Nous sommes le 31 octobre 1866, dans une Belgique rayonnante, véritable puissance de la Révolution industrielle. C’est ce jour-là qu’est posée, à Bruxelles, la première pierre d’un tout nouveau Palais de justice qui sera inauguré dix-sept ans plus tard, le 15 octobre 1883, en l’absence de son architecte Joseph Poelaert, décédé quatre ans plus tôt. A peine achevé, « Paul Verlaine trouvera le palais grandiose : "C'est biblique et michelangelesque, écrira-t-il, avec du Piranèse et un peu, peut-être, de folie — de la bonne, ma foi" ». Quant à l’architecte de l'opéra de Paris, Charles Garnier, il y verra « un monstre de qualité ». Le Palais de justice de Bruxelles a fait, c’est un euphémisme, couler beaucoup d’encre. Exemple d’une architecture qui formalise, dans l’espace, des systèmes de valeurs et reflète les idéologies d’une époque. Valeurs politiques, économiques, culturelles, religieuses, familiales qui sont autant d’institutions incarnées dans le tissu urbain par l’architecture. Architecture qui, pour Victor Hugo, était la grande écriture du genre humain. Depuis, bien sûr, la relation entre institutions et architecture a évolué, les modes de vie se sont diversifiés, les rapports sociétaux ont changé bouleversant l’usage de l’espace. De quelle manière peut-on lire ces évolutions ? Comment envisager de nouvelles interactions entre les institutions, l’architecture et la Cité ? Invités : Cécile Vandernoot, architecte et Gérald Ledent, architecte, professeur à l’UCL. Co-Autrice et co-auteur de l’ouvrage « Institutions and the city – The role of architecture » ; éd. Park Books.
1890 : un colonel français entre dans Ségou, ville d’Afrique de l’Ouest, et s’empare d’un trésor. Parmi les objets du butin, des bijoux et un sabre. C’est ce sabre que le colonel a emmené suite à la chute de la ville de Ségou qui a fait couler beaucoup d’encre. Entre vol, conservation et restitution, c’est toute la question de l’héritage colonial que cette prise de guerre pose. Au micro de Jean-Panis, Taina Tervonen, l’auteure du livre « Les Otages » paru chez Marchialy)
Nous sommes en 1882. Dans une Belgique indépendante depuis un demi-siècle, le gouvernement libéral et le monde catholique s’affrontent très durement. Un observateur de l’époque note : « La Belgique semble divisée en deux camps hostiles, en deux sociétés parallèles qui prétendent se suffire chacune à elle-même et s’ignorer l’une l’autre, sauf pour se défier et se combattre. En dehors de quelques grandes villes où se cachent encore des groupes que le mouvement n’a pas saisis, les adhérents de chaque opinion ont leurs journaux, leurs cercles, leurs écoles, leurs pauvres, leurs fournisseurs et leurs clients qui n’ont rien en commun avec les partisans de l’opinion contraire. Même les familles, lorsque l’esprit de parti les divise, se partagent en clans étrangers et ennemis. » En effet, depuis l’indépendance , le pays voit les Libéraux défendre le principe d’une séparation nette entre le jeune Etat parlementaire et l’Eglise catholique. Cette opposition se concrétise dans un système de bipartisme qui, à la fin du siècle, va devoir composer avec d’autres expressions politiques nées des questions socio-économiques et linguistiques. C’est ainsi qu’apparaît l’ancêtre de Parti socialiste et de Vooruit : le Parti ouvrier belge-Belgische Werkliendenpartij. Les volontés d’élargissement du droit de vote seront un moteur déterminant pour faire entrer la Belgique dans une dynamique multipartite. De l’indépendance à la Première Guerre mondiale, revenons sur les grandes étapes de la vie politique en Belgique… Invité : Pascal Delwit, professeur de science politique à l’Université libre de Bruxelles (ULB). « La vie politique en Belgique de 1830 à nos jours » aux Editions de l’Université de Bruxelles.
Lorsque lʹon parle de Caracas, lʹaccent est toujours mis sur la violence qui y règne. Son architecture nʹest que très rarement évoquée, pourtant la ville a été dans les années 50 à lʹavant-garde de lʹarchitecture. En à peine une décennie, Caracas a vu naître des bâtiments remarquables. Pour parler de lʹhistoire de la ville et de son architecture, Johanne Dussez reçoit Pedro José Garcia Sanchez, Maître de conférences en sociologie à lʹUniversité Paris Nanterre.
