je reste sans voix". Laurent Javault

1er mai 2020. En plein confinement face au COVID19, un texte écrit et lu par Laurent Javault. "Je reste sans voix. La bonne blague. Voici le premier podcast sans paroles. Voir tous ces humains dans leur salle-de-bain, leur jardin, leur train-train. Voir leur bagnole prendre la poussière. Ca me laisse sans voix. Bagnole sur laquelle je me pose et dépose mon petit caca. Ce n’est pas pour me déplaire. Ensuite ? Ensuite je reprends mon vol. J’ai noté que le ciel m’appartenait comme jamais il ne m’a appartenu. D’habitude je dois le partager avec ces grands trucs tout là-haut qui se prennent pour moi. Mais moi j’ai bien vu le filet blanc ridicule qu’ils laissent traîner de leurs fesses. En plus il paraît qu’il y a des gens assis là-dedans. Assis comme au cinéma. Assis derrière leur ordinateur. Moi ? Je ne transporte rien d’autre que mon âme de moineau. Parfois je me dis c’est trop con. On pourrait s’entendre, depuis le temps. Nous les moineaux (je ne parle pas de ces salauds de pigeons qui pullulent et m’ont chassé des squares) et vous les humains. Depuis le temps qu’on se fréquente, on devrait avoir chacun notre place, tranquilles, peinards, sans histoires. Mais vous en faites des histoires. Vous ne faites même que ça. La dernière en date, c’est donc cette histoire qui met une pause à votre propre histoire. Encore un truc impossible que vous avez inventé ! Vous ne vous arrêtez jamais ? Cette histoire de virus donc, qui me ferait presque rire des deux ailes, à vous voir reclus comme des moines dans vos habitations. A propos de moine :  on en a connu un, nous les oiseaux, il y a bien longtemps. Il nous appelait, nous venions ; il nous parlait, nous écoutions. Celui-là au moins ne nous tirait pas dessus. C’était en Italie, du côté d’Assise je crois. Moi, je sais bien que lorsque vous ressortirez de votre maison, ce déjà-fameux 11 mai (vous voyez rien ne m’échappe) ce sera pour nous tirer dessus. Oh, pas avec des fusils bien sûr ! Vous êtes trop malins. D’ailleurs vous êtes les premiers à nous trouver adorables, mignons, à signer des pétitions et à nous afficher en poster dans les chambres de vos enfants. Non, vous nous tirez dessus à votre façon : en abîmant les campagnes, les champs ; en mettant du béton partout, en cultivant partout les mêmes plantes, en y mettant partout des produits qui sentent mauvais et nous empoisonnent tout le corps à petit feu. Voilà c’est dit. On n’est pas dupe. Là vous êtes sur pause. Demain vous serez sur avance rapide. Car il paraît que c’est la crise économique. Vous voulez dire, crise économique ! Notre crise à nous, de moineaux, de corbeaux, de perdreaux, que sais-je – et tiens j’intègre même ces idiots de pigeons – notre crise à nous, vous dis-je, mais vous n’en avez rien à foutre au fond… Pardon pour ce gros mot. Un moineau ne devrait pas être vulgaire. Vous m’y forcez puisque vous êtes vous-mêmes vulgaires, malgré toute votre, oh la la, formidable intelligence. J’en dirais autant de votre espèce de narcissisme, ou plutôt de votre narcissisme d’espèce. Je vais m’arrêter là. Je vais vous laisser. Je vais en profiter pour faire encore un petit tour au-dessus de la ville tant que c’est possible, tant que vos bagnoles ne m’emmerdent pas (désolé encore pour le gros mot). J’aime pas vos pare-brise. « Moi, moineau. » Je vous entends rire d’ici. Et pourtant, je vous le redis : « moi, moineau. » Il faudra bien qu’un jour, tout primate que vous êtes, vous entendiez de nous autre chose que de charmants gazouillis. « Moi, moineau… je ne chante plus, je crie. »" Laurent Javault --- Send in a voice message: https://anchor.fm/emilie-soulez/message

