Nathan Anderson, activiste et spéculateur américain qui accuse le conglomérat indien Adani de manipulations
FEB 10, 2023
Description Community
About
Aujourd’hui l’économie, le portrait, c’est celui de Nathan Anderson, activiste et spéculateur américain. Il accuse le magnat indien, Gautam Adani, d'avoir bâti son empire sur l’escroquerie. Le Fonds d'investissement norvégien en a pris acte, et a vendu les participations qu'il détenait dans plusieurs sociétés du groupe Adani (Adani Total Gas, Adani Ports, Adani Green Energy).

« C’est la plus grande escroquerie de l’histoire des affaires », dénonce Nathan Anderson dans un communiqué sur le site de sa micro-société Hindenburg Research, défrayant la chronique dans tous les médias indiens.

Cet activiste et spéculateur américain, a, avec ses révélations, fait perdre 200 milliards de dollars à Adani, empire qui s’étend de l’énergie, aux aéroports, en passant par les médias.

« Si c'est la plus grande escroquerie de toute l'histoire, je ne sais pas, il y en a eu tellement, mais dans le cas indien, c’est la plus grande escroquerie, dont on peut dire qu’elle a deux aspects très nets : le premier c’est la relation extrêmement étroite de Gautam Adani avec le Premier ministre Narendra Modi puisqu’ils se connaissent depuis plus de trente ans et qu’en l’espace de 10, 15 ans, on a une ascension météorite de Gautam Adani qui devient la troisième fortune mondiale par l’accumulation d’un empire qui repose sur un endettement gigantesque, par le biais de prêts de banques publiques indiennes, dont on peut penser qu’il y a eu un coup de pouce du pouvoir, et, deuxièmement, des montages financiers totalement obscurs par le biais en particulier de l’île Maurice qui reposent sur des affaires qui ne sont pas rentables pour une très grande partie. Ce que ce consultant a mis en lumière, c'est qu’il y avait un phénomène de bulle spéculative qui avait été orchestrée autour de Gautam Adani et que son empire est un empire de dettes », analyse Jean-Joseph Boillot, chercheur à l’IRIS, l’Institut des relations internationales et stratégiques. 

Né dans les années 1980, Nathan Anderson grandit dans une petite ville du Connecticut. Son père est professeur d’université, sa mère infirmière. Il fait des études de commerce, puis un court séjour en Israël où il sera ambulancier tout en suivant des cours à la Hebrew University of Jérusalem. De retour aux États-Unis, il travaille pour une société d’analyse financière, puis pour des fonds spéculatifs. En 2017, il fonde son cabinet d’études Hindenburg Research, du nom du dirigeable allemand qui a explosé en plein vol en 1937. Son mentor n’est autre que le lanceur d’alerte américain d'origine grecque, Harry Markopolos, qui a exposé les malversations financières de l'homme d'affaires Bernard Madoff. 

Anderson suit les traces de son mentor et, il y a 5 ans, attaque, dans une enquête à charge, l'entreprise Aphira, spécialisée dans le cannabis thérapeutique qui détourne les fonds de ses actionnaires à son profit. Le titre d'Aphira s'effondre dans la foulée de 25%. Sa carrière est lancée. 
En 2020, il révèle la tromperie du constructeur américain de véhicules Nikola
« Il a fait un rapport à l’époque sur Nikola, cette société qui allait lancer des camions électriques pour rivaliser avec Tesla et effectivement, il y avait eu des dénonciations, certains manquements de la part de Nikola qui se sont avérés par la suite, remarque Alexandre Baradez, responsable des analyses de marché pour le courtier IG. Le but derrière, c'est effectivement de faire de l’argent, mais aussi de dire attention, cette entreprise présente des fragilités, voire est frauduleuse et risque la faillite. »

Le constructeur américain a dû alors payer une sanction de 125 millions de dollars et son action s’est écroulée de 75%. Le gros lot pour Nathan Anderson et son équipe d'Hindenburg Research, car ce lanceur d’alerte d’un nouveau genre parie aussi sur la chute des cours de la société qu’il dénonce par un mécanisme de vente à découvert.

« Hindenburg Research, c'est une entreprise, comme Citron Research également qui a fait parler d’elle pendant la crise Covid avec le phénomène des actions type Gamestop qui sont des actions qui ont beaucoup bougé, poursuitAlexandre Baradez. Ces groupes jouent sur les deux tableaux : ils publient des notes sur des groupes dont on n’a parfois jamais entendu parler, et parfois, ils s’attaquent à des mastodontes. Adani, le groupe Adani est le plus puissant de l'Inde et donc là, il s’attaque à un énorme morceau en dehors des frontières américaines. L’objectif est de dénoncer certaines pratiques que le groupe Adani essaye de contrer en termes de propos, mais aussi de prendre des positions à la baisse, de faire de la vente à découvert sur des actifs qu’ils jugent survalorisés par rapport à la réalité, l’objectif étant de profiter d’une baisse des cours et plus le titre baisse, plus, vous gagnez de l’argent. C’est exactement comme une opération d’achat, mais dans l’autre sens. » 

Mais lorsque ces lanceurs d’alerte du capitalisme s’attaquent à un mastodonte comme Adani, prévient Alexandre Baradez, mieux ne pas se tromper, car les représailles peuvent être redoutables.
Comments