Nous sommes dans le courant des années 1880. Friedrich Nietzsche travaille à son « Gai Savoir ». L’ouvrage paraîtra entre 1882 et 1887. Le philosophe, né en Prusse, tente d’y cerner le caractère de l’être humain et de décrire les maux dont souffrent nos sociétés. Il y interpelle, notamment , les historiens. Ainsi, il écrit : « Toutes les catégories de passions doivent être méditées séparément, à travers les temps, les peuples, les individus grands et petits ; il faut mettre en lumière toutes leurs raisons, toutes leurs appréciations, toutes leurs conceptions des choses. Jusqu’à présent, tout ce qui a donné de la couleur aux choses n’a pas d’histoire : où trouverait-on, par exemple, une histoire de l’amour, de l’avidité, de l’envie, de la conscience, de la piété ou de la cruauté ? » Nietzsche a raison, l’histoire de la vie sensible et affective est longtemps resté le fait de quelques pionniers. Mais aujourd’hui, cette histoire-là a acquis sa pleine légitimité et nous permet une véritable compréhension des femmes et des hommes d’autrefois. Mais cela reste difficile, il faut se garder des anachronismes, du transfert de nos propres émotions. Alors, comment percevoir les relations du corps et de l’esprit, au cours des siècles passés ? Quel rôle jouent la nature et de la culture ? Quelle est la part du collectif ? Pleurait-on hier de la même manière et pour les mêmes raisons ? La honte avait-elle une charge aussi négative que celle que nous lui connaissons de nos jours ? Aime-t-on aussi fort en temps de guerre ? Partons sur les chemins multiples, complexes et, parfois, oubliés, des sensibilités… Invité : Hervé Mazurel, maître de conférences à l’université de Bourgogne. A codirigé, avec Alain Corbin, l’ouvrage « Histoire des sensibilités » aux PUF.
Ma Rainey est désormais une super star dans son Sud natal. Le blues s’est épanouit dans son sillage et elle est la figure de proue du Classic Female Blues, ce blues des premières heures porté par des femmes. Les années 20, les roaring twenties, s’ouvrent sur de nouvelles perspectives : l’avenir se joue désormais dans le Nord et passe par l’industrie naissante du disque. On retrouve Ma Rainey à Chicago, en décembre 1923, lors ce sa toute première session d’enregistrement. Hésitante, ne sachant pas très bien comment chanter tout en restant immobile devant ce cornet à qui elle offre sa voix, Ma Rainey enregistre ce jour-là Bad Luck Blues, Bo Weavil Blues ou encore Moonshine Blues. Dans ce deuxième épisode, on se plonge dans les mots et les notes de Ma Rainey. On s’immerge dans ses chansons à la rencontre de toutes ces femmes qui y prennent vie : des femmes souvent libres et affranchies de la tutelle masculine, des femmes qui peuvent être violentes, bisexuelles, transgressives, des femmes victimes de violences conjugales, prostrées et alcooliques aussi. Car ce que propose Ma Rainey à travers ses chansons, ce sont, aussi, des contre-modèles de féminité. C’est Steven Jezo-Vannier, auteur de Ma Rainey la mère du blues » paru aux éditions Le Mot et le Reste qui nous peint le portrait de cette femme libre, lumineuse et essentielle mais que l’histoire a pourtant grandement oubliée. Une séquence réalisée par Jonathan Remy
C’est une histoire vieille de plus de 100 ans, une histoire incroyable, de celles qui dessinent de nouvelles images dans notre imaginaire. Aux toutes premières heures du 20ème siècle, dans les états ségrégationnistes du sud des US, une musique incarnée et envoutante éclot et s’épanouit : le blues. Et ce sont des femmes, contrairement à la mythologie qui s’imposera plus tard, qui vont porter sur scène cette nouvelle musique : Bessie Smith, Lucille Bogan, Ethel Waters, Ida Cox et leur mère à toutes Gertrude Ma Rainey. Dans ce premier épisode, on suit les traces de Ma Rainey dans sa Géorgie natale puis sur les chemins poussiéreux du Sud lorsqu’elle intègre une troupe itinérante de Minstrel Shows. On est avec elle lorsqu’elle rencontre le blues sous une petite tente quelque part dans le Missouri puis lorsque, sur scène, elle rompt avec les codes racistes de l’époque et fait rayonner cette nouvelle musique avec toute la force, l’audace et la lumière dont elle est dotée. C’est Steven Jezo-Vannier, auteur de Ma Rainey la mère du blues » paru aux éditions Le Mot et le Reste qui nous peint le portrait de cette femme libre, lumineuse et essentielle mais que l’histoire a pourtant grandement oubliée. Une séquence réalisée par Jonathan Remy