4m
May 01, 2020
[Intimement confinés #13] "Une terre d'évasion". Hervé Resse

"Se sentir d’un pays auquel ne nous rattache ni la terre, ni l’hérédité, pas la moindre goutte de sang… Proche par les seules voies du cœur, liens invisibles qu’on aura mis quarante années à dénouer… Je suis de l’Ecosse comme on est d’une autre destinée. Les Ecossais nous aiment. Ce n’est pas si fréquent. Cela remonte aux Stuart, à des guerres anciennes qu’ils gardent en mémoire, quand nous les avons oubliées. Qu’on ne soit pas d’Ecosse comme on est d’Angleterre me semble une évidence. Moins du nationalisme, qu’une solide « Tradition ». Si j’étais svelte, je m’offrirais cette coquetterie : le kilt, et tous les accessoires, flashes, chaussettes en laine, épingle, ceinture celtique. Pour comme disait Boris Vian, « ». D’Édimbourg ma fille m’a ramené une large écharpe de tartan vert et bleu, merveille d’élégance. Dieu fasse que je ne la perde jamais, rien ne me peinerait davantage. Se joindre aux chœurs de Murrayfield, entonner Flowers of Scotland… La moindre cornemuse me donne le frisson. Et me bouleverse comme jamais la voix rocailleuse de Rod Stewart, soudain si douce pour AULD LANG SYNE. "Me ravissent bien sûr les noms des Single Malts, surtout les gaëliques, imprononçables : « Auchroisk », « Bruichladdich », « Bunnahabhain », « Usquaebeach ». En posséder des dizaines, partir avec de vrais amis en voyages de recherche : comparer - sans modération aucune - les arômes, saveurs, subtilités… sans y laisser jamais le peu de santé qui reste. Pour fuir le confinement, je m’offre un de ce subtil Fettercairn qu’un ami cher m’offrit pour mon anniversaire. Et j’avance dans la Trilogie Ecossaise de Peter May. Trois enquêtes policières marquées d’un humanisme rude, sauvage comme une odeur de tourbe, sur une île du nord-ouest qui l’est tout autant. Je n’y survivrais pas deux semaines ! Mais cela me renvoie vers Aout 2001. Deux intenses émotions. Nous sommes sans le savoir tout proche du 11 septembre, renaissance de ce monde inhumain qui nous voit ces jours-ci confinés. Et nous revenons d’Ecosse, chaque journée là-bas vécue comme un voyage aux sources de l’imagination dont Inverness serait le climax. Depuis l’âge de huit ans, je rêvais du Loch Ness. Un article de France-Soir m’apprenait qu’il s’y cachait peut-être un animal mystérieux, - mammifère ou poisson, qui pouvait dire-, un monstre hantant les eaux du Lac depuis des millénaires, à moins qu’à plusieurs ils aient fondé une dynastie échappant à l’insatiable besoin des hommes de toujours tout savoir, à défaut de comprendre. L’irruption de Nessie fut plus une bénédiction, un bonheur, et la revanche d’un imaginaire qui depuis ma naissance m’était confisqué. Comment dire le manque qu’aura signifié dans ma vie l’interdiction formelle de croire au Père Noel ; si ridicule que cela sonne dans la bouche d’un sexagénaire, cela m’a marqué. A jamais. Le Père Noel, « ce mensonge qu’on raconte aux enfants pour les manipuler », jurait la mère. Ce qui était pernicieux, pervers, c’était m’instrumentaliser pour affirmer son propre rêve de toute-puissance, et me voler ma place d’enfant en me déguisant en surdoué à qui on ne la fait pas. Pour que l’Ecosse lointaine conserve sa magie, il fallait que le rêve ne fût pas trop vite calmé par le voyage. Je ne l’ai fait qu’à 43 ans, et n’y suis pas depuis retourné. Mais cela se fera : quand bien même elle ne sera qu’un piège à touristes en mal de mystère et d’ésotérisme désuet, j’irai visiter la Chapelle Roselyn. Car je suis un Ecossais. Reconnu comme tel par mes Pairs, et par eux Accepté. Je suis de l’Ecosse comme on est d’une victoire de l’imaginaire et du symbole, sur le Réel qui étouffe. Loin de tout confinement, physique ou mental, l'Ecosse est à jamais mon Graal, terre ultime d'évasion." Hervé Resse --- Send in a voice message: https://anchor.fm/emilie-soulez/message