Nous sommes le 3 juin 1344. Ce jour-là, un clerc du comte de Namur, à l’époque Guillaume Ier, prend sa plus belle plume et rédige, au brouillon, un acte au nom de son seigneur. Pour ce faire, il a choisi un morceau de papier. Au sein de l’administration princière, le papier, qui est un produit d’importation , est employé depuis un an environ. Son utilisation pour écrire un brouillon souligne le peu de confiance qu’on lui accorde en tant que support. Et c’est d’ailleurs sur parchemin que sera réalisé le document final. A partir des XIIe et XIIIe siècles, l’écrit a connu un essor sans précédent au sein de la société occidentale. Il devient, pour une diversité d’individus, un outil indispensable de gestion et de mémoire, à converser précieusement. Une révolution avant la révolution que sera l’imprimerie au milieu du XVe siècle. Quels sont les points forts de cet essor ? Invitée : Aurélie Stuckens, responsable scientifique à Maison du patrimoine médiéval mosan, à Bouvignes (Dinant). Commissaire de l’exposition : « Révolution de l’écrit »
Nous sommes le 3 juin 1344. Ce jour-là, un clerc du comte de Namur, à l’époque Guillaume Ier, prend sa plus belle plume et rédige, au brouillon, un acte au nom de son seigneur. Pour ce faire, il a choisi un morceau de papier. Au sein de l’administration princière, le papier, qui est un produit d’importation , est employé depuis un an environ. Son utilisation pour écrire un brouillon souligne le peu de confiance qu’on lui accorde en tant que support. Et c’est d’ailleurs sur parchemin que sera réalisé le document final. A partir des XIIe et XIIIe siècles, l’écrit a connu un essor sans précédent au sein de la société occidentale. Il devient, pour une diversité d’individus, un outil indispensable de gestion et de mémoire, à converser précieusement. Une révolution avant la révolution que sera l’imprimerie au milieu du XVe siècle. Quels sont les points forts de cet essor ? Invitée : Aurélie Stuckens, responsable scientifique à Maison du patrimoine médiéval mosan, à Bouvignes (Dinant). Commissaire de l’exposition : « Révolution de l’écrit »
Sur les traces de Jean Eugène Robert Houdin: série magique en 4 épisodes réalisée par Régine Dubois . Episode 4 : Retiré de la scène, Jean Eugène Robert Houdin s’installe dans son Prieuré, près de Blois. Une demeure qui devient son premier terrain d’expérimentations pour ses inventions, en faisant la première maison intelligente au monde. Dans cette retraite, l’homme souhaite se consacrer à la science, la mécanique et aux inventions. Au cours de sa vie, il dépose une trentaine de brevets dans des domaines tels que l’horlogerie, l’électricité, l’ophtalmologie et même le sport puisque c’est lui qui est à l’origine du plastron électrique des escrimeurs. Il fera malgré tout une pause dans ce retrait de la scène pour mener une mission en Algérie en tant que magicien, à la demande de Napoléon III.
Nous sommes le 3 août 1916, au nord de Londres, à la prison de Pentonville. Peu avant 9 heures, un homme est amené dans la cour où a été dressé une potence. « Il était fort et droit », racontera le prêtre qui l’accompagne aux reporters qui sont présents de l’autre côté des murs, à l’entrée du bâtiment. Accusé de haute trahison, de sabotage et d'espionnage contre la Couronne britannique, Sir Roger Casement a été condamné à la pendaison. Moins d’une quinzaine d’années plus tôt, ce consul britannique avait enquêté sur les atrocités commises dans le Congo de Léopold II, puis sur les exactions perpétrées en Amazonie contre les Indiens. Anobli par George V, il était alors considéré comme l’un des grands héros du Royaume-Uni. Son combat aux côtés des nationalistes irlandais va le faire passer, aux yeux des Anglais, pour un traître. Ses nombreuses relations homosexuelles vont signer sa disgrâce. « C'était un bon compagnon, dira de lui Joseph Conrad, l’auteur de « Lord Jim » et de « Au cœur des ténèbres », mais déjà en Afrique je trouvais que c'était un homme littéralement sans esprit. Je ne veux pas dire qu'il était stupide, mais il était pure émotion. Par sa force émotionnelle (...) il a fait son chemin, par pur tempérament. Une personnalité véritablement tragique: dont il avait tous les traits, excepté la grandeur. Rien que la vanité. Sauf que cela n'était pas encore visible au Congo. » Alors qui était Roger Casement ? Un héros, un traître, un sodomite ? Invité : François Reynaert, auteur de « Roger – Héros, traître et sodomite » éditions Fayard.
Sur les traces de Jean Eugène Robert Houdin , série magique en 4 épisodes réalisée par Régine Dubois Episode 3 : Alors que le succès de son théâtre ne se dément pas, Jean Eugène Robert Houdin décide de se retirer de la scène après 7 ans de représentations quotidiennes. Il partira pour une dernière tournée sur les routes d’Europe au cours de laquelle il jouera devant de nombreuses têtes couronnées comme Louis Philippe ou la Reine Victoria. Son théâtre lui survivra pourtant de nombreuses années et son dernier directeur s’appelle… Georges Méliès.
Nous sommes le 4 mai 1555. C’est chez l’imprimeur lyonnais Macé Bonhomme que paraît la première édition des « Prophéties » de Michel Nostradamus. Le livre est partagé en Centuries, une centurie étant un ensemble de cent quatrains. L’un des plus célèbre de ces quatrains est le trente-cinquième de la première centurie : “Le lion jeune le vieux surmontera En champ bellique par singulier duel Dans cage d'or ses yeux lui crèvera Deux plaies une, puis mourir, mort cruelle.” Selon les tenants de la valeur prophétique, ces mots mystérieux annonceraient la mort du roi Henri II, l’époux de Catherine de Médicis. Cela fait près d’un demi-millénaire que le devin-astrologue, et apothicaire, enflamme les imaginations. Au XVIIe siècle, l’un de ses détracteurs notait déjà que l’on remettait toujours sur le tapis les fameuses prédictions à la survenue d’un événement remarquable, comme la mort ou la fortune de tel ou tel haut personnage, l’effondrement d’un pont ou l’incendie d’une cathédrale, comme ce sera, d’ailleurs, encore le cas, au XXIe, avec Notre-Dame, à Paris. Mais qui est réellement Nostradamus ? De quelle manière s’est-il formé à la pronostication ? Comment était-il perçu par ses contemporains ? Qui sont ses adversaires ? Qu’est-ce qui lui vaut sa postérité ? Invitée : Mireille Huchon, professeure à la Sorbonne « Nostradamus » aux édition Gallimard.
Nous sommes le 12 juillet 1931, rue Saint-Jacques à Paris, au cœur de quartier latin. Ce jour-là, Léopold Sédar Senghor, âgé de 25 ans, assiste à la distribution des prix du lycée Louis-Le-Grand. Le jeune homme, arrivé trois ans plus tôt du Sénégal, y a étudié en classes préparatoires littéraires. Même s’il a échoué au concours de l’Ecole normale supérieure, il peut être satisfait car il a bien travaillé et son nom figure au tableau d’honneur comme celui de son camarade Georges Pompidou. Au cours de la cérémonie, les orateur vont se succéder dont un géographe, Joseph Duplessis-Kergomard. Celui-ci a décidé d’évoquer l’Exposition coloniale qui bat son plein au bois de Vincennes. Senghor l’écoute avec beaucoup d’attention mais les propos paternalistes du professeur émérite à l’égard des peuples d’Afrique ne vont pas du tout lui plaire. Léopold Sédar Senghor ne va, alors, cesser, durant sa longue vie, de penser l’émancipation des Africains. Il est avec Aimé Césaire l’inventeur de la « négritude » dont il fera une arme. Premier président de la République du Sénégal, homme de lettres, il sera aussi le premier africain à siéger à l’Académie française. Chantre d’une civilisation universelle, Léopold Sédar Senghor ne fait, toutefois, pas l’unanimité. Entre celles et ceux qui voient en lui le symbole de la coopération entre la France et ses anciennes colonies et les autres qui le considèrent comme le soutient d’un néocolonialisme, tentons de comprendre une destinée intellectuelle et politique complexe… Invité : Jean-Pierre Langellier, journaliste spécialiste de l’Afrique, collaborateur au journal « Le Monde » pendant de nombreuses années. Auteur de : « Léopold Sédar Senghor » aux éditions Perrin.