4m
Apr 29, 2020
[Intimement confinés #12] "Nos lendemains". Patrick Chayriguès

28 avril 2020. En plein confinement face au COVID19, un texte écrit et lu par Patrick Chayriguès, comédien et chanteur. "Dans ce confinement que nous subissons depuis plus d’un mois maintenant, dans cette réclusion que nous n’avons pas choisie, pas voulue et qui, pour ma part, me renvoie à mes pires terreurs d’enfance liées à l’enfermement, je pense à toi forcément. A toi qui es en prison pour une raison que je n’ai pas à connaître ; à toi aussi, cloué sur un lit d’hôpital à cause d’une maladie ou d’un accident dont je ne sais rien. Je n’estime pas bien sûr que nos situations sont comparables, cela serait bien ridicule et bien présomptueux de ma part. Mes privations de sortie, d’espace n’ont rien à voir avec les vôtres. Je suis chez moi dans un espace agréable ou pour le moins que j’ai choisi. J’ai la possibilité de contacter mes amis, mes proches quand je le veux et surtout , je suis avec ma famille qui, même si cela est un peu pesant parfois, m’entoure d’amour et de bienveillance. J’ai également le luxe de pouvoir m’isoler quand je le souhaite, pour écrire ce texte par exemple. J’imagine, je dis bien, j’imagine, que nos situations se confondent dans la difficulté à trouver un sens à ce vide, à ce rien, à ce manque de perspectives qu’elles génèrent. Aujourd’hui ressemble à hier mais aussi à demain. Mais comment continuer à vivre si nous ne remplissons pas ce « demain » d’envies, d’espoir, de désirs ? Sans la possibilité de reprendre la route afin d’aller voir ce qui se cache derrière cette colline que nous apercevons à l’horizon, nous sommes peu de choses. J’ai entendu récemment quelqu’un dire : « si nous ne rêvions plus, nous mourrions » Voilà, dans toutes nos diverses situations, pour continuer à avancer, nous devons continuer à rêver à demain. Nous devons continuer à nous jeter vers cet inconnu. C’est à la fois très grisant et parfaitement terrifiant. Au théâtre, on appelle ça, le trac. Et je peux vous dire que c’est une drogue très puissante dont je n’ai pas du tout envie de me passer. En fait, j’ai même hâte de ressentir à nouveau ses effets. Je nous souhaite à tous de merveilleux demains." Patrick Chayriguès --- Send in a voice message: https://anchor.fm/emilie-soulez/message

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Apr 28, 2020
[Intimement confinés #11] "Eloge du confinement". Nicolas Pasquet

27 avril 2020. En plein confinement face au COVID19, un texte écrit et lu par Nicolas Pasquet, co-fondateur de MAK'INOV. "Le confinement qui nous est imposé, à l’intérieur d’espaces, petits ou grands, ouverts ou non, en fonction de là où nous nous trouvons, est source de ressentis paradoxaux. Il est vécu à juste titre, sans doute par beaucoup, comme une privation de liberté. Il génère des sensations d’angoisse, d’asphyxie, voire des situations d’exclusion, de réclusion sur soi-même, de distance avec les Autres et peut-être aussi, par voie de conséquence, de distance avec soi. Pour d’autres, a contrario, cet enfermement représente un temps suspendu propice au recueillement, à la contemplation, aux retrouvailles, et avec soi, et avec ses proches, parents, enfants, maris, femmes, amis. J’y vois pour ma part un espace inconditionnel fertile aux mondes des idées, à la noosphère, l’univers des idées, car les idées forment des systèmes, qui peuvent être selon Edgar Morin, clos (telles les doctrines) ou ouverts (telles les théories). L’arrêt momentané d’un état social cadencé par un temps en accélération constante, a pour incidence de mettre en pause, une vie, certes excitante, trépidante le plus souvent, mais en ébullition permanente, une sorte de mouvement perpétuel, que seule la nuit vient interrompre. L’arrêt que nous vivons, pour providentiel qu’il soit, pas pour tous, bien malheureusement, contribue au dépôt progressif de toutes les fines particules de pensée qui étaient jusqu’alors en suspension, à peine au-dessus de nos têtes. Certes, l’effet ne fut pas immédiat. Il a fallu que l’air cesse d’être ventilé. Le principe d’inertie dira-t’on ! Aujourd’hui, je ressens les effets de cet arrêt providentiel qui coïncide avec la reprise de mon activité cérébrale. Une interruption pour un redémarrage. Aussi, ce temps nouveau est marqué d’une part, par un immobilisme physique, et d’autre part, par un dynamisme mental. Les idées, amassées depuis le début de ma vie, toutes mes expériences et leurs ressentis, depuis toujours en apesanteur, ont fini par se déposer pour former entre eux des débuts d’histoires. Pour fomenter de nouvelles idées. Par devenir intelligibles, c’est-à-dire, en reprenant l’étymologie intelligere, par créer des liens entre elles, et en faire apparaître de nouveaux. Pour résumer mes propos, je détournerai et prolongerai les mots célèbres du poème d’Alphonse de Lamartine, le Lac. « Ô temps, suspend ton vol, et vous, heures propices, suspendez votre cours », et permettez alors, à nos idées oubliées, à nos réflexions abandonnées, de se retrouver, pour former à présent, ce pourquoi elles étaient, sans doute venues jusqu’à nous, forger nos croyances, nommer l’invisible, éclairer nos vies, et nous en faire acteur. Noosphérique n’est-ce pas !" Nicolas Pasquet Maisons-Alfort, le 25 avril 2020 --- Send in a voice message: https://anchor.fm/emilie-soulez/message