Sur les traces de Jean Eugène Robert Houdin », série magique en 4 épisodes réalisée par Régine Dubois Episode 2 : Jean Eugène Robert Houdin, horloger de formation, travaille à la concrétisation de son rêve, un théâtre dédié à la magie. Le théâtre des soirées fantastiques de Robert Houdin ouvre ses portes le 3 juillet 1845 à Paris, présentant des tours de magie inédits et des automates magiques créé par le maitre des lieux lui-même. Une nouvelle façon de présenter l’art magique sur scène voit le jour.
Nous sommes en l’an 53. Suétone, haut fonctionnaire romain, auteur de nombreux ouvrages dans lesquels il croque les grandes figures de l’Histoire, écrit à propos de Néron. « Désireux surtout de plaire au peuple, il était le rival de quiconque agissait sur la multitude par quelque moyen que ce fût. Le bruit se répandit que, après ses succès de théâtre au prochain lustre, il descendrait dans l'arène avec les athlètes aux jeux olympiques. En effet, il s'exerçait assidûment à la lutte, et, dans toute la Grèce, lorsqu'il assistait aux combats gymniques, c'était à la manière des juges, en s'asseyant par terre dans le stade. Si quelques couples s'éloignaient trop, il les ramenait lui-même au centre. Voyant qu'on le comparait à Apollon pour le chant, et au soleil dans l'art de diriger un char, il voulut imiter aussi les actions d'Hercule. On dit même qu'on avait préparé le lion qu'il devait combattre nu dans l'arène, et assommer de sa massue ou étouffer dans ses bras en présence du peuple ». Précisons que la réputation de sérieux de l’auteur de ces mots a été fortement remise en question, certains l’ont comparé à un colporteur d'histoires d'antichambre, de rumeurs dont l'authenticité est souvent douteuse ; ainsi pour l’historien du dix-neuvième siècle Alexis Pierron « Suétone avait écouté aux portes et souvent mal entendu ce que l'on disait ». Quoi qu’il en soit, l’empereur Néron a traversé les siècles flanqué d’une réputation peu enviable : assassinat, matricide, folie … Tentons de dégager les nuances… Invité : Sébastien Polet, historien et conférencier
Sur les traces de Jean Eugène Robert Houdin », série magique en 4 épisodes réalisée par Régine Dubois Episode 1 : Surnommé le père de la magie moderne, le français Jean-Eugène Robert Houdin est né dans une famille d’horloger à Blois. Passionné de mécanique dès son plus jeune âge, il suivra le chemin de l’apprentissage en horlogerie. Un chemin sur lequel il croise la route de la magie et des illusions, une nouvelle passion au service de laquelle il va mettre toute son inventivité et sa science.
Nous sommes le 9 novembre 1922 à Mouscron. C’est au château des Tourelles que naît Raymond Devos.Fils d’un industriel français ayant fait faillite, reconverti en expert-comptable, et d’une mère au foyer. Deux ans plus tard la famille quitte la Belgique et s’installe à Tourcoing. Très tôt, on découvre chez le petit Raymond un don pour raconter les histoires. Après une scolarité brève (en raison du manque d’argent), le jeune homme, qui a soif d’apprendre, le fait en autodidacte : la langue française et la musique feront partie de ses passions. La carrière d’artiste le tente, en attendant, on le retrouve dans divers boulots : coursier, libraire, crémier aux Halles de Paris… Puis c’est la guerre qui tonne, Devos est requis par le Service du travail obligatoire, le STO, en Allemagne. C’est au cours de cette triste expérience, dira-t-il, qu’il découvre l’intérêt du mime : ne pouvant se faire comprendre par les mots, les déportés de nationalités différentes, communiquaient par les gestes, les attitudes, les regards. De retour à Paris, il s’inscrit à l’école fondé par le mime Etienne Decroux. Puis il prend des cours de théâtre et en 1948, avec deux camarades, André Gille et Georges Denis, il monte ses premiers numéros burlesques, ce sont les « trois cousins ». Raymond Devos a rendez-vous avec un public qui lui restera fidèle jusqu’au bout. Le clown jongleur et poète est mort le 15 juin 2006. Retrouvons cet inoubliable au travers des archives de la Sonuma.
Miami : vous connaissez certainement cette ville pour lʹavoir vue et revue dans de nombreuses séries. Nous y voyons des plages superbes, des palmiers, de belles voitures ou de fabuleuses maisons, mais connaissez-vous son histoire ? Pour répondre à cette question, Johanne Dussez donne la parole à Violaine Jolivet, professeure agrégée au département de géographie de l'Université de Montréal.
Nous sommes le 22 novembre 1922. Jetons un coup d’œil au Figaro, ce quotidien de droite fondé un peu moins d’un siècle auparavant, on peut y lire : « Les obsèques de M. Marcel Proust ont été célébrées hier, à midi, en l’église Saint-Pierre de Chaillot. (…) Le deuil était représenté par le docteur Robert Proust et Mme R.Proust, frère et belle-sœur de l’écrivain, et Mlle Proust, sa nièce. Les honneurs militaires ont été rendus au chevalier de la Légion d’honneur par un détachement d’officiers de la place de Paris. De belles couronnes étaient adressées par la Nouvelle Revue française, l’Union des Arts, etc. » Ensuite, le journal égrène les très nombreuses personnes présentes dans l’assemblée. Ce sont les grands noms du « tout Paris », il y en a des dizaines… De la présence de la fidèle et dévouée Céleste Albaret : pas un mot. Pourtant, elle était bien là. Comme beaucoup d’admirateurs, elle a suivi le convoi à pied pendant plus de deux heures jusqu’au cimetière du Père-Lachaise. Céleste, « mon amie de toujours » comme la nommait Proust, entrée à son service en août 1914. « Sans vous, je ne pourrai plus écrire » déclarait le Maître. Céleste, la muse et l’inspiratrice qui, une trentaine d’années après la disparition de l’auteur de « La Recherche », deviendra le témoin privilégié, la gardienne de la mémoire de l’une des figures majeures de la littérature du vingtième siècle. Qui était Céleste Albaret ? Retrouvons-la sur son chemin… Invitée : Laure Hillerin, autrice de « À la recherche de Céleste Albaret - L’enquête inédite sur le captive de Marcel Proust » éditions Flammarion.
Epuisée, esseulée, Nina Simone fuit les United Snakes of America. Commence alors une longue errance à travers le monde et à travers sa folie, une errance en montagnes russes qu’elle terminera presque seule à l’aube des années 2000 dans le sud de la France. Invitée : Mathilde Hirsch qui a écrit avec sa mère Florence Noiville, une biographie de Nina Simone intitulée « Love me or Leave me », parue aux editions Tallandier Une réalisation de Jonathan Remy
Nous sommes le Ier mai 1851, à Londres. Jour de l’ouverture officielle de la « Great Exhibition of the Works of Industry of all Nations (littéralement « La grande exposition universelle des travaux de l'industrie de toutes les nations »). Il s’agit, en fait, de la première des Expositions universelles. L’événement a lieu à Hyde Park, au sein du Crystal Palace, cette immense bâtisse formée de 400 tonnes de verre et 4 000 tonnes de métal. Une prouesse technique que l’on doit à l’audacieux Joseph Paxton, architecte et jardinier-paysagiste, spécialiste des serres. L’idée de cette gigantesque expo, on la doit au fonctionnaire Henry Cole, très actif dans le domaine des innovations en matière de commerce et d’éducation. Il s’agit donc de réunir, dans un lieu unique, les productions artisanales et industrielles du monde entier mais, surtout, de faire la démonstration éclatante de la puissance britannique à l’époque victorienne. Le succès est au rendez-vous avec ses six millions de visiteurs. Visiteurs pouvant se permettre de débourser un shilling pour le billet d’entrée. En 1851, William Morris a 17 ans, un caractère bien trempé et curieux de tout. Venant d’un milieu plutôt aisé, il pourrait se permettre la dépense, et pourtant, alors qu’il est en visite dans la capitale, il refuse de se rendre au Crystal Palace : the place to be ! Notre jeune homme, en effet, estime qu’il n’y trouvera que des horreurs : des produits manufacturés industriellement, des copies médiocres fabriqués avec la sueur des ouvriers au plus grand profit des bourgeois se vautrant dans le mauvais goût… Mais qui est ce jeune blanc bec si sûr de lui ? Il s’appelle William Morris et il s’apprête à marquer, de son empreinte, rien moins que l’Arts and Crafts, l’Art nouveau et le design du XXe siècle. C’est un visionnaire qui va brasser les différentes expressions artistiques : peinture, architecture, déco, littérature, le tout dans un souci constant, et politique, de mettre la beauté à portée de tous. Ça fait envie ! Allons donc coller aux basques de William Morris… Invitée : Anne Hustache, historienne de l’Art.