3m
Apr 27, 2020
[Intimement confinés #10] "A toi, à moi...". Thibault Montoya

25 avril 2020. En plein confinement face au COVID19, un texte écrit et lu par Thibault Montoya, co-fondateur d'EDZO. "Une pandémie violente, un virus tueur et invisible fait vaciller notre vie. A toi le chef qui voulais toujours contrôler, A toi qui voulais maîtriser ton destin, A toi qui montes ton business, A toi qui t'inquiètes chaque jour pour ceux que tu aimes, A toi qui auras lu des tonnes de développement personnel dont,  l’injonction parmi les injonctions était de lâcher prise et de mieux se connaître,  à grand renfort de tests pour mieux d'étiqueter, A toi philosophe qui nous redis que la sagesse et la logique sont les seuls voix d’un travail à mobiliser pour communiquer intelligemment, A toi artiste drôle et émouvant qui nous touches et te fais payer en like, A toi dirigeant, leader dans ton domaine qui nous rassures chaque jour en proposant une direction, A toi qui écoutes tout ce bruit et qui te perds dans les innombrables dimensions, directions, voix, rire, envie d’insurrection, émotion, indignation, à toi qui ne vois sur facebook que les posts de tes mêmes potes qui t'enfermeront à coup sûr encore dans des boîtes, à toi le croyant qui trouve son refuge dans l'au-delà, à toi enfin l’au-delà , que fais-tu ? m’entends-tu ? où vas tu ? quand ton humanité est désespérée et enfin… A toi l’hypothétique extra-terrestre qui traverse des années lumières pour nous rencontrer et qui n’est pas même pas fichu de nous filer un vaccin. A moins que cela soit à toi , complotiste qui penses que les illuminati ou simplement l’élite se coordonne chaque jour pour mieux asservir l’humanité dans un grand plan, A toi le bouffeur de chauve souris et de pangolin que je honnis, et à nous consommateurs heureux qui avons déséquilibré la planète sans le vouloir, A vous les docteurs folamour qui dirigez les peuples sur vos tas de bombes, Bref à nous, à vous et surtout à moi…. Laisse tomber, abandonne-toi, tu ne peux plus rien y faire. Trop d’externalité. Je viens de comprendre la bible. les catastrophes  bibliques ( vraies ou pas d’ailleurs ) symbolisent deux choses essentielles : Un on n’a pas de contrôle ... et c’est flippant…. et deux il faut trouver la joie dans chaque instant car tout peut se perdre ce soir. Alors je retire mes certitudes, j’observe en moi la peur et l’inquiétude qui chaque jour me conduit à ne pas aimer l’autre, à vouloir me protéger, construire un look , attendre des like comme un mendiant de l’amour. Pour disrupter, pour transgresser, pour éviter la tarte à la crème de la méditation ou des medocs contre l'angoisse, pour aller plus loin que sa petite personne, pour sauver notre monde, commence par t’aider toi,  abandonne toi et souris maintenant... tu verras comme c’est dur de faire un sourire… vas y. Fais une pause . Souris… et recommence… Il n’y a rien que tu ne puisses faire d’autre.  Alors prie ! Prie à toi-même, pour toi-même, au petit Dieu, même et surtout athée. Que tu aies un dieu ou pas, prie justement seulement toi… démarre par là. Chaque jour, tu as le pouvoir d’aller à droite à gauche, de dire oui ou de dire non, d’engueuler ta femme ou de te calmer, de vivre tes émotions et de raisonner. Alors abandonne toi, laisse tomber, souris, sois heureux de respirer, si tu as la chance d’avoir un enfant, considère-le et regarde le dans les yeux : Prie toi, toi-même et le monde sera sauvé ! Une pandémie violente, un virus tueur et invisible fait vaciller notre vie  : abandonne toi, fais ce qui est juste, aide-toi d’abord à être meilleur et le monde sera sauvé." Thibault Montoya --- Send in a voice message: https://anchor.fm/emilie-soulez/message