Nina Simone est au sommet. Sa musique s’écoute partout, les salles sont pleines, les critiques sont dithyrambiques. Mais une détresse profonde la ronge. Ce n’est pas ce qu’elle souhaitait. Elle pense en finir… Mais à cette même époque, la lutte pour les droits civiques s’intensifie. Nina Simone, qui s’est construit une conscience politique aux côtés de James Baldwin, Lorraine Handsberry et Langston Hughes, trouve dans cette lutte l’énergie de continuer. Bientôt, elle transforme ses morceaux en gun songs et ses concerts en arènes politiques. Invitée : Mathilde Hirsch qui a écrit avec sa mère Florence Noiville, une biographie de Nina Simone intitulée « Love me or Leave me », parue aux editions Tallandier Une réalisation de Jonathan Remy
Eunice Waymon a 21 ans lorsqu’elle débarque à Atlantic City, ville de fête, de vacanciers et de bars de bord de mer. Elle n’a jamais bu d’alcool, n’a jamais vraiment chanté mais a besoin d’argent pour poursuivre ses rêves. Des bars enfumés d’Atlantic City à la mythique salle du Carnegie Hall, Eunice Waymon va se dédoubler, se doter d’une voix et devenir Nina Simone. En révolutionnant au passage la musique. Invitée : Mathilde Hirsch qui a écrit avec sa mère Florence Noiville, une biographie de Nina Simone intitulée « Love me or Leave me », parue aux editions Tallandier Une réalisation de Jonathan Remy
Nous sommes en 1792. Pierre François de Goesin, un Gantois, imprimeur de sa majesté pour le Comté de Flandre, sort de ses presses un volume de 162 pages portant pour titre « Mémoires sur les grandes gelées et leurs effets ; où l’on essaie de déterminer ce qu’il fait croire de leurs retours périodiques, et de la gradation , en plus ou en moins, du froid de notre globe ». L’ouvrage est signé par l’abbé Mann et il paraît à la suite d’une approbation et d’un privilège de l’Académie impériale et royale des sciences et belles-lettres de Bruxelles. Dans son travail, l’auteur évoque « le changement successif de la température et du terroir des climats », ce qui en fait un précurseur qui s’interroge sur les causes des phénomènes observés : naturelles ou humaines ? Mais qui est l’abbé Mann ? Théodore Mann, né en Angleterre, devenu moine à Nieuport et membre d’une vénérable et influente institution qui entendait « bannir l’ignorance et les suites qu’elle entraîne ». Nous sommes au siècle des Lumières et les sciences font concurrence à la théologie. Homme de foi, Théodore Mann est un infatigable curieux : il s’intéresse à la congélation de l’eau de mer, dénonce les pratiques destructrices de la pêche sur la biodiversité, développe des thèses démographiques qui annonce le contrôle de la natalité que prônera, plus tard, Thomas Malthus. Mais l’abbé Mann est aussi un homme dont la personnalité est nimbée de mystère. Il connaîtra la célébrité et aussi la suspicion. Pourquoi faut-il y prêter attention, aujourd’hui ? Invitée : Muriel Collart, collaboratrice scientifique de l’Université libre de Bruxelles. Co-fondatrice de la Société wallonne d’étude du XVIIIe siècle. Autrice de : « Théodore Mann, Savoir et Pouvoir – Un théoricien du climat à l’Académie de Bruxelles » ; éd. de l’Académie royale de Belgique, coll. «Regards.
Écrivain belge né en 1937 dans la région Liégeoise , mort à Paris en 1985 Conrad Detrez abandonne ses études de théologie à l'Université catholique de Louvain, à l’âge de vingt-quatre ans et part pour le Brésil où il enseigne la littérature française et s'engage dans des mouvements révolutionnaires. Expulsé par les autorités brésiliennes, il voyage en Algérie et au Portugal avant de s'installer à Paris en 1978. On l’écoute à travers deux extraits d’interview le premier en 1980 au micro Anne-Marie La Fère à l’occasion ‘ La Lutte Finale", aux éditions Balland, ensuite en 1984 en compagnie de JM Meersh
La Comtesse hongroise Erzébet Bathory nourrit depuis des siècles l’imaginaire collectif. Surnommée Comtesse Dracula ou Comtesse Sanglante, on la considère comme la plus grande tueuse en série de tous les temps. Certains parlent de plus de 600 meurtres perpétrés derrière les murs de son château. Pourtant si on regarde les faits et les éléments du procès avec attention, il y a de quoi douter et s’interroger sérieusement sur le sort que l’histoire, la rumeur et le temps ont réservé à cette femme. Anne-Perrine Couët remet les certitudes en question dans une bande dessinée « Bathory, la Comtesse maudite » et répond aux questions de Régine Dubois pour démêler le vrai du faux (en deux parties )
Nous sommes le 2 décembre 1945, à Paris. Alors qu’il sort de sa voiture garée à l'angle du boulevard des Invalides et de la rue de Grenelle, l’éditeur Robert Denoël est touché par une balle de revolver qui lui sera fatale. Dans son auto devait se trouver des papiers d’une importance capitale, notamment un dossier établissant le comportement collaborationniste de ses confères pendant la guerre. Un dossier explosif rédigé en préparation de sa défense dans un procès intenté à sa maison d'édition. On parle aussi d’une valise contenant des pièces et des lingots . Tout a disparu. Robert Denoël, comme d’autres éditeurs, a entretenu des rapports troubles avec l’ennemi, durant l’occupation nazie. Ainsi qu’avec des écrivains antisémites comme Louis-Ferdinand Céline. De quelle manière le monde littéraire a-t-il tourné au cours de ces heures sombres, à Paris, à Bruxelles, c’est ce que nous allons voir. Invité : Maxime Benoît-Jeannin, auteur de « Brouillards de guerre » paru aux éditions Samsa.
Nous sommes dans le courant de l’année 1866. C’est chez Dentu, éditions parisiennes, que paraît un texte qui va faire grand bruit. Il est signé Madame Olympe Audouard. Son titre, accrochez-vous, : « Guerre aux hommes » ! Le programme semble on ne peut plus claire. Mais en y jetant un œil attentif, on s’aperçoit vite que, sous la provocation de la déclaration agressive, belliqueuse, se cache un plaidoyer en faveur des droits des femmes. Nous sommes dans un XIXe siècle ouvertement rétrograde en la matière et, dans son essai, la trentenaire originaire de Marseille, qui s’oppose à un patriarcat infernal, a décidé de démonter, un par un , les arguments utilisés, par les hommes, pour justifier une supposée infériorité des femmes. Elle le fait, certes avec une franche férocité, mais surtout avec une intelligence qui rend sa réflexion limpide et, ô combien, raisonnable. Le tout en utilisant le registre de l’humour et de l’ironie. Ce qui nous réjouit, aujourd’hui. Les offensés, les indignés, on s’en doute, sont nombreux, les haineux galvanisés dans leur fiel, mais, contre toute attente, le pamphlet d’Olympe est un succès. Et pourtant, malgré le scandale retentissant, malgré les lectrices et lecteurs, notre autrice va passer à la trappe de la mémoire littéraire. Évacuée des dictionnaires, des encyclopédies, des auditoires, effacée de l’histoire… Une bonne raison de revenir sur le parcours de cette audacieuse, courageuse, obstinée, éprise de justice et de liberté : Olympe Audouard… Invité : Julien Marsay, agrégé de Lettres modernes, enseigne dans un lycée d'éducation prioritaire à Paris. Spécialistes de questions de genre et de représentations. Créateur du compte Twitter Autrices invisibilisées. Auteur, notamment, de « La revanche des autrices », une enquête sur l'invisibilisation des femmes en littérature et il signe la préface de la réédition de « Guerre aux hommes » d’Olympe Audouard, le tout chez Payot.
Imaginez un peu cette petite fille de 5, 6 ans, assise sur son tabouret de paille, toute petite devant le clavier de l’orgue. Imaginez ses minuscules doigts qui pressent les touches. Et cette foule qui entre en transe derrière elle parce que la petite fille a déjà tout compris aux pouvoirs de la musique. Dans ce premier épisode, Nina Simone n’est pas encore Nina Simone mais Eunice Waymon, une petite fille noire d’un village un peu perdu de Caroline du Nord, en pleine ségrégation. Une petit fille avec du talent plein les doigts et des rêves plein la tête. Invitée : Mathilde Hirsch qui a écrit avec sa mère Florence Noiville, une biographie de Nina Simone intitulée « Love me or Leave me » parue aux editions Tallandier Une série en 4 épisodes réalisée par Jonathan Rémy