3m
Apr 25, 2020
[Intimement confinés #9] "Il était une fois...". Aurore Juillard

 23 avril 2020. Texte écrit et lu par Aurore Juillard. Ce soir, je viens te raconter une histoire. Il était une fois, une planète qui allait à 1000 à l’heure, une planète sur laquelle les habitants avaient appris à vivre ensemble, se divertir en chantant, s’évader en lisant… Une planète sur laquelle les habitants avaient appris à domestiquer les animaux, à construire des moteurs, à conduire des voitures, et même à voler. Sur cette planète, rien n’était impossible : tu pouvais décider de quitter Paris un soir et être à New York le lendemain, tu pouvais traverser les mers, et les océans, un beau jour, cette planète ralentit.  Le mouvement perpétuel dans lequel elle était lancée s’arrêta et progressivement on vit des cerfs se promener en ville, on vit des rorqual s’aventurer sur les côtes, chacun entendait, à sa fenêtre, les oiseaux qui l’entouraient depuis toujours. Les usines s’arrêtèrent de produire, les voitures de rouler, les avions de voler, et en très peu de temps, l’air devint respirable, de l’avis des plus grands spécialistes scientifiques,  on pouvait écouter la planète respirer. Du jour au lendemain, il n’était plus possible de se rendre à New York en un clic ; ni même de visiter ses amis dans la rue d’à côté. Personne n’était épargné, tous les habitants de cette planète étaient touchés. Jour après jour, chacun réappris à cuisiner, à s’intéresser à son voisin, on inventa des jeux, et des chansons … De nouveaux mots apparaissaient « confinement », « déconfinement », « distanciation sociale »… On ne pouvait plus compter le nombre de fois où ces mots étaient prononcés chaque jour, dans toutes les langues, sur toute la planète. Ce ralentissement soudain est arrivé à un moment différent pour chacun des habitants de la planète. Certains étaient heureux de tout ce temps offert, d’autres souffraient de l’éloignement, ou s’inquiétaient pour leurs proches. Le plus étonnant c’est que tu pouvais éprouver tout cela, d’un instant à l’autre de la journée. Et puis, de nombreux habitants de la planète ont été en danger : ils n’avaient pas de quoi se nourrir, ni même parfois d’endroit où aller pour se protéger. On s’est dit que c’était l’occasion de prendre le temps de lire davantage, l’occasion de s’arrêter, pour penser autrement. Dans cette étape suspendue, on se mit à faire des listes, la liste de nos envies … Mais ça n’était pas si simple. Moi qui habitais cette planète, je peux te raconter. Te dire que pour moi qui ne cessait de courir, j’ai du stopper la course des trains, des trajets en voiture, des RV à droite, à gauche… il m’a fallu du temps pour accepter ce ralentissement. Accepter qu’il avait des effets sur mes émotions et que, sans doute, je ne ferai pas tout ce que j’avais imaginé. Accepter qu’il m’est si difficile de ralentir. nous n’en connaissons pas la fin. Je me prends parfois à l’imaginer… Je rêve que nous puissions nous en souvenir comme d’une extraordinaire opportunité, nous dire que ce fut une chance précieuse pour la planète, et pour ses habitants. Car si les habitants avaient su domestiquer leur planète, un être microscopique a été capable de suspendre leur course. Ce qui semblait impossible aux habitants de cette planète, un être microscopique l’a fait. Mes émotions s’emmêlent, je suis touchée par les élans spontanés de solidarité, Emue par la difficulté que nous avons à prendre cette distance sociale, inquiète pour ceux qui souffrent, consciente du privilège que j’ai de pouvoir, passée la sidération, mettre des mots sur ce que nous vivons. Nous avons appris à vivre ensemble, autrement. A la fin de cette histoire, je formule un vœu pour demain, je souhaite pouvoir à nouveau te serrer dans mes bras, reconnaissante de ce que cet être microscopique nous a appris de bien plus précieux que toutes nos machines … Mais ceci est une autre histoire, je te la raconterai plus tard… Bonne nuit. A demain --- Send in a voice message: https://anchor.fm/emilie-soulez/message

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Apr 23, 2020